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"Délires II: Alchimie du verbe " UNA TEMPORDA EN EL INFIERNO |
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Biografía de Arthur Rimbaud en Wikipedia | |
Délires II Alchimie du verbe |
A moi. L'histoire d'une de mes folies. Depuis longtemps je me vantais de posséder tous les paysages possibles, et trouvais dérisoires les célébrités de la peinture et de la poésie moderne. J'aimais les peintures idiotes, dessus des portes, décors, toiles de saltimbanques, enseignes, enluminures populaires; la littérature démodée, latin d'église, livres érotiques sans orthographe, romans de nos aïeules, contes de fées, petits livres de l'enfance, opéras vieux, refrains niais, rhythmes naïfs. Je rêvais croisades, voyages de découvertes dont on n'a pas de relations, républiques sans histoires, guerres de religion étouffées, révolutions de meurs, déplacements de races et de continents: je croyais à tous les enchantements. J'inventai la couleur des voyelles! - A noir, E blanc, I rouge, O bleu, U vert. - Je réglai la forme et le mouvement de chaque consonne, et, avec des rhythmes instinctifs, je me flattai d'inventer un verbe poétique accessible, un jour ou l'autre, à tous les sens. Je réservais la traduction. Ce fut d'abord une étude. J'écrivais des silences, des nuits, je notais l'inexprimable, je fixais des vertiges. *** Loin des oiseaux, des troupeaux, des villageoises, Que pouvais-je boire dans cette jeune Oise, Je faisais une louche enseigne d'auberge, Pleurant, je voyais de l'or - et ne pus boire. - *** A quatre heures du matin, l'été, Là-bas, dans leur vaste chantier Dans leurs Déserts de mousse, tranquilles, Ô, pour ces Ouvriers charmants Ô Reine des Bergers, *** La vieillerie poétique avait une bonne part dans mon alchimie du verbe. Je m'habituai à l'hallucination simple: je voyais très-franchement une mosquée à la place d'une usine, une école de tambours faite par des anges, des calèches sur les routes du ciel, un salon au fond d'un lac; les monstres, les mystères; un titre de vaudeville dressait des épouvantes devant moi! Puis j'expliquai mes sophismes magiques avec l'hallucination des mots! Je finis par trouver sacré le désordre de mon esprit. J'étais oisif, en proie à une lourde fièvre: j'enviais la félicité des bêtes, - les chenilles, qui représentent l'innocence des limbes, le sommeil de la virginité! Mon caractère s'aigrissait. Je disais adieu au monde dans d'espèces de romances: CHANSON DE LA PLUS HAUTE TOUR. Qu'il vienne, qu'il vienne, J'ai tant fait patience Qu'il vienne, qu'il vienne, Telle la prairie Qu'il vienne, qu'il vienne, J'aimai le désert, les vergers brûlés, les boutiques fanées, les boissons tiédies. Je me traînais dans les ruelles puantes et, les yeux fermés, je m'offrais au soleil, dieu de feu. "Général, s'il reste un vieux canon sur tes remparts en ruines, bombarde-nous avec des blocs de terre sèche. Aux glaces des magasins splendides! dans les salons! Fais manger sa poussière à la ville. Oxyde les gargouilles. Emplis les boudoirs de poudre de rubis brûlante... " Oh! le moucheron enivré à la pissotière de l'auberge, amoureux de la bourrache, et que dissout un rayon! FAIM Si j'ai du goût, ce n'est guère Mes faims, tournez. Paissez, faims, Mangez les cailloux qu'on brise, Le loup criait sous les feuilles Les salades, les fruits Que je dorme! Que je bouille Enfin, ô bonheur, ô raison, j'écartai du ciel l'azur, qui est du noir, et je vécus, étincelle d'or de la lumière nature. De joie, je prenais une expression bouffonne et égarée au possible: Elle est retrouvée! Mon âme éternelle, Donc tu te dégages - Jamais l'espérance. Plus de lendemain, Elle est retrouvée! *** Je devins un opéra fabuleux: je vis que tous les êtres ont une fatalité de bonheur: l'action n'est pas la vie, mais une façon de gâcher quelque force, un énervement. La morale est la faiblesse de la cervelle. A chaque être, plusieurs autres vies me semblaient dues. Ce monsieur ne sait ce qu'il fait: il est un ange. Cette famille est une nichée de chiens. Devant plusieurs hommes, je causai tout haut avec un moment d'une de leurs autres vies. - Ainsi, j'ai aimé un porc. Aucun des sophismes de la folie, - la folie qu'on enferme, - n'a été oublié par moi: je pourrai les redire tous, je tiens le système. Ma santé fut menacée. La terreur venait. Je tombais dans des sommeils de plusieurs jours, et, levé, je continuais les rêves les plus tristes. J'étais mûr pour le trépas, et par une route de dangers ma faiblesse me menait aux confins du monde et de la Cimmérie, patrie de l'ombre et des tourbillons. Je dus voyager, distraire les enchantements assemblés sur mon cerveau. Sur la mer, que j'aimais comme si elle eût dû me laver d'une souillure, je voyais se lever la croix consolatrice. J'avais été damné par l'arc-en-ciel. Le Bonheur était ma fatalité, mon remords, mon ver: ma vie serait toujours trop immense pour être dévouée à la force et à la beauté. Le bonheur! Sa dent, douce à la mort, m'avertissait au chant du coq, -ad matutinum, au Christus venit, - dans les plus sombres villes: Ô saisons, ô châteaux! J'ai fait la magique étude Salut à lui, chaque fois Ah! je n'aurai plus d'envie: Ce charme a pris âme et corps Ô saisons, ô châteaux! L'heure de sa fuite, hélas! Ô saisons, ô châteaux! *** Cela s'est passé. Je sais aujourd'hui saluer la beauté. |
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