AlbaLearning - Audiolibros y Libros - Learn Spanish

| HOME | AUDIOLIBROS | AMOR | ERÓTICA | HUMOR | INFANTIL | MISTERIO | POESÍA | NO FICCIÓN | BILINGUAL | VIDEOLIBROS | NOVEDADES |

Guy de Maupassant en AlbaLearning

Guy de Maupassant

"L'aveugle"

Biografía de Guy de Maupassant en Wikipedia

 
L'aveugle
OBRAS DEL AUTOR

Español

Amor
Carta que se encontró a un ahogado
Confesiones de una mujer
El asesino
El ciego
El collar
El horla
El miedo
Elvelatorio (Velando un cadáver)
Encuentro
En el bosque
La cita
La madre loca
La muerte
La noche
La tumba
Las joyas
Los suicidas
Magnetismo
Nochebuena
Sueños
Una vendetta
Una viuda
Un extraño relato de Navidad

Otros idiomas:

Cuentos en francés e inglés
Textos paralelos bilingües

ESCRITORES FRANCESES

Alphonse Daudet
Alejandro Dumas
Alejandro Dumas (hijo)
Alfred de Musset
Antoine de Saint Exupéry
Anatole France
Arthur Rimbaud
Auguste Villiers de L'Isle-Adam
Camille Mauclair (Séverin Faust)
Catulle Mendes
Charles Baudelaire
Charles Nodier
Charles Perrault
Colette, Sidonie Gabrielle
Émile Zola
E. M. Laumann
François de la Rochefoucauld
Frédéric Mistral
Gaston de Pawlowski
George Sand
Gustave Flaubert
Honoré de Balzac
Hugues Rebell
Jean-Baptiste Alphonse Karr
Jean Bertheroy
Jean de la Fontaine
Jean Richepin
Jules Renard
Guillaume Apollinaire
Guy de Maupassant
Léon Hennique
Marqués de Sade
Marcel Prévost
Paul Bonnetain
Pierre Loti
Remy de Gourmont
René Descartes
René Maizeroy
Reverdy, Pierre
Sully Prudhomme
Théophile Gautier
Verne, Julio
Victor Hugo
Voltaire

 

LE PUEDE INTERESAR
Cuentos Infantiles y juveniles
Misterio y Terror
Textos Bilingúes
 

Qu’est-ce donc que cette joie du premier soleil ? Pourquoi cette lumière tombée sur la terre nous emplit-elle ainsi du bonheur de vivre ? Le ciel est tout bleu, la campagne toute verte, les maisons toutes blanches ; et nos yeux ravis boivent ces couleurs vives dont ils font de l’allégresse pour nos âmes. Et il nous vient des envies de danser, des envies de courir, des envies de chanter, une légèreté heureuse de la pensée, une sorte de tendresse élargie, on voudrait embrasser le soleil.

Les aveugles sous les portes, impassibles en leur éternelle obscurité, restent calmes comme toujours au milieu de cette gaieté nouvelle, et, sans comprendre, ils apaisent à toute minute leur chien qui voudrait gambader.

Quand ils rentrent, le jour fini, au bras d’un jeune frère ou d’une petite sœur, si l’enfant dit : « Il a fait bien beau tantôt ! », l’autre répond : « Je m’en suis bien aperçu, qu’il faisait beau, Loulou ne tenait pas en place. »

J’ai connu un de ces hommes dont la vie fut un des plus cruels martyres qu’on puisse rêver.

C’était un paysan, le fils d’un fermier normand. Tant que le père et la mère vécurent, on eut à peu près soin de lui ; il ne souffrit guère que de son horrible infirmité ; mais dès que les vieux furent partis, l’existence atroce commença. Recueilli par une sœur, tout le monde dans la ferme le traitait comme un gueux qui mange le pain des autres. À chaque repas, on lui reprochait la nourriture ; on l’appelait fainéant, manant ; et bien que son beau-frère se fût emparé de sa part d’héritage, on lui donnait à regret la soupe, juste assez pour qu’il ne mourût point.

Il avait une figure toute pâle, et deux grands yeux blancs comme des pains à cacheter ; et il demeurait impassible sous l’injure, tellement enfermé en lui-même qu’on ignorait s’il la sentait. Jamais d’ailleurs il n’avait connu aucune tendresse, sa mère l’ayant toujours un peu rudoyé, ne l’aimant guère ; car aux champs les inutiles sont des nuisibles, et les paysans feraient volontiers comme les poules qui tuent les infirmes d’entre elles.

Sitôt la soupe avalée, il allait s’asseoir devant la porte en été, contre la cheminée en hiver, et il ne remuait plus jusqu’au soir. Il ne faisait pas un geste, pas un mouvement ; seules ses paupières, qu’agitait une sorte de souffrance nerveuse, retombaient parfois sur la tache blanche de ses yeux. Avait-il un esprit, une pensée, une conscience nette de sa vie ? Personne ne se le demandait.

Pendant quelques années les choses allèrent ainsi. Mais son impuissance à rien faire autant que son impassibilité finirent par exaspérer ses parents, et il devint un souffre-douleur, une sorte de bouffon-martyr, de proie donnée à la férocité native, à la gaieté sauvage des brutes qui l’entouraient.

On imagina toutes les farces cruelles que sa cécité put inspirer. Et, pour se payer de ce qu’il mangeait, on fit de ses repas des heures de plaisir pour les voisins et de supplice pour l’impotent.

Les paysans des maisons prochaines s’en venaient à ce divertissement ; on se le disait de porte en porte, et la cuisine de la ferme se trouvait pleine chaque jour. Tantôt on posait sur la table, devant son assiette où il commençait à puiser le bouillon, quelque chat ou quelque chien. La bête avec son instinct flairait l’infirmité de l’homme et, tout doucement, s’approchait, mangeait sans bruit, lapant avec délicatesse ; et quand un clapotis de langue un peu bruyant avait éveillé l’attention du pauvre diable, elle s’écartait prudemment pour éviter le coup de cuiller qu’il envoyait au hasard devant lui.

Alors c’étaient des rires, des poussées, des trépignements des spectateurs tassés le long des murs. Et lui, sans jamais dire un mot, se remettait à manger de la main droite, tandis que, de la gauche avancée, il protégeait et défendait son assiette.

Tantôt on lui faisait mâcher des bouchons, du bois, des feuilles ou même des ordures, qu’il ne pouvait distinguer.

Puis, on se lassa même des plaisanteries ; et le beau-frère enrageant de le toujours nourrir, le frappa, le gifla sans cesse, riant des efforts inutiles de l’autre pour parer les coups ou les rendre. Ce fut alors un jeu nouveau : le jeu des claques. Et les valets de charrue, le goujat, les servantes, lui lançaient à tout moment leur main par la figure, ce qui imprimait à ses paupières un mouvement précipité. Il ne savait où se cacher et demeurait sans cesse les bras étendus pour éviter les approches.

Enfin, on le contraignit à mendier. On le portait sur les routes les jours de marché, et dès qu’il entendait un bruit de pas ou le roulement d’une voiture, il tendait son chapeau en balbutiant : « La charité, s’il vous plaît. »

Mais le paysan n’est pas prodigue, et, pendant des semaines entières, il ne rapportait pas un sou.

Ce fut alors contre lui une haine déchaînée, impitoyable. Et voici comme il mourut.

Un hiver, la terre était couverte de neige, et il gelait horriblement. Or, son beau-frère, un matin, le conduisit fort loin sur une grande route pour lui faire demander l’aumône. Il l’y laissa tout le jour, et quand la nuit fut venue, il affirma devant ses gens qu’il ne l’avait plus retrouvé. Puis il ajouta : « Bast ! faut pas s’en occuper, quelqu’un l’aura emmené parce qu’il avait froid. Pardié ! i n’est pas perdu. I reviendra ben d’main manger la soupe. »

Le lendemain, il ne revint pas.

Après de longues heures d’attente, saisi par le froid, se sentant mourir, l’aveugle s’était mis à marcher. Ne pouvant reconnaître la route ensevelie sous cette écume de glace, il avait erré au hasard, tombant dans les fossés, se relevant, toujours muet, cherchant une maison.

Mais l’engourdissement des neiges l’avait peu à peu envahi, et ses jambes faibles ne le pouvant plus porter, il s’était assis au milieu d’une plaine. Il ne se releva point.

Les blancs flocons qui tombaient toujours l’ensevelirent. Son corps raidi disparut sous l’incessante accumulation de leur foule infinie ; et rien n’indiquait plus la place où le cadavre était couché.

Ses parents firent mine de s’enquérir et de le chercher pendant huit jours. Ils pleurèrent même.

L’hiver était rude et le dégel n’arrivait pas vite. Or, un dimanche, en allant à la messe, les fermiers remarquèrent un grand vol de corbeaux qui tournoyaient sans fin au-dessus de la plaine, puis s’abattaient comme une pluie noire en tas à la même place, repartaient et revenaient toujours.

La semaine suivante, ils étaient encore là, les oiseaux sombres. Le ciel en portait un nuage comme s’ils se fussent réunis de tous les coins de l’horizon ; et ils se laissaient tomber avec de grands cris dans la neige éclatante, qu’ils tachaient étrangement et fouillaient avec obstination.

Un gars alla voir ce qu’ils faisaient, et découvrit le corps de l’aveugle, à moitié dévoré déjà, déchiqueté. Ses yeux pâles avaient disparu, piqués par les longs becs voraces.

Et je ne puis jamais ressentir la vive gaieté des jours de soleil, sans un souvenir triste et une pensée mélancolique vers le gueux, si déshérité dans la vie que son horrible mort fut un soulagement pour tous ceux qui l’avaient connu.

Inicio
 

Obra en Español

Bilingüe

 
 

Índice del Autor

Cuentos de Amor

Misterio y Terror

 
 
 

¡Nuevos cada día!

NOvedades en AlbaLearning - Nuevos audiolibros cada día


De actualidad
Cuentos de Navidad *
Misterio y terror *
Literatura erótica para adultos. Guentos galantes. *
Cuentos de amor y desamor para San Valentín *
Colección de Poemas *

Fábulas *
Biografías Breves *
Pensamientos, Máximas y Aforismos *
Especiales
Santa Teresa de Jesús
Cervantes
Shakespeare
Rubén Darío
Emilia Pardo Bazán
Federico García Lorca
Julia de Asensi
Carmen de Burgos
 
Especial
"Los huesos del abuelo" de Carmen de Burgos
"D. Jeckill y Mr Hyde" de R. Louis Stevenson
"El diablo desinteresado" de Amado Nervo
"La casa de Bernarda Alba" de F. García Lorca
AUTORES RECOMENDADOS
Don Quijote - Novelas Ejemplares - Auidiolibro y Libro Gratis en AlbaLearning William Shakespeare - IV Centenario - Audiolibro y Libro Gratis en AlbaLearning Especial de Rubén Darío en AlbaLearning - Centenario Especial Amado Nervo Especial de Emilia Pardo Bazán en AlbaLearning - Centenario Federico García Lorca Carmen de Burgos (Colombine) - Audiolibros y Libros Gratis en AlbaLearning
 
ESPECIALES
Esta web utiliza cookies para poder darles una mejor atención y servicio. Si continúa navegando consideramos que acepta su uso.

¿Cómo descargar los audiolibros?

Síganos en:

Síganos en Facebook - Síganos en Twitter - Síganos en Youtube

Deje un mensaje:

Guestbook (Deje su mensaje - Leave your message) Guest-book

©2021 AlbaLearning (All rights reserved)