| HOME | AUDIOLIBROS | AMOR | ERÓTICA | HUMOR | INFANTIL | MISTERIO | POESÍA | NO FICCIÓN | BILINGUAL | VIDEOLIBROS | NOVEDADES | | |||||||||||||||
|
|
||||||||||||||
|
"Amor - Amour"
|
||||||
Biografía de Guy de Maupassant en Wikipedia |
||||||
|
||||||
AMOR
| AMOUR | |
TRES PÁGINAS DEL DIARIO DE UN CAZADOR
| TROIS PAGES DU LIVRE D'UN CHASSEUR | |
En la crónica de sucesos de un periódico acabo de leer un drama pasional. Uno que la ha matado y se ha matado después, es decir, uno que amaba. ¿Qué importan él y ella? Sólo su amor me importa; y no porque me enternezca, ni porque me asombre, ni porque me conmueva, ni me haga soñar, sino porque evoca en mí un recuerdo de la mocedad, recuerdo extraño de una cacería en que se me apareció el Amor, como se aparecían a los primeros cristianos cruces misteriosas en la serenidad de los cielos. | Je viens de lire dans un fait divers de journal un drame de passion. Il l'a tuée, puis il s'est tué, donc il l'aimait. Qu'importent Il et Elle? Leur amour seul m'importe; et il ne m'intéresse point parce qu'il m'attendrit ou parce qu'il m'étonne, ou parce qu'il m'émeut ou parce qu'il me fait songer, mais parce qu'il me rappelle un souvenir de ma jeunesse, un étrange souvenir de chasse où m'est apparu l'Amour comme apparaissaient aux premiers chrétiens des croix au milieu du ciel. | |
Nací con todos los instintos y emociones del hombre primitivo, muy poco atenuados por las sensaciones y los razonamientos de la civilización. Amo la caza con pasión, y la bestia ensangrentada, con sangre en su plumaje, ensangrentándome las manos, me hace desfallecer de gusto. | Je suis né avec tous les instincts et les sens de l'homme primitif, tempéré par des raisonnements et des émotions de civilisé. J'aime la chasse avec passion; et la bête saignante, le sang sur les plumes, le sang sur mes mains, me crispent le coeur à le faire défaillir. | |
Aquel año, al final del otoño, se presentó impetuosamente el frío, y mi primo Karl de Ranyule me invitó a cazar con él, a la alborada patos magníficos en los pantanos de su posesión. Mi primo, un buen mozo de cuarenta años, encarnado, con mucha vida en el cuerpo y muchos pelos en la cara, semibruto y semicivilizado, de alegre carácter, dotado de ese esprit gaulois que tan agradablemente vela las deficiencias del ingenio, vivía en una especie de cortijo con aires de castillo señorial, escondido en un amplio valle. Coronaban las colinas de la derecha y de la izquierda hermosos bosques señoriales, con árboles antiquísimos y poblados de caza excelente. Algunas veces se abatían allí águilas soberbias, y esos pájaros errantes, que raramente se aventuran en países demasiado poblados para su azorada independencia, encontraban en aquella selva secular asilo seguro, como si reconocieran en ella alguna rama que en otros tiempos les acogiera durante sus excursiones sin rumbo. | Cette année-là, vers la fin de l'automne, les froids arrivèrent, brusquement, et je fus appelé par un de mes cousins, Karl de Rauville, pour venir avec lui tuer des canards dans les marais, au lever du jour. Mon cousin, gaillard de quarante ans, roux, très fort et très barbu, gentilhomme de campagne, demi-brute aimable, d'un caractère gai, doué de cet esprit gaulois qui rend agréable la médiocrité, habitait une sorte de ferme-château dans une vallée où coulait une rivière. Des bois, couvraient les collines de droite et de gauche, vieux bois seigneuriaux où restaient des arbres magnifiques et où l'on trouvait les plus rares gibiers à plume de toute cette partie de la France. On y tuait des aigles quelquefois; et les oiseaux de passage, ceux qui presque jamais ne viennent en nos pays trop peuplés, s'arrêtaient presque infailliblement dans ces branchages séculaires comme s'ils eussent connu ou reconnu un petit coin de forêt des anciens temps demeuré là pour leur servir d'abri en leur courte étape nocturne. | |
El valle estaba cubierto de exuberantes pastos, regados abundantemente, y señalando con la gradación en el calor el camino del pantano, allá a lo lejos, casi en el fondo de Ia finca. Mi primo lo cuidaba con esmero digno del mejor de los parques, y con razón, pues era aquel pantano la mejor región de caza que he conocido. Entre aquellos innumerables islotillos verdes que le daban vida había trazados arroyuelos estrechos, por los que se deslizaban las barcas, mudas sobre el agua muerta, frotando los juncos, ahuyentando los peces y los pájaros, que desaparecían, éstos entre las espigas, aquellos entre las raíces de las altas hierbas. | Dans la vallée, c'étaient de grands herbages arrosés par des rigoles et séparés par des haies; puis, plus loin, la rivière, canalisée jusque-là, s'épandait en un vaste marais. Ce marais, la plus admirable région de chasse que j'aie jamais vue, était tout le souci de mon cousin qui l'entretenait comme un parc. A travers l'immense peuple de roseaux qui le couvrait, le faisait vivant, bruissant, houleux, on avait tracé d'étroites avenues où les barques plates, conduites et dirigées avec des perches, passaient, muettes, sur l'eau morte, frôlaient les joncs, faisaient fuir les poissons rapides à travers les herbes et plonger les poules sauvages dont la tête noire et pointue disparaissait brusquement. | |
Soy admirador apasionado del agua: el mar demasiado grande, demasiado vivo, de imposible posesión; los ríos que pasan, que huyen, que se van, y, sobre todo, los pantanos en que bulle la vida indescifrable de los animales acuáticos. Un pantano es un mundo sobre la tierra, un mundo aparte, con vida propia, con pobladores permanentes y con habitantes de un día; con sus ruidos, con sus voces, y singularmente con un característico misterio; nada que tanto turbe, que tanto inquiete, que tanto asuste algunas veces. ¿Por qué ese miedo singular que se siente en esas llanuras cubiertas de agua? ¿Será por el rumor vago de las aguas, por los fuegos fatuos, por el silencio profundo que lo envuelve en las noches de calma, por la bruma caprichosa que viste con sudario de muerte a los juncos, por el hervor casi imperceptible de aquel mundo tan dulce, tan fugaz pero más aterrador a veces que el estruendo de los cañones de los hombres y de las tempestades del cielo? ¿Qué será de lo que semeja los pantanos de los países del ensueño, a esas regiones espantables que ocultan un secreto inescrutable y peligroso? | J'aime l'eau d'une passion désordonnée: la mer, bien que trop grande, trop remuante, impossible à posséder, les rivières si jolies, mais qui passent, qui fuient, qui s'en vont, et les marais surtout où palpite toute l'existence inconnue des bêtes aquatiques. Le marais, c'est un monde entier sur la terre, monde différent, qui a sa vie propre, ses habitants sédentaires, et ses voyageurs de passage, ses voix, ses bruits et son mystère surtout. Rien n'est plus troublant, plus inquiétant, plus effrayant, parfois qu'un marécage. Pourquoi cette peur qui plane sur ces plaines basse couvertes d'eau? Sont-ce les vagues rumeurs des roseaux, les étranges feux follets, le silence profond qui les enveloppe dans les nuits calmes ou bien les brumes bizarres, qui traînent sur les joncs comme des robes de mortes, ou bien encore l'imperceptible clapotement, si léger, si doux, et plus terrifiant parfois que le canon des hommes ou que le tonnerre du ciel, qui fait ressembler les marais à des pays de rêve, à des pays redoutables cachant un secret inconnaissable et dangereux. | |
No. Otra cosa es lo que de allí se desprende; un misterio más profundo, más grave, el que flota sobre aquellas brumas: ¡el misterio mismo de la creación quizá! ¡No fue en el agua sin movimiento y fangosa, en la humedad triste de la tierra, mojada bajo los colores del sol, donde vibró y surgió a la luz el primer germen de vida! | Non. Autre chose s'en dégage, un autre mystère plus profond, plus grave, flotte dans les brouillards épais, le mystère même de la création peut-être! Car n'est-ce pas dans l'eau stagnante et fangeuse, dans la lourde humidité des terres mouillées sous la chaleur du soleil, que remua, que vibra, que s'ouvrit au jour le premier germe de vie? |
|
Llegué por la noche a casa de mi primo. Hacía un frió que se helaban las piedras. | J'arrivai le soir chez mon cousin. Il gelait à fendre les pierres. | |
Durante la comida en la vasta sala, donde los muebles y las paredes y el techo estaban cubiertos de pájaros disecados, y donde hasta mi primo, con aquella chaqueta de piel de foca parecía un animal exótico de los países helados, el buen Karl me dijo lo que había preparado para aquella misma noche. | Pendant le dîner, dans la grande salle dont les buffets, les murs, le plafond étaient couverts d'oiseaux empaillés, aux ailes étendues, ou perchés sur des branches accrochées par des clous, éperviers, hérons, hiboux, engoulevents, buses, tiercelets, vautours, faucons, mon cousin pareil lui-même à un étrange animal des pays froids, vêtu d'une jaquette en peau de phoque, me racontait les dispositions qu'il avait prises pour cette nuit même. | |
Debíamos ponernos en marcha a las tres de la madrugada, con objeto de llegar a las cuatro y media al punto designado para Ia cacería. Allí nos habían construido una cabaña para abrigarnos de ese viento terrible de la mañana que rasga la carne como una sierra, y la corta como una espada, y la hiere coma una aguja envenenada, y la retuerce coma unas tenazas, y la quema como el fuego. | Nous devions partir à trois heures et demie du matin, afin d'arriver vers quatre heures et demie au point choisi pour notre affût. On avait construit à cet endroit une hutte avec des morceaux de glace pour nous abriter un peu contre le vent terrible qui précède le jour, ce vent chargé de froid qui déchire la chair comme des scies, la coupe comme des lames, la pique comme des aiguillons empoisonnés, la tord comme des tenailles, et la brûle comme du feu. | |
Mi primo se frotaba las manos. —Nunca he visto una helada coma esta—me decía. Y a las seis de la tarde teníamos 12 grados bajo cero. Apenas terminada la comida, me eché en la cama y me quedé dormido, mirando las llamas que regocijaban la chimenea. | Mon cousin se frottait les mains: "Je n'ai jamais vu une gelée pareille disait-il, nous avions déjà douze degrés sous zéro à six heures du soir." J'allai me jeter sur mon lit aussitôt après le repas, et je m'endormis à la lueur d'une grande flamme flambant dans ma cheminée. | |
A las tres en punto me despertaron. Me abrigué con una piel de carnero, y después de tomar cada uno dos tazas de café hirviendo y dos copas de Cognac abrasador, nos pusimos en camino acompañados por un guarda y por nuestros perros “Plongeon” y “Pierrot”. | A trois heures sonnantes on me réveilla. J'endossai, à mon tour, une peau de mouton et je trouvai mon cousin Karl couvert d'une fourrure d'ours. Après avoir avalé chacun deux tasses de café brûlant suivies de deux verres de fine champagne, nous partîmes accompagnés d'un garde et de nos chiens: Plongeon et Pierrot. | |
Al dar los primeros pasos, me sentía helado hasta has huesos. Era una de esas noches en que la tierra parece muerta de fría. El aire glacial hace tanto daño, que parece palpable; no lo agita soplo alguno; diríase que está inmóvil; muerde, traspasa, mata los árboles, los insectos, los pajarillos que caen muertos sobre el suelo duro y se endurecen en seguida par el fúnebre abrazo del frío. | Dès les premiers pas dehors, je me sentis glacé jusqu'aux os. C'était une de ces nuits où la terre semble morte de froid. L'air gelé devient résistant, palpable tant il fait mal; aucun souffle ne s'agite; il est figé, immobile; il mord, traverse, dessèche, tue les arbres, les plantes, les insectes, les petits oiseaux eux-mêmes qui tombent des branches sur le sol dur, et deviennent durs aussi, comme lui, sous l'étreinte du froid. | |
La luna, en el último cuarto, pálida, parecía también desmayada en el espacio; tan débil, que no le quedaban ya fuerzas para marcharse y se estaba allí arriba inmóvil, paralizada también par el rigor del cielo inclemente. Repartía sobre el mundo luz apagadiza y triste, esa luz amarillenta y mortecina que nos arroja todos los meses al final de su resurrección. | La lune, à son dernier quartier, toute penchée sur le côté, toute pâle, paraissait défaillante au milieu de l'espace, et si faible qu'elle ne pouvait plus s'en aller, qu'elle restait là-haut, saisie aussi, paralysée par la rigueur du ciel. Elle répandait une lumière sèche et triste sur le monde, cette lueur mourante et blafarde qu'elle nous jette chaque mois, à la fin de sa résurrection. | |
Karl y yo íbamos uno al lado del otro, con la espalda encorvada, las manos en los bolsillos y la escopeta debajo del brazo. Nuestro calzado, envuelto en lana a fin de que pudiéramos andar sin resbalar por la escurridiza helada tierra, no hacía ruido ninguno: y yo iba contemplando el humo blancuzco que producía el aliento de nuestros perros. | Nous allions, côte à côte, Karl et moi, le dos courbé, les mains dans nos poches et le fusil sous le bras. Nos chaussures enveloppées de laine afin de pouvoir marcher sans glisser sur la rivière gelée ne faisaient aucun bruit; et je regardais la fumée blanche que faisait l'haleine de nos chiens. | |
Pronto estuvimos a la orilla del pantano, y nos internamos por una de las avenidas de juncos que la rodean. | Nous fûmes bientôt au bord du marais, et nous nous engageâmes dans une des allées de roseaux secs qui s'avançaient à travers cette forêt basse. | |
Nuestros codos, al rozar con las largas hojas del junco, iban dejando en pos de nosotros un ruidillo misterioso que contribuyó a que me sintiese ya como nunca poseído por la singular y poderosa emoción que hace siempre nacer en mí las proximidades de los pantanos. Aquel en el cual nos encontrábamos, estaba muerto, muerto de frío. | Nos coudes, frôlant les longues feuilles en rubans, laissaient derrière nous un léger bruit, et je me sentis saisi, comme je ne l'avais jamais été, par l'émotion puissante et singulière que font naître en moi les marécages. Il était mort, celui-là, mort de froid, puisque nous marchions dessus, au milieu de son peuple de joncs desséchés. | |
De pronto, al revolver una de las calles de juncos, apareció a mi vista la choza de hielo que habían levantado para ponernos al abrigo de la intemperie. Entré en ella, y como todavía faltaba más de una hora para que se despertaran las aves errantes que íbamos a perseguir, me envolví en mi manta y traté de entran un poco en calor. | Tout à coup, au détour d'une des allées, j'aperçus la hutte de glace qu'on avait construite pour nous mettre à l'abri. J'y entrai, et comme nous avions encore près d'une heure à attendre le réveil des oiseaux errants, je me roulai dans ma couverture pour essayer de me réchauffer. | |
Entonces, echado boca arriba, me puse a mirar la luna, que, vista a través de las paredes vagamente transparentes de aquella vivienda polar, aparecía a mis ojos con cuatro cuernos. | Alors, couché sur le dos, je me mis à regarder la lune déformée, qui avait quatre cornes à travers les parois vaguement transparentes de cette maison polaire. | |
Pero el frío del helado pantano, el frío de aquellas paredes, el frío que caía del firmamento, se metió hasta mis huesos de una manera tan terrible que me puse a toser. | Mais le froid du marais gelé, le froid de ces murailles, le froid tombé du firmament me pénétra bientôt d'une façon si terrible, que je me mis à tousser. | |
Mi primo Karl, alarmado con aquella tos, me dijo lleno de inquietud: —Aunque no matemos mucho hoy, no quiero que te constipes; vamos a encender una lumbre. Y dio orden al guardia para que cortara algunos juncos. | Mon cousin Karl fut pris d'inquiétude: "Tant pis si nous ne tuons pas grand-chose aujourd'hui, dit-il, je ne veux pas que tu t'enrhumes; nous allons faire du feu." Et il donna l'ordre au garde de couper des roseaux. | |
Hicieron un montón de ellos en medio de la choza, que tenía un agujero en el techo para dejar salir el humo; y cuando la llama rojiza empezó a juguetear por las cristalinas paredes, éstas empezaron a fundirse suavemente y muy poco a poco, como si aquellas piedras de hielo echaran a sudar, Karl, que se había quedado fuera, me gritó: —Ven a ver esto. Yo salí y me quedé absorto de asombro. La choza, en forma de cono, parecía un monstruoso diamante rosa, colocado de pronto sobre el agua helada del pantano. Y dentro se veían dos sombras fantásticas: las de nuestros perros, que se estaban calentando. | On en fit un tas au milieu de notre hutte défoncée au sommet pour laisser échapper la fumée; et lorsque la flamme rouge monta le long des cloisons claires de cristal, elles se mirent à fondre, doucement, à peine, comme si ces pierres de glace avaient sué. Karl, resté dehors, me cria: "Viens donc voir!" Je sortis et je restai éperdu d'étonnement. Notre cabane, en forme de cône, avait l'air d'un monstrueux diamant au coeur de feu poussé soudain sur l'eau gelée du marais. Et dedans, on voyait deux formes fantastiques, celles de nos chiens qui se chauffaient. | |
Un graznido extraño, graznido errante, perdido, se oyó allí en lo alto, por encima de nuestras cabezas. El reflejo de nuestra hoguera despertaba a las aves salvajes. | Mais un cri bizarre, un cri perdu, un cri errant, passa sur nos têtes. La lueur de notre foyer réveillait les oiseaux sauvages. | |
No hay nada que me conmueva tanto como ese primer grito de vida que no se ve y que corre por el aire sombrío, rápido, lejano, antes de que se aparezca en el horizonte la primera claridad de los días de invierno. Me parece, a esa hora glacial del alba, que ese grito fugitivo, escondido entre las plumas de un pajarraco, es un suspiro del alma del mundo. | Rien ne m'émeut comme cette première clameur de vie qu'on ne voit point et qui court dans l'air sombre, si vite, si loin, avant qu'apparaisse à l'horizon la première clarté des jours d'hiver. Il me semble à cette heure glaciale de l'aube, que ce cri fuyant emporté par les plumes d'une bête est un soupir de l'âme du monde! | |
—Apagad la hoguera—decía Karl—, que ya amanece. | Karl disait: "Eteignez le feu. Voici l'aurore." | |
Y en efecto, comenzaba a clarear, y las bandadas de patos formaban amplias manchas de color, pronto borradas en el firmamento. |
|
Le ciel en effet commençait à pâlir, et les bandes de canards traînaient de longues taches rapides, vite effacées, sur le firmament. |
Brilló un fogonazo en la oscuridad; Karl acababa de disparar su escopeta; los perros salieron a la carrera. | Une lueur éclata dans la nuit, Karl venait de tirer; et les deux chiens s'élancèrent. | |
Entonces, de minuto en minuto, unas veces él, otras yo, nos echábamos la escopeta a la cara en cuanto por encima de los juncos aparecía la sombra de una tribu voladora. Y “Pierrot” y “Plongeon”, sin aliento, gozosos, entusiasmados nos traían, uno tras otro, patos ensangrentados que, moribundos, nos miraban melancólicamente. | Alors, de minute en minute, tantôt lui et tantôt moi, nous ajustions vivement dès qu'apparaissait au-dessus des roseaux l'ombre d'une tribu volante. Et Pierrot et Plongeon, essoufflés et joyeux, nous rapportaient des bêtes sanglantes dont l'oeil quelquefois nous regardait encore. | |
Había amanecido. Había amanecido un día claro y azul; el sol iba levantándose allá, en el fondo del valle; y ya nos disponíamos a marcharnos, cuando dos aves, con el cuello estirado y las alas tendidas, se deslizaron bruscamente por encima de nuestras cabezas. Tiré; una de ellas cayó a mis pies. Era una cerceta de pechuga plateada. Entonces se oyó un grito en el aire, grito de pájaro, que fue un quejido corto, repetido, desgarrador; y el animalito que había salvado la vida empezó a revolotear por encima de nuestras cabezas mirando a su compañera, que yo tenía muerta en mis manos. | Le jour s'était levé, un jour clair et bleu; le soleil apparaissait au fond de la vallée et nous songions à repartir, quand deux oiseaux, le col droit et les ailes tendues, glissèrent brusquement sur nos têtes. Je tirai. Un d'eux tomba presque à mes pieds. C'était une sarcelle au ventre d'argent. Alors, dans l'espace au-dessus de moi, une voix, une voix d'oiseau cria. Ce fut une plainte courte, répétée, déchirante; et la bête, la petite bête épargnée se mit à tourner dans le bleu du ciel au-dessus de nous en regardant sa compagne morte que je tenais entre mes mains. | |
Karl, rodilla en tierra, con la escopeta en la cara, la mirada fija, esperaba a que estuviese a tiro. | Karl, à genoux, le fusil à l'épaule, l'oeil ardent, la guettait, attendant qu'elle fût assez proche. | |
—¿Has matado a la hembra?..dijo.... El macho no se escapará. | - Tu as tué la femelle, dit-il, le mâle ne s'en ira pas. | |
Y en efecto, no se escapaba. Sin dejar de revolotear por encima de nosotros, lloraba desconsoladamente. No recuerdo gemido alguno de dolor que me haya desgarrado el alma tanto como el reproche lamentable de aquel pobre animal, que se perdía en el espacio. | Certes, il ne s'en allait point; il tournoyait toujours et pleurait autour de nous. Jamais gémissement de souffrance ne me déchira le coeur comme l'appel désolé, comme le reproche lamentable de ce pauvre animal perdu dans l'espace. | |
De cuando en cuando huía bajo la amenaza de la escopeta, y parecía dispuesto a continuar su camino por el espacio. Pero no pudiendo decidirse a ello, pronto volvía en busca de su hembra. | Parfois, il s'enfuyait sous la menace du fusil qui suivait son vol; il semblait prêt à continuer sa route, tout seul à travers le ciel. Mais ne s'y pouvant décider il revenait bientôt pour chercher sa femelle. | |
-Déjala en el suelo—me dijo Karl— verás como se acerca. | - Laisse-la par terre, me dit Karl, il approchera tout à l'heure. | |
Y así fue; se acercaba, inconsciente del peligro que corría, loco de amor por la que yo había matado. | Il approchait, en effet, insouciant du danger, affolé par son amour de bête, pour l'autre bête que j'avais tuée. | |
Karl tiró: aquello fue como si hubiera cortado el hilo que tenía suspendida al ave. Vi una cosa negra que caía; oí el ruido que produce al chocar con los juncos, y “Pierrot” me la trajo en la boca. | Karl tira; ce fut comme si on avait coupé la corde qui tenait suspendu l'oiseau. Je vis une chose noire qui tombait; j'entendis dans les roseaux le bruit d'une chute. Et Pierrot me le rapporta. | |
Metí al pato, frío ya, en un mismo zurrón... y aquel mismo día salí para París. | Je les mis, froids déjà, dans le même carnier... et je repartis, ce jour-là, pour Paris. | |
7 de diciembre de 1886 | 7 décembre 1886 |
GUY DE MAUPASSANT |
---|
AUTORES RECOMENDADOS |
¿Cómo descargar los audiolibros? Síganos en: |
|
---|
©2021 AlbaLearning (All rights reserved) |
---|