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Alphonse Daudet

"Le Porte-Drapeau"

Biografía de Alphonse Daudet en Wikipedia

 
Le Porte-Drapeau
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El elixir del Padre Gaucher
El hombre de la sesera de oro
El niño espía
El nuevo maestro
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Las hadas de Francia
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Le Porte-Drapeau
L'élixir du Père Gaucher
L'homme à la cervelle d'or
L'enfant espion
Le nouveau maître
L'Arlésienne
Les trois messes basses
Les trois messes basses
Les oranges
 
Bilingüe
El nuevo maestro - Le nouveau maître
Las hadas - Les fées
Las tres misas - Les trois messes
 

ESCRITORES FRANCESES

Alphonse Daudet
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I

Le régiment était en bataille sur un talus de chemin de fer et servait de cible à toute l’armée prussienne massée en face, sous le bois. On se fusillait à quatre-vingts mètres. Les officiers criaient : « Couchez-vous !… » mais personne ne voulait obéir, et le fier régiment restait debout, groupé autour de son drapeau. Dans ce grand horizon de soleil couchant, de blés en épis, de pâturages, cette masse d’hommes, tourmentée, enveloppée d’une fumée confuse, avait l’air d’un troupeau surpris en rase campagne dans le premier tourbillon d’un orage formidable.

C’est qu’il en pleuvait du fer sur ce talus ! On n’entendait que le crépitement de la fusillade, le bruit sourd des gamelles roulant dans le fossé et les balles qui vibraient longuement d’un bout à l’autre du champ de bataille, comme les cordes tendues d’un instrument sinistre et retentissant.

De temps en temps, le drapeau qui se dressait au- dessus des têtes, agité au vent de la mitraille, sombrait dans la fumée. Alors une voix s’élevait, grave et fière, dominant la fusillade, les râles, les jurons des blessés : « Au drapeau, mes enfants, au drapeau !… » Aussitôt un officier s’élançait, vague comme une ombre dans ce brouillard rouge, et l’héroïque enseigne, redevenue vivante, planait encore au-dessus de la bataille. Vingt- deux fois elle tomba !…

Vingt-deux fois sa hampe encore tiède, échappée à une main mourante, fut saisie, redressée ; et lorsque, au soleil couché, ce qui restait du régiment — à peine une poignée d’hommes — battit lentement en retraite, le drapeau n’était plus qu’une guenille aux mains du sergent Hornus, le vingt-troisième porte-drapeau de la journée.

II

Ce sergent Hornus était une vieille bête à trois brisques, qui savait à peine signer son nom et avait mis vingt ans à gagner ses galons de sous- officier. Toutes les misères de l’enfant trouvé, tout l’abrutissement de la caserne se voyaient dans ce front bas et buté, ce dos voûté par le sac, cette allure inconsciente de troupier dans le rang.

Avec cela il était un peu bègue, mais, pour être porte-drapeau, on n’a pas besoin d’éloquence. Le soir même de la bataille, son colonel lui dit : « Tu as le drapeau, mon brave ; eh bien, garde-le. » Et sur sa pauvre capote de campagne, déjà toute passée à la pluie et au feu, la cantinière surfila tout de suite un liséré d’or de sous-lieutenant.

Ce fut le seul orgueil de cette vie d’humilité.

Du coup la taille du vieux troupier se redressa. Ce pauvre être habitué à marcher courbé, les yeux à terre, eut désormais une figure fière, le regard toujours levé pour voir flotter ce lambeau d’étoffe et le maintenir bien droit, bien  haut, au- dessus de la mort, de la trahison, de la déroute.

Vous n’avez jamais vu d’homme si heureux qu’Hornus les jours de bataille, lorsqu’il tenait sa hampe à deux mains, bien affermie dans son étui de cuir. Il ne parlait pas, il ne bougeait pas.

Sérieux comme un prêtre, on aurait dit qu’il tenait quelque chose de sacré. Toute sa vie, toute sa force étaient dans ses doigts crispés autour de ce beau haillon doré sur lequel se ruaient les balles, et dans ses yeux pleins de défi qui regardaient les Prussiens bien en face, d’un air de dire : « Essayez donc de venir me le prendre !… »

Personne ne l’essaya, pas même la mort.

Après Borny, après Gravelotte, les batailles les plus meurtrières, le drapeau s’en allait de partout, haché, troué, transparent de blessures ; mais c’était toujours le vieil Hornus qui le portait.

III

Puis septembre arriva, l’armée sous Metz, le blocus, et cette longue halte dans la boue où les canons se rouillaient, où les premières  troupes du monde, démoralisées par l’inaction, le manque de vivres, de nouvelles, mouraient de fièvre et d’ennui au pied de leurs faisceaux. Ni chefs ni soldats, personne ne croyait plus ; seul, Hornus avait encore confiance. Sa loque tricolore lui tenait lieu de tout, et tant qu’il la sentait là, il lui semblait que rien n’était perdu.

Malheureusement, comme on ne se battait plus, le colonel gardait le drapeau chez lui dans un des faubourgs de Metz ; et le brave Hornus était à peu près comme une mère qui a son enfant en nourrice. Il y pensait sans cesse. Alors, quand l’ennui le tenait trop fort, il s’en allait à Metz tout d’une course, et rien que de l’avoir vu toujours à la même place, bien tranquille contre le mur, il s’en revenait plein de courage, de patience, rapportant, sous sa tente trempée, des rêves de bataille, de marche en avant, avec les trois couleurs toutes grandes déployées flottant là-bas sur les tranchées prussiennes.

Un ordre du jour du maréchal Bazaine fit crouler ces illusions. Un matin, Hornus, en s’éveillant, vit tout le camp en rumeur ; les soldats par groupes, très animés, s’excitant, avec des cris de rage, des poings levés tous du même côté de la ville, comme si leur colère désignait un coupable. On criait : « Enlevons-le !… Qu’on le fusille !… » Et les officiers laissaient  dire… Ils marchaient à l’écart, la tête basse, comme s’ils avaient eu honte devant leurs hommes. C’était honteux, en effet. On venait de lire à cent cinquante mille soldats, bien armés, encore valides, l’ordre du maréchal qui les livrait à l’ennemi sans combat.

« Et les drapeaux ? » demanda Hornus en pâlissant… Les drapeaux étaient livrés avec le reste, avec les fusils, ce qui restait des équipages, tout…

« To… To… Tonnerre de Dieu ! bégaya le pauvre homme. Ils n’auront toujours pas le mien… » Et il se mit à courir du côté de la ville.

IV

Là aussi il y avait une grande animation.

Gardes nationaux, bourgeois, gardes mobiles criaient, s’agitaient. Des députations passaient, frémissantes, se rendant chez le maréchal.

Hornus, lui, ne voyait rien, n’entendait rien. Il parlait seul, tout en remontant la rue du Faubourg.

« M’enlever mon drapeau !… Allons donc !

Est-ce que c’est possible ? Est-ce qu’on a le droit ? Qu’il donne aux Prussiens ce qui est à lui, ses carrosses dorés et sa belle vaisselle plate rapportée de Mexico ! Mais ça, c’est à moi…

C’est mon honneur. Je défends qu’on y touche. »

Tous ces bouts de phrase étaient hachés par la course et sa parole bègue ; mais, au fond, il avait son idée, le vieux ! Une idée bien nette, bien arrêtée : prendre le drapeau, l’emporter au milieu du régiment et passer sur le ventre des Prussiens avec tous ceux qui voudraient le suivre.

Quand il arriva là-bas, on ne le laissa pas même entrer. Le colonel, furieux, lui aussi, ne voulait voir personne… Mais Hornus ne l’entendait pas ainsi.

Il jurait, criait, bousculait le planton : « Mon drapeau… je veux mon drapeau… » À la fin une fenêtre s’ouvrit :

« C’est toi, Hornus ?

— Oui, mon colonel, je…

— Tous les drapeaux sont à l’Arsenal…, tu n’as qu’à y aller, on te donnera un reçu…

— Un reçu ?… Pour quoi faire ?…

— C’est l’ordre du maréchal…

— Mais, colonel…

— F…-moi la paix !… » Et la fenêtre se referma.

Le vieil Hornus chancelait comme un homme ivre. « Un reçu, un reçu.. », répétait-il machinalement… Enfin, il se remit à marcher, ne comprenant plus qu’une chose, c’est que le drapeau était à l’Arsenal et qu’il fallait le ravoir à tout prix.

V

Les portes de l’Arsenal étaient toutes grandes ouvertes pour laisser passer les fourgons prussiens qui attendaient rangés dans la cour.

Hornus, en entrant, eut un frisson. Tous les autres porte-drapeaux étaient là, cinquante ou soixante officiers, navrés, silencieux ; et ces voitures sombres sous la pluie, ces hommes groupés derrière, la tête nue : on aurait dit un enterrement.

Dans un coin, tous les drapeaux de l’armée de Bazaine s’entassaient, confondus sur le pavé boueux. Rien n’était plus triste que ces lambeaux de soie voyante, ces débris de franges d’or et de hampes ouvragées, tout cet attirail glorieux jeté par terre, souillé de pluie et de boue. Un officier d’administration les prenait un à un, et, à l’appel de son régiment, chaque  porte-enseigne s’avançait pour chercher un reçu. Raides, impassibles, deux officiers prussiens surveillaient le chargement.

Et vous vous en alliez ainsi, ô saintes loques glorieuses, déployant vos déchirures, balayant le pavé tristement comme des oiseaux aux ailes cassées ! Vous vous en alliez avec la honte des belles choses souillées, et chacune de vous emportait un peu de la France. Le soleil des longues marches restait entre vos plis passés.

Dans les marques des balles vous gardiez le souvenir des morts inconnus, tombés au hasard sous l’étendard visé…

« Hornus, c’est à toi… On t’appelle… Va chercher ton reçu… »

Il s’agissait bien de reçu !

Le drapeau était là, devant lui. C’était bien le sien, le plus beau, le plus mutilé de tous… Et, en le revoyant, il croyait être encore là-haut, sur le talus. Il entendait chanter les balles, les gamelles fracassées et la voix du colonel : « Au drapeau, mes enfants !… » Puis ses vingt-deux camarades par terre, et lui, vingt-troisième, se précipitant à son tour pour relever, soutenir le pauvre drapeau qui chancelait faute de bras. Ah ! ce jour-là il avait juré de le défendre, de le garder jusqu’à la mort. Et maintenant…

De penser à cela, tout le sang de son cœur  lui sauta à la tête. Ivre, éperdu, il s’élança sur l’officier prussien, lui arracha son enseigne bien- aimée qu’il saisit à pleines mains, puis il essaya de l’élever encore, bien haut, bien droit en criant :

« Au dra… » Mais sa voix s’arrêta au fond de sa gorge. Il sentit la hampe trembler, glisser entre ses mains. Dans cet air las, cet air de mort qui pèse si lourdement sur les villes rendues, les drapeaux ne pouvaient plus flotter ; rien de fier ne pouvait plus vivre… Et le vieil Hornus tomba foudroyé.

 

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