Los deseos ridículos / Les souhaits ridicules - Perrault
1.

Érase una vez un pobre leñador que estaba harto de la vida tan penosa que llevaba y solía decir que tenía ganas de ir a reposar a los bordes del Aqueronte; porque veía que, en su profundo dolor, jamás el Cielo cruel había querido concederle ni uno de sus deseos.

Il était une fois un pauvre bûcheron
Qui, las de sa pénible vie,
Avait, disait-il, grande envie
De s'aller reposer aux bords de l'Achéron:
Représentant, dans sa douleur profonde,
Que, depuis qu'il était au monde,
Le ciel cruel n'avait jamais
Voulu remplir un seul de ses souhaits.

2.

Un día que se quejaba en el bosque, Júpiter, con el rayo en la mano, se le apareció; difícilmente podría pintar el miedo que sobrecogió al buen hombre.

Un jour que, dans le bois, il se mit à se plaindre,
A lui, la foudre en main, Jupiter apparut;
On aurait peine à bien dépeindre
La peur que le bonhomme en eut.

3.

-No quiero nada -exclamó, arrojándose al suelo-; no deseo nada, ni truenos ni nada. Vamos a hablar, Señor, de igual a igual.

«Je ne veux rien, dit-il, en se jetant par terre;
Point de souhaits, point de tonnerre,
Seigneur, demeurons but à but.

4.

-Deja de temblar -le dijo Júpiter-; vengo compadecido de tus quejas, para demostrarte que eres injusto en ellas. Escucha. Yo te prometo, yo que soy el dueño soberano del mundo entero, atender plenamente tus tres primeros deseos, los primeros que quieras formular sobre cualquier cosa. Mira bien lo que pueda satisfacerte, y como tu felicidad depende de tus votos, piénsalo bien antes de formular tus deseos.

— Cesse d'avoir aucune crainte;
Je viens, dit Jupiter, touché de ta complainte,
Te faire voir le tort que tu me fais.
Écoute donc: je te promets,
Moi qui du monde entier suis le souverain maître,
D'exaucer pleinement les trois premiers souhaits
Que tu voudras former sur quoi que ce puisse être;
Vois ce qui peut te rendre heureux,
Vois ce qui peut te satisfaire;
Et, comme ton bonheur dépend tout de tes vœux,
Songes-y bien avant que de les faire.»

5.

Diciendo estas palabras, Júpiter ascendió a los Cielos, y el leñador, muy contento, echándose el haz de leña a la espalda, emprendió el camino de regreso. Nunca le pareció la carga menos pesada.

A ces mots, Jupiter dans les cieux remonta,
Et le gai bûcheron, embrassant sa falourde,
Pour retourner chez lui sur son dos la jeta.
Cette charge jamais ne lui parut moins lourde.
«Il ne faut pas, disait-il en trottant,
Dans tout ceci rien faire à la légère;
Il faut, le cas est important,
En prendre avis de notre ménagère.

6.

"No hay que obrar a la ligera -decía trotando-. El caso es importante; hay que pedir consejo a la parienta.

« Çà, dit-il, en entrant sous son toit de fougère,
Faisons, Fanchon, grand feu, grand'chère,
Nous sommes riches à jamais,
Et nous n'avons qu'à faire des souhaits.»

7.

Cuando entró bajo el techo de la cabaña la carga de helechos, le dijo: "Fanchon, hagamos un buen fuego y una buena comida; somos muy ricos. Y sólo necesitamos formular nuestros deseos".

Là-dessus, tout au long, le fait il lui raconte.
A ce récit, l'épouse, vive et prompte,
Forma dans son esprit mille vastes projets;
Mais considérant l'importance
De s'y conduire avec prudence:

8.

Y allí, punto por punto, le cuenta todo lo sucedido. Al oír su relato, la esposa, viva y presurosa, concibe mil proyectos en su mente; pero considerando la importancia de conducirse con prudencia, le dice a su esposo:

«Blaise, mon cher ami, dit-elle à son époux,
Ne gâtons rien par notre impatience;
Examinons bien entre nous
Ce qu'il faut faire en pareille occurrence;
Remettons à demain notre premier souhait,
Et consultons notre chevet.

9.

-Blas, amigo mío, para no cometer una tontería debido a nuestra impaciencia, examinemos juntos lo que nos conviene hacer en una situación así. Dejemos para mañana nuestro primer deseo y consultemos con la almohada.

— Je l'entends bien ainsi, dît le bonhomme Biaise;
Mais, va tirer du vin derrière ces fagots.»

10.

"Estoy de acuerdo -dice el buen Blas-. Anda, vete y trae vino añejo".

A son retour, il but; et, goûtant à son aise,
Près d'un grand feu, la douceur'du repos,
Il dit, en s'appuyant sur le dos de sa chaise.

11.

Cuando volvió con él, bebió y, saboreando cómodamente, cerca del fuego, aquel dulce reposo, dijo apoyándose en el respaldo de su silla:

«Pendant que nous avons une si bonne braise,
Qu'une aune de boudin viendrait bien à propos!»

12.

"¡Con estas brasas tan buenas, qué bien vendría una vara de morcilla!"

A peine acheva-t-il de prononcer ces mots,
Que sa femme aperçut, grandement étonnée,
Un boudin fort long, qui, partant
D'un des coins de la cheminée,
S'approchait d'elle en serpentant.
Elle fit un cri dans l'instant;
Mais, jugeant que cette aventure
Avait pour cause le souhait
Que, par bêtise toute pure,
Son homme imprudent avait fait,
Il n'est point de pouille et d'injure
Que, de dépit et de courroux,
Elle ne dit au pauvre époux.

13.

Apenas acabó de pronunciar estas palabras, que su mujer, muy asombrada, vio una larga morcilla que, saliendo de una esquina de la chimenea, se aproximaba a ella serpenteando. Al instante lanzó un grito; pero juzgando que esta aventura tenía por causa el deseo que, por pura torpeza, había formulado el imprudente de su marido, no hubo injuria, ni pulla, ni improperio que, hecha una furia, no dijera a su pobre marido.

«Quand on peut, disait-elle, obtenir un empire,
De l'or, des perles, des rubis,
Des diamants, de beaux habits,
Est-ce alors du boudin qu'il faut que l'on désire?

14.

"¡Cuando se podría obtener un Imperio, oro, perlas, rubíes, diamantes, vestidos! ¿Y no se te ocurre desear más que una morcilla?

— Eh bien! j'ai tort, dit-il; j'ai mal placé mon choix,
J'ai commis une faute énorme,
Je ferai mieux une autre fois.

15.

-Bueno, me he equivocado -dijo-. Mi elección ha sido desacertada. He cometido una gran falta; lo haré mejor la próxima vez.

— Bon, bon, dit-elle, attendez-moi sous l'orme.
Pour faire un tel souhait, il faut être bien bœuf!»

16.

-Bueno, bueno -repuso ella-. Espérame sentado. ¡Se necesita ser un animal para formular ese deseo!

L'époux, plus d'une fois, emporté de colère,
Pensa faire tout bas le souhait d'être veuf.
Et peut-être, entre nous, ne pouvait-il mieux faire.

17.

El esposo, más de una vez, llevado de la cólera, se sintió tentado de formular un deseo mudo. Y, dicho entre nosotros, habría sido lo mejor que hubiera podido hacer.

«Les hommes, disait-il, pour souffrir sont bien nés!
Peste soit du boudin, et du boudin encore!
Plût à Dieu, maudite pécore,
Qu'il te pendît au bout du nez!»

18.

"Los hombres -se decía- hemos venido al mundo a padecer. ¡Maldita sea la morcilla, ruego a Dios, maldita pécora que se te quede colgada de la nariz!"

La prière aussitôt du ciel fut écoutée;
Et, dès que le mari la parole lâcha,
Au nez de l'épouse irritée,
L'aune de boudin s'attacha.
Ce prodige imprévu grandement le fâcha.
Fanchon était jolie; elle avait bonne grâce,
Et, pour dire sans fard la vérité du fait,
Cet ornement en cette place
Ne faisait pas un bon effet,
Si ce n'est qu'en pendant sur le bas du visage,
Il l'empêchait de parler aisément;
Pour un époux, merveilleux avantage,
Et si grand, qu'il pensa, dans cet heureux moment,
Ne souhaiter rien davantage!

19.

Esta súplica, al instante, fue escuchada por el Cielo y, apenas el marido profirió sus palabras, la vara de morcilla se quedó pegada a su nariz. Este prodigio imprevisto irritó muchísimo a Fanchon. Fanchon era bonita, muy graciosa, y a decir verdad este adorno en su nariz no hacía buen efecto, salvo que al colgarla sobre la boca la impedía hablar tranquilamente, lo cual era una ventaja para su esposo, tan grande que en aquel feliz momento pensó no desear más.

«Je pourrais bien, disait-il à part soi,
Après un malheur si funeste,
Avec le souhait qui me reste,
Tout d'un plein saut me faire roi.
Rien n'égale, il est vrai, la grandeur souveraine;
Mais encore faut-il songer
Comment serait faite la reine,
Et dans quelle douleur ce serait la plonger,
De l'aller placer sur un trône
Avec un nez plus long qu'une aune.
Il faut l'écouter sur cela,
Et qu'elle-même elle soit la maîtresse
De devenir une grande princesse,
En conservant l'horrible nez qu'elle a,

20.

"Ya podría, -pensaba para sus adentros-, después de una desgracia tan terrible, con el deseo que me queda, convertirme de una vez en Rey. Desde luego, nada iguala la grandeza soberana, pero hay que pensar qué tristeza tendría la Reina cuando, al sentarse en su trono, se viera con la nariz más larga que una vara. Voy a ver qué dice y que decida ella si prefiere convertirse en una gran Princesa y conservar esa horrible nariz o quedarse de simple leñadora con la nariz corriente, como las demás personas, tal como la tenía antes de la desgracia".

Ou, de demeurer bûcheronne
Avec un nez comme une autre personne,
Et tel qu'elle l'avait avant ce malheur-là.»

21.

Al fin, la cosa bien examinada, aun sabiendo que el poder que proporciona el cetro y la corona y que cuando se está coronada siempre se tiene la nariz bien hecha, como no existe nada que posea la fuerza de agradar, ella prefirió conservar su cofia antes que hacerse Reina y ser fea.

La chose bien examinée,
Quoiqu'elle sût d'un sceptre et la force et l'effet,
Et que, quand on est couronnée,
On a toujours le nez bien fait;
Comme au désir de plaire il n'est rien qui ne cède,
Elle aime mieux garder son bavolet
Que d'être reine et d'être laide.

22.

Así, pues, el leñador no cambió de estado, no se convirtió en un potentado, no llenó su bolsa de escudos, y fue feliz de emplear el deseo que le quedaba para volver a su mujer a su primitivo estado, débil felicidad, pobre recurso.

Ainsi le bûcheron ne changea point d'état,
Ne devint point grand potentat,
D'écus ne remplit point sa bourse;
Trop heureux d'employer son souhait qui restait,
Faible bonheur, pauvre ressource!
A remettre sa femme en l'état qu'elle était.

23.

Qué cierto es que los hombres miserables, ciegos, imprudentes y variables no deben formular deseo alguno, y qué pocos hay entre ellos que sean capaces de hacer buen uso de los dones que Dios les ha concedido.

Bien est donc vrai qu'aux hommes misérables,
Aveugles, imprudents, inquiets, variables,
Pas n'appartient de faire des souhaits;
Et que peu d'entre eux sont capables
De bien user des dons que le ciel leur a faits.

00:00 09:52

Tamaño de Fuente
Tipografía
Alineación

Velocidad de Reproducción
Reproducir siguiente automáticamente
Alineación
Cambiar Idioma
Modo Noche
Volumen
Compartir
Favorito

15596

4682

4684

Perrault

Autor.aspx?id=360

Los deseos ridículos / Les souhaits ridicules

TextosParalelosVersion.aspx?id=3046&idB=3048

1.

Érase una vez un pobre leñador que estaba harto de la vida tan penosa que llevaba y solía decir que tenía ganas de ir a reposar a los bordes del Aqueronte; porque veía que, en su profundo dolor, jamás el Cielo cruel había querido concederle ni uno de sus deseos.

Il était une fois un pauvre bûcheron
Qui, las de sa pénible vie,
Avait, disait-il, grande envie
De s'aller reposer aux bords de l'Achéron:
Représentant, dans sa douleur profonde,
Que, depuis qu'il était au monde,
Le ciel cruel n'avait jamais
Voulu remplir un seul de ses souhaits.

2.

Un día que se quejaba en el bosque, Júpiter, con el rayo en la mano, se le apareció; difícilmente podría pintar el miedo que sobrecogió al buen hombre.

Un jour que, dans le bois, il se mit à se plaindre,
A lui, la foudre en main, Jupiter apparut;
On aurait peine à bien dépeindre
La peur que le bonhomme en eut.

3.

-No quiero nada -exclamó, arrojándose al suelo-; no deseo nada, ni truenos ni nada. Vamos a hablar, Señor, de igual a igual.

«Je ne veux rien, dit-il, en se jetant par terre;
Point de souhaits, point de tonnerre,
Seigneur, demeurons but à but.

4.

-Deja de temblar -le dijo Júpiter-; vengo compadecido de tus quejas, para demostrarte que eres injusto en ellas. Escucha. Yo te prometo, yo que soy el dueño soberano del mundo entero, atender plenamente tus tres primeros deseos, los primeros que quieras formular sobre cualquier cosa. Mira bien lo que pueda satisfacerte, y como tu felicidad depende de tus votos, piénsalo bien antes de formular tus deseos.

— Cesse d'avoir aucune crainte;
Je viens, dit Jupiter, touché de ta complainte,
Te faire voir le tort que tu me fais.
Écoute donc: je te promets,
Moi qui du monde entier suis le souverain maître,
D'exaucer pleinement les trois premiers souhaits
Que tu voudras former sur quoi que ce puisse être;
Vois ce qui peut te rendre heureux,
Vois ce qui peut te satisfaire;
Et, comme ton bonheur dépend tout de tes vœux,
Songes-y bien avant que de les faire.»

5.

Diciendo estas palabras, Júpiter ascendió a los Cielos, y el leñador, muy contento, echándose el haz de leña a la espalda, emprendió el camino de regreso. Nunca le pareció la carga menos pesada.

A ces mots, Jupiter dans les cieux remonta,
Et le gai bûcheron, embrassant sa falourde,
Pour retourner chez lui sur son dos la jeta.
Cette charge jamais ne lui parut moins lourde.
«Il ne faut pas, disait-il en trottant,
Dans tout ceci rien faire à la légère;
Il faut, le cas est important,
En prendre avis de notre ménagère.

6.

"No hay que obrar a la ligera -decía trotando-. El caso es importante; hay que pedir consejo a la parienta.

« Çà, dit-il, en entrant sous son toit de fougère,
Faisons, Fanchon, grand feu, grand'chère,
Nous sommes riches à jamais,
Et nous n'avons qu'à faire des souhaits.»

7.

Cuando entró bajo el techo de la cabaña la carga de helechos, le dijo: "Fanchon, hagamos un buen fuego y una buena comida; somos muy ricos. Y sólo necesitamos formular nuestros deseos".

Là-dessus, tout au long, le fait il lui raconte.
A ce récit, l'épouse, vive et prompte,
Forma dans son esprit mille vastes projets;
Mais considérant l'importance
De s'y conduire avec prudence:

8.

Y allí, punto por punto, le cuenta todo lo sucedido. Al oír su relato, la esposa, viva y presurosa, concibe mil proyectos en su mente; pero considerando la importancia de conducirse con prudencia, le dice a su esposo:

«Blaise, mon cher ami, dit-elle à son époux,
Ne gâtons rien par notre impatience;
Examinons bien entre nous
Ce qu'il faut faire en pareille occurrence;
Remettons à demain notre premier souhait,
Et consultons notre chevet.

9.

-Blas, amigo mío, para no cometer una tontería debido a nuestra impaciencia, examinemos juntos lo que nos conviene hacer en una situación así. Dejemos para mañana nuestro primer deseo y consultemos con la almohada.

— Je l'entends bien ainsi, dît le bonhomme Biaise;
Mais, va tirer du vin derrière ces fagots.»

10.

"Estoy de acuerdo -dice el buen Blas-. Anda, vete y trae vino añejo".

A son retour, il but; et, goûtant à son aise,
Près d'un grand feu, la douceur'du repos,
Il dit, en s'appuyant sur le dos de sa chaise.

11.

Cuando volvió con él, bebió y, saboreando cómodamente, cerca del fuego, aquel dulce reposo, dijo apoyándose en el respaldo de su silla:

«Pendant que nous avons une si bonne braise,
Qu'une aune de boudin viendrait bien à propos!»

12.

"¡Con estas brasas tan buenas, qué bien vendría una vara de morcilla!"

A peine acheva-t-il de prononcer ces mots,
Que sa femme aperçut, grandement étonnée,
Un boudin fort long, qui, partant
D'un des coins de la cheminée,
S'approchait d'elle en serpentant.
Elle fit un cri dans l'instant;
Mais, jugeant que cette aventure
Avait pour cause le souhait
Que, par bêtise toute pure,
Son homme imprudent avait fait,
Il n'est point de pouille et d'injure
Que, de dépit et de courroux,
Elle ne dit au pauvre époux.

13.

Apenas acabó de pronunciar estas palabras, que su mujer, muy asombrada, vio una larga morcilla que, saliendo de una esquina de la chimenea, se aproximaba a ella serpenteando. Al instante lanzó un grito; pero juzgando que esta aventura tenía por causa el deseo que, por pura torpeza, había formulado el imprudente de su marido, no hubo injuria, ni pulla, ni improperio que, hecha una furia, no dijera a su pobre marido.

«Quand on peut, disait-elle, obtenir un empire,
De l'or, des perles, des rubis,
Des diamants, de beaux habits,
Est-ce alors du boudin qu'il faut que l'on désire?

14.

"¡Cuando se podría obtener un Imperio, oro, perlas, rubíes, diamantes, vestidos! ¿Y no se te ocurre desear más que una morcilla?

— Eh bien! j'ai tort, dit-il; j'ai mal placé mon choix,
J'ai commis une faute énorme,
Je ferai mieux une autre fois.

15.

-Bueno, me he equivocado -dijo-. Mi elección ha sido desacertada. He cometido una gran falta; lo haré mejor la próxima vez.

— Bon, bon, dit-elle, attendez-moi sous l'orme.
Pour faire un tel souhait, il faut être bien bœuf!»

16.

-Bueno, bueno -repuso ella-. Espérame sentado. ¡Se necesita ser un animal para formular ese deseo!

L'époux, plus d'une fois, emporté de colère,
Pensa faire tout bas le souhait d'être veuf.
Et peut-être, entre nous, ne pouvait-il mieux faire.

17.

El esposo, más de una vez, llevado de la cólera, se sintió tentado de formular un deseo mudo. Y, dicho entre nosotros, habría sido lo mejor que hubiera podido hacer.

«Les hommes, disait-il, pour souffrir sont bien nés!
Peste soit du boudin, et du boudin encore!
Plût à Dieu, maudite pécore,
Qu'il te pendît au bout du nez!»

18.

"Los hombres -se decía- hemos venido al mundo a padecer. ¡Maldita sea la morcilla, ruego a Dios, maldita pécora que se te quede colgada de la nariz!"

La prière aussitôt du ciel fut écoutée;
Et, dès que le mari la parole lâcha,
Au nez de l'épouse irritée,
L'aune de boudin s'attacha.
Ce prodige imprévu grandement le fâcha.
Fanchon était jolie; elle avait bonne grâce,
Et, pour dire sans fard la vérité du fait,
Cet ornement en cette place
Ne faisait pas un bon effet,
Si ce n'est qu'en pendant sur le bas du visage,
Il l'empêchait de parler aisément;
Pour un époux, merveilleux avantage,
Et si grand, qu'il pensa, dans cet heureux moment,
Ne souhaiter rien davantage!

19.

Esta súplica, al instante, fue escuchada por el Cielo y, apenas el marido profirió sus palabras, la vara de morcilla se quedó pegada a su nariz. Este prodigio imprevisto irritó muchísimo a Fanchon. Fanchon era bonita, muy graciosa, y a decir verdad este adorno en su nariz no hacía buen efecto, salvo que al colgarla sobre la boca la impedía hablar tranquilamente, lo cual era una ventaja para su esposo, tan grande que en aquel feliz momento pensó no desear más.

«Je pourrais bien, disait-il à part soi,
Après un malheur si funeste,
Avec le souhait qui me reste,
Tout d'un plein saut me faire roi.
Rien n'égale, il est vrai, la grandeur souveraine;
Mais encore faut-il songer
Comment serait faite la reine,
Et dans quelle douleur ce serait la plonger,
De l'aller placer sur un trône
Avec un nez plus long qu'une aune.
Il faut l'écouter sur cela,
Et qu'elle-même elle soit la maîtresse
De devenir une grande princesse,
En conservant l'horrible nez qu'elle a,

20.

"Ya podría, -pensaba para sus adentros-, después de una desgracia tan terrible, con el deseo que me queda, convertirme de una vez en Rey. Desde luego, nada iguala la grandeza soberana, pero hay que pensar qué tristeza tendría la Reina cuando, al sentarse en su trono, se viera con la nariz más larga que una vara. Voy a ver qué dice y que decida ella si prefiere convertirse en una gran Princesa y conservar esa horrible nariz o quedarse de simple leñadora con la nariz corriente, como las demás personas, tal como la tenía antes de la desgracia".

Ou, de demeurer bûcheronne
Avec un nez comme une autre personne,
Et tel qu'elle l'avait avant ce malheur-là.»

21.

Al fin, la cosa bien examinada, aun sabiendo que el poder que proporciona el cetro y la corona y que cuando se está coronada siempre se tiene la nariz bien hecha, como no existe nada que posea la fuerza de agradar, ella prefirió conservar su cofia antes que hacerse Reina y ser fea.

La chose bien examinée,
Quoiqu'elle sût d'un sceptre et la force et l'effet,
Et que, quand on est couronnée,
On a toujours le nez bien fait;
Comme au désir de plaire il n'est rien qui ne cède,
Elle aime mieux garder son bavolet
Que d'être reine et d'être laide.

22.

Así, pues, el leñador no cambió de estado, no se convirtió en un potentado, no llenó su bolsa de escudos, y fue feliz de emplear el deseo que le quedaba para volver a su mujer a su primitivo estado, débil felicidad, pobre recurso.

Ainsi le bûcheron ne changea point d'état,
Ne devint point grand potentat,
D'écus ne remplit point sa bourse;
Trop heureux d'employer son souhait qui restait,
Faible bonheur, pauvre ressource!
A remettre sa femme en l'état qu'elle était.

23.

Qué cierto es que los hombres miserables, ciegos, imprudentes y variables no deben formular deseo alguno, y qué pocos hay entre ellos que sean capaces de hacer buen uso de los dones que Dios les ha concedido.

Bien est donc vrai qu'aux hommes misérables,
Aveugles, imprudents, inquiets, variables,
Pas n'appartient de faire des souhaits;
Et que peu d'entre eux sont capables
De bien user des dons que le ciel leur a faits.

Audio.aspx?id=4682&c=FE609B81398C7E72F6C6B7AA9CF554C982B8B53C

592

9 minutos 52 segundos

0

0

ESP / FRA / ING

Esta página web usa cookies

Utilizamos cookies propias y de terceros para gestionar el sitio web, recabar información sobre la utilización del mismo y mejorar nuestros servicios. Más información.