El velatorio / La veillée - Guy de Maupassant
1.

Había muerto sin agonía, tranquilamente, como mujer cuya vida fue irreprochable; y descansaba ahora en la cama boca arriba, cerrados los ojos, tranquilas sus facciones, los largos cabellos blancos cuidadosamente peinados como si hubiese hecho su tocado diez minutos antes de morir, y toda su fisonomía de difunta tan recogida, tan reposada, tan resignada, que se comprendía que un alma tiernísima había habitado en aquel cuerpo, que aquella anciana serena había llevado la más tranquila de las existencias, que en su fin no había habido ni sacudidas ni remordimientos.

Elle était morte sans agonie, tranquillement, comme une femme dont la vie fut irréprochable ; et elle reposait maintenant dans son lit, sur le dos, les yeux fermés, les traits calmes, ses longs cheveux blancs soigneusement arrangés comme si elle eût fait sa toilette encore dix minutes avant la mort, toute sa physionomie pâle de trépassée si recueillie, si reposée, si résignée qu'on sentait bien quelle âme douce avait habitée ce corps, quelle existence sans trouble avait menée cette aïeule sereine, quelle fin sans secousses et sans remords avait eue cette sage.

2.

De rodillas junto al lecho mortuorio, su hijo, un magistrado de principios inflexibles, y su hija Margarita, en religión la hermana Eulalia, lloraban amargamente. Desde su infancia les había inculcado una irreprochable moral, enseñándoles la religión sin debilidades y el deber sin transacción. Él, el varón, se había hecho magistrado, y blandiendo la ley sacudía sin piedad a los débiles, a los desfallecidos; ella, la muchacha, empapada en la virtud que la había bañado en aquella familia austera, se había casado con Dios, disgustada de los hombres.

A genoux, près du lit, son fils, un magistrat aux principes inflexibles, et sa fille, Marguerite, en religion soeur Eulalie, pleuraient éperdument. Elle les avait dès l'enfance, armés d'une intraitable morale, leur enseignant la religion sans faiblesses et le devoir sans pactisations. Lui, l'homme, était devenu magistrat, et brandissant la loi, il frappait sans pitié les faibles, les défaillants ; elle, la fille, toute pénétrée de la vertu qui l'avait baignée en cette famille austère, avait épousé Dieu, par dégoût des hommes.

3.

No habían conocido a su padre; lo único que sabían era que había hecho a su madre desgraciada; y no tenían más detalles acerca de él.

Ils n'avaient guère connu leur père ; ils savaient seulement qu'il avait rendu leur mère malheureuse, sans apprendre d'autres détails.

4.

La religiosa besaba locamente una de las manos de la muerta, una mano de marfil semejante a la del Cristo amortajado. Al otro lado del cuerpo tendido, la otra mano de la difunta parecía tener todavía la colcha estrujada con ese errante gesto que se llama el estertor de la muerte; y la ropa había allí conservado pequeñas arrugas, como un recuerdo de los movimientos que preceden a la eterna inmovilidad.

La religieuse baisait follement une main pendante de la morte, une main d'ivoire pareille au grand Christ couché sur le lit. De l'autre côté du corps étendu, l'autre main semblait tenir encore le drap froissé de ce geste errant qu'on nomme le pli des agonisants ; et le linge en avait conservé comme de petites vagues de toile, comme un souvenir de ces derniers mouvements qui précèdent l'éternelle immobilité.

5.

Unos ligeros golpes dados en la puerta hicieron que se alzasen los dos rostros llorosos, y el sacerdote, que acababa de cenar, entró nuevamente. Estaba rojo, sofocado por los comienzos de la digestión, pues había echado mucho coñac en el café para luchar contra la fatiga de las pasadas noches y la de la noche de vela que comenzaba.

Quelques coups légers frappés à la porte, firent relever les deux têtes sanglotantes, et le prêtre, qui venait de dîner, rentra. Il était rouge, essouflé, de la digestion commencée ; car il avait mêlé fortement son café de cognac pour lutter contre la fatigue des dernières nuits passées et de la nuit de veille qui commençait.

6.

Parecía triste; en su rostro se veía esa falsa tristeza del eclesiástico para quien la muerte es una manera de ganarse la vida. Hizo la señal de la cruz, y acercándose con su gesto profesional: "Aquí estoy, pobres hijos míos —murmuró—, dispuesto a ayudarlos a pasar estas tristes horas. Pero sor Eulalia se levantó súbitamente: "Gracias, padre mío; mi hermano y yo deseamos quedar solos con ella. Son éstos los últimos instantes que la veremos, y deseamos estar los tres solos, como en otra época, como cuando..., cuando... cuando éramos niños y nuestra po..., pobre madre…. No pudo acabar; tantas eran sus lágrimas, de tal modo la oprimía el dolor.

Il semblait triste, de cette fausse tristesse d'ecclésiastique pour qui la mort est un gagne-pain. Il fit le signe de la croix, et, s'approchant avec son geste professionnel : " Eh bien ! mes pauvres enfants, je viens vous aider à passer ces tristes heures. " Mais soeur Eulalie soudain se releva. " Merci, mon père, nous désirons, mon frère et moi, rester seuls auprès d'elle. Ce sont nos derniers moments à la voir, nous voulons nous retrouver tous les trois, comme jadis, quand nous... nous... nous étions petits, et que notre pau... pauvre mère... " Elle ne put achever, tant les larmes jaillissaient, tant la douleur l'étouffait.

7.

El sacerdote se inclinó, más alegre, pensando en su cama. "Como gustéis, hijos míos, dijo. Se arrodilló, se santiguó, rezó, se levantó y salió despacito, murmurando: "¡Era una santa!

Mais le prêtre s'inclina, rasséréné, songeant à son lit. " Comme vous voudrez, mes enfants. " Il s'agenouilla, se signa, pria, se releva, et sortit doucement en murmurant: " C'était une sainte. "

8.

La difunta y sus hijos quedaron solos. Un oculto reloj producía en la sombra un ruido regular, y por la abierta ventana los suaves perfumes del heno y de la madera penetraban con un lánguido claror de luna. De la campiña no llegaba ningún sonido más que el de las notas volantes de los sapos y, a veces, el ronquido de un insecto nocturno que penetraba como una bala y chocaba en la pared. Una infinita paz, una divina melancolía y una silenciosa serenidad rodeaban a aquella difunta, pareciendo huir con ella y echarse fuera de allí apaciguando la propia naturaleza.

Ils restèrent seuls, la morte et ses enfants. Une pendule cachée jetait dans l'ombre son petit bruit régulier ; et par la fenêtre ouverte les molles odeurs des foins et des bois pénétraient avec une languissante clarté de lune. Aucun son dans la campagne que les notes volantes des crapauds et parfois un ronflement d'insecte nocturne entrant comme une balle et heurtant un mur. Une paix infinie, une divine mélancolie, une silencieuse sérénité entouraient cette morte, semblaient s'envoler d'elle, s'exhaler au-dehors, apaiser la nature même.

9.

De pronto, el magistrado, de rodillas siempre y con la cabeza oculta entre las ropas del lecho, con voz lejana, desgarradora, lanzada a través de las mantas y las sábanas, gritó: "¡Madre, madre, madre! Y la hermana, echándose contra el suelo, dando en el entarimado con su frente de fanática, convulsionada, retorcida, vibrante, como en una crisis de epilepsia, gimió: "¡Jesús, Jesús, madre, Jesús!

Alors le magistrat, toujours à genoux, la tête plongée dans les toiles du lit, d'une voix lointaine, déchirante, poussée à travers les draps et les couvertures, cria: "Maman, maman, maman! "Et la soeur, s'abattant sur le parquet, heurtant au bois son front de fanatique, convulsée, tordue, vibrante, comme en une crise d'épilepsie, gémit: "Jésus, Jésus, maman, Jésus!"

10.

Y, sacudidos por un huracán de dolor, ambos jadeaban, gemían amargamente.

Et secoués tous deux par un ouragan de douleur, ils haletaient, râlaient.

11.

A continuación, la crisis se calmó poco a poco, y volvieron a llorar de una manera más suave, del mismo modo que los momentos de calma sin lluvia siguen a las tormentas en el bravo mar.

Puis la crise, lentement, se calma, et ils se remirent à pleurer d'une façon plus molle, comme les accalmies pluvieuses suivent les bourrasques sur la mer soulevée.

12.

Mucho tiempo después se levantaron y se quedaron mirando el querido cadáver. Y los recuerdos, esos recuerdos lejanos, ayer tan dulces y hoy tan crueles, se presentaban en su imaginación con todos esos pequeños detalles olvidados, esos pequeños detalles íntimos y familiares que hacen vivir de nuevo al ser desaparecido. Recordaban circunstancias, palabras, sonrisas, entonaciones de voz de la que ya no volvería a hablarles. La tornaban a ver feliz y tranquila, se repetían las frases que en otro tiempo les dirigiera con un ligero movimiento de la mano que ella empleaba a veces, como para llevar el compás, cuando pronunciaba un discurso importante.

Puis, longtemps après, ils se relevèrent et se remirent à regarder le cher cadavre. Et les souvenirs, ces souvenirs lointains, hier si doux, aujourd'hui si torturants, tombaient sur leur esprit avec tous ces petis détails oubliés, ces petis détails intimes et familiers, qui refont vivant l'être disparu. Ils se rappelaient des circonstances, des paroles, des sourires, des intonations de voix de celle qui ne leur parlerait plus. Ils la revoyaient heureuse et calme, retrouvaient des phrases qu'elle leur disait, et un petit mouvement de la main qu'elle avait parfois, comme pour battre la mesure, quand elle prononçait un discours important.

13.

Y la amaban como nunca la habían amado. Y comprendían, midiendo su desesperación, hasta qué punto iban ahora a verse abandonados.

Et ils l'aimaient comme ils ne l'avaient jamais aimée. Et ils s'apercevaient, en mesurant leur désepoir, combien ils allaient se trouver maintenant abandonnés.

14.

Luego, poco a poco, la fuerza de la crisis fue disminuyendo como las lluviosas calmas siguen a las borrascas en el agitado océano, y se pusieron a llorar de un modo más suave. Era su sostén, su guía, toda su juventud, toda la alegre parte de su existencia lo que desaparecía; era su lazo con la vida, la madre, la mamá, la carne creadora, el punto de unión con los abuelos que no tenían ya. Ahora quedaban solitarios, aislados; ya no podrían mirar tras sí.

C'étaient leur soutien, leur guide, toute leur jeunesse, toute la joyeuse partie de leur existence qui disparaissaient, c'était leur lien avec la vie, la mère, la maman, la chair créatrice, l'attache avec leurs aïeux qu'ils n'auraient plus. Ils devenaient maintenant des solitaires, des isolés, ils ne pouvaient plus regarder derière eux.

15.

La monja dijo a su hermano: "Ya sabes que mamá tenía gran afición a leer sus viejas cartas; todas están ahí, en ese cajón. ¿No haríamos bien en leerlas a nuestra vez, reviviendo toda su vida en esta noche que hemos de pasar junto a ella? Sería como un camino del Calvario, como un conocimiento que haríamos con su madre, con nuestros viejos parientes desconocidos, cuyas cartas se encuentran ahí, y de quienes tan a menudo nos hablaba. ¿Te acuerdas?

La religieuse dit à son frère: "Tu sais, comme maman lisait toujours ses vieilles lettres ; elles sont toutes là, dans son tiroir. Si nous les lisions à notre tour, si nous revivions toute sa vie cette nuit près d'elle? Ce serait comme un chemin de la croix, comme une connaissance que nous ferions avec sa mère à elle, avec nos grands-parents inconnus, dont les lettres sont là, et dont elle nous parlait si souvent, t'en souvient-il?

16.

Y tomaron del cajón unos diez legajos de papeles amarillentos, cuidadosamente sujetos y colocados unos contra otros. Depositaron encima de la cama estas reliquias y escogiendo una de ellas, sobre la cual estaba escrita la palabra «Padre», la abrieron y leyeron.

Et ils prirent dans le tiroir une dizaine de petits paquets de papier jaunes, ficelés avec soin et rangés l'un contre l'autre. Ils jetèrent sur le lit ces reliques, et choisissant l'une d'elle sur qui le mot " Père " était écrit, ils l'ouvrirent et lurent.

17.

Eran esas viejas epístolas que se encuentran en los antiguos muebles familiares, esas epístolas que tienen el olor de otro siglo. La primera rezaba: «Querida mía»; y otra: «Mi hermosa hijita», y las otras: «Mi querida niña», y otras, por fin: «Mi querida hija.» Y de pronto la monja se puso a leer en voz alta, a leer nuevamente a la muerta su historia, todos sus dulces recuerdos. Y el magistrado, con un codo apoyado en la cama, le prestaba atención, fijos los ojos en su madre. Y el cadáver inmóvil parecía feliz.

C'étaient ces si vieilles épîtres qu'on retrouve dans les vieux secrétaires de familles, ces épîtres qui sentent l'autre siècle. La première disait: "Ma chérie"; une autre:  Ma belle petite fille"; puis d'autres: "Ma chère enfant"; puis encore: "Ma chère fille. "Et soudain la religieuse se mit à lire tout haut, à relire à la morte son histoire, tous ses tendres souvenirs. Et le magistrat, un coude sur le lit, écoutait, les yeux sur sa mère. Et le cadavre immobile semblait heureux.

18.

Interrumpiéndose, sor Eulalia dijo de pronto: "Será menester meterlas en su tumba, hacerle un sudario de todo esto y amortajarla con él. Y cogiendo otro legajo, sobre el cual nada había escrito, principió a leer como antes. «Querida mía: Te amo hasta la locura. Desde ayer sufro como un condenado, achicharrado por tu recuerdo. Siento tus labios bajo los míos, tus ojos bajo mis ojos, tu carne bajo mi carne. ¡Te amo, te amo! Me has enloquecido. Mis brazos se abren, jadeo impulsado por un ansia inmensa de poseerte nuevamente. He conservado en mi boca el sabor de tus besos...»

Soeur Eulalie s'interrompant, dit tout à coup: "Il faudra les mettre dans sa tombe, lui faire un linceul de tout cela, l'ensevelir là-dedans." Et elle prit un autre paquet sur lequel aucun mot révélateur n'était écrit. Et elle commença, d'une voix haute: "Mon adorée, je t'aime à en perdre la tête. Depuis hier, je souffre comme un damné brûlé par ton souvenir. Je sens tes lèvres sous les miennes, tes yeux sous mes yeux, ta chair sous ma chair. Je t'aime, je t'aime! Tu m'as rendu fou. Mes bras s'ouvrent, je halète soulevé par un immense désir de t'avoir encore. Tout mon corps t'appelle, te veut. J'ai gardé dans ma bouche le goût de tes baisers..."

19.

El magistrado se había puesto en píe; la monja se interrumpió; le arrancó la carta, buscó la firma. No la llevaba el papel; sólo se leían estas palabras: «El que te adora»; el nombre era «Enrique». Su padre se llamaba Renato. Entonces el hijo, con rápidas manos, revolvió el paquete de cartas, tomó otra y leyó: «No puedo vivir sin tus caricias...» Y en pie, severo como en su tribunal, miró impasible a la muerta. La monja, erguida como una estatua, con algunas olvidadas lágrimas en los extremos de los ojos, contemplando a su hermano, esperaba. El atravesó entonces el aposento andando despacio, llegó a la ventana y, con la mirada perdida en la noche, meditó.

Le magistrat s'était redressé; la religieuse s'interrompit; il lui arracha la lettre, chercha la signature. Il n'y en avait pas, mais seulement sous ces mots: "Celui qui t'adore", le nom: "Henry". Leur père s'appelait René. Ce n'était donc pas lui. Alors le fils, d'une main rapide, fouilla dans le paquet de lettres, en prit une autre, et il lut : " Je ne puis plus me passer de tes caresses..." Et debout, sévère comme à son tribunal, il regarda la morte impassible. La religieuse, droite comme une statue, avec des larmes restées au coin des yeux, considérant son frère, attendait. Alors il traversa la chambre à pas lents, gagna la fenêtre et, le regard perdu dans la nuit, songea.

20.

Cuando volvió la cabeza, sor Eulalia, ya secos los ojos, permanecía en pie, junto al lecho, baja la cara.

Quand il se retourna, sa soeur Eulalie, l'oeil sec maintenant, était toujours debout, près du lit, la tête baissée.

21.

El avanzó, recogió vivamente las cartas y las fue echando revueltas en el cajón; en seguida corrió los cortinajes de la cama.

Il s'approcha, ramassa vivement les lettres qu'il rejetait pêle-mêle dans le tiroir; puis il ferma les rideaux du lit.

22.

Y cuando el día hizo palidecer las velas que ardían sobre la mesa, el hijo abandonó lentamente su sillón y, sin mirar ni una vez más a la madre, que había, condenándola, separado de ellos, dijo lentamente: "Ahora, hermana mía, salgamos de aquí.

Et quand le jour fit pâlir les bougies qui veillaient sur la table, le fils lentement quitta son fauteuil, et sans revoir encore une fois la mère qu'il avait séparée d'eux, condamnée, il dit lentement: "Maintenant, retirons-nous, ma soeur."

23.

10 de mayo de 1882

10 mai 1882

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1.

Había muerto sin agonía, tranquilamente, como mujer cuya vida fue irreprochable; y descansaba ahora en la cama boca arriba, cerrados los ojos, tranquilas sus facciones, los largos cabellos blancos cuidadosamente peinados como si hubiese hecho su tocado diez minutos antes de morir, y toda su fisonomía de difunta tan recogida, tan reposada, tan resignada, que se comprendía que un alma tiernísima había habitado en aquel cuerpo, que aquella anciana serena había llevado la más tranquila de las existencias, que en su fin no había habido ni sacudidas ni remordimientos.

Elle était morte sans agonie, tranquillement, comme une femme dont la vie fut irréprochable ; et elle reposait maintenant dans son lit, sur le dos, les yeux fermés, les traits calmes, ses longs cheveux blancs soigneusement arrangés comme si elle eût fait sa toilette encore dix minutes avant la mort, toute sa physionomie pâle de trépassée si recueillie, si reposée, si résignée qu'on sentait bien quelle âme douce avait habitée ce corps, quelle existence sans trouble avait menée cette aïeule sereine, quelle fin sans secousses et sans remords avait eue cette sage.

2.

De rodillas junto al lecho mortuorio, su hijo, un magistrado de principios inflexibles, y su hija Margarita, en religión la hermana Eulalia, lloraban amargamente. Desde su infancia les había inculcado una irreprochable moral, enseñándoles la religión sin debilidades y el deber sin transacción. Él, el varón, se había hecho magistrado, y blandiendo la ley sacudía sin piedad a los débiles, a los desfallecidos; ella, la muchacha, empapada en la virtud que la había bañado en aquella familia austera, se había casado con Dios, disgustada de los hombres.

A genoux, près du lit, son fils, un magistrat aux principes inflexibles, et sa fille, Marguerite, en religion soeur Eulalie, pleuraient éperdument. Elle les avait dès l'enfance, armés d'une intraitable morale, leur enseignant la religion sans faiblesses et le devoir sans pactisations. Lui, l'homme, était devenu magistrat, et brandissant la loi, il frappait sans pitié les faibles, les défaillants ; elle, la fille, toute pénétrée de la vertu qui l'avait baignée en cette famille austère, avait épousé Dieu, par dégoût des hommes.

3.

No habían conocido a su padre; lo único que sabían era que había hecho a su madre desgraciada; y no tenían más detalles acerca de él.

Ils n'avaient guère connu leur père ; ils savaient seulement qu'il avait rendu leur mère malheureuse, sans apprendre d'autres détails.

4.

La religiosa besaba locamente una de las manos de la muerta, una mano de marfil semejante a la del Cristo amortajado. Al otro lado del cuerpo tendido, la otra mano de la difunta parecía tener todavía la colcha estrujada con ese errante gesto que se llama el estertor de la muerte; y la ropa había allí conservado pequeñas arrugas, como un recuerdo de los movimientos que preceden a la eterna inmovilidad.

La religieuse baisait follement une main pendante de la morte, une main d'ivoire pareille au grand Christ couché sur le lit. De l'autre côté du corps étendu, l'autre main semblait tenir encore le drap froissé de ce geste errant qu'on nomme le pli des agonisants ; et le linge en avait conservé comme de petites vagues de toile, comme un souvenir de ces derniers mouvements qui précèdent l'éternelle immobilité.

5.

Unos ligeros golpes dados en la puerta hicieron que se alzasen los dos rostros llorosos, y el sacerdote, que acababa de cenar, entró nuevamente. Estaba rojo, sofocado por los comienzos de la digestión, pues había echado mucho coñac en el café para luchar contra la fatiga de las pasadas noches y la de la noche de vela que comenzaba.

Quelques coups légers frappés à la porte, firent relever les deux têtes sanglotantes, et le prêtre, qui venait de dîner, rentra. Il était rouge, essouflé, de la digestion commencée ; car il avait mêlé fortement son café de cognac pour lutter contre la fatigue des dernières nuits passées et de la nuit de veille qui commençait.

6.

Parecía triste; en su rostro se veía esa falsa tristeza del eclesiástico para quien la muerte es una manera de ganarse la vida. Hizo la señal de la cruz, y acercándose con su gesto profesional: "Aquí estoy, pobres hijos míos —murmuró—, dispuesto a ayudarlos a pasar estas tristes horas. Pero sor Eulalia se levantó súbitamente: "Gracias, padre mío; mi hermano y yo deseamos quedar solos con ella. Son éstos los últimos instantes que la veremos, y deseamos estar los tres solos, como en otra época, como cuando..., cuando... cuando éramos niños y nuestra po..., pobre madre…. No pudo acabar; tantas eran sus lágrimas, de tal modo la oprimía el dolor.

Il semblait triste, de cette fausse tristesse d'ecclésiastique pour qui la mort est un gagne-pain. Il fit le signe de la croix, et, s'approchant avec son geste professionnel : " Eh bien ! mes pauvres enfants, je viens vous aider à passer ces tristes heures. " Mais soeur Eulalie soudain se releva. " Merci, mon père, nous désirons, mon frère et moi, rester seuls auprès d'elle. Ce sont nos derniers moments à la voir, nous voulons nous retrouver tous les trois, comme jadis, quand nous... nous... nous étions petits, et que notre pau... pauvre mère... " Elle ne put achever, tant les larmes jaillissaient, tant la douleur l'étouffait.

7.

El sacerdote se inclinó, más alegre, pensando en su cama. "Como gustéis, hijos míos, dijo. Se arrodilló, se santiguó, rezó, se levantó y salió despacito, murmurando: "¡Era una santa!

Mais le prêtre s'inclina, rasséréné, songeant à son lit. " Comme vous voudrez, mes enfants. " Il s'agenouilla, se signa, pria, se releva, et sortit doucement en murmurant: " C'était une sainte. "

8.

La difunta y sus hijos quedaron solos. Un oculto reloj producía en la sombra un ruido regular, y por la abierta ventana los suaves perfumes del heno y de la madera penetraban con un lánguido claror de luna. De la campiña no llegaba ningún sonido más que el de las notas volantes de los sapos y, a veces, el ronquido de un insecto nocturno que penetraba como una bala y chocaba en la pared. Una infinita paz, una divina melancolía y una silenciosa serenidad rodeaban a aquella difunta, pareciendo huir con ella y echarse fuera de allí apaciguando la propia naturaleza.

Ils restèrent seuls, la morte et ses enfants. Une pendule cachée jetait dans l'ombre son petit bruit régulier ; et par la fenêtre ouverte les molles odeurs des foins et des bois pénétraient avec une languissante clarté de lune. Aucun son dans la campagne que les notes volantes des crapauds et parfois un ronflement d'insecte nocturne entrant comme une balle et heurtant un mur. Une paix infinie, une divine mélancolie, une silencieuse sérénité entouraient cette morte, semblaient s'envoler d'elle, s'exhaler au-dehors, apaiser la nature même.

9.

De pronto, el magistrado, de rodillas siempre y con la cabeza oculta entre las ropas del lecho, con voz lejana, desgarradora, lanzada a través de las mantas y las sábanas, gritó: "¡Madre, madre, madre! Y la hermana, echándose contra el suelo, dando en el entarimado con su frente de fanática, convulsionada, retorcida, vibrante, como en una crisis de epilepsia, gimió: "¡Jesús, Jesús, madre, Jesús!

Alors le magistrat, toujours à genoux, la tête plongée dans les toiles du lit, d'une voix lointaine, déchirante, poussée à travers les draps et les couvertures, cria: "Maman, maman, maman! "Et la soeur, s'abattant sur le parquet, heurtant au bois son front de fanatique, convulsée, tordue, vibrante, comme en une crise d'épilepsie, gémit: "Jésus, Jésus, maman, Jésus!"

10.

Y, sacudidos por un huracán de dolor, ambos jadeaban, gemían amargamente.

Et secoués tous deux par un ouragan de douleur, ils haletaient, râlaient.

11.

A continuación, la crisis se calmó poco a poco, y volvieron a llorar de una manera más suave, del mismo modo que los momentos de calma sin lluvia siguen a las tormentas en el bravo mar.

Puis la crise, lentement, se calma, et ils se remirent à pleurer d'une façon plus molle, comme les accalmies pluvieuses suivent les bourrasques sur la mer soulevée.

12.

Mucho tiempo después se levantaron y se quedaron mirando el querido cadáver. Y los recuerdos, esos recuerdos lejanos, ayer tan dulces y hoy tan crueles, se presentaban en su imaginación con todos esos pequeños detalles olvidados, esos pequeños detalles íntimos y familiares que hacen vivir de nuevo al ser desaparecido. Recordaban circunstancias, palabras, sonrisas, entonaciones de voz de la que ya no volvería a hablarles. La tornaban a ver feliz y tranquila, se repetían las frases que en otro tiempo les dirigiera con un ligero movimiento de la mano que ella empleaba a veces, como para llevar el compás, cuando pronunciaba un discurso importante.

Puis, longtemps après, ils se relevèrent et se remirent à regarder le cher cadavre. Et les souvenirs, ces souvenirs lointains, hier si doux, aujourd'hui si torturants, tombaient sur leur esprit avec tous ces petis détails oubliés, ces petis détails intimes et familiers, qui refont vivant l'être disparu. Ils se rappelaient des circonstances, des paroles, des sourires, des intonations de voix de celle qui ne leur parlerait plus. Ils la revoyaient heureuse et calme, retrouvaient des phrases qu'elle leur disait, et un petit mouvement de la main qu'elle avait parfois, comme pour battre la mesure, quand elle prononçait un discours important.

13.

Y la amaban como nunca la habían amado. Y comprendían, midiendo su desesperación, hasta qué punto iban ahora a verse abandonados.

Et ils l'aimaient comme ils ne l'avaient jamais aimée. Et ils s'apercevaient, en mesurant leur désepoir, combien ils allaient se trouver maintenant abandonnés.

14.

Luego, poco a poco, la fuerza de la crisis fue disminuyendo como las lluviosas calmas siguen a las borrascas en el agitado océano, y se pusieron a llorar de un modo más suave. Era su sostén, su guía, toda su juventud, toda la alegre parte de su existencia lo que desaparecía; era su lazo con la vida, la madre, la mamá, la carne creadora, el punto de unión con los abuelos que no tenían ya. Ahora quedaban solitarios, aislados; ya no podrían mirar tras sí.

C'étaient leur soutien, leur guide, toute leur jeunesse, toute la joyeuse partie de leur existence qui disparaissaient, c'était leur lien avec la vie, la mère, la maman, la chair créatrice, l'attache avec leurs aïeux qu'ils n'auraient plus. Ils devenaient maintenant des solitaires, des isolés, ils ne pouvaient plus regarder derière eux.

15.

La monja dijo a su hermano: "Ya sabes que mamá tenía gran afición a leer sus viejas cartas; todas están ahí, en ese cajón. ¿No haríamos bien en leerlas a nuestra vez, reviviendo toda su vida en esta noche que hemos de pasar junto a ella? Sería como un camino del Calvario, como un conocimiento que haríamos con su madre, con nuestros viejos parientes desconocidos, cuyas cartas se encuentran ahí, y de quienes tan a menudo nos hablaba. ¿Te acuerdas?

La religieuse dit à son frère: "Tu sais, comme maman lisait toujours ses vieilles lettres ; elles sont toutes là, dans son tiroir. Si nous les lisions à notre tour, si nous revivions toute sa vie cette nuit près d'elle? Ce serait comme un chemin de la croix, comme une connaissance que nous ferions avec sa mère à elle, avec nos grands-parents inconnus, dont les lettres sont là, et dont elle nous parlait si souvent, t'en souvient-il?

16.

Y tomaron del cajón unos diez legajos de papeles amarillentos, cuidadosamente sujetos y colocados unos contra otros. Depositaron encima de la cama estas reliquias y escogiendo una de ellas, sobre la cual estaba escrita la palabra «Padre», la abrieron y leyeron.

Et ils prirent dans le tiroir une dizaine de petits paquets de papier jaunes, ficelés avec soin et rangés l'un contre l'autre. Ils jetèrent sur le lit ces reliques, et choisissant l'une d'elle sur qui le mot " Père " était écrit, ils l'ouvrirent et lurent.

17.

Eran esas viejas epístolas que se encuentran en los antiguos muebles familiares, esas epístolas que tienen el olor de otro siglo. La primera rezaba: «Querida mía»; y otra: «Mi hermosa hijita», y las otras: «Mi querida niña», y otras, por fin: «Mi querida hija.» Y de pronto la monja se puso a leer en voz alta, a leer nuevamente a la muerta su historia, todos sus dulces recuerdos. Y el magistrado, con un codo apoyado en la cama, le prestaba atención, fijos los ojos en su madre. Y el cadáver inmóvil parecía feliz.

C'étaient ces si vieilles épîtres qu'on retrouve dans les vieux secrétaires de familles, ces épîtres qui sentent l'autre siècle. La première disait: "Ma chérie"; une autre:  Ma belle petite fille"; puis d'autres: "Ma chère enfant"; puis encore: "Ma chère fille. "Et soudain la religieuse se mit à lire tout haut, à relire à la morte son histoire, tous ses tendres souvenirs. Et le magistrat, un coude sur le lit, écoutait, les yeux sur sa mère. Et le cadavre immobile semblait heureux.

18.

Interrumpiéndose, sor Eulalia dijo de pronto: "Será menester meterlas en su tumba, hacerle un sudario de todo esto y amortajarla con él. Y cogiendo otro legajo, sobre el cual nada había escrito, principió a leer como antes. «Querida mía: Te amo hasta la locura. Desde ayer sufro como un condenado, achicharrado por tu recuerdo. Siento tus labios bajo los míos, tus ojos bajo mis ojos, tu carne bajo mi carne. ¡Te amo, te amo! Me has enloquecido. Mis brazos se abren, jadeo impulsado por un ansia inmensa de poseerte nuevamente. He conservado en mi boca el sabor de tus besos...»

Soeur Eulalie s'interrompant, dit tout à coup: "Il faudra les mettre dans sa tombe, lui faire un linceul de tout cela, l'ensevelir là-dedans." Et elle prit un autre paquet sur lequel aucun mot révélateur n'était écrit. Et elle commença, d'une voix haute: "Mon adorée, je t'aime à en perdre la tête. Depuis hier, je souffre comme un damné brûlé par ton souvenir. Je sens tes lèvres sous les miennes, tes yeux sous mes yeux, ta chair sous ma chair. Je t'aime, je t'aime! Tu m'as rendu fou. Mes bras s'ouvrent, je halète soulevé par un immense désir de t'avoir encore. Tout mon corps t'appelle, te veut. J'ai gardé dans ma bouche le goût de tes baisers..."

19.

El magistrado se había puesto en píe; la monja se interrumpió; le arrancó la carta, buscó la firma. No la llevaba el papel; sólo se leían estas palabras: «El que te adora»; el nombre era «Enrique». Su padre se llamaba Renato. Entonces el hijo, con rápidas manos, revolvió el paquete de cartas, tomó otra y leyó: «No puedo vivir sin tus caricias...» Y en pie, severo como en su tribunal, miró impasible a la muerta. La monja, erguida como una estatua, con algunas olvidadas lágrimas en los extremos de los ojos, contemplando a su hermano, esperaba. El atravesó entonces el aposento andando despacio, llegó a la ventana y, con la mirada perdida en la noche, meditó.

Le magistrat s'était redressé; la religieuse s'interrompit; il lui arracha la lettre, chercha la signature. Il n'y en avait pas, mais seulement sous ces mots: "Celui qui t'adore", le nom: "Henry". Leur père s'appelait René. Ce n'était donc pas lui. Alors le fils, d'une main rapide, fouilla dans le paquet de lettres, en prit une autre, et il lut : " Je ne puis plus me passer de tes caresses..." Et debout, sévère comme à son tribunal, il regarda la morte impassible. La religieuse, droite comme une statue, avec des larmes restées au coin des yeux, considérant son frère, attendait. Alors il traversa la chambre à pas lents, gagna la fenêtre et, le regard perdu dans la nuit, songea.

20.

Cuando volvió la cabeza, sor Eulalia, ya secos los ojos, permanecía en pie, junto al lecho, baja la cara.

Quand il se retourna, sa soeur Eulalie, l'oeil sec maintenant, était toujours debout, près du lit, la tête baissée.

21.

El avanzó, recogió vivamente las cartas y las fue echando revueltas en el cajón; en seguida corrió los cortinajes de la cama.

Il s'approcha, ramassa vivement les lettres qu'il rejetait pêle-mêle dans le tiroir; puis il ferma les rideaux du lit.

22.

Y cuando el día hizo palidecer las velas que ardían sobre la mesa, el hijo abandonó lentamente su sillón y, sin mirar ni una vez más a la madre, que había, condenándola, separado de ellos, dijo lentamente: "Ahora, hermana mía, salgamos de aquí.

Et quand le jour fit pâlir les bougies qui veillaient sur la table, le fils lentement quitta son fauteuil, et sans revoir encore une fois la mère qu'il avait séparée d'eux, condamnée, il dit lentement: "Maintenant, retirons-nous, ma soeur."

23.

10 de mayo de 1882

10 mai 1882

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