Je traversais les grandes dunes au sud de Ouargla. C'est là un des plus étranges pays du monde. Vous connaissez le sable uni, le sable droit des interminables plages de l'Océan. Eh bien ! figurez-vous l'Océan lui-même devenu sable au milieu d'un ouragan ; imaginez une tempête silencieuse de vagues immobiles en poussière jaune. Elles sont hautes comme des montagnes, ces vagues inégales, différentes, soulevées tout à fait comme des flots déchaînés, mais plus grandes encore, et striées comme de la moire. Sur cette mer furieuse, muette et sans mouvement, le dévorant soleil du sud verse sa flamme implacable et directe. Il faut gravir ces lames de cendre d'or, redescendre, gravir encore, gravir sans cesse, sans repos et sans ombre. Les chevaux râlent, enfoncent jusqu'aux genoux, et glissent en dévalant l'autre versant des surprenantes collines.
"I was crossing the great sands to the south of Onargla. It is one of the most curious districts in the world. You have seen the solid continuous sand of the endless ocean strands. Well, imagine the ocean itself turned to sand in the midst of a storm. Imagine a silent tempest with motionless billows of yellow dust. They are high as mountains, these uneven, varied surges, rising exactly like unchained billows, but still larger, and stratified like watered silk. On this wild, silent, and motionless sea, the consuming rays of the tropical sun are poured pitilessly and directly. You have to climb these streaks of red-hot ash, descend again on the other side, climb again, climb, climb without halt, without repose, without shade. The horses cough, sink to their knees and slide down the sides of these remarkable hills.