Carta que se encontró a un ahogado / Lettre trouvée sur un noyé - Guy de Maupassant
1.

¿Me pregunta usted, señora, si me burlo? ¿No puede usted creer que un hombre no haya sentido jamás amor? Pues bien: no, no he amado nunca, nunca.

Vous me demandez, Madame, si je me moque de vous? Vous ne pouvez croire qu'un homme n'ait été frappé par l'Lettre trouvée sur un noyé? Eh bien, non, je n'ai jamais aimé, jamais!

2.

¿De qué depende eso? No lo sé... Pero no he sentido jamás ese estado de embriaguez del corazón que llaman amor. Jamás he vivido en ese ensueño, en esa locura, en esa exaltación a que nos lanza la imagen de una mujer, ni me vi nunca perseguido, obsesionado, calenturiento, embebido por la esperanza o la posesión de un ser convertido de pronto para mí en el más deseable de todos los encantos, en la más hermosa de todas las criaturas, más interesante que todo el universo. En mi vida he llorado ni he sufrido por ninguna de ustedes. Tampoco he pasado las noches en vela pensando en una mujer. No conozco ese despertar que su pensamiento y su recuerdo iluminan. No conozco tampoco la excitación enloquecedora del deseo, cuando se le espera, y la divina melancolía sentimental, cuando ella ha huido, dejando en el cuarto un perfume sutil de violeta y de carne.

D'où vient cela? Je n'en sais rien. Jamais je ne me suis trouvé dans cette espèce d'ivresse du cœur qu'on nomme l'Lettre trouvée sur un noyé! Jamais je n'ai vécu dans ce rêve, dans cette exaltation, dans cette folie où nous jette l'image d'une femme. Je n'ai jamais été poursuivi, hanté, enfiévré, emparadisé par l'attente ou la possession d'un être devenu tout à coup pour moi plus désirable que tous les bonheurs, plus beau que toutes les créatures, plus important que tous les univers! Je n'ai jamais pleuré, je n'ai jamais souffert par aucune de vous. Je n'ai point passé les nuits, les yeux ouverts, en pensant à elle. Je ne connais pas les réveils qu'illuminent sa pensée et son souvenir. Je ne connais pas l'énervement affolant de l'espérance quand elle va venir, et la divine mélancolie du regret, quand elle s'est enfuie en laissant dans sa chambre une odeur légère de violette et de chair.

3.

Jamás he amado.

Je n'ai jamais aimé.

4.

Muy a menudo me he preguntado a qué es esto debido y, verdaderamente, no lo sé muy bien. Aunque llegué a encontrar varias razones, se refieren a la metafísica, y no sé si las apreciará usted.

Moi aussi je me suis demandé souvent pourquoi cela. Et vraiment, je ne sais trop. J'ai trouvé des raisons cependant; mais elles touchent à la métaphysique et vous ne les goûterez peut­être point.

5.

Analizo demasiado a las mujeres para dejarme dominar por sus encantos. Pido a usted mil perdones por esta confesión que explicaré. Hay en toda criatura dos naturalezas diferentes: una moral y otra física. Para amar tendría que descubrir, entre esas dos naturalezas, una armonía que no hallé jamás. Siempre una de las dos hállase a mayor altura que la otra; unas veces la naturaleza física, y otras la moral.

Je crois que je juge trop les femmes pour subir beaucoup de leur charme. Je vous demande pardon de cette parole. Je l'explique. Il y a dans toute créature, l'être moral et l'être physique. Pour aimer, il me faudrait rencontrer entre ces deux êtres une harmonie que je n'ai jamais trouvée. Toujours l'un des deux l'emporte trop sur l'autre, tantôt le moral, tantôt le physique.

6.

La inteligencia que tenemos el derecho de exigir a una mujer para amarla no tiene nada de común con la inteligencia viril. Es más y es menos. Es menester que una mujer tenga el entendimiento franco, delicado, sensible, fino, impresionable. No necesita dominio ni iniciativa en el pensamiento, pero es menester que tenga bondad, elegancia, ternura, coquetería y esa facultad de asimilación que en poco tiempo la hace semejante al hombre, cuya vida comparte. Su primerísima cualidad debe ser la sutileza, ese delicado sentido que es para el alma lo que el tacto es para el cuerpo. La revelan mil cosas insignificantes: los contornos, los ángulos y las formas en el orden intelectual.

L'intelligence que nous avons le droit d'exiger d'une femme, pour l'aimer, n'a rien d'intelligence virile. C'est plus et c'est moins. Il faut qu'une femme ait l'esprit ouvert, délicat, sensible, fin, impressionnable. Elle n'a besoin ni de puissance, ni d'initiative dans la pensée, mais il est nécessaire qu'elle ait de la bonté, de l'élégance, de la tendresse, de la coquetterie, et cette faculté d'assimilation qui la fait pareille, en peu de temps, à celui qui partage sa vie. Sa plus grande qualité doit être le tact, ce sens subtil qui est pour l'esprit ce qu'est le toucher pour le corps. Il lui révèle mille choses menues, les contours, les angles et les formes dans l'ordre intellectuel.

7.

Las mujeres bonitas, en general, no tienen una inteligencia en consonancia con su persona. A mí, el menor defecto de concordia me hiere la vista al primer momento. Esto no tiene importancia en la amistad, que es un pacto en el cual se transige con los defectos y las cualidades. Se puede, al juzgar a un amigo o a una amiga, dándose cuenta de sus buenas condiciones, prescindir de las malas y apreciar con exactitud su valor, abandonándose a una simpatía íntima, profunda y encantadora.

Les jolies femmes, le plus souvent, n'ont point une intelligence en rapport avec leur personne. Or, le moindre défaut de concordance me frappe et me blesse du premier coup. Dans l'amitié, cela n'a point d'importance. L'amitié est un pacte, où l'on fait la part des défauts et des qualités. On peut juger un ami et une amie, tenir compte de ce qu'ils ont de bon, négliger ce qu'ils ont de mauvais et apprécier exactement leur valeur, tout en s'abandonnant à une sympathie intime, profonde et charmante.

8.

Para amar, hay que ser ciego, entregarse completamente, no ver nada, no razonar, no comprender. Hay que hallarse dispuesto a adorar las debilidades tanto como las bellezas y, para esto, renunciar a todo juicio, a toda reflexión, a toda perspicacia.

Pour aimer il faut être aveugle, se livrer entièrement, ne rien voir ne rien raisonner, ne rien comprendre. Il faut pouvoir adorer les faiblesses autant que les beautés, renoncer à tout jugement, à toute réflexion, à toute perspicacité.

9.

Soy incapaz de cegarme hasta ese punto y muy rebelde a la seducción no razonada.

Je suis incapable de cet aveuglement, et rebelle à la séduction irraisonnée.

10.

Pero no es todo eso. Tengo tan elevado concepto de la armonía, que nada realizará nunca mi ideal. ¡Va usted a tacharme de loco! Escúcheme. Una mujer, a mi juicio, puede tener un alma deliciosa y un cuerpo encantador, sin que su alma y su cuerpo estén perfectamente de acuerdo. Quiero decir que las personas que tienen la nariz de una forma especial no pueden pensar de cierto modo. Los gruesos no tienen el derecho de usar las mismas palabras que los delgados. Señora: usted, que tiene los ojos azules, no puede observar la existencia, juzgar las cosas y los acontecimientos como si tuviera los ojos negros. Los matices de su mirada deben corresponder fatalmente con los matices de su pensamiento. Para comprender todo esto tengo el olfato de un perro perdiguero. Ríase si le place, pero es tal como lo digo. 

Ce n'est pas tout. J'ai de l'harmonie une idée tellement haute et subtile que rien, jamais, ne réalisera mon idéal. Mais vous allez me traiter de fou! Ecoutez-moi. Une femme, à mon avis, peut avoir une âme délicieuse et un corps charmant sans que ce corps et cette âme concordent parfaitement ensemble. Je veux dire que les gens qui ont le nez fait d'une certaine façon ne doivent pas penser d'une certaine manière. Les gras n'ont pas le droit de se servir des mêmes mots et des mêmes phrases que les maigres. Vous, qui avez les yeux bleus, Madame, vous ne pouvez pas envisager l'existence, juger les choses et les événements comme si vous aviez les yeux noirs. Les nuances de votre regard doivent correspondre fatalement aux nuances de votre pensée. J'ai pour sentir cela, un flair de limier. Riez si vous voulez. C'est ainsi.

11.

Creí, sin embargo, haber amado un día durante una hora. Me dejé dominar tontamente por la influencia de las circunstancias que nos rodeaban. Me había dejado seducir por un espejismo boreal. ¿Quiere usted que le refiera esta historia?

J'ai cru aimer, pourtant, pendant une heure, un jour. J'avais subi niaisement l'influence des circonstances environnantes. Je m'étais laissé séduire par le mirage d'une aurore. Voulez-vous que je vous raconte cette courte histoire?

12.

Una noche me tropecé con una encantadora personita, muy exaltada, la cual, para satisfacer una fantasía poética, quería pasar la noche conmigo en una lancha, en medio del río; yo hubiera preferido un cuarto y una cama, pero, a pesar de todo, acepté la barca y el río.

J'avais rencontré, un soir, une jolie petite personne exaltée qui voulut, par une fantaisie poétique, passer une nuit avec moi, dans un bateau sur une rivière. J'aurais préféré une chambre et un lit - j'acceptai cependant le fleuve et le canot.

13.

Estábamos en el mes de junio. Mi amiga había escogido una noche de luna para dar rienda suelta a su exaltación.

C'était au mois de juin. Mon amie choisit une nuit de lune afin de pouvoir se mieux monter la tête.

14.

Comimos en un ventorrillo, a la orilla del agua, y a las diez nos embarcamos. La aventura me parecía estúpida; pero como mi compañera me gustaba, no me enfadé. Sentándome en el banco frente a ella, cogí los remos y partimos.

Nous avons dîné dans une auberge, sur la rive, puis vers dix heures on s'embarqua. Je trouvais l'aventure fort bête, mais comme ma compagne me plaisait, je ne me fâchai pas trop. Je m'assis sur le banc, en face d'elle, je pris les rames et nous partîmes.

15.

No podía negar que el espectáculo era encantador. Bordeábamos una isla montañosa, llena de ruiseñores, y la corriente nos impulsaba rápidamente por el agua, cubierta de reflejos plateados. Por doquiera oíamos el grito monótono y claro de los sapos; croaban las ranas en las orillas, y los rumores del agua corriente formaban alrededor nuestro un sonido confuso, casi imperceptible, inquietante, que nos daba una vaga sensación de miedo misterioso.

Je ne pouvais nier que le spectacle ne fût charmant. Nous suivions une île boisée, pleine de rossignols; et le courant nous emportait vite sur la rivière couverte de frissons d'argent. Les crapauds jetaient leur cri monotone et clair; les grenouilles s'égosillaient dans les herbes des bords, et le glissement de l'eau qui coule faisait autour de nous une sorte de bruit confus, presque insaisissable, inquiétant, et nous donnait une vague sensation de peur mystérieuse.

16.

El encanto de las noches cálidas y de las aguas brillantes con el reflejo de la luna nos invadía. Daba gusto vivir y, navegando de aquel modo, soñar y sentir al lado de una mujer tierna y hermosa.

Le charme doux des nuits tièdes et des fleuves luisants sous la lune nous pénétrait. Il faisait bon vivre et flotter ainsi et rêver et sentir près de soi une jeune femme attendrie et belle.

17.

Encontrábame algo conmovido, emocionado, embriagado por la claridad de la luna y con la obsesión de mi compañera. 

J'étais un peu ému, un peu troublé, un peu grisé par la clarté pâle du soir et par la pensée de ma voisine.

18.

"Siéntese usted a mi lado", me dijo. Obedecí. Ella repuso: "Dígame versos". Pareciéndome demasiado, me negué a complacerla. Insistió. Decididamente le gustaban las cosas por todo lo alto; quería que se tocara la cuerda del sentimiento a toda orquesta desde la luna hasta la rima. Acabé por ceder y le recité, por burla, una deliciosa composición de Luis Bouilhet, cuyas estrofas dicen:

"Asseyez-vous près de moi", dit-elle. J'obéis. Elle reprit: "Dites­moi des vers." Je trouvai que c'était trop; je refusai; elle insista. Elle voulait décidément le grand jeu, tout l'orchestre du sentiment, depuis la Lune jusqu'à la Rime. Je finis par céder et je lui récitai, par moquerie, une délicieuse pièce de Louis Bouilhet, dont voici les dernières strophes:

19.

Odio ante todo al lacrimoso vate
que frente al estrellado firmamento musita un nombre,
al que sin Lisa o Juana
le parece vacío el universo.
¡Oh, qué graciosa gente
la que cuelga faldas
sobre la fronda de los llanos,
y en la verde colina cofias blancas
para que el mundo tenga algún encanto!
¿Qué sabe de la música divina, vibrante voz de la Natura eterna,
quien no gusta de ir solo en las cañadas
y al susurrar del bosque sueña con hembras?

Je déteste surtout ce barde à l’œil humide
Qui regarde une étoile en murmurant un nom
Et pour qui la nature immense serait vide,
S’il ne portait en croupe ou Lisette ou Ninon.
Ces gens-là sont charmants qui se donnent la peine,
Afin qu’on s’intéresse à ce pauvre univers,
D’attacher les jupons aux arbres de la plaine
Et la cornette blanche au front des coteaux verts.
Certe ils n’ont pas compris les musiques divines,
Éternelle nature aux frémissantes voix,
Ceux qui ne vont pas seuls par les creuses ravines
Et rêvent d’une femme au bruit que font les bois.

20.

Creí que se enfadaría, pero no fue así. —¡Qué verdad es eso! —murmuró. Quedeme estupefacto. ¿Habría comprendido?

Je m'attendais à des reproches. Pas du tout. Elle murmura: "Comme c'est vrai." Je demeurai stupéfait. Avait-elle compris?

21.

Poco a poco nuestra barca se acercó a la orilla, penetrando bajo un sauce, que la detuvo. Cogiendo a mí compañera por el talle, acerqué con dulzura los labios a su cuello. Pero me rechazó con un movimiento irritado y brusco, diciendo: —¡Suélteme! ¡Es usted un grosero!

Notre barque, peu à peu, s'était approchée de la berge et engagée sous un saule qui l'arrêta. J'enlaçai la taille de ma compagne, et tout doucement, j'approchai mes lèvres de son cou. Mais elle me repoussa d'un mouvement brusque et irrité: "Finissez donc! Etes-vous grossier!"

22.

Procuré atraerla. Ella se defendía agarrándose al árbol; por poco vamos al agua. Juzgué prudente desistir de mis pretensiones. Entonces ella dijo: —Le ruego que siga remando. ¡Estoy tan bien aquí! ¡Sueño! ¡Es tan agradable! Después, con un poco de ironía en el acento, añadió: —¿Tan pronto ha olvidado usted los versos que acaba de recitar? Era justo. Callé.

J'essayai de l'attirer. Elle se débattit, saisit l'arbre et faillit nous jeter à l'eau. Je jugeai prudent de cesser mes poursuites. Elle dit: "Je vous ferai plutôt chavirer. Je suis si bien. Je rêve. C'est si bon." Puis elle ajouta avec une malice dans l'accent: "Avez-vous donc oublié déjà les vers que vous venez de me réciter?" C'était juste. Je me tus.

23.

—Vamos, reme usted —me dijo, y cogí de nuevo los remos. Empezaba a parecerme la noche muy larga, y ridícula mi actitud. Mi compañera me preguntó: —¿Quiere usted hacerme una promesa?

Elle reprit: "Allons, ramez." Et je m'emparai de nouveau des avirons. Je commençais à trouver longue la nuit et ridicule mon attitude. Ma compagne me demanda: "Voulez-vous me faire une promesse?

24.

—Sí. ¿Cuál?

- Oui. Laquelle?

25.

—Permanecer tranquilo y correcto, discretamente, mientras yo...

- Celle de demeurer tranquille, convenable et discret si je vous permets...

26.

—¿Qué?

- Quoi? dites.

27.

—Verá usted. Quisiera echarme en el fondo de la barca, a su lado, mirando las estrellas.

- Voilà. Je voudrais rester couchée sur le dos, au fond de la barque à côté de vous, en regardant les étoiles."

28.

—Comprendo —exclamé.

Je m'écriai: "J'en suis."

29.

—No, no comprende usted —replicó ella—. Vamos a echarnos uno al lado del otro; pero le prohíbo que me toque, que me abrace; en fin..., que..., que me acaricie...

Elle reprit: "Vous ne me comprenez pas. Nous allons nous étendre côte à côte. Mais je vous défends de me toucher, de m'embrasser, enfin de... de... me... caresser."

30.

Prometí. Entonces ella advirtió: —Si hace usted un movimiento inconveniente, haré zozobrar la barca.

Je promis. Elle annonça: "Si vous remuez, je chavire."

31.

Y nos echamos en el suelo, uno al lado del otro. Los vagos balanceos de la canoa nos mecían. Los ligeros rumores de la noche, llegando más distintos al fondo de la embarcación, nos hacían vibrar, estremeciéndonos. ¡ Sentía crecer en mí una extraña y punzante emoción, una ternura infinita, algo como una necesidad de abrir los brazos para estrechar en ellos alguna cosa, y el corazón para amar, de entregarme a alguien, de entregar mis pensamientos, mi cuerpo, mi vida, todo mi ser!

Et nous voici couchés côte à côte, les yeux au ciel, allant au fil de l'eau. Les vagues mouvements du canot nous berçaient. Les légers bruits de la nuit nous arrivaient maintenant plus distincts dans le fond de l'embarcation, nous faisaient parfois tressaillir. Et je sentais grandir en moi une étrange et poignante émotion, un attendrissement infini quelque chose comme un besoin d'ouvrir mes bras pour étreindre et d'ouvrir mon cœur pour aimer, de me donner, de donner mes pensées mon corps, ma vie, tout mon être à quelqu'un!

32.

Mi compañera murmuró como en un sueño: —¿En dónde estamos? ¿Dónde vamos que parece que abandono este mundo? ¡Qué dulzura más grande! ¡Oh! Si me amara usted... un poco.

Ma compagne murmura, comme dans un songe: "Où sommes-nous ? Où allons-nous ? Il me semble que je quitte la terre ? Comme c’est doux ! Oh ! si vous m’aimiez... un peu !! "

33.

El corazón me latía con violencia. Nada pude responder; me pareció que la amaba. No sentía ningún deseo violento. Estaba muy bien de aquel modo a su lado; me parecía suficiente aquello.

Mon cœur se mit à battre. Je ne pus répondre; il me sembla que je l'aimais. Je n'avais plus aucun désir violent. J'étais bien ainsi, à côté d'elle, et cela me suffisait.

34.

Y permanecimos largo rato, largo rato, inmóviles. Nos habíamos cogido una mano; una fuerza misteriosa nos contenía: una fuerza desconocida, superior, una alianza pura, íntima, absoluta de nuestros cuerpos que eran el uno del otro sin tocarse. ¿Qué significaba aquello? ¿Lo sé yo? ¿Amor quizás?

Et nous sommes restés longtemps, longtemps sans bouger. Nous nous étions pris la main; une force délicieuse nous immobilisait: une force inconnue, supérieure, une Alliance, chaste, intime, absolue de nos êtres voisins qui s'appartenaient, sans se toucher! Qu'était cela? Le sais-je? L'Lettre trouvée sur un noyé, peut-être?

35.

El día clareaba poco a poco. Eran las tres de la madrugada. Lentamente una inmensa claridad invadía el cielo. La canoa tropezó con algo. Me incorporé: habíamos llegado a un islote.

Le jour naissait peu à peu. Il était trois heures du matin. Lentement une grande clarté envahissait le ciel. Le canot heurta quelque chose. Je me dressai. Nous avions abordé un petit îlot.

36.

Permanecía en éxtasis, encantado. Frente a nosotros, en toda la extensión, el firmamento se iluminaba de un rojo violáceo, salpicado de nubes entrelazadas semejantes a un humo dorado. El río estaba de color purpúreo y tres casas de la orilla parecían arder.

Mais je demeurai ravi, en extase. En face de nous toute l'étendue du firmament s'illuminait rouge, rose, violette, tachetée de nuages embrasés pareils à des fumées d'or. Le fleuve était de pourpre et trois maisons sur une côte semblaient brûler.

37.

Inclineme hacia mi compañera para decirle: —Mire usted. Pero me callé de pronto enloquecido y solamente la vi a ella. También ella estaba bañada en la luz rosada, un rosa de carne mezclado con un poco del matiz del cielo. Sus cabellos eran de color de rosa, de color de rosa eran también sus ojos y sus dientes, su traje, sus encajes, su sonrisa. Todo era del color de rosa. Y tan enloquecido estaba que creí tener a la aurora ante mí.

Je me penchai vers ma compagne. J'allais lui dire: "Regardez donc." Mais je me tus, éperdu, et je ne vis plus qu'elle. Elle aussi était rose d'un rose de chair sur qui aurait coulé un peu de la couleur du ciel. Ses cheveux étaient roses, ses yeux roses, ses dents roses, sa robe, ses dentelles, son sourire, tout était rose. Et je crus vraiment, tant je fus affolé, que j'avais l'aurore devant moi.

38.

Se levantó dulcemente tendiéndome sus labios. Inclineme hacia ellos, estremecido, delirante; sintiendo muy bien que iba a besar el cielo, la dicha, un sueño convertido en mujer, un ideal descendido a la humanidad.

Elle se relevait tout doucement, me tendant ses lèvres; et j'allais vers elles frémissant, délirant, sentant bien que j'allais baiser le ciel, baiser le bonheur, baiser le rêve devenu femme, baiser l'idéal descendu dans la chair humaine.

39.

Pero entonces ella me dijo: —Tiene usted una oruga en el pelo. ¡Y por esto sonreía!

Elle me dit: "Vous avez une chenille dans les cheveux!" C'était pour cela qu'elle souriait!

40.

Me pareció que había recibido un fuerte golpe en la cabeza. De pronto me sentí como si hubiera perdido toda la esperanza que tenía en el mundo.

Il me sembla que je recevais un coup de massue sur la tête. Et je me sentis triste soudain comme si j'avais perdu tout espoir dans la vie.

41.

Esto es todo, señora. Es pueril, tonto, estúpido. Desde ese día creo que no amaré jamás... Pero... ¿quién sabe?

C'est tout Madame. C'est puéril, niais, stupide. Mais je crois depuis ce jour que je n'aimerai jamais. Pourtant... qui sait?

42.

El joven sobre cuyo cuerpo se halló esta carta fue sacado ayer del Sena, entre Bougival y Marly. Un marinero compasivo que lo había registrado para saber su nombre presentó el papel que acabamos de copiar.

Le jeune homme sur qui cette lettre fut trouvée a été repêché hier dans la Seine, entre Bougival et Marly. Un marinier obligeant, qui l'avait fouillé pour savoir son nom, apporta ce papier.

43.


8 Janvier 1884

44.

8 de enero de 1884</em>

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Carta que se encontró a un ahogado / Lettre trouvée sur un noyé

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1.

¿Me pregunta usted, señora, si me burlo? ¿No puede usted creer que un hombre no haya sentido jamás amor? Pues bien: no, no he amado nunca, nunca.

Vous me demandez, Madame, si je me moque de vous? Vous ne pouvez croire qu'un homme n'ait été frappé par l'Lettre trouvée sur un noyé? Eh bien, non, je n'ai jamais aimé, jamais!

2.

¿De qué depende eso? No lo sé... Pero no he sentido jamás ese estado de embriaguez del corazón que llaman amor. Jamás he vivido en ese ensueño, en esa locura, en esa exaltación a que nos lanza la imagen de una mujer, ni me vi nunca perseguido, obsesionado, calenturiento, embebido por la esperanza o la posesión de un ser convertido de pronto para mí en el más deseable de todos los encantos, en la más hermosa de todas las criaturas, más interesante que todo el universo. En mi vida he llorado ni he sufrido por ninguna de ustedes. Tampoco he pasado las noches en vela pensando en una mujer. No conozco ese despertar que su pensamiento y su recuerdo iluminan. No conozco tampoco la excitación enloquecedora del deseo, cuando se le espera, y la divina melancolía sentimental, cuando ella ha huido, dejando en el cuarto un perfume sutil de violeta y de carne.

D'où vient cela? Je n'en sais rien. Jamais je ne me suis trouvé dans cette espèce d'ivresse du cœur qu'on nomme l'Lettre trouvée sur un noyé! Jamais je n'ai vécu dans ce rêve, dans cette exaltation, dans cette folie où nous jette l'image d'une femme. Je n'ai jamais été poursuivi, hanté, enfiévré, emparadisé par l'attente ou la possession d'un être devenu tout à coup pour moi plus désirable que tous les bonheurs, plus beau que toutes les créatures, plus important que tous les univers! Je n'ai jamais pleuré, je n'ai jamais souffert par aucune de vous. Je n'ai point passé les nuits, les yeux ouverts, en pensant à elle. Je ne connais pas les réveils qu'illuminent sa pensée et son souvenir. Je ne connais pas l'énervement affolant de l'espérance quand elle va venir, et la divine mélancolie du regret, quand elle s'est enfuie en laissant dans sa chambre une odeur légère de violette et de chair.

3.

Jamás he amado.

Je n'ai jamais aimé.

4.

Muy a menudo me he preguntado a qué es esto debido y, verdaderamente, no lo sé muy bien. Aunque llegué a encontrar varias razones, se refieren a la metafísica, y no sé si las apreciará usted.

Moi aussi je me suis demandé souvent pourquoi cela. Et vraiment, je ne sais trop. J'ai trouvé des raisons cependant; mais elles touchent à la métaphysique et vous ne les goûterez peut&shy;être point.

5.

Analizo demasiado a las mujeres para dejarme dominar por sus encantos. Pido a usted mil perdones por esta confesión que explicaré. Hay en toda criatura dos naturalezas diferentes: una moral y otra física. Para amar tendría que descubrir, entre esas dos naturalezas, una armonía que no hallé jamás. Siempre una de las dos hállase a mayor altura que la otra; unas veces la naturaleza física, y otras la moral.

Je crois que je juge trop les femmes pour subir beaucoup de leur charme. Je vous demande pardon de cette parole. Je l'explique. Il y a dans toute créature, l'être moral et l'être physique. Pour aimer, il me faudrait rencontrer entre ces deux êtres une harmonie que je n'ai jamais trouvée. Toujours l'un des deux l'emporte trop sur l'autre, tantôt le moral, tantôt le physique.

6.

La inteligencia que tenemos el derecho de exigir a una mujer para amarla no tiene nada de común con la inteligencia viril. Es más y es menos. Es menester que una mujer tenga el entendimiento franco, delicado, sensible, fino, impresionable. No necesita dominio ni iniciativa en el pensamiento, pero es menester que tenga bondad, elegancia, ternura, coquetería y esa facultad de asimilación que en poco tiempo la hace semejante al hombre, cuya vida comparte. Su primerísima cualidad debe ser la sutileza, ese delicado sentido que es para el alma lo que el tacto es para el cuerpo. La revelan mil cosas insignificantes: los contornos, los ángulos y las formas en el orden intelectual.

L'intelligence que nous avons le droit d'exiger d'une femme, pour l'aimer, n'a rien d'intelligence virile. C'est plus et c'est moins. Il faut qu'une femme ait l'esprit ouvert, délicat, sensible, fin, impressionnable. Elle n'a besoin ni de puissance, ni d'initiative dans la pensée, mais il est nécessaire qu'elle ait de la bonté, de l'élégance, de la tendresse, de la coquetterie, et cette faculté d'assimilation qui la fait pareille, en peu de temps, à celui qui partage sa vie. Sa plus grande qualité doit être le tact, ce sens subtil qui est pour l'esprit ce qu'est le toucher pour le corps. Il lui révèle mille choses menues, les contours, les angles et les formes dans l'ordre intellectuel.

7.

Las mujeres bonitas, en general, no tienen una inteligencia en consonancia con su persona. A mí, el menor defecto de concordia me hiere la vista al primer momento. Esto no tiene importancia en la amistad, que es un pacto en el cual se transige con los defectos y las cualidades. Se puede, al juzgar a un amigo o a una amiga, dándose cuenta de sus buenas condiciones, prescindir de las malas y apreciar con exactitud su valor, abandonándose a una simpatía íntima, profunda y encantadora.

Les jolies femmes, le plus souvent, n'ont point une intelligence en rapport avec leur personne. Or, le moindre défaut de concordance me frappe et me blesse du premier coup. Dans l'amitié, cela n'a point d'importance. L'amitié est un pacte, où l'on fait la part des défauts et des qualités. On peut juger un ami et une amie, tenir compte de ce qu'ils ont de bon, négliger ce qu'ils ont de mauvais et apprécier exactement leur valeur, tout en s'abandonnant à une sympathie intime, profonde et charmante.

8.

Para amar, hay que ser ciego, entregarse completamente, no ver nada, no razonar, no comprender. Hay que hallarse dispuesto a adorar las debilidades tanto como las bellezas y, para esto, renunciar a todo juicio, a toda reflexión, a toda perspicacia.

Pour aimer il faut être aveugle, se livrer entièrement, ne rien voir ne rien raisonner, ne rien comprendre. Il faut pouvoir adorer les faiblesses autant que les beautés, renoncer à tout jugement, à toute réflexion, à toute perspicacité.

9.

Soy incapaz de cegarme hasta ese punto y muy rebelde a la seducción no razonada.

Je suis incapable de cet aveuglement, et rebelle à la séduction irraisonnée.

10.

Pero no es todo eso. Tengo tan elevado concepto de la armonía, que nada realizará nunca mi ideal. ¡Va usted a tacharme de loco! Escúcheme. Una mujer, a mi juicio, puede tener un alma deliciosa y un cuerpo encantador, sin que su alma y su cuerpo estén perfectamente de acuerdo. Quiero decir que las personas que tienen la nariz de una forma especial no pueden pensar de cierto modo. Los gruesos no tienen el derecho de usar las mismas palabras que los delgados. Señora: usted, que tiene los ojos azules, no puede observar la existencia, juzgar las cosas y los acontecimientos como si tuviera los ojos negros. Los matices de su mirada deben corresponder fatalmente con los matices de su pensamiento. Para comprender todo esto tengo el olfato de un perro perdiguero. Ríase si le place, pero es tal como lo digo. 

Ce n'est pas tout. J'ai de l'harmonie une idée tellement haute et subtile que rien, jamais, ne réalisera mon idéal. Mais vous allez me traiter de fou! Ecoutez-moi. Une femme, à mon avis, peut avoir une âme délicieuse et un corps charmant sans que ce corps et cette âme concordent parfaitement ensemble. Je veux dire que les gens qui ont le nez fait d'une certaine façon ne doivent pas penser d'une certaine manière. Les gras n'ont pas le droit de se servir des mêmes mots et des mêmes phrases que les maigres. Vous, qui avez les yeux bleus, Madame, vous ne pouvez pas envisager l'existence, juger les choses et les événements comme si vous aviez les yeux noirs. Les nuances de votre regard doivent correspondre fatalement aux nuances de votre pensée. J'ai pour sentir cela, un flair de limier. Riez si vous voulez. C'est ainsi.

11.

Creí, sin embargo, haber amado un día durante una hora. Me dejé dominar tontamente por la influencia de las circunstancias que nos rodeaban. Me había dejado seducir por un espejismo boreal. ¿Quiere usted que le refiera esta historia?

J'ai cru aimer, pourtant, pendant une heure, un jour. J'avais subi niaisement l'influence des circonstances environnantes. Je m'étais laissé séduire par le mirage d'une aurore. Voulez-vous que je vous raconte cette courte histoire?

12.

Una noche me tropecé con una encantadora personita, muy exaltada, la cual, para satisfacer una fantasía poética, quería pasar la noche conmigo en una lancha, en medio del río; yo hubiera preferido un cuarto y una cama, pero, a pesar de todo, acepté la barca y el río.

J'avais rencontré, un soir, une jolie petite personne exaltée qui voulut, par une fantaisie poétique, passer une nuit avec moi, dans un bateau sur une rivière. J'aurais préféré une chambre et un lit - j'acceptai cependant le fleuve et le canot.

13.

Estábamos en el mes de junio. Mi amiga había escogido una noche de luna para dar rienda suelta a su exaltación.

C'était au mois de juin. Mon amie choisit une nuit de lune afin de pouvoir se mieux monter la tête.

14.

Comimos en un ventorrillo, a la orilla del agua, y a las diez nos embarcamos. La aventura me parecía estúpida; pero como mi compañera me gustaba, no me enfadé. Sentándome en el banco frente a ella, cogí los remos y partimos.

Nous avons dîné dans une auberge, sur la rive, puis vers dix heures on s'embarqua. Je trouvais l'aventure fort bête, mais comme ma compagne me plaisait, je ne me fâchai pas trop. Je m'assis sur le banc, en face d'elle, je pris les rames et nous partîmes.

15.

No podía negar que el espectáculo era encantador. Bordeábamos una isla montañosa, llena de ruiseñores, y la corriente nos impulsaba rápidamente por el agua, cubierta de reflejos plateados. Por doquiera oíamos el grito monótono y claro de los sapos; croaban las ranas en las orillas, y los rumores del agua corriente formaban alrededor nuestro un sonido confuso, casi imperceptible, inquietante, que nos daba una vaga sensación de miedo misterioso.

Je ne pouvais nier que le spectacle ne fût charmant. Nous suivions une île boisée, pleine de rossignols; et le courant nous emportait vite sur la rivière couverte de frissons d'argent. Les crapauds jetaient leur cri monotone et clair; les grenouilles s'égosillaient dans les herbes des bords, et le glissement de l'eau qui coule faisait autour de nous une sorte de bruit confus, presque insaisissable, inquiétant, et nous donnait une vague sensation de peur mystérieuse.

16.

El encanto de las noches cálidas y de las aguas brillantes con el reflejo de la luna nos invadía. Daba gusto vivir y, navegando de aquel modo, soñar y sentir al lado de una mujer tierna y hermosa.

Le charme doux des nuits tièdes et des fleuves luisants sous la lune nous pénétrait. Il faisait bon vivre et flotter ainsi et rêver et sentir près de soi une jeune femme attendrie et belle.

17.

Encontrábame algo conmovido, emocionado, embriagado por la claridad de la luna y con la obsesión de mi compañera. 

J'étais un peu ému, un peu troublé, un peu grisé par la clarté pâle du soir et par la pensée de ma voisine.

18.

"Siéntese usted a mi lado", me dijo. Obedecí. Ella repuso: "Dígame versos". Pareciéndome demasiado, me negué a complacerla. Insistió. Decididamente le gustaban las cosas por todo lo alto; quería que se tocara la cuerda del sentimiento a toda orquesta desde la luna hasta la rima. Acabé por ceder y le recité, por burla, una deliciosa composición de Luis Bouilhet, cuyas estrofas dicen:

"Asseyez-vous près de moi", dit-elle. J'obéis. Elle reprit: "Dites&shy;moi des vers." Je trouvai que c'était trop; je refusai; elle insista. Elle voulait décidément le grand jeu, tout l'orchestre du sentiment, depuis la Lune jusqu'à la Rime. Je finis par céder et je lui récitai, par moquerie, une délicieuse pièce de Louis Bouilhet, dont voici les dernières strophes:

19.

Odio ante todo al lacrimoso vate
que frente al estrellado firmamento musita un nombre,
al que sin Lisa o Juana
le parece vacío el universo.
¡Oh, qué graciosa gente
la que cuelga faldas
sobre la fronda de los llanos,
y en la verde colina cofias blancas
para que el mundo tenga algún encanto!
¿Qué sabe de la música divina, vibrante voz de la Natura eterna,
quien no gusta de ir solo en las cañadas
y al susurrar del bosque sueña con hembras?

Je déteste surtout ce barde à l’œil humide
Qui regarde une étoile en murmurant un nom
Et pour qui la nature immense serait vide,
S’il ne portait en croupe ou Lisette ou Ninon.
Ces gens-là sont charmants qui se donnent la peine,
Afin qu’on s’intéresse à ce pauvre univers,
D’attacher les jupons aux arbres de la plaine
Et la cornette blanche au front des coteaux verts.
Certe ils n’ont pas compris les musiques divines,
Éternelle nature aux frémissantes voix,
Ceux qui ne vont pas seuls par les creuses ravines
Et rêvent d’une femme au bruit que font les bois.

20.

Creí que se enfadaría, pero no fue así. —¡Qué verdad es eso! —murmuró. Quedeme estupefacto. ¿Habría comprendido?

Je m'attendais à des reproches. Pas du tout. Elle murmura: "Comme c'est vrai." Je demeurai stupéfait. Avait-elle compris?

21.

Poco a poco nuestra barca se acercó a la orilla, penetrando bajo un sauce, que la detuvo. Cogiendo a mí compañera por el talle, acerqué con dulzura los labios a su cuello. Pero me rechazó con un movimiento irritado y brusco, diciendo: —¡Suélteme! ¡Es usted un grosero!

Notre barque, peu à peu, s'était approchée de la berge et engagée sous un saule qui l'arrêta. J'enlaçai la taille de ma compagne, et tout doucement, j'approchai mes lèvres de son cou. Mais elle me repoussa d'un mouvement brusque et irrité: "Finissez donc! Etes-vous grossier!"

22.

Procuré atraerla. Ella se defendía agarrándose al árbol; por poco vamos al agua. Juzgué prudente desistir de mis pretensiones. Entonces ella dijo: —Le ruego que siga remando. ¡Estoy tan bien aquí! ¡Sueño! ¡Es tan agradable! Después, con un poco de ironía en el acento, añadió: —¿Tan pronto ha olvidado usted los versos que acaba de recitar? Era justo. Callé.

J'essayai de l'attirer. Elle se débattit, saisit l'arbre et faillit nous jeter à l'eau. Je jugeai prudent de cesser mes poursuites. Elle dit: "Je vous ferai plutôt chavirer. Je suis si bien. Je rêve. C'est si bon." Puis elle ajouta avec une malice dans l'accent: "Avez-vous donc oublié déjà les vers que vous venez de me réciter?" C'était juste. Je me tus.

23.

—Vamos, reme usted —me dijo, y cogí de nuevo los remos. Empezaba a parecerme la noche muy larga, y ridícula mi actitud. Mi compañera me preguntó: —¿Quiere usted hacerme una promesa?

Elle reprit: "Allons, ramez." Et je m'emparai de nouveau des avirons. Je commençais à trouver longue la nuit et ridicule mon attitude. Ma compagne me demanda: "Voulez-vous me faire une promesse?

24.

—Sí. ¿Cuál?

- Oui. Laquelle?

25.

—Permanecer tranquilo y correcto, discretamente, mientras yo...

- Celle de demeurer tranquille, convenable et discret si je vous permets...

26.

—¿Qué?

- Quoi? dites.

27.

—Verá usted. Quisiera echarme en el fondo de la barca, a su lado, mirando las estrellas.

- Voilà. Je voudrais rester couchée sur le dos, au fond de la barque à côté de vous, en regardant les étoiles."

28.

—Comprendo —exclamé.

Je m'écriai: "J'en suis."

29.

—No, no comprende usted —replicó ella—. Vamos a echarnos uno al lado del otro; pero le prohíbo que me toque, que me abrace; en fin..., que..., que me acaricie...

Elle reprit: "Vous ne me comprenez pas. Nous allons nous étendre côte à côte. Mais je vous défends de me toucher, de m'embrasser, enfin de... de... me... caresser."

30.

Prometí. Entonces ella advirtió: —Si hace usted un movimiento inconveniente, haré zozobrar la barca.

Je promis. Elle annonça: "Si vous remuez, je chavire."

31.

Y nos echamos en el suelo, uno al lado del otro. Los vagos balanceos de la canoa nos mecían. Los ligeros rumores de la noche, llegando más distintos al fondo de la embarcación, nos hacían vibrar, estremeciéndonos. ¡ Sentía crecer en mí una extraña y punzante emoción, una ternura infinita, algo como una necesidad de abrir los brazos para estrechar en ellos alguna cosa, y el corazón para amar, de entregarme a alguien, de entregar mis pensamientos, mi cuerpo, mi vida, todo mi ser!

Et nous voici couchés côte à côte, les yeux au ciel, allant au fil de l'eau. Les vagues mouvements du canot nous berçaient. Les légers bruits de la nuit nous arrivaient maintenant plus distincts dans le fond de l'embarcation, nous faisaient parfois tressaillir. Et je sentais grandir en moi une étrange et poignante émotion, un attendrissement infini quelque chose comme un besoin d'ouvrir mes bras pour étreindre et d'ouvrir mon c&oelig;ur pour aimer, de me donner, de donner mes pensées mon corps, ma vie, tout mon être à quelqu'un!

32.

Mi compañera murmuró como en un sueño: —¿En dónde estamos? ¿Dónde vamos que parece que abandono este mundo? ¡Qué dulzura más grande! ¡Oh! Si me amara usted... un poco.

Ma compagne murmura, comme dans un songe: "Où sommes-nous ? Où allons-nous ? Il me semble que je quitte la terre ? Comme c’est doux ! Oh ! si vous m’aimiez... un peu !! "

33.

El corazón me latía con violencia. Nada pude responder; me pareció que la amaba. No sentía ningún deseo violento. Estaba muy bien de aquel modo a su lado; me parecía suficiente aquello.

Mon cœur se mit à battre. Je ne pus répondre; il me sembla que je l'aimais. Je n'avais plus aucun désir violent. J'étais bien ainsi, à côté d'elle, et cela me suffisait.

34.

Y permanecimos largo rato, largo rato, inmóviles. Nos habíamos cogido una mano; una fuerza misteriosa nos contenía: una fuerza desconocida, superior, una alianza pura, íntima, absoluta de nuestros cuerpos que eran el uno del otro sin tocarse. ¿Qué significaba aquello? ¿Lo sé yo? ¿Amor quizás?

Et nous sommes restés longtemps, longtemps sans bouger. Nous nous étions pris la main; une force délicieuse nous immobilisait: une force inconnue, supérieure, une Alliance, chaste, intime, absolue de nos êtres voisins qui s'appartenaient, sans se toucher! Qu'était cela? Le sais-je? L'Lettre trouvée sur un noyé, peut-être?

35.

El día clareaba poco a poco. Eran las tres de la madrugada. Lentamente una inmensa claridad invadía el cielo. La canoa tropezó con algo. Me incorporé: habíamos llegado a un islote.

Le jour naissait peu à peu. Il était trois heures du matin. Lentement une grande clarté envahissait le ciel. Le canot heurta quelque chose. Je me dressai. Nous avions abordé un petit îlot.

36.

Permanecía en éxtasis, encantado. Frente a nosotros, en toda la extensión, el firmamento se iluminaba de un rojo violáceo, salpicado de nubes entrelazadas semejantes a un humo dorado. El río estaba de color purpúreo y tres casas de la orilla parecían arder.

Mais je demeurai ravi, en extase. En face de nous toute l'étendue du firmament s'illuminait rouge, rose, violette, tachetée de nuages embrasés pareils à des fumées d'or. Le fleuve était de pourpre et trois maisons sur une côte semblaient brûler.

37.

Inclineme hacia mi compañera para decirle: —Mire usted. Pero me callé de pronto enloquecido y solamente la vi a ella. También ella estaba bañada en la luz rosada, un rosa de carne mezclado con un poco del matiz del cielo. Sus cabellos eran de color de rosa, de color de rosa eran también sus ojos y sus dientes, su traje, sus encajes, su sonrisa. Todo era del color de rosa. Y tan enloquecido estaba que creí tener a la aurora ante mí.

Je me penchai vers ma compagne. J'allais lui dire: "Regardez donc." Mais je me tus, éperdu, et je ne vis plus qu'elle. Elle aussi était rose d'un rose de chair sur qui aurait coulé un peu de la couleur du ciel. Ses cheveux étaient roses, ses yeux roses, ses dents roses, sa robe, ses dentelles, son sourire, tout était rose. Et je crus vraiment, tant je fus affolé, que j'avais l'aurore devant moi.

38.

Se levantó dulcemente tendiéndome sus labios. Inclineme hacia ellos, estremecido, delirante; sintiendo muy bien que iba a besar el cielo, la dicha, un sueño convertido en mujer, un ideal descendido a la humanidad.

Elle se relevait tout doucement, me tendant ses lèvres; et j'allais vers elles frémissant, délirant, sentant bien que j'allais baiser le ciel, baiser le bonheur, baiser le rêve devenu femme, baiser l'idéal descendu dans la chair humaine.

39.

Pero entonces ella me dijo: —Tiene usted una oruga en el pelo. ¡Y por esto sonreía!

Elle me dit: "Vous avez une chenille dans les cheveux!" C'était pour cela qu'elle souriait!

40.

Me pareció que había recibido un fuerte golpe en la cabeza. De pronto me sentí como si hubiera perdido toda la esperanza que tenía en el mundo.

Il me sembla que je recevais un coup de massue sur la tête. Et je me sentis triste soudain comme si j'avais perdu tout espoir dans la vie.

41.

Esto es todo, señora. Es pueril, tonto, estúpido. Desde ese día creo que no amaré jamás... Pero... ¿quién sabe?

C'est tout Madame. C'est puéril, niais, stupide. Mais je crois depuis ce jour que je n'aimerai jamais. Pourtant... qui sait?

42.

El joven sobre cuyo cuerpo se halló esta carta fue sacado ayer del Sena, entre Bougival y Marly. Un marinero compasivo que lo había registrado para saber su nombre presentó el papel que acabamos de copiar.

Le jeune homme sur qui cette lettre fut trouvée a été repêché hier dans la Seine, entre Bougival et Marly. Un marinier obligeant, qui l'avait fouillé pour savoir son nom, apporta ce papier.

43.


8 Janvier 1884

44.

8 de enero de 1884</em>

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