Los hombros de la Marquesa / Les épaules de la Marquise - Émile Zola
1.

I

2.

La Marquesa duerme en su magnífico lecho, bajo las anchas cortinas de seda amarilla. A las doce, al timbre claro del reloj, se decide a abrir los ojos. ¡Qué tibia y agradable atmósfera! Los tapices, las colgaduras de las puertas y ventanas, convierten la habitación en un nido delicioso. Calor, perfumes por todas partes. Reina allí la eterna primavera. No bien despierta, la Marquesa parece presa de viva ansiedad. Se incorpora; llama a Julia.

La marquise dort dans son grand lit, sous les larges rideaux de salin jaune. A midi, au timbre clair de la pendule, elle se décide à ouvrir les yeux. La chambre est tiède. Les tapis, les draperies des portes et des fenêtres, en font un nid moelleux, où le froid n'entre pas. Des chaleurs, des parfums traînent. Là, règne l'éternel printemps. Et, dès qu'elle est bien éveillée, la marquise semble prise d'une anxiété subite. Elle rejette les couvertures, elle sonne Julie.

3.

—¿Llama la señora?

— Madame a sonné?

4.

—Dime ¿hiela?

— Dites, est-ce qu'il dégèle?

5.

¡Oh, excelente Marquesa! ¡Con qué voz tan con movida ha hecho esta pregunta! Su primer pensamiento ha sido para ese frio terrible, para ese viento norte de que ella está libre, pero que debe soplar cruelmente en los tugurios de los pobres. Y pregunta si el cielo se ha apiadado, si puede gozar del calor sin remordimiento, sin pensar en los que tiritan.

Oh ! bonne marquise I Comme elle a fait celte question d'une voix émue! Sa première pensée est pour ce froid terrible, ce vent du nord qu'elle ne sent pas, mais qui doit souffler si cruellement dans les taudis des pauvres gens. Et elle demande si le ciel a fait grâce, si elle peut avoir chaud sans remords, sans songer à tous ceux qui grelottent.

6.

—¿Hiela?

— Est-ce qu'il dégèle, Julie?

7.

La doncella le ofrece el peinador que la Marquesa se pone al levantarse y que acaba de calentar a un buen fuego.

La femme de chambre lui offre le peignoir du matin, qu'elle vient de faire chauffer devant un grand feu.

8.

—¡Oh! Sí, señora; hiela más que nunca. Acaba de encontrarse a un hombre muerto de frío en un ómnibus.

— Oh! non, madame, il ne dégèle pas. Il gèle plus fort, au contraire... On vient de trouver un homme mort de froid sur un omnibus.

9.

La Marquesa siente una alegría infantil, se restriega las manos, y exclama:

La marquise est prise d'une joie d'enfant; elle tape ses mains l'une contre l'autre, en criant:

10.

—¡Ah, tanto mejor! Iré a patinar esta tarde.

— Ah! tant mieux! j'irai patiner cette après midi.

11.

II

II

12.

Julia, descorre las cortinas poco a poco, no sea que una brusca claridad hiera los delicados ojos de la encantadora Marquesa.

Julie tire les rideaux, doucement, pour qu'une clarté brusque ne blesse pas la vue tendre de la délicieuse marquise.

13.

El reflejo azulado do la nieve penetra alegremente en la habitación. El cielo está gris, pero es un gris tan bonito, que recuerda a la Marquesa una túnica de seda, gris perla, que llevaba la víspera en el baile del ministerio. La túnica estaba adornada con blondas blancas, parecidas a los hilos de nieve que ve en los tejados, destacándose sobre la palidez del cielo. 

Le reflet bleuâtre de la neige emplit la chambre d'une umière toute gaie. Le ciel est gris, mais d'un gris si joli qu'il rappelle à la marquise une robe de soie gris-perle qu'elle portait, la veille, au bal du ministère. Cette robe élait garnie de guipures blanches, pareilles à ces filets de neige qu'elle aperçoit au bord des toits, sur la pâleur du ciel.

14.

Aquella noche había estado deslumbradora con sus nuevos diamantes. Se acostó a las cinco; así es que tenía la cabeza algo pesada. Sin embargo, se sienta delante de un soberbio espejo, y Julia desata la blonda madeja de sus cabellos. La Marquesa se suelta el peinador, y sus hombros quedan al aire hasta la mitad de la espalda.

La veille, elle était charmante, avec ses nouveaux diamants. Elle s'est couchée à cinq heures. Aussi a-t-elle encore la tête un peu lourde. Cependant, elle s'est assise devant une glace, et Julie a relevé le flot blond de ses cheveux. Le peignoir glisse, les épaules restent nues, jusqu'au milieu du dos.

15.

Toda una generación ha envejecido contemplando los hombros de la Marquesa. Desde que, gracias a un poder vigoroso, las damas de natural alegre pueden escotarse y bailar en las Tullerías. La Marquesa ha paseado sus hombros por entre el bullicio de los salones oficiales con tal asiduidad, que puede considerárselos como el programa viviente de los encantos del segundo Imperio. Ha tenido que seguir la moda, escotando sus túnicas, ya hasta la caída de los riñones, ya hasta el nacimiento de la garganta; de este modo ha ido entregando, línea a línea, todos los tesoros de su busto. No hay parte del tamaño de un piñón en sus hombros que no sea conocida de las piedras de la calle. Los hombros de la Marquesa, siempre al descubierto, son el blasón voluptuoso de la nueva monarquía.

Toute une génération a déjà vieilli dans le spectacle des épaules de la marquise. Depuis que, grâce à un pouvoir fort, les dames de naturel joyeux peuvent se décolleter et danser aux Tuileries, elle a promené ses épaules dans la cohue des salons olticiels, avec une assiduité qui a fait d'elle l'enseigne vivante des charmes du second empire. Il lui a bien fallu suivre la mode, échancrer ses robes, tantôt jusqu'à la chute des reins, tantôt jusqu'aux pointes de la gorge; si bien que la chère femme, fossette à fossette, a livré tous les trésors de son corsage. 11 n'y a pas grand comme ça de son dos et de sa poitrine qui ne soit connu de la Madeleine à Saint-Thomas-d'Aquin. Les épaules de la marquise, laigemeiit étalées, sont le blason voluptueux du règne.

16.

III

III

17.

Ciertamente, no es preciso describir los hombros de la Marquesa. Son populares como el Puente Nuevo. Han figurado por espacio de diez y ocho años en todos los espectáculos públicos. Basta percibir, en un salón, en el teatro o en cualquier otro lado, la menor parte de ellos, para exclamar:—«¡Calla! La Marquesa- Conozco el lunar negro de su hombro izquierdo.»

Certes, il est inutile de décrire les épaules de la marquise. Elles sont populaires comme le pont Neuf. Elles ont f;iit pendant dix-huit ans partie des spectacles publics. On n'a besoin que d'en apercevoir le moindre bout, dans un salon, au théâtre ou ailleurs, pour s'écrier: «Tiens! la marquise! je reconnais le signe noir de son épaule gauche! »

18.

Por otra parte, son hombros muy hermosos, blancos, redondos, provocativos. Las miradas de todo un orden de cosas han pasado sobre ellos, dándoles más tersura, como esas losas que las pisadas de la multitud pulimentan a la larga.

D'ailleurs, ce sont de fort belles épaules, blanches, grasses, provoquantes. Les regards d'un gouvernement ont passé sur elles en leur donnant plus de finesse, comme ces dalles que les pieds de la foule polissent à la longue.

19.

Si fuese el marido o el amante de la Marquesa, preferiría besar el botón de cristal del gabinete de un ministro, desgastado por las manos de los pretendientes, a rozar coa los labios esos hombros, sobre los cuales se ha deslizado el soplo ardiente de todo el París galante. Cuando se piensa en los mil deseos que han palpitado en torno suyo, se pregunta uno la clase de arcilla con que la naturaleza ha debido fabricarlos, para que no aparezcan roídos y desmoronados como los contornos, comidos por los vientos, de esas estatuas desnudas, expuestas al aire libre en los jardines.

Si j'étais le mari ou l'amant, j'aimerais mieux aller baiser le bouton de cristal du cabinet d'un ministre, usé par la main des solliciteurs, que d'effleurer des lèvres ces épaules sur lesquelles a passé le souCfle chaud du tout Paris galant. Lorsqu'on songe aux mille désirs qui ont frissonné autour d'elles, on se demande de quelle argile la nature a dû les pétrir pour qu'elles ne soient pas rongées et émiettées, comme ces nudités de statues, exposées au grand air des jardins, et dont les vents ont mangé les contours.

20.

La Marquesa ha puesto su pudor en otra parte. Ha convertido sus hombros en una institución. ¡Y cómo ha combatido por el gobierno! ¡Siempre en la brecha, multiplicándose para estar en todas partes, en las Tullerías, en los ministerios, en las embajadas, en casa de los simples millonarios, arrastrando a los indecisos con hábiles sonrisas, ostentando el trono de sus senos de alabastro, mostrando en los días de peligro pequeños rinconcillos, ocultos y deliciosos, más persuasivos que los argumentos de los oradores, más convincentes que las espadas de los soldados. y amenazado, para conquistar un voto, con recortar sus almillas hasta que los jefes más feroces de la oposición se declararan vencidos!

La marquise a mis sa pudeur autre part. Elle a fait de ses épaules une institution. Et comme elle a combattu pour le gouvernement de son choix ! Toujours sur la brèche, partout à la fois, aux Tuileries, chez les ministres, dans les ambassades, chez les simples millionnaires, ramenant les indécis à coups de sourires, étayant le trône de ses seins d'albâtre, montrant dans les jours de danger des petits coins cachés et délicieux, plus persuasifs que des arguments d'orateurs, plus décisifs que des épées de soldats, et menaçant, pour enlever un vote, de rogner ses chemisettes jusqu'à ce que les plus farouches membres de l'opposition se déclarent convaincus!

21.

Los hombros de la Marquesa han salido siempre ilesos y triunfantes. Han sostenido un mundo, sin que la menor arruga empañe su blanco mármol.

Toujours les épaules de la marquise sont restées entières et victorieuses. Elles ont porté un monde, sans qu'une ride vint en fôler le marbra blanc.

22.

IV

IV

23.

Aquella tarde, la Marquesa, al salir de las manos de Julia, se va a patinar. Patina adorablemente.

Cette après-midi, au sortir des mains de Julie, la marquise, vêtue d'une délicieuse toilette polonaise, est allée patiner. Elle patine adorablement.

24.

Hace en el Bosque un frió espantoso; la brisa pica la nariz y los labios de las nobles damas como si el viento les soplase arena fina en el rostro. La Marquesa se ríe. Le entretiene sentir frío. De vez en cuando, se calienta los pies en los braseros encendidos que hay en las orillas del pequeño lago. Luego vuelve a entrar en la atmósfera helada, deslizándose como una golondrina que rasa el suelo. 

Il faisait, au bois, un froid de loup, une bise qui piquait le nez et les lèvres de ces dames, comme si le vent leur eût soufflé du sable fin au visage. La marquise riait, cela l'amusait d'avoir froid. Elle allait, de temps à autre, chauffer ses pieds aux brasiers allumés sur les bords du petit lac. Puis elle rentrait dans l'air glacé, filant comme une hirondelle qui rase le sol.

25.

¡Ah! ¡Magnífica partida! ¡Y qué dichosa es la Marquesa con que el deshielo no haya comenzado! Podrá patinar toda la semana.

Ah! quelle bonne partie, et comme c'est heureux que le dégel ne soit pas encore venu! La marquise pourra patiner loule la semaine.

26.

Al volver a su casa, la Marquesa ve en los Campos Elíseos a una pobre que tirita al pie de un árbol, medio muerta de frió.

En revenant, la marquise a vu, dans une contre allée des Champs-Elysées, une pauvresse grelottant au pied d'un arbre, à demi morte de froid.

27.

—¡Qué desgraciada!—murmura con voz sentida.

— La malheureuse! a-t-elle murmuré d'une voix lâchée.

28.

Y como el coche va a escape, no pudiendo encontrar su portamonedas, le tira su ramillete, un ramillete de lilas blancas, que vale por lo menos cinco luises.

Et comme la voiture filait trop vite, la marquise, ne pouvant trouver sa bourse, a jeté son bouquetà la pauvresse, un bouquet de lilas blancs qui valait bien cinq louis.

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Los hombros de la Marquesa / Les épaules de la Marquise

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1.

I

2.

La Marquesa duerme en su magnífico lecho, bajo las anchas cortinas de seda amarilla. A las doce, al timbre claro del reloj, se decide a abrir los ojos. ¡Qué tibia y agradable atmósfera! Los tapices, las colgaduras de las puertas y ventanas, convierten la habitación en un nido delicioso. Calor, perfumes por todas partes. Reina allí la eterna primavera. No bien despierta, la Marquesa parece presa de viva ansiedad. Se incorpora; llama a Julia.

La marquise dort dans son grand lit, sous les larges rideaux de salin jaune. A midi, au timbre clair de la pendule, elle se décide à ouvrir les yeux. La chambre est tiède. Les tapis, les draperies des portes et des fenêtres, en font un nid moelleux, où le froid n'entre pas. Des chaleurs, des parfums traînent. Là, règne l'éternel printemps. Et, dès qu'elle est bien éveillée, la marquise semble prise d'une anxiété subite. Elle rejette les couvertures, elle sonne Julie.

3.

—¿Llama la señora?

— Madame a sonné?

4.

—Dime ¿hiela?

— Dites, est-ce qu'il dégèle?

5.

¡Oh, excelente Marquesa! ¡Con qué voz tan con movida ha hecho esta pregunta! Su primer pensamiento ha sido para ese frio terrible, para ese viento norte de que ella está libre, pero que debe soplar cruelmente en los tugurios de los pobres. Y pregunta si el cielo se ha apiadado, si puede gozar del calor sin remordimiento, sin pensar en los que tiritan.

Oh ! bonne marquise I Comme elle a fait celte question d'une voix émue! Sa première pensée est pour ce froid terrible, ce vent du nord qu'elle ne sent pas, mais qui doit souffler si cruellement dans les taudis des pauvres gens. Et elle demande si le ciel a fait grâce, si elle peut avoir chaud sans remords, sans songer à tous ceux qui grelottent.

6.

—¿Hiela?

— Est-ce qu'il dégèle, Julie?

7.

La doncella le ofrece el peinador que la Marquesa se pone al levantarse y que acaba de calentar a un buen fuego.

La femme de chambre lui offre le peignoir du matin, qu'elle vient de faire chauffer devant un grand feu.

8.

—¡Oh! Sí, señora; hiela más que nunca. Acaba de encontrarse a un hombre muerto de frío en un ómnibus.

— Oh! non, madame, il ne dégèle pas. Il gèle plus fort, au contraire... On vient de trouver un homme mort de froid sur un omnibus.

9.

La Marquesa siente una alegría infantil, se restriega las manos, y exclama:

La marquise est prise d'une joie d'enfant; elle tape ses mains l'une contre l'autre, en criant:

10.

—¡Ah, tanto mejor! Iré a patinar esta tarde.

— Ah! tant mieux! j'irai patiner cette après midi.

11.

II

II

12.

Julia, descorre las cortinas poco a poco, no sea que una brusca claridad hiera los delicados ojos de la encantadora Marquesa.

Julie tire les rideaux, doucement, pour qu'une clarté brusque ne blesse pas la vue tendre de la délicieuse marquise.

13.

El reflejo azulado do la nieve penetra alegremente en la habitación. El cielo está gris, pero es un gris tan bonito, que recuerda a la Marquesa una túnica de seda, gris perla, que llevaba la víspera en el baile del ministerio. La túnica estaba adornada con blondas blancas, parecidas a los hilos de nieve que ve en los tejados, destacándose sobre la palidez del cielo. 

Le reflet bleuâtre de la neige emplit la chambre d'une umière toute gaie. Le ciel est gris, mais d'un gris si joli qu'il rappelle à la marquise une robe de soie gris-perle qu'elle portait, la veille, au bal du ministère. Cette robe élait garnie de guipures blanches, pareilles à ces filets de neige qu'elle aperçoit au bord des toits, sur la pâleur du ciel.

14.

Aquella noche había estado deslumbradora con sus nuevos diamantes. Se acostó a las cinco; así es que tenía la cabeza algo pesada. Sin embargo, se sienta delante de un soberbio espejo, y Julia desata la blonda madeja de sus cabellos. La Marquesa se suelta el peinador, y sus hombros quedan al aire hasta la mitad de la espalda.

La veille, elle était charmante, avec ses nouveaux diamants. Elle s'est couchée à cinq heures. Aussi a-t-elle encore la tête un peu lourde. Cependant, elle s'est assise devant une glace, et Julie a relevé le flot blond de ses cheveux. Le peignoir glisse, les épaules restent nues, jusqu'au milieu du dos.

15.

Toda una generación ha envejecido contemplando los hombros de la Marquesa. Desde que, gracias a un poder vigoroso, las damas de natural alegre pueden escotarse y bailar en las Tullerías. La Marquesa ha paseado sus hombros por entre el bullicio de los salones oficiales con tal asiduidad, que puede considerárselos como el programa viviente de los encantos del segundo Imperio. Ha tenido que seguir la moda, escotando sus túnicas, ya hasta la caída de los riñones, ya hasta el nacimiento de la garganta; de este modo ha ido entregando, línea a línea, todos los tesoros de su busto. No hay parte del tamaño de un piñón en sus hombros que no sea conocida de las piedras de la calle. Los hombros de la Marquesa, siempre al descubierto, son el blasón voluptuoso de la nueva monarquía.

Toute une génération a déjà vieilli dans le spectacle des épaules de la marquise. Depuis que, grâce à un pouvoir fort, les dames de naturel joyeux peuvent se décolleter et danser aux Tuileries, elle a promené ses épaules dans la cohue des salons olticiels, avec une assiduité qui a fait d'elle l'enseigne vivante des charmes du second empire. Il lui a bien fallu suivre la mode, échancrer ses robes, tantôt jusqu'à la chute des reins, tantôt jusqu'aux pointes de la gorge; si bien que la chère femme, fossette à fossette, a livré tous les trésors de son corsage. 11 n'y a pas grand comme ça de son dos et de sa poitrine qui ne soit connu de la Madeleine à Saint-Thomas-d'Aquin. Les épaules de la marquise, laigemeiit étalées, sont le blason voluptueux du règne.

16.

III

III

17.

Ciertamente, no es preciso describir los hombros de la Marquesa. Son populares como el Puente Nuevo. Han figurado por espacio de diez y ocho años en todos los espectáculos públicos. Basta percibir, en un salón, en el teatro o en cualquier otro lado, la menor parte de ellos, para exclamar:—«¡Calla! La Marquesa- Conozco el lunar negro de su hombro izquierdo.»

Certes, il est inutile de décrire les épaules de la marquise. Elles sont populaires comme le pont Neuf. Elles ont f;iit pendant dix-huit ans partie des spectacles publics. On n'a besoin que d'en apercevoir le moindre bout, dans un salon, au théâtre ou ailleurs, pour s'écrier: «Tiens! la marquise! je reconnais le signe noir de son épaule gauche! »

18.

Por otra parte, son hombros muy hermosos, blancos, redondos, provocativos. Las miradas de todo un orden de cosas han pasado sobre ellos, dándoles más tersura, como esas losas que las pisadas de la multitud pulimentan a la larga.

D'ailleurs, ce sont de fort belles épaules, blanches, grasses, provoquantes. Les regards d'un gouvernement ont passé sur elles en leur donnant plus de finesse, comme ces dalles que les pieds de la foule polissent à la longue.

19.

Si fuese el marido o el amante de la Marquesa, preferiría besar el botón de cristal del gabinete de un ministro, desgastado por las manos de los pretendientes, a rozar coa los labios esos hombros, sobre los cuales se ha deslizado el soplo ardiente de todo el París galante. Cuando se piensa en los mil deseos que han palpitado en torno suyo, se pregunta uno la clase de arcilla con que la naturaleza ha debido fabricarlos, para que no aparezcan roídos y desmoronados como los contornos, comidos por los vientos, de esas estatuas desnudas, expuestas al aire libre en los jardines.

Si j'étais le mari ou l'amant, j'aimerais mieux aller baiser le bouton de cristal du cabinet d'un ministre, usé par la main des solliciteurs, que d'effleurer des lèvres ces épaules sur lesquelles a passé le souCfle chaud du tout Paris galant. Lorsqu'on songe aux mille désirs qui ont frissonné autour d'elles, on se demande de quelle argile la nature a dû les pétrir pour qu'elles ne soient pas rongées et émiettées, comme ces nudités de statues, exposées au grand air des jardins, et dont les vents ont mangé les contours.

20.

La Marquesa ha puesto su pudor en otra parte. Ha convertido sus hombros en una institución. ¡Y cómo ha combatido por el gobierno! ¡Siempre en la brecha, multiplicándose para estar en todas partes, en las Tullerías, en los ministerios, en las embajadas, en casa de los simples millonarios, arrastrando a los indecisos con hábiles sonrisas, ostentando el trono de sus senos de alabastro, mostrando en los días de peligro pequeños rinconcillos, ocultos y deliciosos, más persuasivos que los argumentos de los oradores, más convincentes que las espadas de los soldados. y amenazado, para conquistar un voto, con recortar sus almillas hasta que los jefes más feroces de la oposición se declararan vencidos!

La marquise a mis sa pudeur autre part. Elle a fait de ses épaules une institution. Et comme elle a combattu pour le gouvernement de son choix ! Toujours sur la brèche, partout à la fois, aux Tuileries, chez les ministres, dans les ambassades, chez les simples millionnaires, ramenant les indécis à coups de sourires, étayant le trône de ses seins d'albâtre, montrant dans les jours de danger des petits coins cachés et délicieux, plus persuasifs que des arguments d'orateurs, plus décisifs que des épées de soldats, et menaçant, pour enlever un vote, de rogner ses chemisettes jusqu'à ce que les plus farouches membres de l'opposition se déclarent convaincus!

21.

Los hombros de la Marquesa han salido siempre ilesos y triunfantes. Han sostenido un mundo, sin que la menor arruga empañe su blanco mármol.

Toujours les épaules de la marquise sont restées entières et victorieuses. Elles ont porté un monde, sans qu'une ride vint en fôler le marbra blanc.

22.

IV

IV

23.

Aquella tarde, la Marquesa, al salir de las manos de Julia, se va a patinar. Patina adorablemente.

Cette après-midi, au sortir des mains de Julie, la marquise, vêtue d'une délicieuse toilette polonaise, est allée patiner. Elle patine adorablement.

24.

Hace en el Bosque un frió espantoso; la brisa pica la nariz y los labios de las nobles damas como si el viento les soplase arena fina en el rostro. La Marquesa se ríe. Le entretiene sentir frío. De vez en cuando, se calienta los pies en los braseros encendidos que hay en las orillas del pequeño lago. Luego vuelve a entrar en la atmósfera helada, deslizándose como una golondrina que rasa el suelo. 

Il faisait, au bois, un froid de loup, une bise qui piquait le nez et les lèvres de ces dames, comme si le vent leur eût soufflé du sable fin au visage. La marquise riait, cela l'amusait d'avoir froid. Elle allait, de temps à autre, chauffer ses pieds aux brasiers allumés sur les bords du petit lac. Puis elle rentrait dans l'air glacé, filant comme une hirondelle qui rase le sol.

25.

¡Ah! ¡Magnífica partida! ¡Y qué dichosa es la Marquesa con que el deshielo no haya comenzado! Podrá patinar toda la semana.

Ah! quelle bonne partie, et comme c'est heureux que le dégel ne soit pas encore venu! La marquise pourra patiner loule la semaine.

26.

Al volver a su casa, la Marquesa ve en los Campos Elíseos a una pobre que tirita al pie de un árbol, medio muerta de frió.

En revenant, la marquise a vu, dans une contre allée des Champs-Elysées, une pauvresse grelottant au pied d'un arbre, à demi morte de froid.

27.

—¡Qué desgraciada!—murmura con voz sentida.

— La malheureuse! a-t-elle murmuré d'une voix lâchée.

28.

Y como el coche va a escape, no pudiendo encontrar su portamonedas, le tira su ramillete, un ramillete de lilas blancas, que vale por lo menos cinco luises.

Et comme la voiture filait trop vite, la marquise, ne pouvant trouver sa bourse, a jeté son bouquetà la pauvresse, un bouquet de lilas blancs qui valait bien cinq louis.

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