Los Fuegos Fatuos / Les Flambettes - George Sand
1.

Los flambeaux, flambettes o flamboires, también llamados fuegos fatuos, son esos meteoros azulados que todo el mundo ha encontrado por la noche o ha visto danzar sobre la superficie inmóvil de las aguas pantanosas. Se dice que esos meteoros son inertes por sí mismos, pero la menor brisa los agita y toman aspecto de movimiento que divierte o inquieta la imaginación según ésta esté predispuesta a la tristeza o a la poesía.

Les flambeaux, ou flambettes, ou flamboires, que l’on appelle aussi les feux fous, sont ces météores bleuâtres que tout le monde a rencontrés la nuit ou vu danser sur la surface immobile des eaux dormantes. On dit que ces météores sont inertes par eux-mêmes, mais que la moindre brise les agite, et ils prennent une apparence de mouvement qui amuse ou inquiète l’imagination, selon qu’elle est dépose à la tristesse ou à la poésie. 

2.

Para los campesinos son almas en pena que les piden oraciones, o almas perversas que los arrastran en una carrera desesperada y los llevan, después de mil rodeos insidiosos, a lo más profundo del pantano o del río. Como al lupeux o al trasgo, se les oye reír cada vez más claramente a medida que se adueñan de su víctima y la ven aproximarse al desenlace funesto e inevitable. 

Pour les paysans, ce sont des âmes en peine qui leur demandent des prières ou de méchantes âmes qui les entraînent dans une course désespérée et les mènent, après mille détours insidieux, au plus profond de l’étang ou de la rivière. Comme le lupeux et le follet, on les entend rire toujours plus distinctement à mesure qu’elles s’emparent de leur proie et la voient s’approcher du dénouement funeste et inévitable. 

3.

Las creencias varían mucho respecto a la naturaleza o la intención más o menos perversa de los fuegos fatuos. Algunos se contentan con perderte y, para lograr su fin, no les importa adoptar diversos aspectos.

Les croyances varient beaucoup sur la nature et l’intention plus ou moins mauvaises des flambettes. Il en est qui se contentent de vous égarer et qui, pour en venir à leurs fins, ne se gênent nullement pour prendre diverses apparences. 

4.

Se cuenta que un pastor que había aprendido a hacer que le fueran favorables, los hacía ir y venir a su antojo. Bajo su protección todo marchaba bien para él. Sus animales disfrutaban y por lo que a él respecta, no estaba nunca enfermo, dormía y comía bien en verano como en invierno. No obstante, lo vieron de repente ponerse delgado, macilento y melancólico. Cuando le preguntaron acerca de la causa de su desazón, contó lo siguiente:

On raconte qu’un berger, qui avait appris à se les rendre favorables, les faisait venir et partir à son gré. Tout allait pour lui, sous leur protection. Ses bêtes profitaient, et quant à lui, il n’était jamais malade, dormait et mangeait bien, été comme hiver. Cependant, on le vit tout à coup devenir maigre, jaune et mélancolique. Consulté sur la cause de son ennui, il raconta ce qui suit. 

5.

Una noche que se encontraba en su cabaña con ruedas, cerca de su redil, fue despertado por un gran resplandor y por grandes golpes sobre el techo de su habitáculo. "¿Qué ocurre?" -dijo, muy sorprendido de que sus perros no le hubieran advertido. Pero antes de que hubiera logrado levantarse, pues se sentía pesado y como asfixiado, vio ante él a una mujer tan pequeña, tan pequeña, y tan menuda, y tan vieja, que se asustó pues ninguna mujer viva podía tener semejante tamaño y semejante edad. Estaba cubierta por sus largos cabellos canosos que la tapaban por completo y sólo dejaban salir su pequeña cabeza arrugada y sus pequeños pies resecos.

Une nuit qu’il était couché dans sa cabane roulante, auprès de son parc, il fut éveillé par une grande clarté et par de grands coups frappés sur le toit de son habitacle. Qu’est-ce que c’est donc, fit-il, tout surpris que ses chiens ne l’eussent pas averti. Mais, avant qu’il fut venu à bout de se lever, car il se sentait lourd et comme étouffé, il vit devant lui une femme si petite, si petite, et si menue, et si vieille qu’il en eut peur, car aucune femme ne pouvait avoir une pareille taille et un pareil âge. Elle n’était habillée que de ses longs cheveux blancs qui la cachaient tout entièrement et ne laissaient passer que sa petite tête ridée et ses petits pieds desséchés. 

6.

-Vamos muchacho, ven conmigo; ha llegado la hora -le dijo.

– Ça, mon garçon, fit-elle, viens avec moi, l’heure est venue. 

7.

-¿La hora de qué? -preguntó el pastor desconcertado.

– Quelle heure donc est venue ? dit le berger tout déconfit. 

8.

-La hora de casarnos -respondió-. ¿No me has prometido matrimonio?

– L’heure de nous marier, reprit-elle ; ne m’as- tu pas promis le mariage ? 

9.

-¡Oh! ¡Oh! ¡No creo! Sobre todo porque no la conozco en absoluto y porque la veo por primera vez en mi vida.

– Oh ! oh ; je ne crois pas ! d’autant plus que je ne vous connais point et vous vois pour la première fois de ma vie. 

10.

-Estás mintiendo, mi apuesto pastor. Me has visto bajo un aspecto luminoso. ¿No reconoces a Flambette, la madre de los fuegos fatuos de la pradera? ¿Y no me has jurado, a cambio de los grandes servicios que te he hecho, que harías lo primero que viniera a pedirte?

– Tu en as menti, beau berger ! Tu m’as vue sous ma forme lumineuse. Ne reconnais-tu pas la mère des flambettes de la prairie ? Et ne m’as-tu pas juré, en échange des grands services que je t’ai rendus, de faire la première chose dont je te viendrais requérir ? 

11.

-Sí, tiene razón, señora Flambette; yo no soy hombre que incumpla su palabra, pero juré eso con la condición de que no se me pidiera nada que fuera contrario a mi fe de cristiano ni a los intereses de mi alma.

– Oui, c’est vrai, mère FIambette ; je ne suis pas un homme à reprendre ma parole, mais j’ai juré cela à condition que ce ne serait aucune chose contraire à ma foi de chrétien et aux intérêts de mon âme. 

12.

-¡Ah, pues! ¿Vengo acaso a engatusarte como una aventurera? ¿No vengo decentemente revestida con mi cabellera de plata fina y adornada como una novia? Quiero llevarte a la misa de medianoche, y nada es más saludable para el alma de un vivo que el matrimonio con una bella muerta como yo. Vamos, ¿vienes? No tengo tiempo que perder charlando. Hizo ademán de llevarse al pastor fuera de su redil, pero éste retrocedió, aterrorizado, diciendo:

– Eh bien, donc ! est-ce que je te viens enjôler comme une coureuse de nuit ? Est-ce que je ne viens pas chez toi décemment revêtue de ma belle chevelure d’argent fin, et parée comme une fiancée ? C’est à la messe de la nuit que je te veux conduire, et rien n’est si salutaire pour l’âme d’un vivant que le mariage avec une belle morte comme je suis. Allons, viens-tu ? Je n’ai pas de temps à perdre en paroles. Et elle fit mine d’emmener le berger hors de son parc. Mais il recula tout effrayé, disant : 

13.

-Nada de eso, mi buena señora, es demasiado honor para un pobre hombre como yo y además prometí a san Ludre, mi patrón, permanecer soltero toda mi vida.

– Nenni, ma bonne dame, c’est trop d’honneur pour un pauvre homme comme moi, et d’ailleurs j’ai fait voeu à saint Ludre, mon patron, d’être garçon le restant de mes jours. 

14.

El nombre del santo, mezclado con el rechazo del pastor, puso a la anciana furiosa. Comenzó a saltar rugiendo como una tormenta y a hacer remolinear su cabellera que, al levantarse, dejó ver su cuerpo negro y peludo. El pobre Ludre (así se llamaba el pastor) retrocedió horrorizado al ver que era el cuerpo de una cabra, con la cabeza, los pies y las manos de una mujer decrépita.

Le nom du saint, mêlé au refus du berger, mit la vieille en fureur. Elle se prit à sauter en grondant comme une tempête et à faire tourbillonner sa chevelure qui, en s’écartant, laissa voir son corps noir et velu. Le pauvre Ludre (c’était le nom du berger) recula d’horreur en voyant que c’était le corps d’une chèvre, avec la tête, les pieds et les mains d’une femme caduque. 

15.

-¡Vuelve al diablo, fea bruja! -exclamó- reniego de ti y te conjuro en nombre del…

– Retourne au diable, la laide sorcière! s’écria-t-il; je te renie et te conjure au nom du... 

16.

Iba a hacer la señal de la Cruz, pero se detuvo considerando que era inútil pues sólo con el gesto de su mano, la diablesa había desaparecido y no quedaba de ella nada más que una pequeña llama azul que flotaba por fuera del redil.

Il allait faire le signe de la croix, mais il s’arrêta jugeant que c’était inutile, car au seul geste de sa main la diablesse avait disparu, et il ne restait d’elle qu’une petite flammette bleue qui voltigeait en dehors du parc. 

17.

-Muy bien -dijo el pastor- haga tantos fuegos fatuos como quiera, me da igual, me burlo de sus luces y de sus payasadas.

– C’est bien, dit le berger, faites le flambeau tant qu’il vous plaira, cela m’est fort égal, et je me moque de vos clartés et de vos singeries. 

18.

Tras lo cual, quiso volver a acostarse; pero he aquí que sus perros, que hasta ese momento habían permanecido como encantados, se acercaron a él gruñendo y enseñando los dientes como si quisieran devorarlo, lo que lo puso airado contra ellos y, cogiendo su cayado ferrado, les pegó como merecían por su mala vigilancia y su pésimo humor.

Là-dessus, il se voulut recoucher ; mais voilà que ses chiens qui, jusque-là, étaient restés comme charmés, se prirent à venir sur lui en grondant et montrant les dents comme s’ils le voulaient dévorer, ce qui le mit fort en colère contre eux et, prenant son bâton ferré, il les battit comme ils le méritaient pour leur mauvaise garde et leur méchante humeur. 

19.

Los perros se acostaron a sus pies temblando y llorando. Habríase dicho que lamentaban lo que el espíritu perverso les había obligado a hacer. Viéndolos tan calmados y sumisos, Ludre se disponía a dormir de nuevo cuando los vio levantarse como bestias furiosas y lanzarse sobre el rebaño. Había doscientas ovejas que, presas de miedo y de vértigo, saltaron por encima del cercado del redil y huyeron por los campos como si se hubieran transformado en ciervas, mientras que los perros, rabiosos como lobos, las perseguían mordiéndoles en las patas y arrancándoles la lana que volaba formando nubes blancas sobre los matorrales.

Les chiens se couchèrent à ses pieds en tremblant et en pleurant. On eût dit qu’ils avaient regret de ce que le mauvais esprit les avait forcés de faire. Ludre les voyant apaisés et soumis, se mettait en devoir de se rendormir, lorsqu’il les vit se relever comme des bêtes furieuses et se jeter sur son troupeau. Il y avait là deux cents ouailles qui se prirent de peur et de vertige, sautèrent comme des diables par-dessus la clôture du parc et s’enfuirent à travers champs, courant comme si elles eussent été changées en biches, tandis que les chiens tournés à la rage comme des loups, les poursuivaient en leur mordant les jambes et en leur arrachant la laine qui s’envolait en nuées blanches sur les buissons. 

20.

El pastor, muy preocupado, no se tomó el tiempo necesario para volver a ponerse los zapatos y la chaqueta que se había quitado por el calor. Se puso a correr tras su rebaño, jurando detrás de sus perros que no le prestaban atención y corrían cada vez más, ladrando como los perros de caza que han levantado la liebre, y espantando al rebaño asustado.

Le berger bien en peine, ne prit pas le temps de remettre ses souliers et sa veste, qu’il avait posés à cause de la grande chaleur. Il se mit à courir après son troupeau, jurant après ses chiens qui ne l’écoutaient point et couraient de plus belle, hurlant comme chiens courants qui ont levé le lièvre, et chassant devant eux le troupeau effarouché. 

21.

Tanto corrieron ovejas, perros y pastor, que el pobre Ludre hizo al menos doce leguas alrededor de la charca de los fuegos fatuos, sin poder alcanzar su rebaño ni detener sus perros, a los que habría matado de buena gana si hubiera podido alcanzarlos.

Et tant coururent, ouailles, chiens et berger, que le pauvre Ludre fit au moins douze lieues autour de la mare aux flambettes, sans pouvoir rattraper son troupeau, ni arrêter ses chiens qu’il eût tués de bon coeur s’il eût pu les atteindre. 

22.

Por fin, cuando amaneció, se quedó muy sorprendido al ver que las ovejas que él creía perseguir no eran sino pequeñas mujeres blancas, largas y menudas, que corrían como el viento y que no parecían cansarse más de lo que lo hace el viento. Por lo que respecta a los perros, los vio transformados en dos gruesos cuervos que volaban de rama en rama graznando.

Enfin le jour venant à poindre, il fut bien étonné de voir que les ouailles qu’il croyait poursuivre n’étaient autre chose que des petites femmes blanches, longues et menues, qui filaient comme le vent et qui ne semblaient point se fatiguer plus que ne se fatigue le vent lui-même. Quant à ses chiens, il les vit muées en deux grosses coares (corbeaux) qui volaient de branche en branche en croassant. 

23.

Convencido entonces de que había caído en un aquelarre, volvió derrengado y triste a su redil, donde se sorprendió mucho de encontrar su rebaño durmiendo bajo la vigilancia de los perros, que se acercaron a él para acariciarlo.

Assuré alors qu’il était tombé dans un sabbat, il s’en retourna tout éreinté et tout triste à son parc, où il fut bien étonné de retrouver son troupeau dormant sous la garde de ses chiens, lesquels vinrent au devant de lui pour le caresser. 

24.

Se dejó caer en su cama y durmió como un tronco. Pero, a la mañana siguiente, cuando salió el sol, contó sus animales y encontró que faltaba una oveja, que no pudo encontrar por más que buscó.

Il se jeta alors sur son lit et dormit comme une pierre. Mais le lendemain, au soleil levé, il compta ses bêtes à laine et en trouva une de moins qu’il eut beau chercher. 

25.

Por la tarde, un leñador que trabajaba cerca de la charca de los fuegos fatuos le trajo sobre su asno la pobre oveja ahogada, preguntándole cómo cuidaba las ovejas y aconsejándole que no durmiera tanto si quería conservar su buena fama de pastor y la confianza de sus patrones.

Le soir, un bûcheron qui travaillait autour de la mare aux flambettes, lui rapporta sur son âne la pauvre brebis noyée, en lui demandant comment il gardait ses bêtes, et en lui conseillant de ne pas dormir si dur s’il voulait garder sa bonne renommée de berger et la confiance de ses maîtres. 

26.

El pobre Ludre se preocupó mucho por un asunto del que no comprendía nada y que, por desgracia para él, se repitió, aunque de otra manera, a la noche siguiente.

Le pauvre Ludre eut bien du souci d’une affaire à quoi il ne comprenait rien, et qui, par malheur pour lui, recommença d’une autre manière la nuit suivante. 

27.

Esta vez soñó que una vieja cabra, con grandes cuernos de plata, le hablaba a sus ovejas y que éstas la seguían galopando y saltando como cabritos alrededor de la charca. Imaginó que sus perros se cambiaban en pastores y él mismo en un macho cabrío al que estos pastores golpeaban y obligaban a correr.

Cette fois, il rêva qu’une vieille chèvre, à grandes cornes d’argent, parlait à ses ouailles et qu’elles la suivaient en galopant et sautant comme des cabris autour de la grand’mare. Il s’imagina que ses chiens étaient mués en bergers, et lui-même en un bouc que ces bergers battaient et forçaient à courir. 

28.

Como la víspera, se detuvo al amanecer, reconoció las figuras blancas que ya lo habían engañado, regresó, lo encontró todo tranquilo en su redil, se durmió por el gran cansancio, se levantó tarde, contó sus ovejas y encontró que faltaba una.

Comme la veille, il s’arrêta à la piquée du jour, reconnut les flambettes blanches qui l’avaient déjà abusé, revint, trouva tout tranquille dans son parc, dormit tombant de fatigue, puis se leva tard, compta ses bêtes et en trouva encore une de moins. 

29.

Esta vez corrió hacia la charca y encontró al animal que se estaba ahogando. La sacó del agua, pero era demasiado tarde y ya no era buena sino para ser despellejada.

Cette fois, il courut à la mare et trouva la bête en train de se noyer. Il la retira de l’eau, mais elle n’était plus bonne qu’à écorcher. 

30.

Estos desagradables hechos duraban ya ocho días. Faltaban ocho cabezas en el rebaño y Ludre, bien porque corriera dormido como un sonámbulo, bien porque soñara en medio de la fiebre que tenía las piernas en movimiento y el espíritu afligido, lo cierto es que se sentía muy fatigado y tan enfermo que creí que se iba a morir.

Ce méchant métier durait depuis huit jours. Il manquait huit bêtes au troupeau et Ludre, soit qu’il courut en rêve comme un somnambule, soit qu’il rêvât dans la fièvre qu’il avait les jambes en mouvement et l’esprit en peine, se sentait si las et si malade qu’il en pensait mourir. 

31.

-Mi pobre amigo, -le dijo un viejo pastor muy sabio al que él le contaba sus cuitas-, tienes que casarte con la vieja o renunciar a tu oficio. Conozco a esa cabra de cabellos plateados por haberla visto cortejar a uno de nuestros amigos, al que hizo morir de fiebre y pena. Por eso no he querido nunca tratar con las flambettes aunque me hicieran numerosas insinuaciones y de que las viera danzar como bellas jovencitas alrededor de mi redil.

– Mon pauvre camarade, lui dit un vieux berger très savant, à qui il contait ses peines, il te faut épouser la vieille, ou renoncer à ton état. Je connais cette bique aux cheveux d’argent pour l’avoir vue lutiner un de nos anciens, qu’elle a fait mourir de fièvre et de chagrin. Voilà pourquoi je n’ai jamais voulu frayer avec les flambettes, encore qu’elles m’aient fait bien des avances, et que je les aie vu danser en belles jeunes filles autour de mon parc. 

32.

-¿Y no sabría usted darme algún remedio para librarme de ellas? - le dijo Ludre abrumado.

– Et sauriez-vous me donner un charme pour m’en débarrasser ? dit Ludre tout accablé. 

33.

-He oído decir -respondió el viejo- que aquel que pudiera cortarle la barba a esa maldita cabra la gobernaría a su antojo; pero se corre un gran riesgo porque si se le deja, aunque sólo sea un pelo, recupera toda su fuerza y te retuerce el cuello.

– J’ai ouï dire, répondit le vieux, que celui qui pourrait couper la barbe à cette maudite chèvre la gouvernerait à son gré ; mais on y risque gros, à ce qu’il paraît, car si on lui en laisse seulement un poil, elle reprend sa force et vous tord le cou. 

34.

-¡Caramba!, yo mismo lo intentaré -dijo Ludre- pues lo mismo da morir en ese empeño que ir languideciendo poco a poco como hago yo.

– Ma foi, j’y tenterai tout de même, reprit Ludre, car autant vaut y périr que de m’en aller en languition comme j’y suis. 

35.

La noche siguiente, vio a la vieja con figura de fuego fatuo acercarse a su cabaña y le dijo:

La nuit suivante, il vit la vieille en figure de flambette approcher de sa cabane, et il lui dit : 

36.

-Ven aquí, bella entre las bellas, y casémonos de inmediato.

– Viens çà, la belle des belles, et marions-nous vitement. 

37.

Cómo fue la boda, no se supo jamás; pero, hacia medianoche, cuando la bruja estaba bien dormida, Ludre cogió las tijeras de esquilar las ovejas y, de un solo golpe le cortó tan bien la barba, que el elfo tenía el mentón desnudo, y él se puso muy contento al ver que era rosado y blanco como el de una jovencita. Entonces, se le ocurrió la idea de esquilar toda la cabra, su esposa, pensando que tal vez perdiera su fealdad y su taima al mismo tiempo que el pelo.

Quelle fut la noce, on ne l’a jamais su ; mais sur minuit, la sorcière étant bien endormie, Ludre prit les ciseaux à tondre les moutons et, d’un seul coup, lui trancha si bien la barbe, qu’elle avait le menton tout à nu et il fut content de voir que ce menton était rosé et blanc comme celui d’une jeune fille. Alors l’idée lui vint de tondre ainsi toute sa chèvre épousée, pensant qu’elle perdrait peut-être toute sa laideur et sa malice avec sa toison. 

38.

Como seguía durmiendo, o haciendo como que dormía, no le costó mucho esfuerzo hacer todo el esquilo. Pero, una vez que concluyó, se dio cuenta de que había esquilado su cayado y que estaba solo, acostado junto a su bastón de serbal.

Comme elle dormait toujours ou faisait semblant, il n’eut pas grand’peine à faire cette tondaille. Mais quand ce fut fini, il s’aperçut qu’il avait tondu sa houlette et qu’il se trouvait seul, couché avec ce bâton de cormier. 

39.

Se levantó muy inquieto por lo que pudiera significar esta nueva diablura y lo primero que hizo fue recontar sus animales, que resultaron ser doscientas, como si ninguna se hubiera ahogado.

Il se leva bien inquiet de ce que pouvait signifier cette nouvelle diablerie, et son premier soin fût de compter ses bêtes qui se trouvèrent au nombre de deux cents, comme si aucune ne se fût jamais noyée. 

40.

Entonces, se apresuró a quemar todo el pelo de la cabra y a darle gracias al bueno de san Ludre, que no permitió nunca más a los fuegos fatuos que lo atormentaran.

Alors, il se dépêcha de brûler tout le poil de la chèvre et de remercier le bon saint Ludre, qui ne permit plus aux flambettes de le tourmenter. 

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1.

Los flambeaux, flambettes o flamboires, también llamados fuegos fatuos, son esos meteoros azulados que todo el mundo ha encontrado por la noche o ha visto danzar sobre la superficie inmóvil de las aguas pantanosas. Se dice que esos meteoros son inertes por sí mismos, pero la menor brisa los agita y toman aspecto de movimiento que divierte o inquieta la imaginación según ésta esté predispuesta a la tristeza o a la poesía.

Les flambeaux, ou flambettes, ou flamboires, que l’on appelle aussi les feux fous, sont ces météores bleuâtres que tout le monde a rencontrés la nuit ou vu danser sur la surface immobile des eaux dormantes. On dit que ces météores sont inertes par eux-mêmes, mais que la moindre brise les agite, et ils prennent une apparence de mouvement qui amuse ou inquiète l’imagination, selon qu’elle est dépose à la tristesse ou à la poésie. 

2.

Para los campesinos son almas en pena que les piden oraciones, o almas perversas que los arrastran en una carrera desesperada y los llevan, después de mil rodeos insidiosos, a lo más profundo del pantano o del río. Como al lupeux o al trasgo, se les oye reír cada vez más claramente a medida que se adueñan de su víctima y la ven aproximarse al desenlace funesto e inevitable. 

Pour les paysans, ce sont des âmes en peine qui leur demandent des prières ou de méchantes âmes qui les entraînent dans une course désespérée et les mènent, après mille détours insidieux, au plus profond de l’étang ou de la rivière. Comme le lupeux et le follet, on les entend rire toujours plus distinctement à mesure qu’elles s’emparent de leur proie et la voient s’approcher du dénouement funeste et inévitable. 

3.

Las creencias varían mucho respecto a la naturaleza o la intención más o menos perversa de los fuegos fatuos. Algunos se contentan con perderte y, para lograr su fin, no les importa adoptar diversos aspectos.

Les croyances varient beaucoup sur la nature et l’intention plus ou moins mauvaises des flambettes. Il en est qui se contentent de vous égarer et qui, pour en venir à leurs fins, ne se gênent nullement pour prendre diverses apparences. 

4.

Se cuenta que un pastor que había aprendido a hacer que le fueran favorables, los hacía ir y venir a su antojo. Bajo su protección todo marchaba bien para él. Sus animales disfrutaban y por lo que a él respecta, no estaba nunca enfermo, dormía y comía bien en verano como en invierno. No obstante, lo vieron de repente ponerse delgado, macilento y melancólico. Cuando le preguntaron acerca de la causa de su desazón, contó lo siguiente:

On raconte qu’un berger, qui avait appris à se les rendre favorables, les faisait venir et partir à son gré. Tout allait pour lui, sous leur protection. Ses bêtes profitaient, et quant à lui, il n’était jamais malade, dormait et mangeait bien, été comme hiver. Cependant, on le vit tout à coup devenir maigre, jaune et mélancolique. Consulté sur la cause de son ennui, il raconta ce qui suit. 

5.

Una noche que se encontraba en su cabaña con ruedas, cerca de su redil, fue despertado por un gran resplandor y por grandes golpes sobre el techo de su habitáculo. "¿Qué ocurre?" -dijo, muy sorprendido de que sus perros no le hubieran advertido. Pero antes de que hubiera logrado levantarse, pues se sentía pesado y como asfixiado, vio ante él a una mujer tan pequeña, tan pequeña, y tan menuda, y tan vieja, que se asustó pues ninguna mujer viva podía tener semejante tamaño y semejante edad. Estaba cubierta por sus largos cabellos canosos que la tapaban por completo y sólo dejaban salir su pequeña cabeza arrugada y sus pequeños pies resecos.

Une nuit qu’il était couché dans sa cabane roulante, auprès de son parc, il fut éveillé par une grande clarté et par de grands coups frappés sur le toit de son habitacle. Qu’est-ce que c’est donc, fit-il, tout surpris que ses chiens ne l’eussent pas averti. Mais, avant qu’il fut venu à bout de se lever, car il se sentait lourd et comme étouffé, il vit devant lui une femme si petite, si petite, et si menue, et si vieille qu’il en eut peur, car aucune femme ne pouvait avoir une pareille taille et un pareil âge. Elle n’était habillée que de ses longs cheveux blancs qui la cachaient tout entièrement et ne laissaient passer que sa petite tête ridée et ses petits pieds desséchés. 

6.

-Vamos muchacho, ven conmigo; ha llegado la hora -le dijo.

– Ça, mon garçon, fit-elle, viens avec moi, l’heure est venue. 

7.

-¿La hora de qué? -preguntó el pastor desconcertado.

– Quelle heure donc est venue ? dit le berger tout déconfit. 

8.

-La hora de casarnos -respondió-. ¿No me has prometido matrimonio?

– L’heure de nous marier, reprit-elle ; ne m’as- tu pas promis le mariage ? 

9.

-¡Oh! ¡Oh! ¡No creo! Sobre todo porque no la conozco en absoluto y porque la veo por primera vez en mi vida.

– Oh ! oh ; je ne crois pas ! d’autant plus que je ne vous connais point et vous vois pour la première fois de ma vie. 

10.

-Estás mintiendo, mi apuesto pastor. Me has visto bajo un aspecto luminoso. ¿No reconoces a Flambette, la madre de los fuegos fatuos de la pradera? ¿Y no me has jurado, a cambio de los grandes servicios que te he hecho, que harías lo primero que viniera a pedirte?

– Tu en as menti, beau berger ! Tu m’as vue sous ma forme lumineuse. Ne reconnais-tu pas la mère des flambettes de la prairie ? Et ne m’as-tu pas juré, en échange des grands services que je t’ai rendus, de faire la première chose dont je te viendrais requérir ? 

11.

-Sí, tiene razón, señora Flambette; yo no soy hombre que incumpla su palabra, pero juré eso con la condición de que no se me pidiera nada que fuera contrario a mi fe de cristiano ni a los intereses de mi alma.

– Oui, c’est vrai, mère FIambette ; je ne suis pas un homme à reprendre ma parole, mais j’ai juré cela à condition que ce ne serait aucune chose contraire à ma foi de chrétien et aux intérêts de mon âme. 

12.

-¡Ah, pues! ¿Vengo acaso a engatusarte como una aventurera? ¿No vengo decentemente revestida con mi cabellera de plata fina y adornada como una novia? Quiero llevarte a la misa de medianoche, y nada es más saludable para el alma de un vivo que el matrimonio con una bella muerta como yo. Vamos, ¿vienes? No tengo tiempo que perder charlando. Hizo ademán de llevarse al pastor fuera de su redil, pero éste retrocedió, aterrorizado, diciendo:

– Eh bien, donc ! est-ce que je te viens enjôler comme une coureuse de nuit ? Est-ce que je ne viens pas chez toi décemment revêtue de ma belle chevelure d’argent fin, et parée comme une fiancée ? C’est à la messe de la nuit que je te veux conduire, et rien n’est si salutaire pour l’âme d’un vivant que le mariage avec une belle morte comme je suis. Allons, viens-tu ? Je n’ai pas de temps à perdre en paroles. Et elle fit mine d’emmener le berger hors de son parc. Mais il recula tout effrayé, disant : 

13.

-Nada de eso, mi buena señora, es demasiado honor para un pobre hombre como yo y además prometí a san Ludre, mi patrón, permanecer soltero toda mi vida.

– Nenni, ma bonne dame, c’est trop d’honneur pour un pauvre homme comme moi, et d’ailleurs j’ai fait voeu à saint Ludre, mon patron, d’être garçon le restant de mes jours. 

14.

El nombre del santo, mezclado con el rechazo del pastor, puso a la anciana furiosa. Comenzó a saltar rugiendo como una tormenta y a hacer remolinear su cabellera que, al levantarse, dejó ver su cuerpo negro y peludo. El pobre Ludre (así se llamaba el pastor) retrocedió horrorizado al ver que era el cuerpo de una cabra, con la cabeza, los pies y las manos de una mujer decrépita.

Le nom du saint, mêlé au refus du berger, mit la vieille en fureur. Elle se prit à sauter en grondant comme une tempête et à faire tourbillonner sa chevelure qui, en s’écartant, laissa voir son corps noir et velu. Le pauvre Ludre (c’était le nom du berger) recula d’horreur en voyant que c’était le corps d’une chèvre, avec la tête, les pieds et les mains d’une femme caduque. 

15.

-¡Vuelve al diablo, fea bruja! -exclamó- reniego de ti y te conjuro en nombre del…

– Retourne au diable, la laide sorcière! s’écria-t-il; je te renie et te conjure au nom du... 

16.

Iba a hacer la señal de la Cruz, pero se detuvo considerando que era inútil pues sólo con el gesto de su mano, la diablesa había desaparecido y no quedaba de ella nada más que una pequeña llama azul que flotaba por fuera del redil.

Il allait faire le signe de la croix, mais il s’arrêta jugeant que c’était inutile, car au seul geste de sa main la diablesse avait disparu, et il ne restait d’elle qu’une petite flammette bleue qui voltigeait en dehors du parc. 

17.

-Muy bien -dijo el pastor- haga tantos fuegos fatuos como quiera, me da igual, me burlo de sus luces y de sus payasadas.

– C’est bien, dit le berger, faites le flambeau tant qu’il vous plaira, cela m’est fort égal, et je me moque de vos clartés et de vos singeries. 

18.

Tras lo cual, quiso volver a acostarse; pero he aquí que sus perros, que hasta ese momento habían permanecido como encantados, se acercaron a él gruñendo y enseñando los dientes como si quisieran devorarlo, lo que lo puso airado contra ellos y, cogiendo su cayado ferrado, les pegó como merecían por su mala vigilancia y su pésimo humor.

Là-dessus, il se voulut recoucher ; mais voilà que ses chiens qui, jusque-là, étaient restés comme charmés, se prirent à venir sur lui en grondant et montrant les dents comme s’ils le voulaient dévorer, ce qui le mit fort en colère contre eux et, prenant son bâton ferré, il les battit comme ils le méritaient pour leur mauvaise garde et leur méchante humeur. 

19.

Los perros se acostaron a sus pies temblando y llorando. Habríase dicho que lamentaban lo que el espíritu perverso les había obligado a hacer. Viéndolos tan calmados y sumisos, Ludre se disponía a dormir de nuevo cuando los vio levantarse como bestias furiosas y lanzarse sobre el rebaño. Había doscientas ovejas que, presas de miedo y de vértigo, saltaron por encima del cercado del redil y huyeron por los campos como si se hubieran transformado en ciervas, mientras que los perros, rabiosos como lobos, las perseguían mordiéndoles en las patas y arrancándoles la lana que volaba formando nubes blancas sobre los matorrales.

Les chiens se couchèrent à ses pieds en tremblant et en pleurant. On eût dit qu’ils avaient regret de ce que le mauvais esprit les avait forcés de faire. Ludre les voyant apaisés et soumis, se mettait en devoir de se rendormir, lorsqu’il les vit se relever comme des bêtes furieuses et se jeter sur son troupeau. Il y avait là deux cents ouailles qui se prirent de peur et de vertige, sautèrent comme des diables par-dessus la clôture du parc et s’enfuirent à travers champs, courant comme si elles eussent été changées en biches, tandis que les chiens tournés à la rage comme des loups, les poursuivaient en leur mordant les jambes et en leur arrachant la laine qui s’envolait en nuées blanches sur les buissons. 

20.

El pastor, muy preocupado, no se tomó el tiempo necesario para volver a ponerse los zapatos y la chaqueta que se había quitado por el calor. Se puso a correr tras su rebaño, jurando detrás de sus perros que no le prestaban atención y corrían cada vez más, ladrando como los perros de caza que han levantado la liebre, y espantando al rebaño asustado.

Le berger bien en peine, ne prit pas le temps de remettre ses souliers et sa veste, qu’il avait posés à cause de la grande chaleur. Il se mit à courir après son troupeau, jurant après ses chiens qui ne l’écoutaient point et couraient de plus belle, hurlant comme chiens courants qui ont levé le lièvre, et chassant devant eux le troupeau effarouché. 

21.

Tanto corrieron ovejas, perros y pastor, que el pobre Ludre hizo al menos doce leguas alrededor de la charca de los fuegos fatuos, sin poder alcanzar su rebaño ni detener sus perros, a los que habría matado de buena gana si hubiera podido alcanzarlos.

Et tant coururent, ouailles, chiens et berger, que le pauvre Ludre fit au moins douze lieues autour de la mare aux flambettes, sans pouvoir rattraper son troupeau, ni arrêter ses chiens qu’il eût tués de bon coeur s’il eût pu les atteindre. 

22.

Por fin, cuando amaneció, se quedó muy sorprendido al ver que las ovejas que él creía perseguir no eran sino pequeñas mujeres blancas, largas y menudas, que corrían como el viento y que no parecían cansarse más de lo que lo hace el viento. Por lo que respecta a los perros, los vio transformados en dos gruesos cuervos que volaban de rama en rama graznando.

Enfin le jour venant à poindre, il fut bien étonné de voir que les ouailles qu’il croyait poursuivre n’étaient autre chose que des petites femmes blanches, longues et menues, qui filaient comme le vent et qui ne semblaient point se fatiguer plus que ne se fatigue le vent lui-même. Quant à ses chiens, il les vit muées en deux grosses coares (corbeaux) qui volaient de branche en branche en croassant. 

23.

Convencido entonces de que había caído en un aquelarre, volvió derrengado y triste a su redil, donde se sorprendió mucho de encontrar su rebaño durmiendo bajo la vigilancia de los perros, que se acercaron a él para acariciarlo.

Assuré alors qu’il était tombé dans un sabbat, il s’en retourna tout éreinté et tout triste à son parc, où il fut bien étonné de retrouver son troupeau dormant sous la garde de ses chiens, lesquels vinrent au devant de lui pour le caresser. 

24.

Se dejó caer en su cama y durmió como un tronco. Pero, a la mañana siguiente, cuando salió el sol, contó sus animales y encontró que faltaba una oveja, que no pudo encontrar por más que buscó.

Il se jeta alors sur son lit et dormit comme une pierre. Mais le lendemain, au soleil levé, il compta ses bêtes à laine et en trouva une de moins qu’il eut beau chercher. 

25.

Por la tarde, un leñador que trabajaba cerca de la charca de los fuegos fatuos le trajo sobre su asno la pobre oveja ahogada, preguntándole cómo cuidaba las ovejas y aconsejándole que no durmiera tanto si quería conservar su buena fama de pastor y la confianza de sus patrones.

Le soir, un bûcheron qui travaillait autour de la mare aux flambettes, lui rapporta sur son âne la pauvre brebis noyée, en lui demandant comment il gardait ses bêtes, et en lui conseillant de ne pas dormir si dur s’il voulait garder sa bonne renommée de berger et la confiance de ses maîtres. 

26.

El pobre Ludre se preocupó mucho por un asunto del que no comprendía nada y que, por desgracia para él, se repitió, aunque de otra manera, a la noche siguiente.

Le pauvre Ludre eut bien du souci d’une affaire à quoi il ne comprenait rien, et qui, par malheur pour lui, recommença d’une autre manière la nuit suivante. 

27.

Esta vez soñó que una vieja cabra, con grandes cuernos de plata, le hablaba a sus ovejas y que éstas la seguían galopando y saltando como cabritos alrededor de la charca. Imaginó que sus perros se cambiaban en pastores y él mismo en un macho cabrío al que estos pastores golpeaban y obligaban a correr.

Cette fois, il rêva qu’une vieille chèvre, à grandes cornes d’argent, parlait à ses ouailles et qu’elles la suivaient en galopant et sautant comme des cabris autour de la grand’mare. Il s’imagina que ses chiens étaient mués en bergers, et lui-même en un bouc que ces bergers battaient et forçaient à courir. 

28.

Como la víspera, se detuvo al amanecer, reconoció las figuras blancas que ya lo habían engañado, regresó, lo encontró todo tranquilo en su redil, se durmió por el gran cansancio, se levantó tarde, contó sus ovejas y encontró que faltaba una.

Comme la veille, il s’arrêta à la piquée du jour, reconnut les flambettes blanches qui l’avaient déjà abusé, revint, trouva tout tranquille dans son parc, dormit tombant de fatigue, puis se leva tard, compta ses bêtes et en trouva encore une de moins. 

29.

Esta vez corrió hacia la charca y encontró al animal que se estaba ahogando. La sacó del agua, pero era demasiado tarde y ya no era buena sino para ser despellejada.

Cette fois, il courut à la mare et trouva la bête en train de se noyer. Il la retira de l’eau, mais elle n’était plus bonne qu’à écorcher. 

30.

Estos desagradables hechos duraban ya ocho días. Faltaban ocho cabezas en el rebaño y Ludre, bien porque corriera dormido como un sonámbulo, bien porque soñara en medio de la fiebre que tenía las piernas en movimiento y el espíritu afligido, lo cierto es que se sentía muy fatigado y tan enfermo que creí que se iba a morir.

Ce méchant métier durait depuis huit jours. Il manquait huit bêtes au troupeau et Ludre, soit qu’il courut en rêve comme un somnambule, soit qu’il rêvât dans la fièvre qu’il avait les jambes en mouvement et l’esprit en peine, se sentait si las et si malade qu’il en pensait mourir. 

31.

-Mi pobre amigo, -le dijo un viejo pastor muy sabio al que él le contaba sus cuitas-, tienes que casarte con la vieja o renunciar a tu oficio. Conozco a esa cabra de cabellos plateados por haberla visto cortejar a uno de nuestros amigos, al que hizo morir de fiebre y pena. Por eso no he querido nunca tratar con las flambettes aunque me hicieran numerosas insinuaciones y de que las viera danzar como bellas jovencitas alrededor de mi redil.

– Mon pauvre camarade, lui dit un vieux berger très savant, à qui il contait ses peines, il te faut épouser la vieille, ou renoncer à ton état. Je connais cette bique aux cheveux d’argent pour l’avoir vue lutiner un de nos anciens, qu’elle a fait mourir de fièvre et de chagrin. Voilà pourquoi je n’ai jamais voulu frayer avec les flambettes, encore qu’elles m’aient fait bien des avances, et que je les aie vu danser en belles jeunes filles autour de mon parc. 

32.

-¿Y no sabría usted darme algún remedio para librarme de ellas? - le dijo Ludre abrumado.

– Et sauriez-vous me donner un charme pour m’en débarrasser ? dit Ludre tout accablé. 

33.

-He oído decir -respondió el viejo- que aquel que pudiera cortarle la barba a esa maldita cabra la gobernaría a su antojo; pero se corre un gran riesgo porque si se le deja, aunque sólo sea un pelo, recupera toda su fuerza y te retuerce el cuello.

– J’ai ouï dire, répondit le vieux, que celui qui pourrait couper la barbe à cette maudite chèvre la gouvernerait à son gré ; mais on y risque gros, à ce qu’il paraît, car si on lui en laisse seulement un poil, elle reprend sa force et vous tord le cou. 

34.

-¡Caramba!, yo mismo lo intentaré -dijo Ludre- pues lo mismo da morir en ese empeño que ir languideciendo poco a poco como hago yo.

– Ma foi, j’y tenterai tout de même, reprit Ludre, car autant vaut y périr que de m’en aller en languition comme j’y suis. 

35.

La noche siguiente, vio a la vieja con figura de fuego fatuo acercarse a su cabaña y le dijo:

La nuit suivante, il vit la vieille en figure de flambette approcher de sa cabane, et il lui dit : 

36.

-Ven aquí, bella entre las bellas, y casémonos de inmediato.

– Viens çà, la belle des belles, et marions-nous vitement. 

37.

Cómo fue la boda, no se supo jamás; pero, hacia medianoche, cuando la bruja estaba bien dormida, Ludre cogió las tijeras de esquilar las ovejas y, de un solo golpe le cortó tan bien la barba, que el elfo tenía el mentón desnudo, y él se puso muy contento al ver que era rosado y blanco como el de una jovencita. Entonces, se le ocurrió la idea de esquilar toda la cabra, su esposa, pensando que tal vez perdiera su fealdad y su taima al mismo tiempo que el pelo.

Quelle fut la noce, on ne l’a jamais su ; mais sur minuit, la sorcière étant bien endormie, Ludre prit les ciseaux à tondre les moutons et, d’un seul coup, lui trancha si bien la barbe, qu’elle avait le menton tout à nu et il fut content de voir que ce menton était rosé et blanc comme celui d’une jeune fille. Alors l’idée lui vint de tondre ainsi toute sa chèvre épousée, pensant qu’elle perdrait peut-être toute sa laideur et sa malice avec sa toison. 

38.

Como seguía durmiendo, o haciendo como que dormía, no le costó mucho esfuerzo hacer todo el esquilo. Pero, una vez que concluyó, se dio cuenta de que había esquilado su cayado y que estaba solo, acostado junto a su bastón de serbal.

Comme elle dormait toujours ou faisait semblant, il n’eut pas grand’peine à faire cette tondaille. Mais quand ce fut fini, il s’aperçut qu’il avait tondu sa houlette et qu’il se trouvait seul, couché avec ce bâton de cormier. 

39.

Se levantó muy inquieto por lo que pudiera significar esta nueva diablura y lo primero que hizo fue recontar sus animales, que resultaron ser doscientas, como si ninguna se hubiera ahogado.

Il se leva bien inquiet de ce que pouvait signifier cette nouvelle diablerie, et son premier soin fût de compter ses bêtes qui se trouvèrent au nombre de deux cents, comme si aucune ne se fût jamais noyée. 

40.

Entonces, se apresuró a quemar todo el pelo de la cabra y a darle gracias al bueno de san Ludre, que no permitió nunca más a los fuegos fatuos que lo atormentaran.

Alors, il se dépêcha de brûler tout le poil de la chèvre et de remercier le bon saint Ludre, qui ne permit plus aux flambettes de le tourmenter. 

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