Las Señoritas / Les Demoiselles - George Sand
1.

Les demoiselles o señoritas del Berry nos parecen primas de las milloraines normandas que el autor de La Normandie merveilleuse describe como seres de estatura gigantesca. Se mantienen inmóviles y su forma, poco definida, no permite reconocer ni sus miembros ni su rostro. Cuando alguien se acerca a ellas, huyen dando una serie de saltos irregulares muy rápidos.

Les Demoiselles du Berry nous paraissent cousines des Milloraines de Normandie, que l’auteur de la Normandie merveilleuse décrit comme des êtres d’une taille gigantesque. Elles se tiennent immobiles et leur forme, trop peu distincte, ne laisse reconnaître ni leurs membres ni leur visage. Lorsqu’on s’approche, elles prennent la fuite par une succession de bonds irréguliers très rapides.

2.

Las señoritas o damas blancas son de todos los países. No creo que sean de origen galo, sino más bien de la Francia de la Edad Media. Sea como fuere, contaré una de las leyendas más completas que he podido recoger a propósito de ellas.

Les demoiselles ou filles blanches sont de tous les pays. Je ne les crois pas d’origine gauloise, mais plutôt française du moyen-âge. Quoi qu’il en soit, je rapporterai une des légendes les plus complètes que j’aie pu recueillir sur leur compte.

3.

Un gentilhombre del Berry, llamado Jean de la Selle, vivía el siglo pasado en su castillo situado al fondo de los bosques de Villemort. La zona, triste y salvaje, se alegra un poco en la linde con los bosques, allí donde el terreno seco, plano y cubierto de robles, se inclina hacia praderas que humedecen una serie de pequeños lagos hoy mal cuidados.

Un gentilhomme du Berry, nommé Jean de La Selle, vivait, au siècle dernier, dans un castel situé au fond des bois de Villemort. Le pays, triste et sauvage, s’égaye un peu à la lisière des forêts, là où le terrain sec, plat et planté de chênes, s’abaisse vers des prairies que noient une suite de petits étangs assez mal entretenus aujourd’hui.

4.

Ya en el tiempo del que hablamos, las aguas empapaban los prados del señor de la Selle, dado que el buen gentilhombre no poseía suficiente fortuna como para hacer sanear sus tierras. Poseía una gran extensión, pero de escasa calidad y de pequeño rendimiento.

Déjà, au temps dont nous parlons, les eaux séjournaient dans les prés de M. de La Selle, le bon gentilhomme n’ayant pas grand bien pour faire assainir ses terres. Il en avait une assez grande étendue, mais de chétive qualité et de petit rapport.

5.

Sin embargo, él vivía contento gracias a sus gustos modestos y a su carácter tranquilo y jovial. Los campesinos de sus tierras y de los alrededores lo tenían por un hombre de bondad extraordinaria y de rara delicadeza. Decían de él, que antes de perjudicar lo más mínimo a un vecino, fuera quien fuese, se dejaría quitar la camisa del cuerpo y su caballo de entre las piernas.

Néanmoins, il vivait content, grâce à des goûts modestes et à un caractère sage et enjoué. Ses voisins le recherchaient pour sa bonne humeur, son grand sens et sa patience à la chasse. Les paysans de son domaine et des environs le tenaient pour un homme d’une bonté extraordinaire et d’une rare délicatesse. On disait de lui que plutôt que de faire tort d’un fétu à un voisin, quel qu’il fût, il se laisserait prendre sa chemise sur le corps et son cheval entre les jambes.

6.

Y sucedió que, una tarde, el señor de la Selle, después de haber estado en la feria de La Berthenoux para vender un par de bueyes, regresaba por la linde del bosque, acompañado por su aparcero, el alto Luneau, que era un hombre listo y entendido, y llevando sobre la grupa flaca de su yegua gris la suma de seiscientas libras en grandes escudos con la efigie de Luis XIV. Era el importe de los animales vendidos.

Or, il advint qu’un soir, M. de La Selle ayant été à la foire de la Berthenoux pour vendre une paire de bœufs, revenait par la lisière du bois, escorté par son métayer, le grand Luneau, qui était un homme fin et entendu, et portant, sur la croupe maigre de sa jument grise, la somme de six cents livres en grands écus plats à l’effigie de Louis XIV. C’était le prix des bestiaux vendus.

7.

Como buen rústico que era, el señor de la Selle había comido bajo los árboles y como no le agradaba beber solo, había hecho sentarse junto a él a Luneau y le había servido vino del país como a él mismo con el fin de hacerle sentirse cómodo dándole ejemplo. Hasta tal punto que el vino, el calor, el cansancio de la jornada y sobre todo, el trote cadencioso de la yegua, habían dormido al señor de la Selle y llegó a su casa sin saber demasiado el tiempo que había empleado ni el camino que había seguido. Era Luneau el que lo conducía y Luneau lo había conducido bien puesto que llegaban sanos y salvos; sus caballos no tenían ni un pelo mojado. El señor de la Selle no se encontraba borracho. Nunca en su vida lo habían visto perder el sentido. Por lo que, una vez que se quitó las botas, le dijo a su sirviente que llevara la bolsa a su habitación; luego estuvo charlando muy razonablemente con Luneau, le dio las buenas noches y se marchó a dormir sin más demora. Pero, al día siguiente, cuando abrió la bolsa para coger el dinero, sólo encontró gruesos guijarros, y después de inútiles investigaciones, se vio obligado a reconocer que le habían robado.

En bon seigneur de campagne qu’il était, M. de La Selle avait dîné sous la ramée, et comme il n’aimait point à boire seul, il avait fait asseoir devant lui le grand Luneau et lui avait versé le vin de crû sans s’épargner lui-même, afin de le mettre à l’aise en lui donnant l’exemple. Si bien que le vin, la chaleur et la fatigue de la journée et, par-dessus tout cela, le trot cadencé de la grise avaient endormi M. de La Selle, et qu’il arriva chez lui sans trop savoir le temps qu’il avait marché ni le chemin qu’il avait suivi. C’était l’affaire de Luneau de le conduire, et Luneau l’avait bien conduit, car ils arrivaient sains et saufs ; leurs chevaux n’avaient pas un poil mouillé. Ivre, M. de La Selle ne l’était point. De sa vie, on ne l’avait vu hors de sens. Aussi dès qu’il se fut débotté, il dit à son valet de porter sa valise dans sa chambre, puis il s’entretint fort raisonnablement avec le grand Luneau, lui donna le bonsoir et s’alla coucher sans chercher son lit. Mais le lendemain, lorsqu’il ouvrit sa valise pour y prendre son argent, il n’y trouva que de gros cailloux et, après de vaines recherches, force lui fut de constater qu’il avait été volé. 

8.

Luneau, llamado y consultado, juró por su óleo y su bautismo, que había visto el dinero bien contado en la bolsa, que él mismo había cargado y atado sobre la grupa de la yegua. Juró igualmente por su fe y su ley que no se había separado de su señor ni la anchura de un caballo mientras recorrieron la carretera general. Pero confesó que, una vez entrado en el bosque, se había sentido un poco pesado y que podía haberse dormido sobre su montura por un espacio de un cuarto de hora aproximadamente. Se había visto de repente junto a la «Gâgne-aux-demoiselles» y a partir de ese momento no había dormido más ni había encontrado a ningún cristiano.

Le grand Luneau, appelé et consulté, jura sur son chrême et son baptême, qu’il avait vu l’argent bien compté dans la valise, laquelle il avait chargée et attachée lui-même sur la croupe de la jument. Il jura aussi sur sa foi et sa loi, qu’il n’avait pas quitté son maître de l’épaisseur d’un cheval, tant qu’ils avaient suivi la grand’route. Mais il confessa qu’une fois entré dans le bois, il s’était senti un peu lourd, et qu’il avait pu dormir sur sa bête environ l’espace d’un quart d’heure. Il s’était vu tout d’un coup auprès de la Gâgne-auxDemoiselles et, depuis ce moment, il n’avait plus dormi et n’avait pas rencontré figure de chrétiens. 

9.

-Bueno, -dijo el señor de la Selle- algún ladrón se habrá burlado de nosotros. Es más mi culpa que la tuya, mi pobre Luneau, y lo más prudente es no darle más vueltas. La pérdida es sólo para mí puesto que tú no llevas parte en la venta del ganado. Sabré cómo arreglármelas aunque la cosa me fastidia un poco. Eso me enseñará a no quedarme dormido mientras voy a caballo.

– Allons, dit M. de La Selle, quelque voleur se sera moqué de nous. C’est ma faute encore plus que la tienne, mon pauvre Luneau, et le plus sage est de ne point se vanter. Le dommage n’est que pour moi, puisque tu ne partages point dans la vente du bétail. J’en saurai prendre mon parti, encore que la chose me gêne un peu. Cela m’apprendra à ne plus m’endormir à cheval.

10.

Luneau quiso en vano hacerle sospechar de algunos cazadores furtivos menesterosos del lugar.

Luneau voulut en vain porter ses soupçons sur quelques braconniers besogneux de l’endroit. 

11.

-No, no -respondió el noble rústico- no quiero acusar a nadie. Todas las personas de la vecindad son personas decentes. No hablemos más de ello. Tengo lo que me merezco.

– Non pas, non pas, répondit le brave hobereau ; je ne veux accuser personne. Tous les gens du voisinage sont d’honnêtes gens. N’en parlons plus. J’ai ce que je mérite.

12.

-Pero tal vez me deteste un poco, señor…

– Mais peut-être bien que vous m’en voulez un peu, notre maître...

13.

-¿Por haberte quedado dormido? No, amigo mío; si te hubiera confiado la bolsa estoy seguro de que te habrías mantenido despierto. Sólo me culpo a mí mismo y, ¡caray! no tengo intención de castigarme demasiado. Es suficiente con haber perdido el dinero, ¡salvemos al menos el buen humor y el apetito!

– Pour avoir dormi ? Non, mon ami ; si je t’eusses confié la valise, je suis sûr que tu te serais tenu éveillé. Je ne m’en prends qu’à moi, et ma foi, je ne compte pas m’en punir par trop de chagrin. C’est assez d’avoir perdu l’argent, sauvons la bonne humeur et l’appétit.

14.

-Sin embargo, si me hiciera usted caso, señor, mandaría buscar en la «Gâgne-aux-demoiselles».

– Si vous m’en croyez, pourtant, notre maître, vous feriez fouiller la Gâgne-aux-Demoiselles.

15.

-La «Gâgne-aux-demoiselles» es una fosa cubierta de hierba que tiene por lo menos medio cuarto de legua de longitud; remover todo ese fango exigiría gran esfuerzo y además ¿qué encontraríamos en ella? ¡El ladrón no habrá sido tan tonto como para sembrar allí mis escudos!

– La Gâgne-aux-Demoiselles est une fosse herbue qui a bien un demi-quart de lieue de long ; ce ne serait pas une petite affaire de remuer toute cette vase, et d’ailleurs qu’y trouverait-on ? Mon voleur n’aura pas été si sot que d’y semer mes écus !

16.

-Usted dirá lo que quiera, patrón, pero el ladrón no es tal vez como usted imagina.

– Vous direz ce que vous voudrez, notre maître, mais le voleur n’est peut-être pas fait comme vous penser !

17.

-¡Ah! ¡ah!, mi buen Luneau, ¿tú también crees que las señoritas son espíritus malévolos que disfrutan jugando malas pasadas?

– Ah ! Ah ! mon grand Luneau, toi aussi tu crois que les demoiselles sont des esprits malins qui se plaisent à jouer de mauvais tours !

18.

-No sé nada, patrón, pero lo que sí sé muy bien es que estando allí una mañana antes del amanecer con mi padre, las vimos como lo estoy viendo a usted; y que cuando regresamos a casa asustados, no llevábamos sombrero ni gorro en la cabeza, ni zapatos en los pies, ni navajas en los bolsillos. ¡Son muy astutas! Dan la impresión de marcharse pero, sin tocarte, te hacen perder todo lo que pueden y se aprovechan, pues no se le vuelve a encontrar. Si estuviera en su lugar mandaría que desecaran ese pantano. Su prado valdría más y las señoritas se marcharían de ahí, pues todo hombre con sentido común sabe que no les gusta lo seco y que van de una charca a otra, de un estanque a otro, a medida que se les quita la bruma de la que se alimentan.

– Je n’en sais rien, notre maître, mais je sais bien qu’étant là un matin, devant jour, avec mon père, nous les vîmes comme je vous vois ; mêmement que, rentrant à la maison bien épeurés, nous n’avions plus ni chapeaux, ni bonnets sur nos têtes, ni chaussures à nos pieds, ni couteaux dans nos poches. Elles sont malignes, allez ! Elles ont l’air de se sauver, mais, sans vous toucher, elles vous font perdre tout ce qu’elles peuvent et en profitent, car on ne le retrouve jamais. Si j’étais de vous, je ferais assécher tout ce marécage. Votre pré en vaudra mieux et les demoiselles auraient bientôt délogé ; car il est à la connaissance de tout homme de bon sens qu’elles n’aiment point le sec et qu’elles s’envolent de mare en mare et d’étang en étang, à mesure qu’on leur ôte le brouillard dont elles se nourrissent.

19.

-Amigo Luneau, -respondió el señor de la Selle- secar el pantano sería, sin duda, algo beneficioso para el prado. Pero, además de que se necesitarían las seiscientas libras que he perdido, me lo pensaría dos veces antes de desalojar a las señoritas. Y no es que crea en ellas precisamente, pues no las he visto nunca, lo mismo que no creo en ningún otro trasgo de la misma especie; pero mi padre sí creía un poco, y mi abuela mucho. Cuando se hablaba de ellas mi padre decía: «Dejad tranquilas a las señoritas, no le han hecho daño nunca ni a mí ni a nadie», y mi abuela: «No atormentéis ni conjuréis jamás a las señoritas; su presencia es un bien en una propiedad y su protección trae buena suerte a una familia».

– Mon ami Luneau, répondit M. de La Selle, dessécher le marécage serait, à coup sûr, une bonne affaire pour le pré. Mais, outre qu’il y faudrait les six cents livres que j’ai perdues, j’y regarderais encore à deux fois avant de déloger les demoiselles. Ce n’est pas que j’y croie précisément, ne les ayant jamais vues, non plus qu’aucun autre farfadet de même étoffe; mais mon père y croyait un peu, et ma grand-mère y croyait tout à fait. Quand on en parlait, mon père disait : « Laissez les demoiselles tranquilles ; elles n’ont jamais fait de mal à moi ni à personne. » Et ma grand-mère disait : « Ne tourmentez et ne conjurez jamais les demoiselles ; leur présence est un bien dans une terre, et leur protection est un porte-bonheur pour une famille. »

20.

-Sí, pero no lo han protegido de los ladrones -respondió Luneau moviendo la cabeza.

– Pas moins, reprit le grand Luneau en hochant la tête, elles ne vous ont point garé des voleurs !

21.

Unos diez años después de esta aventura, el señor de la Selle regresaba de la misma feria de La Berthenoux, trayendo sobre la misma yegua gris, ya bastante vieja pero trotando sin rechistar, una suma equivalente a la que le habían robado de forma tan singular. En esta ocasión iba solo, pues Luneau había fallecido unos meses atrás, y nuestro gentilhombre no dormía cuando iba a caballo, habiendo abjurado y definitivamente perdido esa nefasta costumbre.

Environ dix ans après cette aventure, M. de La Selle revenait de la même foire de la Berthenoux, rapportant sur la même jument grise, devenue bien vieille, mais trottant encore sans broncher, une somme équivalente à celle qui lui avait été si singulièrement dérobée. Cette fois, il était seul, le grand Luneau étant mort depuis quelques mois ; et notre gentilhomme ne dormait pas à cheval, ayant abjuré et définitivement perdu cette fâcheuse habitude.

22.

Cuando se encontró en la linde del bosque, a lo largo de la «Gâgne-aux-demoiselles», que está situada en la parte baja de un talud bastante elevado cubierto de matorral, de viejos árboles y de grandes hierbas silvestres, el señor de la Selle se entristeció al recordar a su pobre aparcero, que le hacía mucha falta, aunque su hijo Jacques, alto y delgado como él, como él despierto y prudente, hiciera todo lo posible por reemplazarlo. Pero no se reemplaza a los viejos amigos, y el señor de la Selle se iba haciendo viejo también. Tuvo ideas muy tristes, pero su buena conciencia las disipó pronto, y se puso a silbar una melodía de caza diciéndose que en su vida y en su muerte sería lo que Dios quisiera.

Lorsqu’il fut à la lisière du bois, le long de la Gâgne-aux-Demoiselles, qui est située au bas d’un talus assez élevé et tout couvert de buissons, de vieux arbres et de grandes herbes sauvages, M. de La Selle fut pris de tristesse en se rappelant son pauvre métayer, qui lui faisait bien faute, quoique son fils Jacques, grand et mince comme lui, comme lui fin et avisé, parût faire son possible pour le remplacer. Mais on ne remplace pas les vieux amis, et M. de La Selle se faisait vieux lui-même. Il eut des idées noires ; mais sa bonne conscience les eut bientôt dissipées, et il se mit à siffler un air de chasse, en se disant que, de sa vie et de sa mort, il en serait ce que Dieu voudrait.

23.

Cuando estaba más o menos a la mitad de la longitud del pantano, se quedó muy sorprendido al ver una forma blanca que hasta entonces había tomado por una vedija de esos vapores que cubren las aguas estancadas, cambiar de lugar, luego saltar y volar deshaciéndose entre las ramas. Una segunda forma más sólida salió de entre los juncos y siguió a la primera alargándose como un paño flotante; luego una tercera, y otra, y otra más; y, a medida que pasaban por delante del señor de la Selle, se transformaban en mujeres enormes, vestidas con ropajes largos, pálidas, con cabellos canosos arrastrándose más que revoloteando tras ellas, hasta el punto de que no pudo quitarse de la cabeza que eran los fantasmas de los que le habían hablado en su infancia. Entonces, olvidando lo que su abuela le había recomendado que hiciera, hacer como que no las veía, se puso a saludarlas como hombre bien educado que era. Las saludó a todas y, cuando llegó a la séptima, que era la más alta y más visible, no pudo reprimir decirle:

Comme il était à peu près au milieu de la longueur du marécage, il fut surpris de voir une forme blanche, que jusque-là il avait prise pour un flocon de ces vapeurs dont se couvrent les eaux dormantes, changer de place, puis bondir et s’envoler en se déchirant à travers les branches. Une seconde forme plus solide sortit des joncs et suivit la première en s’allongeant comme une toile flottante ; puis une troisième, puis une autre et encore une autre ; et, à mesure qu’elles passaient devant Monsieur de La Selle, elles devenaient si visiblement des personnages énormes, vêtus de longues jupes, pâles, avec des cheveux blanchâtres traînant plutôt que voltigeant derrière elles, qu’il ne put s’ôter de l’esprit que c’étaient là les fantômes dont on lui avait parlé dans son enfance. Alors, oubliant que sa grandmère lui avait recommandé, s’il les rencontrait jamais, de faire comme s’il ne les voyait pas, il se mit à les saluer, en homme bien appris qu’il était. Il les salua toutes, et quand ce vint à la septième, qui était la plus grande et la plus apparente, il ne put s’empêcher de lui dire : 

24.

-Señorita, soy su servidor.

 Demoiselle, je suis votre serviteur.

25.

Apenas pronunció esta frase, la vieja señorita se encontró sentada a la grupa detrás de él, abrazándolo con sus dos brazos fríos, como la aurora, y la vieja yegua, aterrorizada, emprendió el galope, llevando al señor de la Selle por medio del pantano.

Il n’eut pas plutôt lâché cette parole, que la grande demoiselle se trouva en croupe derrière lui, l’enlaçant de deux bras froids comme l’aube, et que la vieille grise, épouvantée, prit le galop, emportant M. de La Selle à travers le marécage.

26.

Aunque muy sorprendido, el buen gentilhombre no perdió la cabeza. -Por el alma de mi padre -pensó- yo no he hecho jamás mal a nadie y ningún espíritu puede hacérmelo a mí. Sujetó su montura y la obligó a librarse del barro en el que se debatía, mientras que la señorita parecía intentar retenerla allí y hundirla en el fango.

Bien que fort surpris, le bon gentilhomme ne perdit point la tête. « Par l’âme de mon père, pensa-t-il, je n’ai jamais fait de mal, et nul esprit ne peut m’en faire. » Il soutint sa monture et la força de se dépêtrer de la boue où elle se débattait, tandis que la grand’demoiselle paraissait essayer de la retenir et de l’envaser. 

27.

El señor de la Selle llevaba escopetas en su silla de montar, y se le ocurrió utilizarlas; pero, considerando que tenía que vérselas con un ser sobrenatural, y recordando que sus padres le habían recomendado que no ofendiera nunca a las señoritas de agua, se contentó con decirle a ésta con suavidad: "Bella dama, debería dejarme seguir mi camino, pues yo no he cruzado el suyo para contrariarla, y si la he saludado, no es por burla, sino por cortesía. Si desea oraciones o misas, hágame saber su deseo y, palabra de gentilhombre, que las tendrá".

M. de La Selle avait des pistolets dans ses fontes, et l’idée lui vint de s’en servir ; mais, jugeant qu’il avait affaire à un être surnaturel et se rappelant d’ailleurs que ses parents lui avaient recommandé de ne point offenser les demoiselles de l’eau, il se contenta de dire avec douceur à celle-ci : « Vraiment, belle dame, vous devriez me laisser passer mon chemin, car je n’ai point traversé le vôtre pour vous contrarier, et si je vous ai saluée, c’est par politesse et non par dérision. Si vous souhaitez des prières ou des messes, faites connaître votre désir, et, foi de gentilhomme, vous en aurez ! »

28.

Entonces, el señor de la Selle oyó por encima de su cabeza una voz extraña que decía:

Alors, M. de La Selle entendit au-dessus de sa tête une voix étrange qui disait : 

29.

-Manda decir tres misas por el alma de Luneau, y vete en paz.

– Fais dire trois messes pour l’âme du grand Luneau et va en paix !

30.

Al instante la figura del fantasma se desvaneció, la yegua volvió a ser dócil y el señor de la Selle regresó a su casa sin más problemas.

Aussitôt la figure du fantôme s’évanouit, la grise redevint docile et M. de La Selle rentra chez lui sans obstacle. 

31.

Pensó que había tenido una visión, pero no por ello dejó de encargar las tres misas. Mas ¡cuál no sería su sorpresa cuando, al abrir la bolsa, encontró además del dinero que había recibido en la feria en esta ocasión, las seiscientas libras en escudos con la efigie del rey de hacía diez años!

Il pensa alors qu’il avait eu une vision ; il n’en commanda pas moins les trois messes. Mais quelle fut sa surprise lorsqu’en ouvrant sa valise, il y trouva, outre l’argent qu’il avait reçu à la foire, les six cents livres tournois en écus plats, à l’effigie du feu roi.

32.

Alguien dijo que Luneau, arrepintiéndose a la hora de su muerte, había encargado a su hijo de esta restitución, y que éste, para no manchar la reputación de su padre, se lo había encargado a las señoritas…. El señor de la Selle no permitió jamás una palabra contra la honradez del difunto y cuando se hablaba de estas cosas sin respeto en su presencia, acostumbraba a decir:

On voulut bien dire que le grand Luneau, repentant à l’heure de la mort, avait chargé son fils Jacques de cette restitution, et que celui-ci, pour ne pas entacher la mémoire de son père, en avait chargé les demoiselles... M. de La Selle ne permit jamais un mot contre la probité du défunt, et quand on parlait de ces choses sans respect en sa présence, il avait coutume de dire : 

33.

-El hombre no puede explicarlo todo. Tal vez sea mejor para él vivir sin reproche que sin creencias.

–  L’homme ne peut pas tout expliquer. Peut-être vaut-il mieux pour ici être sans reproche que sans croyance. 

00:00 18:48

Tamaño de Fuente
Tipografía
Alineación

Velocidad de Reproducción
Reproducir siguiente automáticamente
Alineación
Cambiar Idioma
Modo Noche
Volumen
Compartir
Favorito

16593

5850

8439

George Sand

Autor.aspx?id=414

Las Señoritas / Les Demoiselles

TextosParalelosVersion.aspx?id=3598&idB=4537

1.

Les demoiselles o señoritas del Berry nos parecen primas de las milloraines normandas que el autor de La Normandie merveilleuse describe como seres de estatura gigantesca. Se mantienen inmóviles y su forma, poco definida, no permite reconocer ni sus miembros ni su rostro. Cuando alguien se acerca a ellas, huyen dando una serie de saltos irregulares muy rápidos.

Les Demoiselles du Berry nous paraissent cousines des Milloraines de Normandie, que l’auteur de la Normandie merveilleuse décrit comme des êtres d’une taille gigantesque. Elles se tiennent immobiles et leur forme, trop peu distincte, ne laisse reconnaître ni leurs membres ni leur visage. Lorsqu’on s’approche, elles prennent la fuite par une succession de bonds irréguliers très rapides.

2.

Las señoritas o damas blancas son de todos los países. No creo que sean de origen galo, sino más bien de la Francia de la Edad Media. Sea como fuere, contaré una de las leyendas más completas que he podido recoger a propósito de ellas.

Les demoiselles ou filles blanches sont de tous les pays. Je ne les crois pas d’origine gauloise, mais plutôt française du moyen-âge. Quoi qu’il en soit, je rapporterai une des légendes les plus complètes que j’aie pu recueillir sur leur compte.

3.

Un gentilhombre del Berry, llamado Jean de la Selle, vivía el siglo pasado en su castillo situado al fondo de los bosques de Villemort. La zona, triste y salvaje, se alegra un poco en la linde con los bosques, allí donde el terreno seco, plano y cubierto de robles, se inclina hacia praderas que humedecen una serie de pequeños lagos hoy mal cuidados.

Un gentilhomme du Berry, nommé Jean de La Selle, vivait, au siècle dernier, dans un castel situé au fond des bois de Villemort. Le pays, triste et sauvage, s’égaye un peu à la lisière des forêts, là où le terrain sec, plat et planté de chênes, s’abaisse vers des prairies que noient une suite de petits étangs assez mal entretenus aujourd’hui.

4.

Ya en el tiempo del que hablamos, las aguas empapaban los prados del señor de la Selle, dado que el buen gentilhombre no poseía suficiente fortuna como para hacer sanear sus tierras. Poseía una gran extensión, pero de escasa calidad y de pequeño rendimiento.

Déjà, au temps dont nous parlons, les eaux séjournaient dans les prés de M. de La Selle, le bon gentilhomme n’ayant pas grand bien pour faire assainir ses terres. Il en avait une assez grande étendue, mais de chétive qualité et de petit rapport.

5.

Sin embargo, él vivía contento gracias a sus gustos modestos y a su carácter tranquilo y jovial. Los campesinos de sus tierras y de los alrededores lo tenían por un hombre de bondad extraordinaria y de rara delicadeza. Decían de él, que antes de perjudicar lo más mínimo a un vecino, fuera quien fuese, se dejaría quitar la camisa del cuerpo y su caballo de entre las piernas.

Néanmoins, il vivait content, grâce à des goûts modestes et à un caractère sage et enjoué. Ses voisins le recherchaient pour sa bonne humeur, son grand sens et sa patience à la chasse. Les paysans de son domaine et des environs le tenaient pour un homme d’une bonté extraordinaire et d’une rare délicatesse. On disait de lui que plutôt que de faire tort d’un fétu à un voisin, quel qu’il fût, il se laisserait prendre sa chemise sur le corps et son cheval entre les jambes.

6.

Y sucedió que, una tarde, el señor de la Selle, después de haber estado en la feria de La Berthenoux para vender un par de bueyes, regresaba por la linde del bosque, acompañado por su aparcero, el alto Luneau, que era un hombre listo y entendido, y llevando sobre la grupa flaca de su yegua gris la suma de seiscientas libras en grandes escudos con la efigie de Luis XIV. Era el importe de los animales vendidos.

Or, il advint qu’un soir, M. de La Selle ayant été à la foire de la Berthenoux pour vendre une paire de bœufs, revenait par la lisière du bois, escorté par son métayer, le grand Luneau, qui était un homme fin et entendu, et portant, sur la croupe maigre de sa jument grise, la somme de six cents livres en grands écus plats à l’effigie de Louis XIV. C’était le prix des bestiaux vendus.

7.

Como buen rústico que era, el señor de la Selle había comido bajo los árboles y como no le agradaba beber solo, había hecho sentarse junto a él a Luneau y le había servido vino del país como a él mismo con el fin de hacerle sentirse cómodo dándole ejemplo. Hasta tal punto que el vino, el calor, el cansancio de la jornada y sobre todo, el trote cadencioso de la yegua, habían dormido al señor de la Selle y llegó a su casa sin saber demasiado el tiempo que había empleado ni el camino que había seguido. Era Luneau el que lo conducía y Luneau lo había conducido bien puesto que llegaban sanos y salvos; sus caballos no tenían ni un pelo mojado. El señor de la Selle no se encontraba borracho. Nunca en su vida lo habían visto perder el sentido. Por lo que, una vez que se quitó las botas, le dijo a su sirviente que llevara la bolsa a su habitación; luego estuvo charlando muy razonablemente con Luneau, le dio las buenas noches y se marchó a dormir sin más demora. Pero, al día siguiente, cuando abrió la bolsa para coger el dinero, sólo encontró gruesos guijarros, y después de inútiles investigaciones, se vio obligado a reconocer que le habían robado.

En bon seigneur de campagne qu’il était, M. de La Selle avait dîné sous la ramée, et comme il n’aimait point à boire seul, il avait fait asseoir devant lui le grand Luneau et lui avait versé le vin de crû sans s’épargner lui-même, afin de le mettre à l’aise en lui donnant l’exemple. Si bien que le vin, la chaleur et la fatigue de la journée et, par-dessus tout cela, le trot cadencé de la grise avaient endormi M. de La Selle, et qu’il arriva chez lui sans trop savoir le temps qu’il avait marché ni le chemin qu’il avait suivi. C’était l’affaire de Luneau de le conduire, et Luneau l’avait bien conduit, car ils arrivaient sains et saufs ; leurs chevaux n’avaient pas un poil mouillé. Ivre, M. de La Selle ne l’était point. De sa vie, on ne l’avait vu hors de sens. Aussi dès qu’il se fut débotté, il dit à son valet de porter sa valise dans sa chambre, puis il s’entretint fort raisonnablement avec le grand Luneau, lui donna le bonsoir et s’alla coucher sans chercher son lit. Mais le lendemain, lorsqu’il ouvrit sa valise pour y prendre son argent, il n’y trouva que de gros cailloux et, après de vaines recherches, force lui fut de constater qu’il avait été volé. 

8.

Luneau, llamado y consultado, juró por su óleo y su bautismo, que había visto el dinero bien contado en la bolsa, que él mismo había cargado y atado sobre la grupa de la yegua. Juró igualmente por su fe y su ley que no se había separado de su señor ni la anchura de un caballo mientras recorrieron la carretera general. Pero confesó que, una vez entrado en el bosque, se había sentido un poco pesado y que podía haberse dormido sobre su montura por un espacio de un cuarto de hora aproximadamente. Se había visto de repente junto a la «Gâgne-aux-demoiselles» y a partir de ese momento no había dormido más ni había encontrado a ningún cristiano.

Le grand Luneau, appelé et consulté, jura sur son chrême et son baptême, qu’il avait vu l’argent bien compté dans la valise, laquelle il avait chargée et attachée lui-même sur la croupe de la jument. Il jura aussi sur sa foi et sa loi, qu’il n’avait pas quitté son maître de l’épaisseur d’un cheval, tant qu’ils avaient suivi la grand’route. Mais il confessa qu’une fois entré dans le bois, il s’était senti un peu lourd, et qu’il avait pu dormir sur sa bête environ l’espace d’un quart d’heure. Il s’était vu tout d’un coup auprès de la Gâgne-auxDemoiselles et, depuis ce moment, il n’avait plus dormi et n’avait pas rencontré figure de chrétiens. 

9.

-Bueno, -dijo el señor de la Selle- algún ladrón se habrá burlado de nosotros. Es más mi culpa que la tuya, mi pobre Luneau, y lo más prudente es no darle más vueltas. La pérdida es sólo para mí puesto que tú no llevas parte en la venta del ganado. Sabré cómo arreglármelas aunque la cosa me fastidia un poco. Eso me enseñará a no quedarme dormido mientras voy a caballo.

– Allons, dit M. de La Selle, quelque voleur se sera moqué de nous. C’est ma faute encore plus que la tienne, mon pauvre Luneau, et le plus sage est de ne point se vanter. Le dommage n’est que pour moi, puisque tu ne partages point dans la vente du bétail. J’en saurai prendre mon parti, encore que la chose me gêne un peu. Cela m’apprendra à ne plus m’endormir à cheval.

10.

Luneau quiso en vano hacerle sospechar de algunos cazadores furtivos menesterosos del lugar.

Luneau voulut en vain porter ses soupçons sur quelques braconniers besogneux de l’endroit. 

11.

-No, no -respondió el noble rústico- no quiero acusar a nadie. Todas las personas de la vecindad son personas decentes. No hablemos más de ello. Tengo lo que me merezco.

– Non pas, non pas, répondit le brave hobereau ; je ne veux accuser personne. Tous les gens du voisinage sont d’honnêtes gens. N’en parlons plus. J’ai ce que je mérite.

12.

-Pero tal vez me deteste un poco, señor…

– Mais peut-être bien que vous m’en voulez un peu, notre maître...

13.

-¿Por haberte quedado dormido? No, amigo mío; si te hubiera confiado la bolsa estoy seguro de que te habrías mantenido despierto. Sólo me culpo a mí mismo y, ¡caray! no tengo intención de castigarme demasiado. Es suficiente con haber perdido el dinero, ¡salvemos al menos el buen humor y el apetito!

– Pour avoir dormi ? Non, mon ami ; si je t’eusses confié la valise, je suis sûr que tu te serais tenu éveillé. Je ne m’en prends qu’à moi, et ma foi, je ne compte pas m’en punir par trop de chagrin. C’est assez d’avoir perdu l’argent, sauvons la bonne humeur et l’appétit.

14.

-Sin embargo, si me hiciera usted caso, señor, mandaría buscar en la «Gâgne-aux-demoiselles».

– Si vous m’en croyez, pourtant, notre maître, vous feriez fouiller la Gâgne-aux-Demoiselles.

15.

-La «Gâgne-aux-demoiselles» es una fosa cubierta de hierba que tiene por lo menos medio cuarto de legua de longitud; remover todo ese fango exigiría gran esfuerzo y además ¿qué encontraríamos en ella? ¡El ladrón no habrá sido tan tonto como para sembrar allí mis escudos!

– La Gâgne-aux-Demoiselles est une fosse herbue qui a bien un demi-quart de lieue de long ; ce ne serait pas une petite affaire de remuer toute cette vase, et d’ailleurs qu’y trouverait-on ? Mon voleur n’aura pas été si sot que d’y semer mes écus !

16.

-Usted dirá lo que quiera, patrón, pero el ladrón no es tal vez como usted imagina.

– Vous direz ce que vous voudrez, notre maître, mais le voleur n’est peut-être pas fait comme vous penser !

17.

-¡Ah! ¡ah!, mi buen Luneau, ¿tú también crees que las señoritas son espíritus malévolos que disfrutan jugando malas pasadas?

– Ah ! Ah ! mon grand Luneau, toi aussi tu crois que les demoiselles sont des esprits malins qui se plaisent à jouer de mauvais tours !

18.

-No sé nada, patrón, pero lo que sí sé muy bien es que estando allí una mañana antes del amanecer con mi padre, las vimos como lo estoy viendo a usted; y que cuando regresamos a casa asustados, no llevábamos sombrero ni gorro en la cabeza, ni zapatos en los pies, ni navajas en los bolsillos. ¡Son muy astutas! Dan la impresión de marcharse pero, sin tocarte, te hacen perder todo lo que pueden y se aprovechan, pues no se le vuelve a encontrar. Si estuviera en su lugar mandaría que desecaran ese pantano. Su prado valdría más y las señoritas se marcharían de ahí, pues todo hombre con sentido común sabe que no les gusta lo seco y que van de una charca a otra, de un estanque a otro, a medida que se les quita la bruma de la que se alimentan.

– Je n’en sais rien, notre maître, mais je sais bien qu’étant là un matin, devant jour, avec mon père, nous les vîmes comme je vous vois ; mêmement que, rentrant à la maison bien épeurés, nous n’avions plus ni chapeaux, ni bonnets sur nos têtes, ni chaussures à nos pieds, ni couteaux dans nos poches. Elles sont malignes, allez ! Elles ont l’air de se sauver, mais, sans vous toucher, elles vous font perdre tout ce qu’elles peuvent et en profitent, car on ne le retrouve jamais. Si j’étais de vous, je ferais assécher tout ce marécage. Votre pré en vaudra mieux et les demoiselles auraient bientôt délogé ; car il est à la connaissance de tout homme de bon sens qu’elles n’aiment point le sec et qu’elles s’envolent de mare en mare et d’étang en étang, à mesure qu’on leur ôte le brouillard dont elles se nourrissent.

19.

-Amigo Luneau, -respondió el señor de la Selle- secar el pantano sería, sin duda, algo beneficioso para el prado. Pero, además de que se necesitarían las seiscientas libras que he perdido, me lo pensaría dos veces antes de desalojar a las señoritas. Y no es que crea en ellas precisamente, pues no las he visto nunca, lo mismo que no creo en ningún otro trasgo de la misma especie; pero mi padre sí creía un poco, y mi abuela mucho. Cuando se hablaba de ellas mi padre decía: «Dejad tranquilas a las señoritas, no le han hecho daño nunca ni a mí ni a nadie», y mi abuela: «No atormentéis ni conjuréis jamás a las señoritas; su presencia es un bien en una propiedad y su protección trae buena suerte a una familia».

– Mon ami Luneau, répondit M. de La Selle, dessécher le marécage serait, à coup sûr, une bonne affaire pour le pré. Mais, outre qu’il y faudrait les six cents livres que j’ai perdues, j’y regarderais encore à deux fois avant de déloger les demoiselles. Ce n’est pas que j’y croie précisément, ne les ayant jamais vues, non plus qu’aucun autre farfadet de même étoffe; mais mon père y croyait un peu, et ma grand-mère y croyait tout à fait. Quand on en parlait, mon père disait : « Laissez les demoiselles tranquilles ; elles n’ont jamais fait de mal à moi ni à personne. » Et ma grand-mère disait : « Ne tourmentez et ne conjurez jamais les demoiselles ; leur présence est un bien dans une terre, et leur protection est un porte-bonheur pour une famille. »

20.

-Sí, pero no lo han protegido de los ladrones -respondió Luneau moviendo la cabeza.

– Pas moins, reprit le grand Luneau en hochant la tête, elles ne vous ont point garé des voleurs !

21.

Unos diez años después de esta aventura, el señor de la Selle regresaba de la misma feria de La Berthenoux, trayendo sobre la misma yegua gris, ya bastante vieja pero trotando sin rechistar, una suma equivalente a la que le habían robado de forma tan singular. En esta ocasión iba solo, pues Luneau había fallecido unos meses atrás, y nuestro gentilhombre no dormía cuando iba a caballo, habiendo abjurado y definitivamente perdido esa nefasta costumbre.

Environ dix ans après cette aventure, M. de La Selle revenait de la même foire de la Berthenoux, rapportant sur la même jument grise, devenue bien vieille, mais trottant encore sans broncher, une somme équivalente à celle qui lui avait été si singulièrement dérobée. Cette fois, il était seul, le grand Luneau étant mort depuis quelques mois ; et notre gentilhomme ne dormait pas à cheval, ayant abjuré et définitivement perdu cette fâcheuse habitude.

22.

Cuando se encontró en la linde del bosque, a lo largo de la «Gâgne-aux-demoiselles», que está situada en la parte baja de un talud bastante elevado cubierto de matorral, de viejos árboles y de grandes hierbas silvestres, el señor de la Selle se entristeció al recordar a su pobre aparcero, que le hacía mucha falta, aunque su hijo Jacques, alto y delgado como él, como él despierto y prudente, hiciera todo lo posible por reemplazarlo. Pero no se reemplaza a los viejos amigos, y el señor de la Selle se iba haciendo viejo también. Tuvo ideas muy tristes, pero su buena conciencia las disipó pronto, y se puso a silbar una melodía de caza diciéndose que en su vida y en su muerte sería lo que Dios quisiera.

Lorsqu’il fut à la lisière du bois, le long de la Gâgne-aux-Demoiselles, qui est située au bas d’un talus assez élevé et tout couvert de buissons, de vieux arbres et de grandes herbes sauvages, M. de La Selle fut pris de tristesse en se rappelant son pauvre métayer, qui lui faisait bien faute, quoique son fils Jacques, grand et mince comme lui, comme lui fin et avisé, parût faire son possible pour le remplacer. Mais on ne remplace pas les vieux amis, et M. de La Selle se faisait vieux lui-même. Il eut des idées noires ; mais sa bonne conscience les eut bientôt dissipées, et il se mit à siffler un air de chasse, en se disant que, de sa vie et de sa mort, il en serait ce que Dieu voudrait.

23.

Cuando estaba más o menos a la mitad de la longitud del pantano, se quedó muy sorprendido al ver una forma blanca que hasta entonces había tomado por una vedija de esos vapores que cubren las aguas estancadas, cambiar de lugar, luego saltar y volar deshaciéndose entre las ramas. Una segunda forma más sólida salió de entre los juncos y siguió a la primera alargándose como un paño flotante; luego una tercera, y otra, y otra más; y, a medida que pasaban por delante del señor de la Selle, se transformaban en mujeres enormes, vestidas con ropajes largos, pálidas, con cabellos canosos arrastrándose más que revoloteando tras ellas, hasta el punto de que no pudo quitarse de la cabeza que eran los fantasmas de los que le habían hablado en su infancia. Entonces, olvidando lo que su abuela le había recomendado que hiciera, hacer como que no las veía, se puso a saludarlas como hombre bien educado que era. Las saludó a todas y, cuando llegó a la séptima, que era la más alta y más visible, no pudo reprimir decirle:

Comme il était à peu près au milieu de la longueur du marécage, il fut surpris de voir une forme blanche, que jusque-là il avait prise pour un flocon de ces vapeurs dont se couvrent les eaux dormantes, changer de place, puis bondir et s’envoler en se déchirant à travers les branches. Une seconde forme plus solide sortit des joncs et suivit la première en s’allongeant comme une toile flottante ; puis une troisième, puis une autre et encore une autre ; et, à mesure qu’elles passaient devant Monsieur de La Selle, elles devenaient si visiblement des personnages énormes, vêtus de longues jupes, pâles, avec des cheveux blanchâtres traînant plutôt que voltigeant derrière elles, qu’il ne put s’ôter de l’esprit que c’étaient là les fantômes dont on lui avait parlé dans son enfance. Alors, oubliant que sa grandmère lui avait recommandé, s’il les rencontrait jamais, de faire comme s’il ne les voyait pas, il se mit à les saluer, en homme bien appris qu’il était. Il les salua toutes, et quand ce vint à la septième, qui était la plus grande et la plus apparente, il ne put s’empêcher de lui dire : 

24.

-Señorita, soy su servidor.

 Demoiselle, je suis votre serviteur.

25.

Apenas pronunció esta frase, la vieja señorita se encontró sentada a la grupa detrás de él, abrazándolo con sus dos brazos fríos, como la aurora, y la vieja yegua, aterrorizada, emprendió el galope, llevando al señor de la Selle por medio del pantano.

Il n’eut pas plutôt lâché cette parole, que la grande demoiselle se trouva en croupe derrière lui, l’enlaçant de deux bras froids comme l’aube, et que la vieille grise, épouvantée, prit le galop, emportant M. de La Selle à travers le marécage.

26.

Aunque muy sorprendido, el buen gentilhombre no perdió la cabeza. -Por el alma de mi padre -pensó- yo no he hecho jamás mal a nadie y ningún espíritu puede hacérmelo a mí. Sujetó su montura y la obligó a librarse del barro en el que se debatía, mientras que la señorita parecía intentar retenerla allí y hundirla en el fango.

Bien que fort surpris, le bon gentilhomme ne perdit point la tête. « Par l’âme de mon père, pensa-t-il, je n’ai jamais fait de mal, et nul esprit ne peut m’en faire. » Il soutint sa monture et la força de se dépêtrer de la boue où elle se débattait, tandis que la grand’demoiselle paraissait essayer de la retenir et de l’envaser. 

27.

El señor de la Selle llevaba escopetas en su silla de montar, y se le ocurrió utilizarlas; pero, considerando que tenía que vérselas con un ser sobrenatural, y recordando que sus padres le habían recomendado que no ofendiera nunca a las señoritas de agua, se contentó con decirle a ésta con suavidad: "Bella dama, debería dejarme seguir mi camino, pues yo no he cruzado el suyo para contrariarla, y si la he saludado, no es por burla, sino por cortesía. Si desea oraciones o misas, hágame saber su deseo y, palabra de gentilhombre, que las tendrá".

M. de La Selle avait des pistolets dans ses fontes, et l’idée lui vint de s’en servir ; mais, jugeant qu’il avait affaire à un être surnaturel et se rappelant d’ailleurs que ses parents lui avaient recommandé de ne point offenser les demoiselles de l’eau, il se contenta de dire avec douceur à celle-ci : « Vraiment, belle dame, vous devriez me laisser passer mon chemin, car je n’ai point traversé le vôtre pour vous contrarier, et si je vous ai saluée, c’est par politesse et non par dérision. Si vous souhaitez des prières ou des messes, faites connaître votre désir, et, foi de gentilhomme, vous en aurez ! »

28.

Entonces, el señor de la Selle oyó por encima de su cabeza una voz extraña que decía:

Alors, M. de La Selle entendit au-dessus de sa tête une voix étrange qui disait : 

29.

-Manda decir tres misas por el alma de Luneau, y vete en paz.

– Fais dire trois messes pour l’âme du grand Luneau et va en paix !

30.

Al instante la figura del fantasma se desvaneció, la yegua volvió a ser dócil y el señor de la Selle regresó a su casa sin más problemas.

Aussitôt la figure du fantôme s’évanouit, la grise redevint docile et M. de La Selle rentra chez lui sans obstacle. 

31.

Pensó que había tenido una visión, pero no por ello dejó de encargar las tres misas. Mas ¡cuál no sería su sorpresa cuando, al abrir la bolsa, encontró además del dinero que había recibido en la feria en esta ocasión, las seiscientas libras en escudos con la efigie del rey de hacía diez años!

Il pensa alors qu’il avait eu une vision ; il n’en commanda pas moins les trois messes. Mais quelle fut sa surprise lorsqu’en ouvrant sa valise, il y trouva, outre l’argent qu’il avait reçu à la foire, les six cents livres tournois en écus plats, à l’effigie du feu roi.

32.

Alguien dijo que Luneau, arrepintiéndose a la hora de su muerte, había encargado a su hijo de esta restitución, y que éste, para no manchar la reputación de su padre, se lo había encargado a las señoritas…. El señor de la Selle no permitió jamás una palabra contra la honradez del difunto y cuando se hablaba de estas cosas sin respeto en su presencia, acostumbraba a decir:

On voulut bien dire que le grand Luneau, repentant à l’heure de la mort, avait chargé son fils Jacques de cette restitution, et que celui-ci, pour ne pas entacher la mémoire de son père, en avait chargé les demoiselles... M. de La Selle ne permit jamais un mot contre la probité du défunt, et quand on parlait de ces choses sans respect en sa présence, il avait coutume de dire : 

33.

-El hombre no puede explicarlo todo. Tal vez sea mejor para él vivir sin reproche que sin creencias.

–  L’homme ne peut pas tout expliquer. Peut-être vaut-il mieux pour ici être sans reproche que sans croyance. 

Audio.aspx?id=5850&c=3359510D369FCF3266F6CFD873404CC8BFCEBBEC

1128

18 minutos 48 segundos

0

0

ESP / FRA

Esta página web usa cookies

Utilizamos cookies propias y de terceros para gestionar el sitio web, recabar información sobre la utilización del mismo y mejorar nuestros servicios. Más información.