Las cerezas / Les cerises - Alfred de Musset
1.

Un día, mientras Jesús y San Pedro caminaban por el mundo, se sintieron muy cansados. Hacía un calor terrible, pero a lo largo del trayecto no encontraron ni a un alma caritativa que les ofreciera un vaso de agua, ni algún pequeño riachuelo que les procurara un hilillo de agua. Iban caminando algo desanimados cuando Jesús, que iba delante, vio en el suelo una herradura; se volvió a su discípulo y le dijo:

Un jour, tandis que Jésus et Saint Pierre cheminaient de par le monde, ils se sentirent bien fatigués. Il faisait une chaleur terrible mais en cours de route ils ne trouvèrent pas la moindre âme charitable pour leur donner un verre d'eau, pas le plus petit ruisseau pour leur procurer un filet d'eau. Cheminant cahin-caha, Jésus, qui marchait devant, vit sur le sol un fer à cheval il se retourna vers son disciple et lui dit

2.

-Pedro, recoge esa herradura y guárdala.

- Pierre, ramasse ce fer à cheval et garde-le.

3.

Pero San Pedro, que tenía un humor de perros, le respondió:

Mais Saint Pierre, qui était d'une humeur de chien, lui répondit

4.

-Ese trozo de hierro no merece el esfuerzo de bajarse a recogerlo. Dejémoslo ahí, Señor.

- Ce morceau de fer ne vaut pas la peine de se baisser. Laissons-le là, Seigneur.

5.

Como de costumbre, Jesús no hizo ningún comentario; se contentó con inclinarse, recoger la herradura e introducirla en su bolsillo. Y se pusieron de nuevo en camino, mudos y silenciosos.

Jésus, comme d'habitude, ne fit aucun commentaire; il se contenta de se baisser, de ramasser le fer et de le mettre dans sa poche. Ils se remirent en route, muets et silencieux.

6.

Al cabo de algún tiempo encontraron a un herrador que iba en dirección contraria. Durante la parada que hicieron juntos, Jesús entabló conversación con él y en el momento de separarse, Jesús le vendió la herradura que había encontrado.

Au bout de quelque temps, ils rencontrèrent un forgeron qui allait dans la direction opposée. Jésus lia conversation avec lui au cours de la halte qu'ils firent tous ensemble, et au moment de se quitter, Jésus lui vendit le fer qu'il avait trouvé.

7.

Prosiguieron su camino y, por casualidad, vieron a un vendedor ambulante que se dirigía al pueblo vecino a vender su fruta. Jesús lo detuvo y, con los cuatro escudos obtenidos por la venta de la herradura, compró media libra de cerezas. Durante todo ese tiempo, San Pedro permanecía en silencio y su mal humor iba empeorando.

Ils poursuivirent leur chemin et tombèrent par hasard sur un marchand ambulant qui se rendait au village voisin pour vendre des fruits. Jésus l'arrêta et acheta avec les quatre écus de la vente du fer à cheval, une demi-livre de cerises. Pendant tout ce temps,Saint Pierre restait muré dans son silence et sa mauvaise humeur empirait.

8.

El calor aumentaba; las gargantas se secaban. Pero San Pedro era el único que tenía sed pues Jesús iba comiéndose las cerezas y el jugo de éstas le refrescaba el paladar.

La chaleur redoublait; les gorges se desséchaient. Seul Saint Pierre souffrait de la soif, car Jésus mangeait les cerises et le jus des fruits rafraîchissait son palais. 

9.

El apóstol, que iba penosamente detrás de él, miraba al Salvador con envidia, pero como las cerezas habían sido compradas con lo obtenido en la venta de la herradura que él no había querido recoger, no se atrevía a pedirle a Jesús su parte del festín. Éste, de forma disimulada dejaba caer de vez en cuando una cereza y San Pedro se inclinaba con avidez para recogerla y llevársela a la boca sedienta. Cuando ya no quedaron más cerezas, Jesús se volvió hacia su discípulo y le dijo:

L'apôtre, qui marchait péniblement derrière lui, regardait le Sauveur avec envie; mais comme les cerises avaient été achetées avec le gain de la vente du fer à cheval qu'il n'avait pas voulu ramasser, il n'osait pas demander à Jésus sa part du festin. Celui-ci, sans avoir l'air de rien, laissait tomber une cerise de temps en temps, et Saint Pierre se penchait avec avidité pour la ramasser et la porter à sa bouche assoiffée. Quand il n'y eut plus de cerises, Jésus se retourna vers son disciple et lui dit:

10.

-Ya ves, Pedro, no se debe desdeñar nada en este mundo, ni siquiera lo que nos parece mezquino y desprovisto de valor. Por no haber querido inclinarte una vez para recoger la herradura, has tenido que bajarte otras muchas para recoger las cerezas que yo he ido dejando caer al suelo. Esto te enseñará, Pedro, a no despreciar nada ni a nadie.

- Tu vois, Pierre, on ne doit rien dédaigner en ce monde, même ce qui nous paraît mesquin et dépourvu de valeur. Pour n'avoir pas voulu te baisser une fois et ramasser le fer à cheval, tu as dû t'incliner de nombreuses fois pour les cerises que je laissais tomber sur le sol. Ceci t'apprendra, Pierre, à ne dédaigner rien ni personne.

11.

San Pedro no encontró nada que decir; bajó la cabeza y prosiguió humildemente el camino detrás de su Señor.

Saint Pierre ne trouva rien à répondre; il baissa la tête et poursuivit humblement le trajet derrière son Seigneur.

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Las cerezas / Les cerises

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1.

Un día, mientras Jesús y San Pedro caminaban por el mundo, se sintieron muy cansados. Hacía un calor terrible, pero a lo largo del trayecto no encontraron ni a un alma caritativa que les ofreciera un vaso de agua, ni algún pequeño riachuelo que les procurara un hilillo de agua. Iban caminando algo desanimados cuando Jesús, que iba delante, vio en el suelo una herradura; se volvió a su discípulo y le dijo:

Un jour, tandis que Jésus et Saint Pierre cheminaient de par le monde, ils se sentirent bien fatigués. Il faisait une chaleur terrible mais en cours de route ils ne trouvèrent pas la moindre âme charitable pour leur donner un verre d'eau, pas le plus petit ruisseau pour leur procurer un filet d'eau. Cheminant cahin-caha, Jésus, qui marchait devant, vit sur le sol un fer à cheval il se retourna vers son disciple et lui dit

2.

-Pedro, recoge esa herradura y guárdala.

- Pierre, ramasse ce fer à cheval et garde-le.

3.

Pero San Pedro, que tenía un humor de perros, le respondió:

Mais Saint Pierre, qui était d'une humeur de chien, lui répondit

4.

-Ese trozo de hierro no merece el esfuerzo de bajarse a recogerlo. Dejémoslo ahí, Señor.

- Ce morceau de fer ne vaut pas la peine de se baisser. Laissons-le là, Seigneur.

5.

Como de costumbre, Jesús no hizo ningún comentario; se contentó con inclinarse, recoger la herradura e introducirla en su bolsillo. Y se pusieron de nuevo en camino, mudos y silenciosos.

Jésus, comme d'habitude, ne fit aucun commentaire; il se contenta de se baisser, de ramasser le fer et de le mettre dans sa poche. Ils se remirent en route, muets et silencieux.

6.

Al cabo de algún tiempo encontraron a un herrador que iba en dirección contraria. Durante la parada que hicieron juntos, Jesús entabló conversación con él y en el momento de separarse, Jesús le vendió la herradura que había encontrado.

Au bout de quelque temps, ils rencontrèrent un forgeron qui allait dans la direction opposée. Jésus lia conversation avec lui au cours de la halte qu'ils firent tous ensemble, et au moment de se quitter, Jésus lui vendit le fer qu'il avait trouvé.

7.

Prosiguieron su camino y, por casualidad, vieron a un vendedor ambulante que se dirigía al pueblo vecino a vender su fruta. Jesús lo detuvo y, con los cuatro escudos obtenidos por la venta de la herradura, compró media libra de cerezas. Durante todo ese tiempo, San Pedro permanecía en silencio y su mal humor iba empeorando.

Ils poursuivirent leur chemin et tombèrent par hasard sur un marchand ambulant qui se rendait au village voisin pour vendre des fruits. Jésus l'arrêta et acheta avec les quatre écus de la vente du fer à cheval, une demi-livre de cerises. Pendant tout ce temps,Saint Pierre restait muré dans son silence et sa mauvaise humeur empirait.

8.

El calor aumentaba; las gargantas se secaban. Pero San Pedro era el único que tenía sed pues Jesús iba comiéndose las cerezas y el jugo de éstas le refrescaba el paladar.

La chaleur redoublait; les gorges se desséchaient. Seul Saint Pierre souffrait de la soif, car Jésus mangeait les cerises et le jus des fruits rafraîchissait son palais. 

9.

El apóstol, que iba penosamente detrás de él, miraba al Salvador con envidia, pero como las cerezas habían sido compradas con lo obtenido en la venta de la herradura que él no había querido recoger, no se atrevía a pedirle a Jesús su parte del festín. Éste, de forma disimulada dejaba caer de vez en cuando una cereza y San Pedro se inclinaba con avidez para recogerla y llevársela a la boca sedienta. Cuando ya no quedaron más cerezas, Jesús se volvió hacia su discípulo y le dijo:

L'apôtre, qui marchait péniblement derrière lui, regardait le Sauveur avec envie; mais comme les cerises avaient été achetées avec le gain de la vente du fer à cheval qu'il n'avait pas voulu ramasser, il n'osait pas demander à Jésus sa part du festin. Celui-ci, sans avoir l'air de rien, laissait tomber une cerise de temps en temps, et Saint Pierre se penchait avec avidité pour la ramasser et la porter à sa bouche assoiffée. Quand il n'y eut plus de cerises, Jésus se retourna vers son disciple et lui dit:

10.

-Ya ves, Pedro, no se debe desdeñar nada en este mundo, ni siquiera lo que nos parece mezquino y desprovisto de valor. Por no haber querido inclinarte una vez para recoger la herradura, has tenido que bajarte otras muchas para recoger las cerezas que yo he ido dejando caer al suelo. Esto te enseñará, Pedro, a no despreciar nada ni a nadie.

- Tu vois, Pierre, on ne doit rien dédaigner en ce monde, même ce qui nous paraît mesquin et dépourvu de valeur. Pour n'avoir pas voulu te baisser une fois et ramasser le fer à cheval, tu as dû t'incliner de nombreuses fois pour les cerises que je laissais tomber sur le sol. Ceci t'apprendra, Pierre, à ne dédaigner rien ni personne.

11.

San Pedro no encontró nada que decir; bajó la cabeza y prosiguió humildemente el camino detrás de su Señor.

Saint Pierre ne trouva rien à répondre; il baissa la tête et poursuivit humblement le trajet derrière son Seigneur.

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