Sí, sí; rían cuanto quieran. Ya acaban de comprobar qué es un pueblo que carece de hadas. Ya han visto a todos esos aldeanos burlones y bien comidos abrir sus arcas del pan a los prusianos y guiarlos por los caminos. ¡Ahí lo tienen! Robin no creía en la brujería, pero tampoco creía en la patria... Si nosotras hubiéramos estado en nuestro sitio, ninguno de los alemanes que han entrado en Francia habría salido vivo. Nuestros draks, nuestros fuegos fatuos los habrían arrastrado hacia las ciénagas; en todas las claras fuentes que llevan nuestros nombres, habríamos vertido brebajes encantados que los habrían vuelto locos; y en nuestras reuniones a la luz de la luna, con una palabra mágica habríamos confundido de tal modo los caminos y los ríos, enmarañado de tal forma con zarzas y matorrales las espesuras de los bosques donde se escondían, que los ojos de gato de Moltke no habrían podido reconocerlos. Los campesinos habrían luchado. Con las hermosas flores de nuestros estanques habríamos elaborado bálsamos para los heridos; con los "hilos de la Virgen", habríamos tejido hilas; y en el campo de batalla, el soldado agonizante habría visto al hada de su aldea inclinarse sobre sus ojos a medio cerrar para mostrarle un trozo de bosque, un recodo del sendero, cualquier cosa que le recordase su tierra. Así es como se hace la guerra nacional, la guerra santa. Pero ¡ay!, en los países que ya no creen, en los países que ya no tienen hadas, una guerra así es imposible.
"oui, oui, riez, mes braves gens. En attendant, nous venons de voir ce que c'est qu'un pays qui n'a plus de fées. Nous avons vu tous ces paysans repus et ricaneurs ouvrir leurs huches aux Prussiens et leur indiquer les routes. voilà ! Robin ne croyait plus aux sortilèges ; mais il ne croyait pas davantage à la patrie... Ah ! si nous avions été là, nous autres, de tous ces Allemands qui sont entrés en France pas un ne serait sorti vivant. Nos draks, nos feux follets les auraient conduits dans des fondrières. A toutes ces sources pures qui portaient nos noms, nous aurions mêlé des breuvages enchantés qui les auraient rendus fous ; et dans nos assemblées, au clair de lune, d'un mot magique, nous aurions si bien confondu les routes, les rivières, si bien enchevêtré de ronces, de broussailles, ces dessous de bois où ils allaient toujours se blottir, que les petits yeux de chat de M. de Moltkei n'auraient jamais pu s'y reconnaître. Avec nous, les paysans auraient marché. Des grandes fleurs de nos étangs nous aurions fait des baumes pour les blessures, les fils de la vierge nous auraient servi de charpie ; et sur les champs de bataille, le soldat mourant aurait vu la fée de son canton se pencher sur ses yeux à demi fermés pour lui montrer un coin de bois, un détour de route, quelque chose qui lui rappelle le pays. C'est comme cela qu'on fait la guerre nationale, la guerre sainte. Mais, hélas ! dans les pays qui ne croient plus, dans les pays qui n'ont plus de fées, cette guerre-là n'est pas possible.