El abanderado / Le Porte-Drapeau - Alphonse Daudet
1.

I

I

2.

El regimiento estaba en batalla sobre un repecho de la vía férrea, sirviendo de blanco a todo el ejército prusiano amontonado en frente, bajo el bosque. Se fusilaban a ochenta metros. Los oficiales no cesaban de gritar: "¡acostaos!" pero ningún soldado quería obedecer y el fiero regimiento seguía de pie, agrupado alrededor de una bandera. En ese gran horizonte de sol poniente, de trigos en espiga y de pastos de ganado, aquella masa de hombres, atormentados y envueltos en el manto inmenso de la humareda confusa, tenía el aspecto de un rebaño sorprendido a campo raso en el primer torbellino de un huracán formidable.

Le régiment était en bataille sur un talus de chemin de fer et servait de cible à toute l'armée prussienne massée en face, sous le bois. On se fusillait à quatre-vingts mètres. Les officiers criaient: «Couchez-vous!…» mais personne ne voulait obéir, et le fier régiment restait debout, groupé autour de son drapeau. Dans ce grand horizon de soleil couchant, de blés en épis, de pâturages, cette masse d'hommes, tourmentée, enveloppée d'une fumée confuse, avait l'air d'un troupeau surpris en rase campagne dans le premier tourbillon d'un orage formidable.

3.

El hierro caía como una lluvia sobre el repecho en donde no se oía sino la crepitación de la fusilería, el ruido sordo de las gábatas rodando entre la fosa y las balas que vibraban eternamente de un extremo a otro del campo de batalla, como las cuerdas tendidas de un instrumento siniestro y retumbante. 

C'est qu'il en pleuvait du fer sur ce talus! On n'entendait que le crépitement de la fusillade, le bruit sourd des gamelles roulant dans le fossé et les balles qui vibraient longuement d'un bout à l'autre du champ de bataille, comme les cordes tendues d'un instrument sinistre et retentissant.

4.

De cuando en cuando la bandera que se alzaba sobre las cabezas, agitándose al viento de la metralla, perdíase entre el humo; y una voz grave y fiera, hacía oír, dominando el estrépito de las armas y las quejas y juramentos de los heridos, estas breves palabras: "A la bandera, hijos míos, a la bandera"... Entonces un oficial, vago como una sombra, ágil como una flecha, desaparecía un instante entre la niebla roja; y la heroica enseña volvía a desenvolver sus pliegues por encima de la batalla.

De temps en temps, le drapeau qui se dressait au- dessus des têtes, agité au vent de la mitraille, sombrait dans la fumée. Alors une voix s'élevait, grave et fière, dominant la fusillade, les râles, les jurons des blessés: «Au drapeau, mes enfants, au drapeau!…» Aussitôt un officier s'élançait, vague comme une ombre dans ce brouillard rouge, et l'héroïque enseigne, redevenue vivante, planait encore au-dessus de la bataille. Vingt- deux fois elle tomba!…

5.

Veintidós veces había caído... Veintidós veces su asta, tibia aún, fue heredada de la mano de un moribundo por un valiente que volvía a levantarla. Y cuando, ya por la noche, lo que quedaba del regimiento -un puñado de hombres apenas- se batió lentamente en retirada, aquel pabellón ya no era sino un andrajo glorioso en manos del sargento Hormus, vigésimo tercio abanderado de la jornada.

Vingt-deux fois sa hampe encore tiède, échappée à une main mourante, fut saisie, redressée; et lorsque, au soleil couché, ce qui restait du régiment — à peine une poignée d'hommes — battit lentement en retraite, le drapeau n'était plus qu'une guenille aux mains du sergent Hornus, le vingt-troisième porte-drapeau de la journée.

6.

II

II

7.

El tal sargento Hormus era un viejo tonto que casi no sabía ni escribir su nombre y que había empleado veinte años en ganar los galones que adornaban la manga de su casaca. Todas las miserias del expósito y todos los atontamientos del cuartel se reflejaban en su frente baja, en su espalda abovedada por el saco, en su rostro inconsciente de soldado humilde. Además tenía el defecto de ser algo tartamudo; mas para ser abanderado no se necesita gran elocuencia y la misma tarde de la batalla su coronel le dijo; "Tú tienes la bandera, mi bravo sargento; guárdala." Y sobre su viejo uniforme de campaña, bien pasado ya a causa de la lluvia y el fuego, la cantinera sobrecosió al instante, une cordoncillo dorado de subteniente.

Ce sergent Hornus était une vieille bête à trois brisques, qui savait à peine signer son nom et avait mis vingt ans à gagner ses galons de sous- officier. Toutes les misères de l'enfant trouvé, tout l'abrutissement de la caserne se voyaient dans ce front bas et buté, ce dos voûté par le sac, cette allure inconsciente de troupier dans le rang. Avec cela il était un peu bègue, mais, pour être porte-drapeau, on n'a pas besoin d'éloquence. Le soir même de la bataille, son colonel lui dit: «Tu as le drapeau, mon brave; eh bien, garde-le.» Et sur sa pauvre capote de campagne, déjà toute passée à la pluie et au feu, la cantinière surfila tout de suite un liséré d'or de sous-lieutenant.

8.

Ese orgullo, único en su vida de humildad, irguió el cuerpo del viejo militar; y la costumbre de caminar encorvado, con los ojos bajos, se cambió desde entonces en el hábito de marchar orgullosamente, con la mirada en alto para ver flotar el fragmento de tela que se mantenía en sus manos, siempre derecho, siempre fiero, por encima de la muerte, por encima de la traición y por encima de la derrota.

Ce fut le seul orgueil de cette vie d'humilité. Du coup la taille du vieux troupier se redressa. Ce pauvre être habitué à marcher courbé, les yeux à terre, eut désormais une figure fière, le regard toujours levé pour voir flotter ce lambeau d'étoffe et le maintenir bien droit, bien haut, au- dessus de la mort, de la trahison, de la déroute.

9.

Nadie ha visto, en época alguna, un hombre tan dichoso como Hormus, cuando en los días de batalla tenía el asta entre las manos afirmándola en su estuche de cuero negro. Ni hablaba ni se movía; y serio como un sacerdote, tenía el aspecto de guardar una cosa sagrada. Toda su vida, y toda su fuerza estaban concentradas en esos dedos que se crispaban al rededor de un harapo glorioso sobre el cual rodaban las balas. Sus ojos llenos de fiereza, miraban de frente a los prusianos, y parecían decir: "Atreveos pues; tratad siquiera de venir a robármela!..."

Vous n'avez jamais vu d'homme si heureux qu'Hornus les jours de bataille, lorsqu'il tenait sa hampe à deux mains, bien affermie dans son étui de cuir. Il ne parlait pas, il ne bougeait pas. Sérieux comme un prêtre, on aurait dit qu'il tenait quelque chose de sacré. Toute sa vie, toute sa force étaient dans ses doigts crispés autour de ce beau haillon doré sur lequel se ruaient les balles, et dans ses yeux pleins de défi qui regardaient les Prussiens bien en face, d'un air de dire: «Essayez donc de venir me le prendre!…»

10.

Pero nadie, ni aun la misma muerte, lo intentaba. Después de Borny, después de Gravelotte, después de las batallas más terribles, la bandera continuaba su camino, deshecha, agujereada, transparente, llena de heridas; mas era siempre el viejo Hormus quien la llevaba.

Personne ne l'essaya, pas même la mort. Après Borny, après Gravelotte, les batailles les plus meurtrières, le drapeau s'en allait de partout, haché, troué, transparent de blessures; mais c'était toujours le vieil Hornus qui le portait.

11.

III

III

12.

Después... llegó septiembre, el ejército en Metz, el bloqueo, y esa larga parada en el fango donde rodaban los cañones sin dirección y donde las primeras tropas del mundo desmoralizábanse por el ocio y por la falta de víveres y de noticias, muriendo de fiebre y de fastidio al pie de sus fusiles. Ni los jefes ni los soldados creían ya en cosa alguna; solo Hormus guardaba aún la confianza. Su harapo tricolor le hacía creer en todo; y mientras él lo sentía a su lado, estaba seguro de que nada se había perdido.

Puis septembre arriva, l'armée sous Metz, le blocus, et cette longue halte dans la boue où les canons se rouillaient, où les premières troupes du monde, démoralisées par l'inaction, le manque de vivres, de nouvelles, mouraient de fièvre et d'ennui au pied de leurs faisceaux. Ni chefs ni soldats, personne ne croyait plus; seul, Hornus avait encore confiance. Sa loque tricolore lui tenait lieu de tout, et tant qu'il la sentait là, il lui semblait que rien n'était perdu.

13.

Desgraciadamente, como ya nadie se batía, el coronel guardaba las banderas en su casa misma, en un barrio de Metz; y el bravo subteniente vivía como una madre que tuviese a su hijo en nodriza, pensando en él sin cesar. Cuando el fastidio lo atormentaba, hacía un viaje a Metz, de donde regresaba contento después de mirar su bandera siempre en el mismo sitio, siempre tranquila, siempre recostada majestuosamente contra el muro. Esos viajes que él verificaba en una sola jornada, hacían nacer en su alma el valor y la paciencia; hacíanle sonar con campos de batalla, con marchas gloriosas y con las grandes enseñas tricolores flotando a lo lejos sobre las trincheras prusianas...

Malheureusement, comme on ne se battait plus, le colonel gardait le drapeau chez lui dans un des faubourgs de Metz; et le brave Hornus était à peu près comme une mère qui a son enfant en nourrice. Il y pensait sans cesse. Alors, quand l'ennui le tenait trop fort, il s'en allait à Metz tout d'une course, et rien que de l'avoir vu toujours à la même place, bien tranquille contre le mur, il s'en revenait plein de courage, de patience, rapportant, sous sa tente trempée, des rêves de bataille, de marche en avant, avec les trois couleurs toutes grandes déployées flottant là-bas sur les tranchées prussiennes.

14.

La orden del día del mariscal Bazaine, hizo rodar por tierra las bellas ilusiones. Una mañana, Hormus vio, al despertarse, mucha agitación en el campamento. Los soldados, reuniéndose en grupos, murmuraban, animándose y excitándose con gritos de rabia; levantando los puños hacia un punto de la ciudad como si sus cóleras designasen a un culpable... "Atrapadle!... Fusilémosle..." Y los oficiales guardaban silencio, apartándose del bullicio, avergonzados... avergonzados de haber leído a cincuenta mil valientes, bien armados aún, aún vigorosos, la orden del mariscal que los entregaba sin combate al enemigo...

Un ordre du jour du maréchal Bazaine fit crouler ces illusions. Un matin, Hornus, en s'éveillant, vit tout le camp en rumeur; les soldats par groupes, très animés, s'excitant, avec des cris de rage, des poings levés tous du même côté de la ville, comme si leur colère désignait un coupable. On criait: «Enlevons-le!… Qu'on le fusille!…» Et les officiers laissaient dire… Ils marchaient à l'écart, la tête basse, comme s'ils avaient eu honte devant leurs hommes. C'était honteux, en effet. On venait de lire à cent cinquante mille soldats, bien armés, encore valides, l'ordre du maréchal qui les livrait à l'ennemi sans combat.

15.

-¿Y las banderas? -preguntó Hormus palideciendo... Las banderas también habían sido entregadas con los fusiles, con el resto de los equipajes, con todo...

«Et les drapeaux?» demanda Hornus en pâlissant… Les drapeaux étaient livrés avec le reste, avec les fusils, ce qui restait des équipages, tout…

16.

- ¡Ra... Ra... Rayo de Dios!... -balbuceó el pobre hombre- ..."En todo caso aún no tendrán la mía... Y, ligero como una bala, se echó a correr hacia la ciudad.

«To… To… Tonnerre de Dieu! bégaya le pauvre homme. Ils n'auront toujours pas le mien…» Et il se mit à courir du côté de la ville.

17.

IV

IV

18.

También en Metz la animación era inmensa. 

Là aussi il y avait une grande animation.

19.

Los guardias nacionales, los guardias móviles y los burgueses, se agitaban gritando; las diputaciones recorrían las calles vibrantes y precisadas, dirigiéndose a la casa del mariscal. -

Gardes nationaux, bourgeois, gardes mobiles criaient, s'agitaient. Des députations passaient, frémissantes, se rendant chez le maréchal.

20.

Hormus no veía nada, no oía una palabra; hablando consigo mismo, subía a grandes pasos la calle del Faubourg.

Hornus, lui, ne voyait rien, n'entendait rien. Il parlait seul, tout en remontant la rue du Faubourg.

21.

-¡Robarme mi bandera!... Pues no faltaba más! ¡Acaso es posible robar una bandera!... ¡Acaso tienen derecho!... Si les quiere dar algo a los prusianos que les dé lo suyo... sus carrozas doradas, su vajilla magnífica traída de Méjico... Pero mi pabellón... El pabellón es mío... El pabellón es mi dicha, mi fortuna... ¡Y yo prohibo terminantemente que lo toquen!

«M'enlever mon drapeau!… Allons donc! Est-ce que c'est possible? Est-ce qu'on a le droit? Qu'il donne aux Prussiens ce qui est à lui, ses carrosses dorés et sa belle vaisselle plate rapportée de Mexico! Mais ça, c'est à moi… C'est mon honneur. Je défends qu'on y touche.»

22.

Todas estas frases incompletas, estaban cortadas por la marcha y por la tartamudez. Pero en el fondo él tenía su idea: una idea bien firme, bien precisa: tomar la bandera, llevarla flotante al seno del regimiento y pasar luego sobre el vientre de los prusianos con todos los que quisieran seguirle.

Tous ces bouts de phrase étaient hachés par la course et sa parole bègue; mais, au fond, il avait son idée, le vieux! Une idée bien nette, bien arrêtée: prendre le drapeau, l'emporter au milieu du régiment et passer sur le ventre des Prussiens avec tous ceux qui voudraient le suivre.

23.

Cuando llegó al fin de su camino, ni siquiera le dejaron entrar. El coronel, furioso también, no quería recibir a nadie... Pero el viejo Hormus no entendía así el asunto y jurando, gritando y empujando al plantón: "Mi bandera -decía-, dadme mi bandera...!"

Quand il arriva là-bas, on ne le laissa pas même entrer. Le colonel, furieux, lui aussi, ne voulait voir personne… Mais Hornus ne l'entendait pas ainsi. Il jurait, criait, bousculait le planton: «Mon drapeau… je veux mon drapeau…» 

24.

Al fin se abrió una ventana:

À la fin une fenêtre s'ouvrit:

25.

-¿Eres tú, Hormus?

«C'est toi, Hornus?

26.

-Sí, mi coronel, yo...

— Oui, mon colonel, je…

27.

-Todos los pabellones están en el Arsenal..., no tienes necesidad sino de presentarte ahí para que te den un recibo...

— Tous les drapeaux sont à l'Arsenal…, tu n'as qu'à y aller, on te donnera un reçu…

28.

-Un recibo?... Para qué?...

— Un reçu?… Pour quoi faire?…

29.

-Es la orden del mariscal...

— C'est l'ordre du maréchal…

30.

-Pero... coronel...

— Mais, colonel…

31.

-¡Déjame en paz!... Y la ventana se cerró...

— F…-moi la paix!…» Et la fenêtre se referma.

32.

El viejo Hormus vaciló como si estuviese borracho y repitió entre dientes:-¡Un recibo!... Un recibo!...

Le vieil Hornus chancelait comme un homme ivre. «Un reçu, un reçu..», répétait-il machinalement… 

33.

Al fin púsose en marcha por segunda vez, no pensando sino en que su bandera estaba en el Arsenal y que era necesario volverla a ver, costara lo que costara.

Enfin, il se remit à marcher, ne comprenant plus qu'une chose, c'est que le drapeau était à l'Arsenal et qu'il fallait le ravoir à tout prix.

34.

V

V

35.

Las puertas del Arsenal estaban completamente abiertas para dejar el paso libre a los carros prusianos que esperaban su cargamento en el patio inmenso. 

Les portes de l'Arsenal étaient toutes grandes ouvertes pour laisser passer les fourgons prussiens qui attendaient rangés dans la cour.

36.

Hormus sintió, al entrar, que un escalofrío agitaba sus nervios. Todos los demás abanderados, cincuenta o sesenta oficiales silenciosos e indignados, estaban allí... Y todos aquellos hombres tristes, con las cabezas desnudas, agrupándose detrás de los enprmes carros sombríos, daban a la escena un aspecto de entierro. La lluvia aumentaba la emoción de tristeza...

Hornus, en entrant, eut un frisson. Tous les autres porte-drapeaux étaient là, cinquante ou soixante officiers, navrés, silencieux; et ces voitures sombres sous la pluie, ces hommes groupés derrière, la tête nue: on aurait dit un enterrement.

37.

Los pabellones del ejército de Bazaine estaban amontonados en un rincón, confundiéndose sobre el suelo fangoso. Nada más terrible que el espectáculo de esos fragmentos de rica seda, pedazos de franjas de oro y de astas trabajados, arreos gloriosos echados por tierra y manchados de lluvia y de lodo. -Un oficial de administración los iba cogiendo, uno por uno; y al nombre de su regimiento, pronunciado en alta voz, cada abanderado se acercaba para recoger un recibo. Derechos e impasibles, dos oficiales prusianos vigilaban el cargamento.

Dans un coin, tous les drapeaux de l'armée de Bazaine s'entassaient, confondus sur le pavé boueux. Rien n'était plus triste que ces lambeaux de soie voyante, ces débris de franges d'or et de hampes ouvragées, tout cet attirail glorieux jeté par terre, souillé de pluie et de boue. Un officier d'administration les prenait un à un, et, à l'appel de son régiment, chaque porte-enseigne s'avançait pour chercher un reçu. Raides, impassibles, deux officiers prussiens surveillaient le chargement.

38.

¡Y vosotros os ibais así ¡oh santos jirones gloriosos! desplegando vuestros agujeros y barriendo tristemente la tierra, como banda de pájaros que tuviesen las alas rotas!... ¡Vosotros os ibais con la vergüenza de las grandes cosas humilladas... y cada uno de vosotros se llevaba un pedazo de la Francia!... El sol de las largas jornadas dejó su sello entre vuestras arrugas marchitas... Vosotros guardáis, en las marcas de las balas, el recuerdo de muchos héroes desconocidos que cayeron muertos, al azar, bajo vuestras franjas tricolores!.....

Et vous vous en alliez ainsi, ô saintes loques glorieuses, déployant vos déchirures, balayant le pavé tristement comme des oiseaux aux ailes cassées! Vous vous en alliez avec la honte des belles choses souillées, et chacune de vous emportait un peu de la France. Le soleil des longues marches restait entre vos plis passés. Dans les marques des balles vous gardiez le souvenir des morts inconnus, tombés au hasard sous l'étendard visé…

39.

-Ya llegó tu turno, Hormus... Ahí te llaman... Vea buscar tu recibo...

«Hornus, c'est à toi… On t'appelle… Va chercher ton reçu…»

40.

Se trataba de un recibo cuando una bandera francesa, la más bella, la más mutilada, la suya estaba delante de sus ojos?... El viejo sargento se figuraba estar aún allá arriba, de pie sobre el repecho de la vía férrea... Su ilusión le hacía oír de nuevo el canto de las balas, el ruido de las gábatas que rodaban y la voz robusta del coronel: "A la bandera, hijos míos, a la bandera"... Luego, sus veintidós camaradas muertos y él, vigésimo tercio abanderado, precipitándose a su vez para levantar y sostener el pobre pabellón que vacilaba falto de brazo... ¡Ah! ese día había jurado defenderlo, guardarlo hasta la muerte... Y ahora...

Il s'agissait bien de reçu! Le drapeau était là, devant lui. C'était bien le sien, le plus beau, le plus mutilé de tous… Et, en le revoyant, il croyait être encore là-haut, sur le talus. Il entendait chanter les balles, les gamelles fracassées et la voix du colonel: «Au drapeau, mes enfants!…» Puis ses vingt-deux camarades par terre, et lui, vingt-troisième, se précipitant à son tour pour relever, soutenir le pauvre drapeau qui chancelait faute de bras. Ah! ce jour-là il avait juré de le défendre, de le garder jusqu'à la mort. Et maintenant…

41.

Sólo de pensarlo, toda la sangre del corazón le subía a la cabeza... Ebrio, sin sentido, lanzóse sobre el oficial prusiano arrancándole su enseña idolatrada, para agitarla de nuevo entre sus manos, para levantarla aún, bien alta, bien recta y para gritar: 

De penser à cela, tout le sang de son cœur lui sauta à la tête. Ivre, éperdu, il s'élança sur l'officier prussien, lui arracha son enseigne bien- aimée qu'il saisit à pleines mains, puis il essaya de l'élever encore, bien haut, bien droit en criant:

42.

- "A la ban....." Pero su grito fue cortado entre su garganta... y sintió temblar el asta, que se escapaba de sus manos... En ese aire malsano, en ese aire de muerte que pesa terriblemente sobre las ciudades rendidas, la bandera no podía flotar... Nada de orgulloso, nada de fiero podía vivir ahí... Y el viejo Hormus cayó fulminado...

«Au dra…» Mais sa voix s'arrêta au fond de sa gorge. Il sentit la hampe trembler, glisser entre ses mains. Dans cet air las, cet air de mort qui pèse si lourdement sur les villes rendues, les drapeaux ne pouvaient plus flotter; rien de fier ne pouvait plus vivre… Et le vieil Hornus tomba foudroyé.

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El abanderado / Le Porte-Drapeau

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1.

I

I

2.

El regimiento estaba en batalla sobre un repecho de la vía férrea, sirviendo de blanco a todo el ejército prusiano amontonado en frente, bajo el bosque. Se fusilaban a ochenta metros. Los oficiales no cesaban de gritar: "¡acostaos!" pero ningún soldado quería obedecer y el fiero regimiento seguía de pie, agrupado alrededor de una bandera. En ese gran horizonte de sol poniente, de trigos en espiga y de pastos de ganado, aquella masa de hombres, atormentados y envueltos en el manto inmenso de la humareda confusa, tenía el aspecto de un rebaño sorprendido a campo raso en el primer torbellino de un huracán formidable.

Le régiment était en bataille sur un talus de chemin de fer et servait de cible à toute l'armée prussienne massée en face, sous le bois. On se fusillait à quatre-vingts mètres. Les officiers criaient: «Couchez-vous!…» mais personne ne voulait obéir, et le fier régiment restait debout, groupé autour de son drapeau. Dans ce grand horizon de soleil couchant, de blés en épis, de pâturages, cette masse d'hommes, tourmentée, enveloppée d'une fumée confuse, avait l'air d'un troupeau surpris en rase campagne dans le premier tourbillon d'un orage formidable.

3.

El hierro caía como una lluvia sobre el repecho en donde no se oía sino la crepitación de la fusilería, el ruido sordo de las gábatas rodando entre la fosa y las balas que vibraban eternamente de un extremo a otro del campo de batalla, como las cuerdas tendidas de un instrumento siniestro y retumbante. 

C'est qu'il en pleuvait du fer sur ce talus! On n'entendait que le crépitement de la fusillade, le bruit sourd des gamelles roulant dans le fossé et les balles qui vibraient longuement d'un bout à l'autre du champ de bataille, comme les cordes tendues d'un instrument sinistre et retentissant.

4.

De cuando en cuando la bandera que se alzaba sobre las cabezas, agitándose al viento de la metralla, perdíase entre el humo; y una voz grave y fiera, hacía oír, dominando el estrépito de las armas y las quejas y juramentos de los heridos, estas breves palabras: "A la bandera, hijos míos, a la bandera"... Entonces un oficial, vago como una sombra, ágil como una flecha, desaparecía un instante entre la niebla roja; y la heroica enseña volvía a desenvolver sus pliegues por encima de la batalla.

De temps en temps, le drapeau qui se dressait au- dessus des têtes, agité au vent de la mitraille, sombrait dans la fumée. Alors une voix s'élevait, grave et fière, dominant la fusillade, les râles, les jurons des blessés: «Au drapeau, mes enfants, au drapeau!…» Aussitôt un officier s'élançait, vague comme une ombre dans ce brouillard rouge, et l'héroïque enseigne, redevenue vivante, planait encore au-dessus de la bataille. Vingt- deux fois elle tomba!…

5.

Veintidós veces había caído... Veintidós veces su asta, tibia aún, fue heredada de la mano de un moribundo por un valiente que volvía a levantarla. Y cuando, ya por la noche, lo que quedaba del regimiento -un puñado de hombres apenas- se batió lentamente en retirada, aquel pabellón ya no era sino un andrajo glorioso en manos del sargento Hormus, vigésimo tercio abanderado de la jornada.

Vingt-deux fois sa hampe encore tiède, échappée à une main mourante, fut saisie, redressée; et lorsque, au soleil couché, ce qui restait du régiment — à peine une poignée d'hommes — battit lentement en retraite, le drapeau n'était plus qu'une guenille aux mains du sergent Hornus, le vingt-troisième porte-drapeau de la journée.

6.

II

II

7.

El tal sargento Hormus era un viejo tonto que casi no sabía ni escribir su nombre y que había empleado veinte años en ganar los galones que adornaban la manga de su casaca. Todas las miserias del expósito y todos los atontamientos del cuartel se reflejaban en su frente baja, en su espalda abovedada por el saco, en su rostro inconsciente de soldado humilde. Además tenía el defecto de ser algo tartamudo; mas para ser abanderado no se necesita gran elocuencia y la misma tarde de la batalla su coronel le dijo; "Tú tienes la bandera, mi bravo sargento; guárdala." Y sobre su viejo uniforme de campaña, bien pasado ya a causa de la lluvia y el fuego, la cantinera sobrecosió al instante, une cordoncillo dorado de subteniente.

Ce sergent Hornus était une vieille bête à trois brisques, qui savait à peine signer son nom et avait mis vingt ans à gagner ses galons de sous- officier. Toutes les misères de l'enfant trouvé, tout l'abrutissement de la caserne se voyaient dans ce front bas et buté, ce dos voûté par le sac, cette allure inconsciente de troupier dans le rang. Avec cela il était un peu bègue, mais, pour être porte-drapeau, on n'a pas besoin d'éloquence. Le soir même de la bataille, son colonel lui dit: «Tu as le drapeau, mon brave; eh bien, garde-le.» Et sur sa pauvre capote de campagne, déjà toute passée à la pluie et au feu, la cantinière surfila tout de suite un liséré d'or de sous-lieutenant.

8.

Ese orgullo, único en su vida de humildad, irguió el cuerpo del viejo militar; y la costumbre de caminar encorvado, con los ojos bajos, se cambió desde entonces en el hábito de marchar orgullosamente, con la mirada en alto para ver flotar el fragmento de tela que se mantenía en sus manos, siempre derecho, siempre fiero, por encima de la muerte, por encima de la traición y por encima de la derrota.

Ce fut le seul orgueil de cette vie d'humilité. Du coup la taille du vieux troupier se redressa. Ce pauvre être habitué à marcher courbé, les yeux à terre, eut désormais une figure fière, le regard toujours levé pour voir flotter ce lambeau d'étoffe et le maintenir bien droit, bien haut, au- dessus de la mort, de la trahison, de la déroute.

9.

Nadie ha visto, en época alguna, un hombre tan dichoso como Hormus, cuando en los días de batalla tenía el asta entre las manos afirmándola en su estuche de cuero negro. Ni hablaba ni se movía; y serio como un sacerdote, tenía el aspecto de guardar una cosa sagrada. Toda su vida, y toda su fuerza estaban concentradas en esos dedos que se crispaban al rededor de un harapo glorioso sobre el cual rodaban las balas. Sus ojos llenos de fiereza, miraban de frente a los prusianos, y parecían decir: "Atreveos pues; tratad siquiera de venir a robármela!..."

Vous n'avez jamais vu d'homme si heureux qu'Hornus les jours de bataille, lorsqu'il tenait sa hampe à deux mains, bien affermie dans son étui de cuir. Il ne parlait pas, il ne bougeait pas. Sérieux comme un prêtre, on aurait dit qu'il tenait quelque chose de sacré. Toute sa vie, toute sa force étaient dans ses doigts crispés autour de ce beau haillon doré sur lequel se ruaient les balles, et dans ses yeux pleins de défi qui regardaient les Prussiens bien en face, d'un air de dire: «Essayez donc de venir me le prendre!…»

10.

Pero nadie, ni aun la misma muerte, lo intentaba. Después de Borny, después de Gravelotte, después de las batallas más terribles, la bandera continuaba su camino, deshecha, agujereada, transparente, llena de heridas; mas era siempre el viejo Hormus quien la llevaba.

Personne ne l'essaya, pas même la mort. Après Borny, après Gravelotte, les batailles les plus meurtrières, le drapeau s'en allait de partout, haché, troué, transparent de blessures; mais c'était toujours le vieil Hornus qui le portait.

11.

III

III

12.

Después... llegó septiembre, el ejército en Metz, el bloqueo, y esa larga parada en el fango donde rodaban los cañones sin dirección y donde las primeras tropas del mundo desmoralizábanse por el ocio y por la falta de víveres y de noticias, muriendo de fiebre y de fastidio al pie de sus fusiles. Ni los jefes ni los soldados creían ya en cosa alguna; solo Hormus guardaba aún la confianza. Su harapo tricolor le hacía creer en todo; y mientras él lo sentía a su lado, estaba seguro de que nada se había perdido.

Puis septembre arriva, l'armée sous Metz, le blocus, et cette longue halte dans la boue où les canons se rouillaient, où les premières troupes du monde, démoralisées par l'inaction, le manque de vivres, de nouvelles, mouraient de fièvre et d'ennui au pied de leurs faisceaux. Ni chefs ni soldats, personne ne croyait plus; seul, Hornus avait encore confiance. Sa loque tricolore lui tenait lieu de tout, et tant qu'il la sentait là, il lui semblait que rien n'était perdu.

13.

Desgraciadamente, como ya nadie se batía, el coronel guardaba las banderas en su casa misma, en un barrio de Metz; y el bravo subteniente vivía como una madre que tuviese a su hijo en nodriza, pensando en él sin cesar. Cuando el fastidio lo atormentaba, hacía un viaje a Metz, de donde regresaba contento después de mirar su bandera siempre en el mismo sitio, siempre tranquila, siempre recostada majestuosamente contra el muro. Esos viajes que él verificaba en una sola jornada, hacían nacer en su alma el valor y la paciencia; hacíanle sonar con campos de batalla, con marchas gloriosas y con las grandes enseñas tricolores flotando a lo lejos sobre las trincheras prusianas...

Malheureusement, comme on ne se battait plus, le colonel gardait le drapeau chez lui dans un des faubourgs de Metz; et le brave Hornus était à peu près comme une mère qui a son enfant en nourrice. Il y pensait sans cesse. Alors, quand l'ennui le tenait trop fort, il s'en allait à Metz tout d'une course, et rien que de l'avoir vu toujours à la même place, bien tranquille contre le mur, il s'en revenait plein de courage, de patience, rapportant, sous sa tente trempée, des rêves de bataille, de marche en avant, avec les trois couleurs toutes grandes déployées flottant là-bas sur les tranchées prussiennes.

14.

La orden del día del mariscal Bazaine, hizo rodar por tierra las bellas ilusiones. Una mañana, Hormus vio, al despertarse, mucha agitación en el campamento. Los soldados, reuniéndose en grupos, murmuraban, animándose y excitándose con gritos de rabia; levantando los puños hacia un punto de la ciudad como si sus cóleras designasen a un culpable... "Atrapadle!... Fusilémosle..." Y los oficiales guardaban silencio, apartándose del bullicio, avergonzados... avergonzados de haber leído a cincuenta mil valientes, bien armados aún, aún vigorosos, la orden del mariscal que los entregaba sin combate al enemigo...

Un ordre du jour du maréchal Bazaine fit crouler ces illusions. Un matin, Hornus, en s'éveillant, vit tout le camp en rumeur; les soldats par groupes, très animés, s'excitant, avec des cris de rage, des poings levés tous du même côté de la ville, comme si leur colère désignait un coupable. On criait: «Enlevons-le!… Qu'on le fusille!…» Et les officiers laissaient dire… Ils marchaient à l'écart, la tête basse, comme s'ils avaient eu honte devant leurs hommes. C'était honteux, en effet. On venait de lire à cent cinquante mille soldats, bien armés, encore valides, l'ordre du maréchal qui les livrait à l'ennemi sans combat.

15.

-¿Y las banderas? -preguntó Hormus palideciendo... Las banderas también habían sido entregadas con los fusiles, con el resto de los equipajes, con todo...

«Et les drapeaux?» demanda Hornus en pâlissant… Les drapeaux étaient livrés avec le reste, avec les fusils, ce qui restait des équipages, tout…

16.

- ¡Ra... Ra... Rayo de Dios!... -balbuceó el pobre hombre- ..."En todo caso aún no tendrán la mía... Y, ligero como una bala, se echó a correr hacia la ciudad.

«To… To… Tonnerre de Dieu! bégaya le pauvre homme. Ils n'auront toujours pas le mien…» Et il se mit à courir du côté de la ville.

17.

IV

IV

18.

También en Metz la animación era inmensa. 

Là aussi il y avait une grande animation.

19.

Los guardias nacionales, los guardias móviles y los burgueses, se agitaban gritando; las diputaciones recorrían las calles vibrantes y precisadas, dirigiéndose a la casa del mariscal. -

Gardes nationaux, bourgeois, gardes mobiles criaient, s'agitaient. Des députations passaient, frémissantes, se rendant chez le maréchal.

20.

Hormus no veía nada, no oía una palabra; hablando consigo mismo, subía a grandes pasos la calle del Faubourg.

Hornus, lui, ne voyait rien, n'entendait rien. Il parlait seul, tout en remontant la rue du Faubourg.

21.

-¡Robarme mi bandera!... Pues no faltaba más! ¡Acaso es posible robar una bandera!... ¡Acaso tienen derecho!... Si les quiere dar algo a los prusianos que les dé lo suyo... sus carrozas doradas, su vajilla magnífica traída de Méjico... Pero mi pabellón... El pabellón es mío... El pabellón es mi dicha, mi fortuna... ¡Y yo prohibo terminantemente que lo toquen!

«M'enlever mon drapeau!… Allons donc! Est-ce que c'est possible? Est-ce qu'on a le droit? Qu'il donne aux Prussiens ce qui est à lui, ses carrosses dorés et sa belle vaisselle plate rapportée de Mexico! Mais ça, c'est à moi… C'est mon honneur. Je défends qu'on y touche.»

22.

Todas estas frases incompletas, estaban cortadas por la marcha y por la tartamudez. Pero en el fondo él tenía su idea: una idea bien firme, bien precisa: tomar la bandera, llevarla flotante al seno del regimiento y pasar luego sobre el vientre de los prusianos con todos los que quisieran seguirle.

Tous ces bouts de phrase étaient hachés par la course et sa parole bègue; mais, au fond, il avait son idée, le vieux! Une idée bien nette, bien arrêtée: prendre le drapeau, l'emporter au milieu du régiment et passer sur le ventre des Prussiens avec tous ceux qui voudraient le suivre.

23.

Cuando llegó al fin de su camino, ni siquiera le dejaron entrar. El coronel, furioso también, no quería recibir a nadie... Pero el viejo Hormus no entendía así el asunto y jurando, gritando y empujando al plantón: "Mi bandera -decía-, dadme mi bandera...!"

Quand il arriva là-bas, on ne le laissa pas même entrer. Le colonel, furieux, lui aussi, ne voulait voir personne… Mais Hornus ne l'entendait pas ainsi. Il jurait, criait, bousculait le planton: «Mon drapeau… je veux mon drapeau…» 

24.

Al fin se abrió una ventana:

À la fin une fenêtre s'ouvrit:

25.

-¿Eres tú, Hormus?

«C'est toi, Hornus?

26.

-Sí, mi coronel, yo...

— Oui, mon colonel, je…

27.

-Todos los pabellones están en el Arsenal..., no tienes necesidad sino de presentarte ahí para que te den un recibo...

— Tous les drapeaux sont à l'Arsenal…, tu n'as qu'à y aller, on te donnera un reçu…

28.

-Un recibo?... Para qué?...

— Un reçu?… Pour quoi faire?…

29.

-Es la orden del mariscal...

— C'est l'ordre du maréchal…

30.

-Pero... coronel...

— Mais, colonel…

31.

-¡Déjame en paz!... Y la ventana se cerró...

— F…-moi la paix!…» Et la fenêtre se referma.

32.

El viejo Hormus vaciló como si estuviese borracho y repitió entre dientes:-¡Un recibo!... Un recibo!...

Le vieil Hornus chancelait comme un homme ivre. «Un reçu, un reçu..», répétait-il machinalement… 

33.

Al fin púsose en marcha por segunda vez, no pensando sino en que su bandera estaba en el Arsenal y que era necesario volverla a ver, costara lo que costara.

Enfin, il se remit à marcher, ne comprenant plus qu'une chose, c'est que le drapeau était à l'Arsenal et qu'il fallait le ravoir à tout prix.

34.

V

V

35.

Las puertas del Arsenal estaban completamente abiertas para dejar el paso libre a los carros prusianos que esperaban su cargamento en el patio inmenso. 

Les portes de l'Arsenal étaient toutes grandes ouvertes pour laisser passer les fourgons prussiens qui attendaient rangés dans la cour.

36.

Hormus sintió, al entrar, que un escalofrío agitaba sus nervios. Todos los demás abanderados, cincuenta o sesenta oficiales silenciosos e indignados, estaban allí... Y todos aquellos hombres tristes, con las cabezas desnudas, agrupándose detrás de los enprmes carros sombríos, daban a la escena un aspecto de entierro. La lluvia aumentaba la emoción de tristeza...

Hornus, en entrant, eut un frisson. Tous les autres porte-drapeaux étaient là, cinquante ou soixante officiers, navrés, silencieux; et ces voitures sombres sous la pluie, ces hommes groupés derrière, la tête nue: on aurait dit un enterrement.

37.

Los pabellones del ejército de Bazaine estaban amontonados en un rincón, confundiéndose sobre el suelo fangoso. Nada más terrible que el espectáculo de esos fragmentos de rica seda, pedazos de franjas de oro y de astas trabajados, arreos gloriosos echados por tierra y manchados de lluvia y de lodo. -Un oficial de administración los iba cogiendo, uno por uno; y al nombre de su regimiento, pronunciado en alta voz, cada abanderado se acercaba para recoger un recibo. Derechos e impasibles, dos oficiales prusianos vigilaban el cargamento.

Dans un coin, tous les drapeaux de l'armée de Bazaine s'entassaient, confondus sur le pavé boueux. Rien n'était plus triste que ces lambeaux de soie voyante, ces débris de franges d'or et de hampes ouvragées, tout cet attirail glorieux jeté par terre, souillé de pluie et de boue. Un officier d'administration les prenait un à un, et, à l'appel de son régiment, chaque porte-enseigne s'avançait pour chercher un reçu. Raides, impassibles, deux officiers prussiens surveillaient le chargement.

38.

¡Y vosotros os ibais así ¡oh santos jirones gloriosos! desplegando vuestros agujeros y barriendo tristemente la tierra, como banda de pájaros que tuviesen las alas rotas!... ¡Vosotros os ibais con la vergüenza de las grandes cosas humilladas... y cada uno de vosotros se llevaba un pedazo de la Francia!... El sol de las largas jornadas dejó su sello entre vuestras arrugas marchitas... Vosotros guardáis, en las marcas de las balas, el recuerdo de muchos héroes desconocidos que cayeron muertos, al azar, bajo vuestras franjas tricolores!.....

Et vous vous en alliez ainsi, ô saintes loques glorieuses, déployant vos déchirures, balayant le pavé tristement comme des oiseaux aux ailes cassées! Vous vous en alliez avec la honte des belles choses souillées, et chacune de vous emportait un peu de la France. Le soleil des longues marches restait entre vos plis passés. Dans les marques des balles vous gardiez le souvenir des morts inconnus, tombés au hasard sous l'étendard visé…

39.

-Ya llegó tu turno, Hormus... Ahí te llaman... Vea buscar tu recibo...

«Hornus, c'est à toi… On t'appelle… Va chercher ton reçu…»

40.

Se trataba de un recibo cuando una bandera francesa, la más bella, la más mutilada, la suya estaba delante de sus ojos?... El viejo sargento se figuraba estar aún allá arriba, de pie sobre el repecho de la vía férrea... Su ilusión le hacía oír de nuevo el canto de las balas, el ruido de las gábatas que rodaban y la voz robusta del coronel: "A la bandera, hijos míos, a la bandera"... Luego, sus veintidós camaradas muertos y él, vigésimo tercio abanderado, precipitándose a su vez para levantar y sostener el pobre pabellón que vacilaba falto de brazo... ¡Ah! ese día había jurado defenderlo, guardarlo hasta la muerte... Y ahora...

Il s'agissait bien de reçu! Le drapeau était là, devant lui. C'était bien le sien, le plus beau, le plus mutilé de tous… Et, en le revoyant, il croyait être encore là-haut, sur le talus. Il entendait chanter les balles, les gamelles fracassées et la voix du colonel: «Au drapeau, mes enfants!…» Puis ses vingt-deux camarades par terre, et lui, vingt-troisième, se précipitant à son tour pour relever, soutenir le pauvre drapeau qui chancelait faute de bras. Ah! ce jour-là il avait juré de le défendre, de le garder jusqu'à la mort. Et maintenant…

41.

Sólo de pensarlo, toda la sangre del corazón le subía a la cabeza... Ebrio, sin sentido, lanzóse sobre el oficial prusiano arrancándole su enseña idolatrada, para agitarla de nuevo entre sus manos, para levantarla aún, bien alta, bien recta y para gritar: 

De penser à cela, tout le sang de son cœur lui sauta à la tête. Ivre, éperdu, il s'élança sur l'officier prussien, lui arracha son enseigne bien- aimée qu'il saisit à pleines mains, puis il essaya de l'élever encore, bien haut, bien droit en criant:

42.

- "A la ban....." Pero su grito fue cortado entre su garganta... y sintió temblar el asta, que se escapaba de sus manos... En ese aire malsano, en ese aire de muerte que pesa terriblemente sobre las ciudades rendidas, la bandera no podía flotar... Nada de orgulloso, nada de fiero podía vivir ahí... Y el viejo Hormus cayó fulminado...

«Au dra…» Mais sa voix s'arrêta au fond de sa gorge. Il sentit la hampe trembler, glisser entre ses mains. Dans cet air las, cet air de mort qui pèse si lourdement sur les villes rendues, les drapeaux ne pouvaient plus flotter; rien de fier ne pouvait plus vivre… Et le vieil Hornus tomba foudroyé.

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