Una temporada en el infierno / Une saison en enfer - Arthur Rimbaud
1.

Ahora yo. La historia de una de mis locuras.

A moi. L'histoire d'une de mes folies.

2.

Desde hacía largo tiempo, me jactaba de poseer todos los paisajes posibles, y encontraba irrisorias las celebridades de la pintura y de la poesía moderna.

Depuis longtemps je me vantais de posséder tous les paysages possibles, et trouvais dérisoires les célébrités de la peinture et de la poésie moderne.

3.

Me gustaban las pinturas idiotas, dinteles historiados, decoraciones, telas de saltimbanquis, carteles, estampas populares; la literatura anticuada, latín de iglesia, libros eróticos sin ortografía, novelas de nuestras abuelas, cuentos de hadas, libritos para niños, óperas viejas, canciones bobas, ritmos ingenuos. 

J'aimais les peintures idiotes, dessus des portes, décors, toiles de saltimbanques, enseignes, enluminures populaires; la littérature démodée, latin d'église, livres érotiques sans orthographe, romans de nos aïeules, contes de fées, petits livres de l'enfance, opéras vieux, refrains niais, rhythmes naïfs.

4.

Soñaba con cruzadas, con viajes de descubrimientos de los que no hay relatos, con repúblicas sin historia, guerras de religión sofocadas, revoluciones de costumbres, desplazamientos de razas y de continentes: creía en todos los encantamientos.

Je rêvais croisades, voyages de découvertes dont on n'a pas de relations, républiques sans histoires, guerres de religion étouffées, révolutions de meurs, déplacements de races et de continents: je croyais à tous les enchantements.

5.

¡Inventé el color de las vocales! -A negra, E blanca, I roja, O azul, U verde-. Reglamenté la forma y el movimiento de cada consonante y me vanagloriaba de inventar, con ritmos instintivos, un verbo poético accesible, cualquier día, a todos los sentidos. Me reservaba la traducción.

J'inventai la couleur des voyelles! - A noir, E blanc, I rouge, O bleu, U vert. - Je réglai la forme et le mouvement de chaque consonne, et, avec des rhythmes instinctifs, je me flattai d'inventer un verbe poétique accessible, un jour ou l'autre, à tous les sens. Je réservais la traduction.

6.

Al principio fue un estudio. Yo escribía silencios, noches, anotaba lo inexpresable. Fijaba vértigos.

Ce fut d'abord une étude. J'écrivais des silences, des nuits, je notais l'inexprimable, je fixais des vertiges.

7.

***

***

8.

Lejos de pájaros, de aldeanas, de rebaños,
¿Qué bebía, de hinojos en aquella maleza
Circundada de tiernos boscajes de avellanos,
Entre la bruma tibia y verde de la siesta?

Loin des oiseaux, des troupeaux, des villageoises,
Que buvais-je, à genoux dans cette bruyère
Entourée de tendres bois de noisetiers,
Dans un brouillard d'après-midi tiède et vert?

9.

¿Qué podía beber en ese joven río,
-¡Olmos sin voz, cielo oscuro, césped sin flor!
En gualdas cantimploras, sin mi choza querida?
Haciéndome sudar, algún áureo licor

Que pouvais-je boire dans cette jeune Oise,
- Ormeaux sans voix, gazon sans fleurs, ciel couvert!-
Boire à ces gourdes jaunes, loin de ma case
Chérie? Quelque liqueur d'or qui fait suer.

10.

Parecía el equívoco cartel de una taberna.
-Una tormenta borró el cielo. Al atardecer
El agua de los bosques huyó hacia arenas vírgenes,
Dios en los charcos carámbanos dejó caer.

Je faisais une louche enseigne d'auberge,
- Un orage vint chasser le ciel. Au soir
L'eau des bois se perdait sur les sables vierges,
Le vent de Dieu jetais des glaçons aux mares;

11.

Lloré mirando el oro -y no pude beber.

Pleurant, je voyais de l'or - et ne pus boire. -

12.

***

***

13.

A las cuatro de la mañana, en el verano,
El sueño del amor aún se prolonga.
De la noche de fiesta, en los boscajes,
El olor se evapora.

A quatre heures du matin, l'été,
Le sommeil d'amour dure encore.
Sous les bocages s'évapore
L'odeur du soir fêté.

14.

Bajo del sol de las Hespérides,
Lejos, en su vasto astillero,
En mangas de camisa agítanse
Los Carpinteros.

Là-bas, dans leur vaste chantier
Au soleil des Hespérides,
Déjà s'agitent - en bras de chemise -
Les Charpentiers.

15.

En sus Desiertos de musgo, tranquilos,
Preparan los artesones dorados,
En los que la ciudad
Pintará cielos falsos.

Dans leurs Déserts de mousse, tranquilles,
Ils préparent les lambris précieux
Où la ville
Peindra de faux cieux.

16.

Oh, por esos Obreros admirables,
Súbditos de algún rey de Babilonia,
¡Venus! deja un instante los Amantes
Cuya alma lleva tu corona.

ô, pour ces Ouvriers charmants
Sujets d'un roi de Babylone,
Vénus! quitte un instant les Amants
Dont l'âme est en couronne.

17.

Oh Reina de Pastores,
Ofrece a los trabajadores el licor de alegría,
Que apacigüe sus fuerzas,
En espera del baño de mar a mediodía.

ô Reine des Bergers,
Porte aux travailleurs l'eau-de-vie,
Que leurs forces soient en paix
En attendant le bain dans la mer à midi.

18.

***

***

19.

Las vejeces poéticas eran buena parte de mi alquimia del verbo.

La vieillerie poétique avait une bonne part dans mon alchimie du verbe.

20.

Me acostumbré a la alucinación simple: veía muy claramente una mezquita en lugar de una fábrica, una escuela de tambores instalada por los ángeles, calesas en las rutas del cielo, un salón en el fondo de un lago; monstruos, misterios; un título de sainete erigía espantos delante de mí.

Je m'habituai à l'hallucination simple: je voyais très-franchement une mosquée à la place d'une usine, une école de tambours faite par des anges, des calèches sur les routes du ciel, un salon au fond d'un lac; les monstres, les mystères; un titre de vaudeville dressait des épouvantes devant moi!

21.

¡Después explicaba mis sofismas mágicos con la alucinación de las palabras!

Puis j'expliquai mes sophismes magiques avec l'hallucination des mots!

22.

Acabé por encontrar sagrado el desorden de mi espíritu. Permanecía ocioso, presa de una pesada fiebre: envidiaba la felicidad de los animales; las orugas, que representan la inocencia de los limbos; los topos, el sueño de la virginidad.

Je finis par trouver sacré le désordre de mon esprit. J'étais oisif, en proie à une lourde fièvre: j'enviais la félicité des bêtes, - les chenilles, qui représentent l'innocence des limbes, le sommeil de la virginité!

23.

Se me agriaba el carácter. Decía adiós al mundo con unas especies de romances:

Mon caractère s'aigrissait. Je disais adieu au monde dans d'espèces de romances:

24.

CANCIÓN DE LA MÁS ALTA TORRE

CHANSON DE LA PLUS HAUTE TOUR.

25.

Que llegue, que llegue,
El tiempo en que se quiere.

Qu'il vienne, qu'il vienne,
Le temps dont on s'éprenne.

26.

Tanta paciencia tuve
Que todo lo he olvidado.
Temores y dolores
Al cielo se han volado. Y la malsana sed
Mis venas ha nublado.

J'ai tant fait patience
Qu'à jamais j'oublie.
Craintes et souffrances
Aux cieux sont parties.
Et la soif malsaine
Obscurcit mes veines.

27.

Que llegue, que llegue,
El tiempo en que se quiere.

Qu'il vienne, qu'il vienne,
Le temps dont on s'éprenne.

28.

Tal como la pradera
Entregada al olvido,
En que incienso y cizañas
Creciendo han florecido,
Bajo las sucias moscas
Y su feroz zumbido.

Telle la prairie
A l'oubli livrée,
Grandie et fleurie
D'encens et d'ivraies,
Au bourdon farouche
Des sales mouches.

29.

Que llegue, que llegue,
El tiempo en que se quiere.

Qu'il vienne, qu'il vienne,
Le temps dont on s'éprenne.

30.

Yo amaba el desierto, los vergeles quemados, las tiendas marchitas, las bebidas tibias. Me arrastraba por las callejas hediondas y con los ojos cerrados, me ofrecía al sol, dios de fuego.

J'aimai le désert, les vergers brûlés, les boutiques fanées, les boissons tiédies. Je me traînais dans les ruelles puantes et, les yeux fermés, je m'offrais au soleil, dieu de feu.

31.

«General, si queda un viejo cañón sobre tus murallas derruidas, bombardéanos con bloques de tierra seca. ¡Bombardea los espejos de los almacenes espléndidos! ¡Bombardea los salones! Haz tragar su polvo a la ciudad. Oxida las gárgolas. Llena los tocadores de briznas de rubí quemante ...»

"Général, s'il reste un vieux canon sur tes remparts en ruines, bombarde-nous avec des blocs de terre sèche. Aux glaces des magasins splendides! dans les salons! Fais manger sa poussière à la ville. Oxyde les gargouilles. Emplis les boudoirs de poudre de rubis brûlante... "

32.

¡Oh! el moscardón embriagado en el mingitorio de la posada, enamorado de la borraja y al que disuelve un rayo de luz.

Oh! le moucheron enivré à la pissotière de l'auberge, amoureux de la bourrache, et que dissout un rayon!

33.

HAMBRE

FAIM

34.

Si tengo apetito es sólo
De la tierra y de las piedras.
Yo almuerzo siempre con aire,
Hierro, carbones y peñas.

Si j'ai du goût, ce n'est guère
Que pour la terre et les pierres.
Je déjeune toujours d'air,
De roc, de charbon, de fer.

35.

Hambres mías, girad. Hambres, cruzad
El prado de sonidos.
Atraed el veneno alegre
De los lirios.

Mes faims, tournez. Paissez, faims,
Le pré des sons.
Attirez le gai venin
Des liserons.

36.

Comed los cascotes rotos,
Piedras de viejas iglesias,
Guijas de antiguos diluvios,
Panes sueltos en grises glebas.

Mangez les cailloux qu'on brise,
Les vieilles pierres d'églises;
Les galets des vieux déluges,
Pains semés dans les vallées grises.

37.

El lobo aullaba entre el follaje,
Las bellas plumas escupiendo
De su comida de volátiles:
Como él me estoy consumiendo.

Le loup criait sous les feuilles
En crachant les belles plumes
De son repas de volailles:
Comme lui je me consume.

38.

Las ensaladas, las frutas,
Sólo esperan la cosecha;
Pero la araña del seto
No come más que violetas.

Les salades, les fruits
N'attendent que la cueillette;
Mais l'araignée de la haie
Ne mange que des violettes.

39.

¡Que yo duerma! Que borbotee
En los altares de Salomón.

Que je dorme! Que je bouille
Aux autels de Salomon.

40.

El hervor corre por la herrumbre,
Y se mezcla con el Cedrón.

Le bouillon court sur la rouille
Et se mêle au Cédron.

41.

Por fin, oh felicidad, oh razón, aparté del cielo el azur, que es negro, y viví, chispa de oro de la luz naturaleza.

Enfin, ô bonheur, ô raison, j'écartai du ciel l'azur, qui est du noir, et je vécus, étincelle d'or de la lumière nature.

42.

En mi alegría, adopté la expresión más bufonesca y extraviada que pueda concebirse:

De joie, je prenais une expression bouffonne et égarée au possible:

43.

¡Ha sido encontrada!
-¿ Qué?- La eternidad.
Es, al sol mezclada,
La mar.

Elle est retrouvée!
Quoi? L'éternité
C'est la mer mêlée
Au soleil.

44.

Alma mía eterna,
A tu voto haz honor,
Pese a la noche sola,
Y del día al fulgor.

Mon âme éternelle,
Observe ton voeu
Malgré la nuit seule
Et le jour en feu.

45.

¡Tú te liberas, pues,
De humanos formularios,
De impulsos ordinarios!
Y vuelas al través...

Donc tu te dégages
Des humains suffrages,
Des communs élans!
Tu votes selon...

46.

-Jamás ya la esperanza.
No hay orietur, te juro.
La ciencia y la paciencia,
El suplicio es seguro.

- Jamais l'espérance.
Pas d'orietur.
Science et patience,
Le supplice est sûr.

47.

Ni un mañana queda,
Oh brasas de seda,
Vuestro arder
Es el deber.

Plus de lendemain,
Braises de satin,
Votre ardeur
Est le devoir.

48.

Ha sido encontrada!
-¿Qué?- La Eternidad.
Es, al sol mezclada,
La mar.

Elle est retrouvée!
- Quoi? -L'Éternité.
C'est la mer mêlée
Au soleil.

49.

***

***

50.

Me convertí en una ópera fabulosa: vi que todos los seres tienen una fatalidad de dicha: la acción no es la vida, sino una manera de estropear cualquier fuerza, un enervamiento. La moral es una flaqueza del cerebro.

Je devins un opéra fabuleux: je vis que tous les êtres ont une fatalité de bonheur: l'action n'est pas la vie, mais une façon de gâcher quelque force, un énervement. La morale est la faiblesse de la cervelle.

51.

Me parecía que a cada ser le eran debidas otras vidas. Ese señor no sabe lo que hace: es un ángel. Esta familia es una camada de perros. Ante muchos hombres, hablaba yo en voz alta con un momento de alguna de sus otras vidas. De ese modo, amé a un puerco.

A chaque être, plusieurs autres vies me semblaient dues. Ce monsieur ne sait ce qu'il fait: il est un ange. Cette famille est une nichée de chiens. Devant plusieurs hommes, je causai tout haut avec un moment d'une de leurs autres vies. - Ainsi, j'ai aimé un porc.

52.

Ninguno de los sofismas de la locura -de la locura a la que se encierra-, fue olvidado por mí; podría repetirlos a todos; tengo el sistema.

Aucun des sophismes de la folie, - la folie qu'on enferme, - n'a été oublié par moi: je pourrai les redire tous, je tiens le système.

53.

Mi salud se vio amenazada. Me invadía el terror. Caía en sopores de varios días, y una vez levantado, continuaba con los sueños más tristes. Estaba maduro para la muerte, y por una ruta de peligros, mi debilidad me conducía hacia los confines del mundo y de la Cimeria, patria de la sombra y los torbellinos.

Ma santé fut menacée. La terreur venait. Je tombais dans des sommeils de plusieurs jours, et, levé, je continuais les rêves les plus tristes. J'étais mûr pour le trépas, et par une route de dangers ma faiblesse me menait aux confins du monde et de la Cimmérie, patrie de l'ombre et des tourbillons.

54.

Tuve que viajar, para distraer los hechizos reunidos en mi cerebro. Sobre el mar, que amaba como si hubiera tenido que lavarme de una mácula, veía yo alzarse la Cruz consoladora. Había sido condenado por el arco iris. La Dicha era mi fatalidad, mi remordimiento, mi gusano: mi vida sería siempre demasiado inmensa para consagrarla a la belleza y a la fuerza.

Je dus voyager, distraire les enchantements assemblés sur mon cerveau. Sur la mer, que j'aimais comme si elle eût dû me laver d'une souillure, je voyais se lever la croix consolatrice. J'avais été damné par l'arc-en-ciel. Le Bonheur était ma fatalité, mon remords, mon ver: ma vie serait toujours trop immense pour être dévouée à la force et à la beauté.

55.

¡La Dicha! Sus dientes, suaves para la muerte, me advertían al cantar el gallo -ad matutinum, al Christus venit-, en las ciudades más sombrías:

Le bonheur! Sa dent, douce à la mort, m'avertissait au chant du coq, -ad matutinum, au Christus venit, - dans les plus sombres villes:

56.

¡Oh castillos, oh estaciones!
¿Qué alma no tiene reproche?

ô saisons, ô châteaux!
Quelle âme est sans défauts?

57.

Estudié el mágico enigma
De la ineludible dicha.

J'ai fait la magique étude
Du bonheur, qu'aucun n'élude.

58.

Saludemos su regalo,
Cuando canta el gallo galo.

Salut à lui, chaque fois
Que chante le coq gaulois.

59.

Ya no tendré más envidia:
Se ha encargado de mi vida.

Ah! je n'aurai plus d'envie:
Il s'est chargé de ma vie.

60.

Su hechizo el alma y el cuerpo
Cogió, y dispersó el esfuerzo.

Ce charme a pris âme et corps
Et dispersé les efforts.

61.

¡Oh castillos, oh estaciones!

ô saisons, ô châteaux!

62.

La hora de su fuga, ¡oh suerte!
Será la hora de la muerte

L'heure de sa fuite, hélas!
Sera l'heure du trépas.

63.

¡Oh castillos, oh estaciones!

ô saisons, ô châteaux!

64.

***

***

65.

Todo eso ha pasado. Hoy, sé saludar la belleza.

Cela s'est passé. Je sais aujourd'hui saluer la beauté.

00:00 17:55

Tamaño de Fuente
Tipografía
Alineación

Velocidad de Reproducción
Reproducir siguiente automáticamente
Alineación
Cambiar Idioma
Modo Noche
Volumen
Compartir
Favorito

15880

5150

7977

Arthur Rimbaud

Autor.aspx?id=391

Una temporada en el infierno / Une saison en enfer

5. Delirios II: Alquimia del verbo

9 Capítulos

TextosParalelosVersion.aspx?id=3339&idB=3340

5149

7976

5151

7978

1.

Ahora yo. La historia de una de mis locuras.

A moi. L'histoire d'une de mes folies.

2.

Desde hacía largo tiempo, me jactaba de poseer todos los paisajes posibles, y encontraba irrisorias las celebridades de la pintura y de la poesía moderna.

Depuis longtemps je me vantais de posséder tous les paysages possibles, et trouvais dérisoires les célébrités de la peinture et de la poésie moderne.

3.

Me gustaban las pinturas idiotas, dinteles historiados, decoraciones, telas de saltimbanquis, carteles, estampas populares; la literatura anticuada, latín de iglesia, libros eróticos sin ortografía, novelas de nuestras abuelas, cuentos de hadas, libritos para niños, óperas viejas, canciones bobas, ritmos ingenuos. 

J'aimais les peintures idiotes, dessus des portes, décors, toiles de saltimbanques, enseignes, enluminures populaires; la littérature démodée, latin d'église, livres érotiques sans orthographe, romans de nos aïeules, contes de fées, petits livres de l'enfance, opéras vieux, refrains niais, rhythmes naïfs.

4.

Soñaba con cruzadas, con viajes de descubrimientos de los que no hay relatos, con repúblicas sin historia, guerras de religión sofocadas, revoluciones de costumbres, desplazamientos de razas y de continentes: creía en todos los encantamientos.

Je rêvais croisades, voyages de découvertes dont on n'a pas de relations, républiques sans histoires, guerres de religion étouffées, révolutions de meurs, déplacements de races et de continents: je croyais à tous les enchantements.

5.

¡Inventé el color de las vocales! -A negra, E blanca, I roja, O azul, U verde-. Reglamenté la forma y el movimiento de cada consonante y me vanagloriaba de inventar, con ritmos instintivos, un verbo poético accesible, cualquier día, a todos los sentidos. Me reservaba la traducción.

J'inventai la couleur des voyelles! - A noir, E blanc, I rouge, O bleu, U vert. - Je réglai la forme et le mouvement de chaque consonne, et, avec des rhythmes instinctifs, je me flattai d'inventer un verbe poétique accessible, un jour ou l'autre, à tous les sens. Je réservais la traduction.

6.

Al principio fue un estudio. Yo escribía silencios, noches, anotaba lo inexpresable. Fijaba vértigos.

Ce fut d'abord une étude. J'écrivais des silences, des nuits, je notais l'inexprimable, je fixais des vertiges.

7.

***

***

8.

Lejos de pájaros, de aldeanas, de rebaños,
¿Qué bebía, de hinojos en aquella maleza
Circundada de tiernos boscajes de avellanos,
Entre la bruma tibia y verde de la siesta?

Loin des oiseaux, des troupeaux, des villageoises,
Que buvais-je, à genoux dans cette bruyère
Entourée de tendres bois de noisetiers,
Dans un brouillard d'après-midi tiède et vert?

9.

¿Qué podía beber en ese joven río,
-¡Olmos sin voz, cielo oscuro, césped sin flor!
En gualdas cantimploras, sin mi choza querida?
Haciéndome sudar, algún áureo licor

Que pouvais-je boire dans cette jeune Oise,
- Ormeaux sans voix, gazon sans fleurs, ciel couvert!-
Boire à ces gourdes jaunes, loin de ma case
Chérie? Quelque liqueur d'or qui fait suer.

10.

Parecía el equívoco cartel de una taberna.
-Una tormenta borró el cielo. Al atardecer
El agua de los bosques huyó hacia arenas vírgenes,
Dios en los charcos carámbanos dejó caer.

Je faisais une louche enseigne d'auberge,
- Un orage vint chasser le ciel. Au soir
L'eau des bois se perdait sur les sables vierges,
Le vent de Dieu jetais des glaçons aux mares;

11.

Lloré mirando el oro -y no pude beber.

Pleurant, je voyais de l'or - et ne pus boire. -

12.

***

***

13.

A las cuatro de la mañana, en el verano,
El sueño del amor aún se prolonga.
De la noche de fiesta, en los boscajes,
El olor se evapora.

A quatre heures du matin, l'été,
Le sommeil d'amour dure encore.
Sous les bocages s'évapore
L'odeur du soir fêté.

14.

Bajo del sol de las Hespérides,
Lejos, en su vasto astillero,
En mangas de camisa agítanse
Los Carpinteros.

Là-bas, dans leur vaste chantier
Au soleil des Hespérides,
Déjà s'agitent - en bras de chemise -
Les Charpentiers.

15.

En sus Desiertos de musgo, tranquilos,
Preparan los artesones dorados,
En los que la ciudad
Pintará cielos falsos.

Dans leurs Déserts de mousse, tranquilles,
Ils préparent les lambris précieux
Où la ville
Peindra de faux cieux.

16.

Oh, por esos Obreros admirables,
Súbditos de algún rey de Babilonia,
¡Venus! deja un instante los Amantes
Cuya alma lleva tu corona.

ô, pour ces Ouvriers charmants
Sujets d'un roi de Babylone,
Vénus! quitte un instant les Amants
Dont l'âme est en couronne.

17.

Oh Reina de Pastores,
Ofrece a los trabajadores el licor de alegría,
Que apacigüe sus fuerzas,
En espera del baño de mar a mediodía.

ô Reine des Bergers,
Porte aux travailleurs l'eau-de-vie,
Que leurs forces soient en paix
En attendant le bain dans la mer à midi.

18.

***

***

19.

Las vejeces poéticas eran buena parte de mi alquimia del verbo.

La vieillerie poétique avait une bonne part dans mon alchimie du verbe.

20.

Me acostumbré a la alucinación simple: veía muy claramente una mezquita en lugar de una fábrica, una escuela de tambores instalada por los ángeles, calesas en las rutas del cielo, un salón en el fondo de un lago; monstruos, misterios; un título de sainete erigía espantos delante de mí.

Je m'habituai à l'hallucination simple: je voyais très-franchement une mosquée à la place d'une usine, une école de tambours faite par des anges, des calèches sur les routes du ciel, un salon au fond d'un lac; les monstres, les mystères; un titre de vaudeville dressait des épouvantes devant moi!

21.

¡Después explicaba mis sofismas mágicos con la alucinación de las palabras!

Puis j'expliquai mes sophismes magiques avec l'hallucination des mots!

22.

Acabé por encontrar sagrado el desorden de mi espíritu. Permanecía ocioso, presa de una pesada fiebre: envidiaba la felicidad de los animales; las orugas, que representan la inocencia de los limbos; los topos, el sueño de la virginidad.

Je finis par trouver sacré le désordre de mon esprit. J'étais oisif, en proie à une lourde fièvre: j'enviais la félicité des bêtes, - les chenilles, qui représentent l'innocence des limbes, le sommeil de la virginité!

23.

Se me agriaba el carácter. Decía adiós al mundo con unas especies de romances:

Mon caractère s'aigrissait. Je disais adieu au monde dans d'espèces de romances:

24.

CANCIÓN DE LA MÁS ALTA TORRE

CHANSON DE LA PLUS HAUTE TOUR.

25.

Que llegue, que llegue,
El tiempo en que se quiere.

Qu'il vienne, qu'il vienne,
Le temps dont on s'éprenne.

26.

Tanta paciencia tuve
Que todo lo he olvidado.
Temores y dolores
Al cielo se han volado. Y la malsana sed
Mis venas ha nublado.

J'ai tant fait patience
Qu'à jamais j'oublie.
Craintes et souffrances
Aux cieux sont parties.
Et la soif malsaine
Obscurcit mes veines.

27.

Que llegue, que llegue,
El tiempo en que se quiere.

Qu'il vienne, qu'il vienne,
Le temps dont on s'éprenne.

28.

Tal como la pradera
Entregada al olvido,
En que incienso y cizañas
Creciendo han florecido,
Bajo las sucias moscas
Y su feroz zumbido.

Telle la prairie
A l'oubli livrée,
Grandie et fleurie
D'encens et d'ivraies,
Au bourdon farouche
Des sales mouches.

29.

Que llegue, que llegue,
El tiempo en que se quiere.

Qu'il vienne, qu'il vienne,
Le temps dont on s'éprenne.

30.

Yo amaba el desierto, los vergeles quemados, las tiendas marchitas, las bebidas tibias. Me arrastraba por las callejas hediondas y con los ojos cerrados, me ofrecía al sol, dios de fuego.

J'aimai le désert, les vergers brûlés, les boutiques fanées, les boissons tiédies. Je me traînais dans les ruelles puantes et, les yeux fermés, je m'offrais au soleil, dieu de feu.

31.

«General, si queda un viejo cañón sobre tus murallas derruidas, bombardéanos con bloques de tierra seca. ¡Bombardea los espejos de los almacenes espléndidos! ¡Bombardea los salones! Haz tragar su polvo a la ciudad. Oxida las gárgolas. Llena los tocadores de briznas de rubí quemante ...»

"Général, s'il reste un vieux canon sur tes remparts en ruines, bombarde-nous avec des blocs de terre sèche. Aux glaces des magasins splendides! dans les salons! Fais manger sa poussière à la ville. Oxyde les gargouilles. Emplis les boudoirs de poudre de rubis brûlante... "

32.

¡Oh! el moscardón embriagado en el mingitorio de la posada, enamorado de la borraja y al que disuelve un rayo de luz.

Oh! le moucheron enivré à la pissotière de l'auberge, amoureux de la bourrache, et que dissout un rayon!

33.

HAMBRE

FAIM

34.

Si tengo apetito es sólo
De la tierra y de las piedras.
Yo almuerzo siempre con aire,
Hierro, carbones y peñas.

Si j'ai du goût, ce n'est guère
Que pour la terre et les pierres.
Je déjeune toujours d'air,
De roc, de charbon, de fer.

35.

Hambres mías, girad. Hambres, cruzad
El prado de sonidos.
Atraed el veneno alegre
De los lirios.

Mes faims, tournez. Paissez, faims,
Le pré des sons.
Attirez le gai venin
Des liserons.

36.

Comed los cascotes rotos,
Piedras de viejas iglesias,
Guijas de antiguos diluvios,
Panes sueltos en grises glebas.

Mangez les cailloux qu'on brise,
Les vieilles pierres d'églises;
Les galets des vieux déluges,
Pains semés dans les vallées grises.

37.

El lobo aullaba entre el follaje,
Las bellas plumas escupiendo
De su comida de volátiles:
Como él me estoy consumiendo.

Le loup criait sous les feuilles
En crachant les belles plumes
De son repas de volailles:
Comme lui je me consume.

38.

Las ensaladas, las frutas,
Sólo esperan la cosecha;
Pero la araña del seto
No come más que violetas.

Les salades, les fruits
N'attendent que la cueillette;
Mais l'araignée de la haie
Ne mange que des violettes.

39.

¡Que yo duerma! Que borbotee
En los altares de Salomón.

Que je dorme! Que je bouille
Aux autels de Salomon.

40.

El hervor corre por la herrumbre,
Y se mezcla con el Cedrón.

Le bouillon court sur la rouille
Et se mêle au Cédron.

41.

Por fin, oh felicidad, oh razón, aparté del cielo el azur, que es negro, y viví, chispa de oro de la luz naturaleza.

Enfin, ô bonheur, ô raison, j'écartai du ciel l'azur, qui est du noir, et je vécus, étincelle d'or de la lumière nature.

42.

En mi alegría, adopté la expresión más bufonesca y extraviada que pueda concebirse:

De joie, je prenais une expression bouffonne et égarée au possible:

43.

¡Ha sido encontrada!
-¿ Qué?- La eternidad.
Es, al sol mezclada,
La mar.

Elle est retrouvée!
Quoi? L'éternité
C'est la mer mêlée
Au soleil.

44.

Alma mía eterna,
A tu voto haz honor,
Pese a la noche sola,
Y del día al fulgor.

Mon âme éternelle,
Observe ton voeu
Malgré la nuit seule
Et le jour en feu.

45.

¡Tú te liberas, pues,
De humanos formularios,
De impulsos ordinarios!
Y vuelas al través...

Donc tu te dégages
Des humains suffrages,
Des communs élans!
Tu votes selon...

46.

-Jamás ya la esperanza.
No hay orietur, te juro.
La ciencia y la paciencia,
El suplicio es seguro.

- Jamais l'espérance.
Pas d'orietur.
Science et patience,
Le supplice est sûr.

47.

Ni un mañana queda,
Oh brasas de seda,
Vuestro arder
Es el deber.

Plus de lendemain,
Braises de satin,
Votre ardeur
Est le devoir.

48.

Ha sido encontrada!
-¿Qué?- La Eternidad.
Es, al sol mezclada,
La mar.

Elle est retrouvée!
- Quoi? -L'Éternité.
C'est la mer mêlée
Au soleil.

49.

***

***

50.

Me convertí en una ópera fabulosa: vi que todos los seres tienen una fatalidad de dicha: la acción no es la vida, sino una manera de estropear cualquier fuerza, un enervamiento. La moral es una flaqueza del cerebro.

Je devins un opéra fabuleux: je vis que tous les êtres ont une fatalité de bonheur: l'action n'est pas la vie, mais une façon de gâcher quelque force, un énervement. La morale est la faiblesse de la cervelle.

51.

Me parecía que a cada ser le eran debidas otras vidas. Ese señor no sabe lo que hace: es un ángel. Esta familia es una camada de perros. Ante muchos hombres, hablaba yo en voz alta con un momento de alguna de sus otras vidas. De ese modo, amé a un puerco.

A chaque être, plusieurs autres vies me semblaient dues. Ce monsieur ne sait ce qu'il fait: il est un ange. Cette famille est une nichée de chiens. Devant plusieurs hommes, je causai tout haut avec un moment d'une de leurs autres vies. - Ainsi, j'ai aimé un porc.

52.

Ninguno de los sofismas de la locura -de la locura a la que se encierra-, fue olvidado por mí; podría repetirlos a todos; tengo el sistema.

Aucun des sophismes de la folie, - la folie qu'on enferme, - n'a été oublié par moi: je pourrai les redire tous, je tiens le système.

53.

Mi salud se vio amenazada. Me invadía el terror. Caía en sopores de varios días, y una vez levantado, continuaba con los sueños más tristes. Estaba maduro para la muerte, y por una ruta de peligros, mi debilidad me conducía hacia los confines del mundo y de la Cimeria, patria de la sombra y los torbellinos.

Ma santé fut menacée. La terreur venait. Je tombais dans des sommeils de plusieurs jours, et, levé, je continuais les rêves les plus tristes. J'étais mûr pour le trépas, et par une route de dangers ma faiblesse me menait aux confins du monde et de la Cimmérie, patrie de l'ombre et des tourbillons.

54.

Tuve que viajar, para distraer los hechizos reunidos en mi cerebro. Sobre el mar, que amaba como si hubiera tenido que lavarme de una mácula, veía yo alzarse la Cruz consoladora. Había sido condenado por el arco iris. La Dicha era mi fatalidad, mi remordimiento, mi gusano: mi vida sería siempre demasiado inmensa para consagrarla a la belleza y a la fuerza.

Je dus voyager, distraire les enchantements assemblés sur mon cerveau. Sur la mer, que j'aimais comme si elle eût dû me laver d'une souillure, je voyais se lever la croix consolatrice. J'avais été damné par l'arc-en-ciel. Le Bonheur était ma fatalité, mon remords, mon ver: ma vie serait toujours trop immense pour être dévouée à la force et à la beauté.

55.

¡La Dicha! Sus dientes, suaves para la muerte, me advertían al cantar el gallo -ad matutinum, al Christus venit-, en las ciudades más sombrías:

Le bonheur! Sa dent, douce à la mort, m'avertissait au chant du coq, -ad matutinum, au Christus venit, - dans les plus sombres villes:

56.

¡Oh castillos, oh estaciones!
¿Qué alma no tiene reproche?

ô saisons, ô châteaux!
Quelle âme est sans défauts?

57.

Estudié el mágico enigma
De la ineludible dicha.

J'ai fait la magique étude
Du bonheur, qu'aucun n'élude.

58.

Saludemos su regalo,
Cuando canta el gallo galo.

Salut à lui, chaque fois
Que chante le coq gaulois.

59.

Ya no tendré más envidia:
Se ha encargado de mi vida.

Ah! je n'aurai plus d'envie:
Il s'est chargé de ma vie.

60.

Su hechizo el alma y el cuerpo
Cogió, y dispersó el esfuerzo.

Ce charme a pris âme et corps
Et dispersé les efforts.

61.

¡Oh castillos, oh estaciones!

ô saisons, ô châteaux!

62.

La hora de su fuga, ¡oh suerte!
Será la hora de la muerte

L'heure de sa fuite, hélas!
Sera l'heure du trépas.

63.

¡Oh castillos, oh estaciones!

ô saisons, ô châteaux!

64.

***

***

65.

Todo eso ha pasado. Hoy, sé saludar la belleza.

Cela s'est passé. Je sais aujourd'hui saluer la beauté.

Audio.aspx?id=5150&c=2E982D08F06955D24EAB4B0C7FB99FAA6C140162

1075

1 hora 44 minutos

0

0

ESP / FRA

Esta página web usa cookies

Utilizamos cookies propias y de terceros para gestionar el sitio web, recabar información sobre la utilización del mismo y mejorar nuestros servicios. Más información.