»Así, como mi pena se renovara sin cesar, y como me sintiera más extraviada ante mis propios ojos -¡como ante todos los ojos que hubieran querido mirarme, de no haber estado condenada para siempre al olvido de todos!- tenía cada vez más y más hambre de su bondad. Con sus besos y sus abrazos amistosos, yo entraba realmente en un cielo, un sombrío cielo, en el que hubiera querido que me dejaran pobre, sorda, muda, ciega. Ya empezaba a acostumbrarme. Y nos veía a ambos, como a dos niños buenos, libres de pasearse por el Paraíso de la Tristeza. Nos poníamos de acuerdo. Muy emocionados, trabajábamos juntos. Pero después de una penetrante caricia, me decía: "Cuando yo ya no esté, qué extraño te parecerá esto por que has pasado. Cuando ya no tengas mis brazos bajo tu cuello, ni mi corazón para descansar en él, ni esta boca sobre tus ojos. Porque algún día, tendré que irme, muy lejos. Pues es menester que ayude a otros: tal es mi deber. Aunque eso no sea nada apetitoso... alma querida..." De inmediato yo me presentía, sin él, presa del vértigo, precipitada en la sombra más tremenda: la muerte. Y le hacía prometer que no me abandonaría. Veinte veces me hizo esa promesa de amante. Era tan frívolo como yo cuando le decía: "Te comprendo".
"Ainsi, mon chagrin se renouvelant sans cesse, et me trouvant plus égarée à ses yeux, - comme à tous les yeux qui auraient voulu me fixer, si je n'eusse été condamnée pour jamais à l'oubli de tous! - j'avais de plus en plus faim de sa bonté. Avec ses baisers et ses étreintes amies, c'était bien un ciel, un sombre ciel, où j'entrais, et où j'aurais voulu être laissée, pauvre, sourde, muette, aveugle. Déjà j'en prenais l'habitude. Je nous voyais comme deux bons enfants, libres de se promener dans le Paradis de tristesse. Nous nous accordions. Bien émus, nous travaillions ensemble. Mais, après une pénétrante caresse, il disait: "Comme ça te paraîtra drôle, quand je n'y serai plus, ce par quoi tu as passé. Quand tu n'auras plus mes bras sous ton cou, ni mon coeur pour t'y reposer, ni cette bouche sur tes yeux. Parce qu'il faudra que je m'en aille, très-loin, un jour. Puis il faut que j'en aide d'autres: c'est mon devoir. Quoique ce ne soit guère ragoûtant... , chère âme... " Tout de suite je me pressentais, lui parti, en proie au vertige, précipitée dans l'ombre la plus affreuse: la mort. Je lui faisais promettre qu'il ne me lâcherait pas. Il l'a faite vingt fois, cette promesse d'amant. C'était aussi frivole que moi lui disant: "Je te comprends."