Una temporada en el infierno / Une saison en enfer - Arthur Rimbaud
1.

Antaño, si mal no recuerdo, mi vida era un festín donde corrían todos los vinos, donde se abrían todos los corazones.

"Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin où s'ouvraient tous les coeurs, où tous les vins coulaient.

2.

Una noche, senté a la Belleza en mis rodillas. Y la encontré amarga. Y la injurié.

Un soir, j'ai assis la Beauté sur mes genoux. - Et je l'ai trouvée amère. - Et je l'ai injuriée.

3.

Yo me he armado contra la justicia.

Je me suis armé contre la justice.

4.

Yo me he fugado. ¡Oh brujas, oh miseria, odio, mi tesoro fue confiado a vosotros!

Je me suis enfui. ô sorcières, ô misère, ô haine, c'est à vous que mon trésor a été confié!

5.

Conseguí desvanecer en mi espíritu toda esperanza humana. Sobre toda dicha, para estrangularla, salté con el ataque sordo del animal feroz.

Je parvins à faire s'évanouir dans mon esprit toute l'espérance humaine. Sur toute joie pour l'étrangler j'ai fait le bond sourd de la bête féroce.

6.

Yo llamé a los verdugos para morir mordiendo la culata de sus fusiles. Invoqué a las plagas, para sofocarme con sangre, con arena. El infortunio fue mi dios. Yo me he tendido cuan largo era en el barro. Me he secado en la ráfaga del crimen. Y le he jugado malas pasadas a la locura.

J'ai appelé les bourreaux pour, en périssant, mordre la crosse de leurs fusils. J'ai appelé les fléaux, pour m'étouffer avec le sable, avec le sang. Le malheur a été mon dieu. Je me suis allongé dans la boue. Je me suis séché à l'air du crime. Et j'ai joué de bons tours à la folie.

7.

Y la primavera me trajo la risa espantable del idiota.

Et le printemps m'a apporté l'affreux rire de l'idiot.

8.

Ahora bien, recientemente, como estuviera a punto de exhalar el último ¡cuac! pensé en buscar la llave del antiguo festín, en el que acaso recobrara el apetito.

Or, tout dernièrement, m'étant trouvé sur le point de faire le dernier couac! j'ai songé à rechercher le clef du festin ancien, où je reprendrais peut-être appétit.

9.

Esa llave es la caridad. ¡Y tal inspiración demuestra que he soñado!

La charité est cette clef. - Cette inspiration prouve que j'ai rêvé!

10.

"Tú seguirás siendo una hiena, etc... declara el demonio que me coronó con tan amables amapolas.

"Tu resteras hyène, etc.... ," se récrie le démon qui me couronna de si aimables pavots. 

11.

"Gana la muerte con todos tus apetitos, y con tu egoísmo y con todos los pecados capitales".

"Gagne la mort avec tous tes appétits, et ton égoïsme et tous les péchés capitaux."

12.

¡Ah! ¡por demás los tengo! Pero, caro Satán, os conjuro a ello, ¡menos irritación en esos ojos! Y a la espera de las pocas y pequeñas cobardías que faltan, desprendo para vos, que amáis en el escritor la ausencia de facultades descriptivas o instructivas, unas cuantas páginas horrendas de mi carnet de condenado.

Ah! j'en ai trop pris: - Mais, cher Satan, je vous en conjure, une prunelle moins irritée! et en attendant les quelques petites lâchetés en retard, vous qui aimez dans l'écrivain l'absence des facultés descriptives ou instructives, je vous détache des quelques hideux feuillets de mon carnet de damné.

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Arthur Rimbaud

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Una temporada en el infierno / Une saison en enfer

1. Antaño, si mal no recuerdo...

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1.

Antaño, si mal no recuerdo, mi vida era un festín donde corrían todos los vinos, donde se abrían todos los corazones.

"Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin où s'ouvraient tous les coeurs, où tous les vins coulaient.

2.

Una noche, senté a la Belleza en mis rodillas. Y la encontré amarga. Y la injurié.

Un soir, j'ai assis la Beauté sur mes genoux. - Et je l'ai trouvée amère. - Et je l'ai injuriée.

3.

Yo me he armado contra la justicia.

Je me suis armé contre la justice.

4.

Yo me he fugado. ¡Oh brujas, oh miseria, odio, mi tesoro fue confiado a vosotros!

Je me suis enfui. ô sorcières, ô misère, ô haine, c'est à vous que mon trésor a été confié!

5.

Conseguí desvanecer en mi espíritu toda esperanza humana. Sobre toda dicha, para estrangularla, salté con el ataque sordo del animal feroz.

Je parvins à faire s'évanouir dans mon esprit toute l'espérance humaine. Sur toute joie pour l'étrangler j'ai fait le bond sourd de la bête féroce.

6.

Yo llamé a los verdugos para morir mordiendo la culata de sus fusiles. Invoqué a las plagas, para sofocarme con sangre, con arena. El infortunio fue mi dios. Yo me he tendido cuan largo era en el barro. Me he secado en la ráfaga del crimen. Y le he jugado malas pasadas a la locura.

J'ai appelé les bourreaux pour, en périssant, mordre la crosse de leurs fusils. J'ai appelé les fléaux, pour m'étouffer avec le sable, avec le sang. Le malheur a été mon dieu. Je me suis allongé dans la boue. Je me suis séché à l'air du crime. Et j'ai joué de bons tours à la folie.

7.

Y la primavera me trajo la risa espantable del idiota.

Et le printemps m'a apporté l'affreux rire de l'idiot.

8.

Ahora bien, recientemente, como estuviera a punto de exhalar el último ¡cuac! pensé en buscar la llave del antiguo festín, en el que acaso recobrara el apetito.

Or, tout dernièrement, m'étant trouvé sur le point de faire le dernier couac! j'ai songé à rechercher le clef du festin ancien, où je reprendrais peut-être appétit.

9.

Esa llave es la caridad. ¡Y tal inspiración demuestra que he soñado!

La charité est cette clef. - Cette inspiration prouve que j'ai rêvé!

10.

"Tú seguirás siendo una hiena, etc... declara el demonio que me coronó con tan amables amapolas.

"Tu resteras hyène, etc.... ," se récrie le démon qui me couronna de si aimables pavots. 

11.

"Gana la muerte con todos tus apetitos, y con tu egoísmo y con todos los pecados capitales".

"Gagne la mort avec tous tes appétits, et ton égoïsme et tous les péchés capitaux."

12.

¡Ah! ¡por demás los tengo! Pero, caro Satán, os conjuro a ello, ¡menos irritación en esos ojos! Y a la espera de las pocas y pequeñas cobardías que faltan, desprendo para vos, que amáis en el escritor la ausencia de facultades descriptivas o instructivas, unas cuantas páginas horrendas de mi carnet de condenado.

Ah! j'en ai trop pris: - Mais, cher Satan, je vous en conjure, une prunelle moins irritée! et en attendant les quelques petites lâchetés en retard, vous qui aimez dans l'écrivain l'absence des facultés descriptives ou instructives, je vous détache des quelques hideux feuillets de mon carnet de damné.

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