Historia de un mirlo blanco / Histoire d'un merle blanc - Alfred de Musset
1.

No necesité más de seis semanas para poner a punto mi primera obra. Como me lo había prometido, era un poema en cuarenta y ocho cantos. Podían encontrarse en él algunas negligencias como consecuencia de la prodigiosa fecundidad con la que lo había escrito, pero pensé que el público actual, acostumbrado a la bella literatura que se imprime en la parte inferior de los periódicos, no me haría reproches.

Il ne me fallut pas plus de six semaines pour mettre au jour mon premier ouvrage. C’était, comme je me l’étais promis, un poëme en quarante-huit chants. Il s’y trouvait bien quelques négligences, à cause de la prodigieuse fécondité avec laquelle je l’avais écrit ; mais je pensai que le public d’aujourd’hui, accoutumé à la belle littérature qui s’imprime au bas des journaux, ne m’en ferait pas un reproche.

2.

Obtuvo un éxito digno de mí, es decir, sin par. El tema de mi obra no era otro que yo mismo: en eso me acomodaba a la moda de nuestros tiempos. Contaba mis sufrimientos pasados con una encantadora fatuidad; ponía al corriente al lector de mil detalles domésticos del más excitante interés; la descripción de la escudilla de mi madre no ocupaba menos de catorce cantos, pues había contado las ranuras, los agujeros, las abolladuras, las astillas, las púas, los clavos, las manchas, los matices diversos, los reflejos; mostraba el interior, el exterior, los bordes, el fondo, los laterales, los planos inclinados, los planos rectos; pasando al contenido, había estudiado las briznas de hierba, las pajas, las hojas secas, los pequeños trozos de madera, los cascotes, las gotas de agua, los despojos de moscas, las patas rotas de abejorros que allí se encontraban: era una encantadora descripción. Pero no piensen que la imprimí de un tirón; hay lectores impertinentes que se la habrían saltado. La había dividido hábilmente en fragmentos y la había entremezclado con el relato, con el fin de que no se desperdiciara nada; de tal manera que en el momento más interesante y dramático aparecían de repente quince páginas de escudilla. He aquí, en mi opinión, uno de los grandes secretos del arte y, como no soy avaricioso, permito que lo aproveche el que quiera.

J’eus un succès digne de moi, c’est-à-dire sans pareil. Le sujet de mon ouvrage n’était autre que moi-même : je me conformai en cela à la grande mode de notre temps. Je racontais mes souffrances passées avec une fatuité charmante ; je mettais le lecteur au fait de mille détails domestiques du plus piquant intérêt ; la description de l’écuelle de ma mère ne remplissait pas moins de quatorze chants : j’en avais compté les rainures, les trous, les bosses, les éclats, les échardes, les clous, les taches, les teintes diverses, les reflets ; j’en montrais le dedans, le dehors, les bords, le fond, les côtés, les plans inclinés, les plans droits ; passant au contenu, j’avais étudié les brins d’herbe, les pailles, les feuilles sèches, les petits morceaux de bois, les graviers, les gouttes d’eau, les débris de mouches, les pattes de hannetons cassées qui s’y trouvaient : c’était une description ravissante. Mais ne pensez pas que je l’eusse imprimée tout d’une venue ; il y a des lecteurs impertinents qui l’auraient sautée. Je l’avais habilement coupée par morceaux, et entremêlée au récit, afin que rien n’en fût perdu ; en sorte qu’au moment le plus intéressant et le plus dramatique arrivaient tout à coup quinze pages d’écuelle. Voilà, je crois, un des grands secrets de l’art, et, comme je n’ai point d’avarice, en profitera qui voudra.

3.

Europa entera se sintió emocionada cuando apareció mi libro, y devoró las revelaciones íntimas que me había dignado comunicarle. ¿Cómo podía haber sido de otra forma? No sólo enumeraba todos los acontecimientos relacionados con mi persona, sino que además ofrecía al público un cuadro completo de todas las ensoñaciones que se me habían pasado por la cabeza desde la edad de dos meses; incluso había intercalado en el lugar más hermoso una oda que compuse cuando aún me encontraba en el huevo. Queda claro, por supuesto, que no olvidaba tratar, de paso, el gran tema que tanto preocupa al mundo, es decir, el futuro de la humanidad. Este problema me había parecido interesante; en un momento de ocio esbocé una solución que fue considerada satisfactoria.

L’Europe entière fut émue à l’apparition de mon livre ; elle dévora les révélations intimes que je daignais lui communiquer. Comment en eût-il été autrement ? Non seulement j’énumérais tous les faits qui se rattachaient à ma personne, mais je donnais encore au public un tableau complet de toutes les rêvasseries qui m’avaient passé par la tête depuis l’âge de deux mois ; j’avais même intercalé au plus bel endroit une ode composée dans mon œuf. Bien entendu d’ailleurs que je ne négligeais pas de traiter en passant le grand sujet qui préoccupe maintenant tant de monde : à savoir, l’avenir de l’humanité. Ce problème m’avait paru intéressant ; j’en ébauchai, dans un moment de loisir, une solution qui passa généralement pour satisfaisante.

4.

Me enviaban a diario cumplidos en verso, cartas de felicitación y declaraciones de amor anónimas. Por lo que respecta a las visitas, seguía estrictamente el plan que me había trazado; mi puerta estaba cerrada para todo el mundo. No pude, no obstante, librarme de recibir a dos extranjeros que se habían anunciado como parientes míos. Uno era un mirlo de Senegal y el otro un mirlo de China.

On m’envoyait tous les jours des compliments en vers, des lettres de félicitation et des déclarations d’amour anonymes. Quant aux visites, je suivais rigoureusement le plan que je m’étais tracé ; ma porte était fermée à tout le monde. Je ne pus cependant me dispenser de recevoir deux étrangers qui s’étaient annoncés comme étant de mes parents. L’un était un merle du Sénégal, et l’autre un merle de la Chine.

5.

-¡Ah! señor, -me dijeron mientras me abrazaban hasta asfixiarme-, ¡qué gran mirlo es usted! ¡qué bien ha descrito en su poema inmortal el profundo sufrimiento del genio no reconocido! Si no fuéramos ya todo lo incomprendidos que es posible, lo llegaríamos a ser después de haberlo leído a usted. ¡Hasta qué punto simpatizamos con su dolor, con su sublime desprecio de lo vulgar! ¡Nosotros también, señor, conocemos en carne propia las penas secretas que usted ha cantado! Aquí tiene dos sonetos que hemos escrito y que rogamos acepte.

— Ah ! monsieur, me dirent-ils en m’embrassant à m’étouffer, que vous êtes un grand merle ! que vous avez bien peint, dans votre poëme immortel, la profonde souffrance du génie méconnu ! Si nous n’étions pas déjà aussi incompris que possible, nous le deviendrions après vous avoir lu. Combien nous sympathisons avec vos douleurs, avec votre sublime mépris du vulgaire ! Nous aussi, monsieur, nous les connaissons par nous-mêmes, les peines secrètes que vous avez chantées ! Voici deux sonnets que nous avons faits, l’un portant l’autre, et que nous vous prions d’agréer.

6.

-Aquí tiene además -añadió el chino- la música que mi esposa ha compuesto sobre un pasaje de su prefacio. Expresa maravillosamente la intención del autor.

— Voici, en outre, ajouta le Chinois, de la musique que mon épouse a composée sur un passage de votre préface. Elle rend merveilleusement l’intention de l’auteur.

7.

-Señores, -les dije- por lo que puedo juzgar, ustedes me parecen dotados de un gran corazón y de un espíritu lleno de luces. Pero perdonen que les haga una pregunta: ¿De dónde procede su melancolía?

— Messieurs, leur dis-je, autant que j’en puis juger, vous me semblez doués d’un grand cœur et d’un esprit plein de lumières. Mais pardonnez-moi de vous faire une question. D’où vient votre mélancolie ?

8.

-¡Ah, señor! -respondió el habitante de Senegal- mire cómo estoy hecho. Mi plumaje, es verdad, es agradable a la vista y estoy cubierto del bello verde que se ve brillar en los patos, pero mi pico es demasiado corto y mi pie demasiado grande; y ¡mire qué cola tengo! la longitud de mi cuerpo no alcanza los dos tercios de ella. ¿No es esto motivo para sentirse endemoniado?

— Eh ! monsieur, répondit l’habitant du Sénégal, regardez comme je suis bâti. Mon plumage, il est vrai, est agréable à voir, et je suis revêtu de cette belle couleur verte qu’on voit briller sur les canards ; mais mon bec est trop court et mon pied trop grand ; et voyez de quelle queue je suis affublé ! la longueur de mon corps n’en fait pas les deux tiers. N’y a-t-il pas là de quoi se donner au diable ?

9.

-Y yo, señor -dijo el chino- mi infortunio es aún más doloroso. La cola de mi colega barre las calles, pero a mí me señalan los pilluelos con el dedo porque no tengo.

— Et moi, monsieur, dit le Chinois, mon infortune est encore plus pénible. La queue de mon confrère balaye les rues ; mais les polissons me montrent au doigt, à cause que je n’en ai point.

10.

-Señores -contesté- les compadezco de todo corazón; es siempre fastidioso tener demasiado, o demasiado poco de lo que sea. Pero permítanme decirles que en el Jardín de Plantas hay muchos individuos que se les parecen y que permanecen allí desde hace mucho tiempo, apaciblemente disecados. De la misma forma que no basta a una mujer de letras ser desvergonzada para hacer un buen libro, tan poco basta a un mirlo estar descontento para ser genial. Yo soy único en mi especie y me aflijo por ello; tal vez esté en un error, pero es mi derecho. Yo soy blanco, señores; conviértanse en blancos y ya veremos qué saben decir.

— Messieurs, repris-je, je vous plains de toute mon âme ; il est toujours fâcheux d’avoir trop ou trop peu n’importe de quoi. Mais permettez-moi de vous dire qu’il y a au Jardin des Plantes plusieurs personnes qui vous ressemblent, et qui demeurent là depuis longtemps, fort paisiblement empaillées. De même qu’il ne suffit pas à une femme de lettres d’être dévergondée pour faire un bon livre, ce n’est pas non plus assez pour un merle d’être mécontent pour avoir du génie. Je suis seul de mon espèce, et je m’en afflige ; j’ai peut-être tort, mais c’est mon droit. Je suis blanc, messieurs ; devenez-le, et nous verrons ce que vous saurez dire.

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Historia de un mirlo blanco / Histoire d'un merle blanc

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No necesité más de seis semanas para poner a punto mi primera obra. Como me lo había prometido, era un poema en cuarenta y ocho cantos. Podían encontrarse en él algunas negligencias como consecuencia de la prodigiosa fecundidad con la que lo había escrito, pero pensé que el público actual, acostumbrado a la bella literatura que se imprime en la parte inferior de los periódicos, no me haría reproches.

Il ne me fallut pas plus de six semaines pour mettre au jour mon premier ouvrage. C’était, comme je me l’étais promis, un poëme en quarante-huit chants. Il s’y trouvait bien quelques négligences, à cause de la prodigieuse fécondité avec laquelle je l’avais écrit ; mais je pensai que le public d’aujourd’hui, accoutumé à la belle littérature qui s’imprime au bas des journaux, ne m’en ferait pas un reproche.

2.

Obtuvo un éxito digno de mí, es decir, sin par. El tema de mi obra no era otro que yo mismo: en eso me acomodaba a la moda de nuestros tiempos. Contaba mis sufrimientos pasados con una encantadora fatuidad; ponía al corriente al lector de mil detalles domésticos del más excitante interés; la descripción de la escudilla de mi madre no ocupaba menos de catorce cantos, pues había contado las ranuras, los agujeros, las abolladuras, las astillas, las púas, los clavos, las manchas, los matices diversos, los reflejos; mostraba el interior, el exterior, los bordes, el fondo, los laterales, los planos inclinados, los planos rectos; pasando al contenido, había estudiado las briznas de hierba, las pajas, las hojas secas, los pequeños trozos de madera, los cascotes, las gotas de agua, los despojos de moscas, las patas rotas de abejorros que allí se encontraban: era una encantadora descripción. Pero no piensen que la imprimí de un tirón; hay lectores impertinentes que se la habrían saltado. La había dividido hábilmente en fragmentos y la había entremezclado con el relato, con el fin de que no se desperdiciara nada; de tal manera que en el momento más interesante y dramático aparecían de repente quince páginas de escudilla. He aquí, en mi opinión, uno de los grandes secretos del arte y, como no soy avaricioso, permito que lo aproveche el que quiera.

J’eus un succès digne de moi, c’est-à-dire sans pareil. Le sujet de mon ouvrage n’était autre que moi-même : je me conformai en cela à la grande mode de notre temps. Je racontais mes souffrances passées avec une fatuité charmante ; je mettais le lecteur au fait de mille détails domestiques du plus piquant intérêt ; la description de l’écuelle de ma mère ne remplissait pas moins de quatorze chants : j’en avais compté les rainures, les trous, les bosses, les éclats, les échardes, les clous, les taches, les teintes diverses, les reflets ; j’en montrais le dedans, le dehors, les bords, le fond, les côtés, les plans inclinés, les plans droits ; passant au contenu, j’avais étudié les brins d’herbe, les pailles, les feuilles sèches, les petits morceaux de bois, les graviers, les gouttes d’eau, les débris de mouches, les pattes de hannetons cassées qui s’y trouvaient : c’était une description ravissante. Mais ne pensez pas que je l’eusse imprimée tout d’une venue ; il y a des lecteurs impertinents qui l’auraient sautée. Je l’avais habilement coupée par morceaux, et entremêlée au récit, afin que rien n’en fût perdu ; en sorte qu’au moment le plus intéressant et le plus dramatique arrivaient tout à coup quinze pages d’écuelle. Voilà, je crois, un des grands secrets de l’art, et, comme je n’ai point d’avarice, en profitera qui voudra.

3.

Europa entera se sintió emocionada cuando apareció mi libro, y devoró las revelaciones íntimas que me había dignado comunicarle. ¿Cómo podía haber sido de otra forma? No sólo enumeraba todos los acontecimientos relacionados con mi persona, sino que además ofrecía al público un cuadro completo de todas las ensoñaciones que se me habían pasado por la cabeza desde la edad de dos meses; incluso había intercalado en el lugar más hermoso una oda que compuse cuando aún me encontraba en el huevo. Queda claro, por supuesto, que no olvidaba tratar, de paso, el gran tema que tanto preocupa al mundo, es decir, el futuro de la humanidad. Este problema me había parecido interesante; en un momento de ocio esbocé una solución que fue considerada satisfactoria.

L’Europe entière fut émue à l’apparition de mon livre ; elle dévora les révélations intimes que je daignais lui communiquer. Comment en eût-il été autrement ? Non seulement j’énumérais tous les faits qui se rattachaient à ma personne, mais je donnais encore au public un tableau complet de toutes les rêvasseries qui m’avaient passé par la tête depuis l’âge de deux mois ; j’avais même intercalé au plus bel endroit une ode composée dans mon œuf. Bien entendu d’ailleurs que je ne négligeais pas de traiter en passant le grand sujet qui préoccupe maintenant tant de monde : à savoir, l’avenir de l’humanité. Ce problème m’avait paru intéressant ; j’en ébauchai, dans un moment de loisir, une solution qui passa généralement pour satisfaisante.

4.

Me enviaban a diario cumplidos en verso, cartas de felicitación y declaraciones de amor anónimas. Por lo que respecta a las visitas, seguía estrictamente el plan que me había trazado; mi puerta estaba cerrada para todo el mundo. No pude, no obstante, librarme de recibir a dos extranjeros que se habían anunciado como parientes míos. Uno era un mirlo de Senegal y el otro un mirlo de China.

On m’envoyait tous les jours des compliments en vers, des lettres de félicitation et des déclarations d’amour anonymes. Quant aux visites, je suivais rigoureusement le plan que je m’étais tracé ; ma porte était fermée à tout le monde. Je ne pus cependant me dispenser de recevoir deux étrangers qui s’étaient annoncés comme étant de mes parents. L’un était un merle du Sénégal, et l’autre un merle de la Chine.

5.

-¡Ah! señor, -me dijeron mientras me abrazaban hasta asfixiarme-, ¡qué gran mirlo es usted! ¡qué bien ha descrito en su poema inmortal el profundo sufrimiento del genio no reconocido! Si no fuéramos ya todo lo incomprendidos que es posible, lo llegaríamos a ser después de haberlo leído a usted. ¡Hasta qué punto simpatizamos con su dolor, con su sublime desprecio de lo vulgar! ¡Nosotros también, señor, conocemos en carne propia las penas secretas que usted ha cantado! Aquí tiene dos sonetos que hemos escrito y que rogamos acepte.

— Ah ! monsieur, me dirent-ils en m’embrassant à m’étouffer, que vous êtes un grand merle ! que vous avez bien peint, dans votre poëme immortel, la profonde souffrance du génie méconnu ! Si nous n’étions pas déjà aussi incompris que possible, nous le deviendrions après vous avoir lu. Combien nous sympathisons avec vos douleurs, avec votre sublime mépris du vulgaire ! Nous aussi, monsieur, nous les connaissons par nous-mêmes, les peines secrètes que vous avez chantées ! Voici deux sonnets que nous avons faits, l’un portant l’autre, et que nous vous prions d’agréer.

6.

-Aquí tiene además -añadió el chino- la música que mi esposa ha compuesto sobre un pasaje de su prefacio. Expresa maravillosamente la intención del autor.

— Voici, en outre, ajouta le Chinois, de la musique que mon épouse a composée sur un passage de votre préface. Elle rend merveilleusement l’intention de l’auteur.

7.

-Señores, -les dije- por lo que puedo juzgar, ustedes me parecen dotados de un gran corazón y de un espíritu lleno de luces. Pero perdonen que les haga una pregunta: ¿De dónde procede su melancolía?

— Messieurs, leur dis-je, autant que j’en puis juger, vous me semblez doués d’un grand cœur et d’un esprit plein de lumières. Mais pardonnez-moi de vous faire une question. D’où vient votre mélancolie ?

8.

-¡Ah, señor! -respondió el habitante de Senegal- mire cómo estoy hecho. Mi plumaje, es verdad, es agradable a la vista y estoy cubierto del bello verde que se ve brillar en los patos, pero mi pico es demasiado corto y mi pie demasiado grande; y ¡mire qué cola tengo! la longitud de mi cuerpo no alcanza los dos tercios de ella. ¿No es esto motivo para sentirse endemoniado?

— Eh ! monsieur, répondit l’habitant du Sénégal, regardez comme je suis bâti. Mon plumage, il est vrai, est agréable à voir, et je suis revêtu de cette belle couleur verte qu’on voit briller sur les canards ; mais mon bec est trop court et mon pied trop grand ; et voyez de quelle queue je suis affublé ! la longueur de mon corps n’en fait pas les deux tiers. N’y a-t-il pas là de quoi se donner au diable ?

9.

-Y yo, señor -dijo el chino- mi infortunio es aún más doloroso. La cola de mi colega barre las calles, pero a mí me señalan los pilluelos con el dedo porque no tengo.

— Et moi, monsieur, dit le Chinois, mon infortune est encore plus pénible. La queue de mon confrère balaye les rues ; mais les polissons me montrent au doigt, à cause que je n’en ai point.

10.

-Señores -contesté- les compadezco de todo corazón; es siempre fastidioso tener demasiado, o demasiado poco de lo que sea. Pero permítanme decirles que en el Jardín de Plantas hay muchos individuos que se les parecen y que permanecen allí desde hace mucho tiempo, apaciblemente disecados. De la misma forma que no basta a una mujer de letras ser desvergonzada para hacer un buen libro, tan poco basta a un mirlo estar descontento para ser genial. Yo soy único en mi especie y me aflijo por ello; tal vez esté en un error, pero es mi derecho. Yo soy blanco, señores; conviértanse en blancos y ya veremos qué saben decir.

— Messieurs, repris-je, je vous plains de toute mon âme ; il est toujours fâcheux d’avoir trop ou trop peu n’importe de quoi. Mais permettez-moi de vous dire qu’il y a au Jardin des Plantes plusieurs personnes qui vous ressemblent, et qui demeurent là depuis longtemps, fort paisiblement empaillées. De même qu’il ne suffit pas à une femme de lettres d’être dévergondée pour faire un bon livre, ce n’est pas non plus assez pour un merle d’être mécontent pour avoir du génie. Je suis seul de mon espèce, et je m’en afflige ; j’ai peut-être tort, mais c’est mon droit. Je suis blanc, messieurs ; devenez-le, et nous verrons ce que vous saurez dire.

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