Historia de un mirlo blanco / Histoire d'un merle blanc - Alfred de Musset
1.

Al haber quedado solo y frustrado, no tenía nada mejor que hacer que aprovechar el resto del día y volar de un tirón hacia París. Desafortunadamente, no conocía el camino. Mi viaje con el palomo mensajero había sido demasiado poco agradable como para haberme dejado un recuerdo exacto; de tal manera que, en lugar de ir directamente, giré a la izquierda en el Bourget y, sorprendido por la noche, me vi obligado a buscar cobijo en los bosques de Mortefontaine.

Resté seul et désappointé, je n’avais rien de mieux à faire que de profiter du reste du jour et de voler à tire-d’aile vers Paris. Malheureusement, je ne savais pas ma route. Mon voyage avec le pigeon avait été trop peu agréable pour me laisser un souvenir exact ; en sorte que, au lieu d’aller tout droit, je tournai à gauche au Bourget, et, surpris par la nuit, je fus obligé de chercher un gîte dans les bois de Mortefontaine.

2.

Todo el mundo estaba acostándose cuando llegué. Las urracas y los grajos que, como ya es sabido, son los peores compañeros de cama de la tierra, andaban a la greña por todas partes. En los arbustos piaban los gorriones, pisándose unos a otros. Al borde del agua marchaban gravemente dos garzas reales, subidas sobre sus largos zancos, en actitud meditativa, como los Georges Dandin del lugar, esperando pacientemente a sus mujeres. Enormes cuervos, ya medio dormidos, se posaban pesadamente en la cima de los árboles más altos, y gangueaban sus oraciones de la noche. Más abajo, los pajaritos enamorados se perseguían aún en los setos, mientras que un pájaro carpintero despeluznado empujaba a su pareja por detrás para hacerle entrar en un hueco de un árbol. Falanges de gorrioncillos llegaban de los campos danzando en el aire como bocanadas de humo, y se precipitaban sobre un arbolillo que cubrían por completo; pinzones, currucas y pardillos se agrupaban ligeramente sobre las ramas recortadas, como cristales sobre un candelero de muchos brazos. Por todas partes resonaban voces que decían netamente: -¡Vamos, esposa mía! -¡Vamos, hija mía! -¡Venga, hermosa mía! -¡Por aquí, amiga mía! -¡Aquí estoy, querido! -¡Buenas noches, mi amor! -¡Adiós, amigos míos! -¡Duerman bien, hijos míos!

Tout le monde se couchait lorsque j’arrivai. Les pies et les geais, qui, comme on le sait, sont les plus mauvais coucheurs de la terre, se chamaillaient de tous les côtés. Dans les buissons piaillaient les moineaux, en piétinant les uns sur les autres. Au bord de l’eau marchaient gravement deux hérons, perchés sur leurs longues échasses, dans l’attitude de la méditation, Georges Dandins du lieu, attendant patiemment leurs femmes. D’énormes corbeaux, à moitié endormis, se posaient lourdement sur la pointe des arbres les plus élevés, et nasillaient leurs prières du soir. Plus bas, les mésanges amoureuses se pourchassaient encore dans les taillis, tandis qu’un pivert ébouriffé poussait son ménage par derrière, pour le faire entrer dans le creux d’un arbre. Des phalanges de friquets arrivaient des champs en dansant en l’air comme des bouffées de fumée, et se précipitaient sur un arbrisseau qu’elles couvraient tout entier ; des pinsons, des fauvettes, des rouges-gorges, se groupaient légèrement sur des branches découpées, comme des cristaux sur une girandole. De toute part résonnaient des voix qui disaient bien distinctement : — Allons, ma femme ! — Allons, ma fille ! — Venez, ma belle ! — Par ici, ma mie ! — Me voilà, mon cher ! — Bonsoir, ma maîtresse ! — Adieu, mes amis ! — Dormez bien, mes enfants !

3.

¡Qué situación para un soltero, pernoctar en semejante posada! Tuve la tentación de unirme a unos cuantos pájaros de mi tamaño y pedirles alojamiento. De noche -pensaba- todos los pájaros son grises; y, además, ¿es dañar a la gente dormir cortésmente a su lado?

Quelle position pour un célibataire que de coucher dans une pareille auberge ! J’eus la tentation de me joindre à quelques oiseaux de ma taille, et de leur demander l’hospitalité. — La nuit, pensais-je, tous les oiseaux sont gris ; et, d’ailleurs, est-ce faire tort aux gens que de dormir poliment près d’eux ?

4.

Me dirigí en un primer momento hacia una zanja donde se reunían los estorninos. Realizaban su aseo nocturno con un cuidado particular, y observé que la mayoría de ellos tenían las alas doradas y las patas acharoladas: eran los dandy del bosque. Eran bastante buenos chicos y no me honraron con la menor atención. Pero su conversación era tan vacía, y se contaban con tanta fatuidad sus idas y venidas y su buena suerte, se frotaban tanto unos a otros, que me fue imposible aguantar allí.

Je me dirigeai d’abord vers un fossé où se rassemblaient des étourneaux. Ils faisaient leur toilette de nuit avec un soin tout particulier, et je remarquai que la plupart d’entre eux avaient les ailes dorées et les pattes vernies : c’étaient les dandies de la forêt. Ils étaient assez bons enfants, et ne m’honorèrent d’aucune attention. Mais leurs propos étaient si creux, ils se racontaient avec tant de fatuité leurs tracasseries et leurs bonnes fortunes, ils se frottaient si lourdement l’un à l’autre, qu’il me fut impossible d’y tenir.

5.

Fui entonces a colocarme en una rama donde se alineaban media docena de aves de diferentes especies. Tomé modestamente el último lugar de la rama esperando que así me lo permitieran. Por desgracia, mi vecina era una vieja paloma, tan seca como una veleta oxidada. En el momento en que me aproximé a ella, cuidaba de las pocas plumas que cubrían sus huesos, fingiendo limpiarlas y teniendo sumo cuidado en no arrancar ni una sola: las revisaba solamente para guardar su cuenta. Apenas le hube rozado la punta del ala se incorporó majestuosamente.

J’allai ensuite me percher sur une branche où s’alignaient une demi-douzaine d’oiseaux de différentes espèces. Je pris modestement la dernière place, à l’extrémité de la branche, espérant qu’on m’y souffrirait. Par malheur, ma voisine était une vieille colombe, aussi sèche qu’une girouette rouillée. Au moment où je m’approchai d’elle, le peu de plumes qui couvraient ses os étaient l’objet de sa sollicitude ; elle feignait de les éplucher, mais elle eût trop craint d’en arracher une : elle les passait seulement en revue pour voir si elle avait son compte. À peine l’eus-je touchée du bout de l’aile, qu’elle se redressa majestueusement.

6.

- ¿Pero qué hace usted? dijo aprentando el pico con un pudor británico.

— Qu’est-ce que vous faites donc, monsieur ? me dit-elle en pinçant le bec avec une pudeur britannique.

7.

Y, dándome un empujón, me echó abajo con un vigor que habría hecho honor a un portero.

Et, m’allongeant un grand coup de coude, elle me jeta à bas avec une vigueur qui eût fait honneur à un portefaix.

8.

Caí en un brezal donde dormía una gran grévol. Mi madre misma, en su escudilla, no tenía tal aire de beatitud. Era tan gorda, estaba tan radiante, tan bien colocada sobre su triple vientre, que se le hubiera tomado por un paté del cual se hubiera comido la corteza. Me deslicé sigilosamente cerca de ella.

Je tombai dans une bruyère où dormait une grosse gelinotte. Ma mère elle-même, dans son écuelle, n’avait pas un tel air de béatitude. Elle était si rebondie, si épanouie, si bien assise sur son triple ventre, qu’on l’eût prise pour un pâté dont on avait mangé la croûte. Je me glissai furtivement près d’elle.

9.

- Ella no se despertará, me decía, y, en todo caso, una mamá tan gruesa no puede ser malvada. No lo fue en efecto. Entreabrió los ojos y me dijo suspirando ligeramente:

— Elle ne s’éveillera pas, me disais-je, et, en tout cas, une si bonne grosse maman ne peut pas être bien méchante. Elle ne le fut pas en effet. Elle ouvrit les yeux à demi, et me dit en poussant un léger soupir :

10.

- Me molestas, pequeño, vete de aquí.

— Tu me gênes, mon petit, va-t’en de là.

11.

En ese mismo instante, oí que me llamaban: eran hembras de zorzales que desde lo alto de un serbal me hacían señas para que fuera con ellas. He aquí por fin unas buenas almas -pensé-. Me hicieron sitio riendo como locas y yo me introduje en el grupo emplumado tan rápido como una carta de amor en un manguito. Pero no tardé en percatarme de que aquellas señoras habían comido más uvas de lo aconsejable; apenas se tenían sobre las ramas y sus bromas de mala compañía, sus carcajadas y sus canciones obscenas me obligaron a alejarme.

Au même instant, je m’entendis appeler : c’étaient des grives qui, du haut d’un sorbier, me faisaient signe de venir à elles. — Voilà enfin de bonnes âmes, pensai-je. Elles me firent place en riant comme des folles, et je me fourrai aussi lestement dans leur groupe emplumé qu’un billet doux dans un manchon. Mais je ne tardai pas à juger que ces dames avaient mangé plus de raisin qu’il n’est raisonnable de le faire ; elles se soutenaient à peine sur les branches, et leurs plaisanteries de mauvaise compagnie, leurs éclats de rire et leurs chansons grivoises me forcèrent de m’éloigner.

12.

Estaba empezando a desesperarme e iba a dormirme en un lugar solitario, cuando un ruiseñor se puso a cantar. Todo el mundo guardó silencio de inmediato ¡Ah! ¡Qué pura era su voz! ¡qué dulce parecía hasta su melancolía! Lejos de perturbar el sueño de los demás, sus acordes parecían acunarlo. Nadie pensaba en mandarlo callar, nadie encontraba mal que entonara su canción a semejante hora; su padre no le pegaba, sus amigos no huían.

Je commençais à désespérer, et j’allais m’endormir dans un coin solitaire, lorsqu’un rossignol se mit à chanter. Tout le monde aussitôt fit silence. Hélas ! que sa voix était pure ! que sa mélancolie même paraissait douce ! Loin de troubler le sommeil d’autrui, ses accords semblaient le bercer. Personne ne songeait à le faire taire, personne ne trouvait mauvais qu’il chantât sa chanson à pareille heure ; son père ne le battait pas, ses amis ne prenaient pas la fuite.

13.

-¡Sólo a mí me está prohibido pues ser feliz! -exclamé-. ¡Marchémonos, huyamos de este mundo cruel! Más me vale buscar mi camino en la oscuridad, aún con el riesgo de ser tragado por algún búho, que dejarme desgarrar así por el espectáculo de la felicidad de los demás.

— Il n’y a donc que moi, m’écriai-je, à qui il soit défendu d’être heureux ! Partons, fuyons ce monde cruel ! Mieux vaut chercher ma route dans les ténèbres, au risque d’être avalé par quelque hibou, que de me laisser déchirer ainsi par le spectacle du bonheur des autres !

14.

Con este pensamiento, me puse de nuevo en camino y deambulé bastante tiempo al azar. Con las primeras luces del día, divisé las torres de Notre-Dame. En un abrir y cerrar de ojos llegué hasta ellas, y no tuve que pasear mucho tiempo mi mirada antes de encontrar nuestro jardín. Volé hacia él más rápido que un relámpago… Desgraciadamente, estaba vacío… En vano llamé a mis padres: nadie me contestó. El árbol en el que se posaba mi padre, el matorral materno, la escudilla querida, todo había desaparecido. El hacha lo había destruido todo, y en lugar de la avenida verde en la que yo había nacido, no quedaba ya más que un montón de leños.

Sur cette pensée, je me remis en chemin et j’errai longtemps au hasard. Aux premières clartés du jour, j’aperçus les tours de Notre-Dame. En un clin d’œil j’y atteignis, et je ne promenai pas longtemps mes regards avant de reconnaître notre jardin. J’y volai plus vite que l’éclair… Hélas ! il était vide… J’appelai en vain mes parents : personne ne me répondit. L’arbre où se tenait mon père, le buisson maternel, l’écuelle chérie, tout avait disparu. La cognée avait tout détruit ; au lieu de l’allée verte où j’étais né, il ne restait qu’un cent de fagots.

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Alfred de Musset

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Historia de un mirlo blanco / Histoire d'un merle blanc

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1.

Al haber quedado solo y frustrado, no tenía nada mejor que hacer que aprovechar el resto del día y volar de un tirón hacia París. Desafortunadamente, no conocía el camino. Mi viaje con el palomo mensajero había sido demasiado poco agradable como para haberme dejado un recuerdo exacto; de tal manera que, en lugar de ir directamente, giré a la izquierda en el Bourget y, sorprendido por la noche, me vi obligado a buscar cobijo en los bosques de Mortefontaine.

Resté seul et désappointé, je n’avais rien de mieux à faire que de profiter du reste du jour et de voler à tire-d’aile vers Paris. Malheureusement, je ne savais pas ma route. Mon voyage avec le pigeon avait été trop peu agréable pour me laisser un souvenir exact ; en sorte que, au lieu d’aller tout droit, je tournai à gauche au Bourget, et, surpris par la nuit, je fus obligé de chercher un gîte dans les bois de Mortefontaine.

2.

Todo el mundo estaba acostándose cuando llegué. Las urracas y los grajos que, como ya es sabido, son los peores compañeros de cama de la tierra, andaban a la greña por todas partes. En los arbustos piaban los gorriones, pisándose unos a otros. Al borde del agua marchaban gravemente dos garzas reales, subidas sobre sus largos zancos, en actitud meditativa, como los Georges Dandin del lugar, esperando pacientemente a sus mujeres. Enormes cuervos, ya medio dormidos, se posaban pesadamente en la cima de los árboles más altos, y gangueaban sus oraciones de la noche. Más abajo, los pajaritos enamorados se perseguían aún en los setos, mientras que un pájaro carpintero despeluznado empujaba a su pareja por detrás para hacerle entrar en un hueco de un árbol. Falanges de gorrioncillos llegaban de los campos danzando en el aire como bocanadas de humo, y se precipitaban sobre un arbolillo que cubrían por completo; pinzones, currucas y pardillos se agrupaban ligeramente sobre las ramas recortadas, como cristales sobre un candelero de muchos brazos. Por todas partes resonaban voces que decían netamente: -¡Vamos, esposa mía! -¡Vamos, hija mía! -¡Venga, hermosa mía! -¡Por aquí, amiga mía! -¡Aquí estoy, querido! -¡Buenas noches, mi amor! -¡Adiós, amigos míos! -¡Duerman bien, hijos míos!

Tout le monde se couchait lorsque j’arrivai. Les pies et les geais, qui, comme on le sait, sont les plus mauvais coucheurs de la terre, se chamaillaient de tous les côtés. Dans les buissons piaillaient les moineaux, en piétinant les uns sur les autres. Au bord de l’eau marchaient gravement deux hérons, perchés sur leurs longues échasses, dans l’attitude de la méditation, Georges Dandins du lieu, attendant patiemment leurs femmes. D’énormes corbeaux, à moitié endormis, se posaient lourdement sur la pointe des arbres les plus élevés, et nasillaient leurs prières du soir. Plus bas, les mésanges amoureuses se pourchassaient encore dans les taillis, tandis qu’un pivert ébouriffé poussait son ménage par derrière, pour le faire entrer dans le creux d’un arbre. Des phalanges de friquets arrivaient des champs en dansant en l’air comme des bouffées de fumée, et se précipitaient sur un arbrisseau qu’elles couvraient tout entier ; des pinsons, des fauvettes, des rouges-gorges, se groupaient légèrement sur des branches découpées, comme des cristaux sur une girandole. De toute part résonnaient des voix qui disaient bien distinctement : — Allons, ma femme ! — Allons, ma fille ! — Venez, ma belle ! — Par ici, ma mie ! — Me voilà, mon cher ! — Bonsoir, ma maîtresse ! — Adieu, mes amis ! — Dormez bien, mes enfants !

3.

¡Qué situación para un soltero, pernoctar en semejante posada! Tuve la tentación de unirme a unos cuantos pájaros de mi tamaño y pedirles alojamiento. De noche -pensaba- todos los pájaros son grises; y, además, ¿es dañar a la gente dormir cortésmente a su lado?

Quelle position pour un célibataire que de coucher dans une pareille auberge ! J’eus la tentation de me joindre à quelques oiseaux de ma taille, et de leur demander l’hospitalité. — La nuit, pensais-je, tous les oiseaux sont gris ; et, d’ailleurs, est-ce faire tort aux gens que de dormir poliment près d’eux ?

4.

Me dirigí en un primer momento hacia una zanja donde se reunían los estorninos. Realizaban su aseo nocturno con un cuidado particular, y observé que la mayoría de ellos tenían las alas doradas y las patas acharoladas: eran los dandy del bosque. Eran bastante buenos chicos y no me honraron con la menor atención. Pero su conversación era tan vacía, y se contaban con tanta fatuidad sus idas y venidas y su buena suerte, se frotaban tanto unos a otros, que me fue imposible aguantar allí.

Je me dirigeai d’abord vers un fossé où se rassemblaient des étourneaux. Ils faisaient leur toilette de nuit avec un soin tout particulier, et je remarquai que la plupart d’entre eux avaient les ailes dorées et les pattes vernies : c’étaient les dandies de la forêt. Ils étaient assez bons enfants, et ne m’honorèrent d’aucune attention. Mais leurs propos étaient si creux, ils se racontaient avec tant de fatuité leurs tracasseries et leurs bonnes fortunes, ils se frottaient si lourdement l’un à l’autre, qu’il me fut impossible d’y tenir.

5.

Fui entonces a colocarme en una rama donde se alineaban media docena de aves de diferentes especies. Tomé modestamente el último lugar de la rama esperando que así me lo permitieran. Por desgracia, mi vecina era una vieja paloma, tan seca como una veleta oxidada. En el momento en que me aproximé a ella, cuidaba de las pocas plumas que cubrían sus huesos, fingiendo limpiarlas y teniendo sumo cuidado en no arrancar ni una sola: las revisaba solamente para guardar su cuenta. Apenas le hube rozado la punta del ala se incorporó majestuosamente.

J’allai ensuite me percher sur une branche où s’alignaient une demi-douzaine d’oiseaux de différentes espèces. Je pris modestement la dernière place, à l’extrémité de la branche, espérant qu’on m’y souffrirait. Par malheur, ma voisine était une vieille colombe, aussi sèche qu’une girouette rouillée. Au moment où je m’approchai d’elle, le peu de plumes qui couvraient ses os étaient l’objet de sa sollicitude ; elle feignait de les éplucher, mais elle eût trop craint d’en arracher une : elle les passait seulement en revue pour voir si elle avait son compte. À peine l’eus-je touchée du bout de l’aile, qu’elle se redressa majestueusement.

6.

- ¿Pero qué hace usted? dijo aprentando el pico con un pudor británico.

— Qu’est-ce que vous faites donc, monsieur ? me dit-elle en pinçant le bec avec une pudeur britannique.

7.

Y, dándome un empujón, me echó abajo con un vigor que habría hecho honor a un portero.

Et, m’allongeant un grand coup de coude, elle me jeta à bas avec une vigueur qui eût fait honneur à un portefaix.

8.

Caí en un brezal donde dormía una gran grévol. Mi madre misma, en su escudilla, no tenía tal aire de beatitud. Era tan gorda, estaba tan radiante, tan bien colocada sobre su triple vientre, que se le hubiera tomado por un paté del cual se hubiera comido la corteza. Me deslicé sigilosamente cerca de ella.

Je tombai dans une bruyère où dormait une grosse gelinotte. Ma mère elle-même, dans son écuelle, n’avait pas un tel air de béatitude. Elle était si rebondie, si épanouie, si bien assise sur son triple ventre, qu’on l’eût prise pour un pâté dont on avait mangé la croûte. Je me glissai furtivement près d’elle.

9.

- Ella no se despertará, me decía, y, en todo caso, una mamá tan gruesa no puede ser malvada. No lo fue en efecto. Entreabrió los ojos y me dijo suspirando ligeramente:

— Elle ne s’éveillera pas, me disais-je, et, en tout cas, une si bonne grosse maman ne peut pas être bien méchante. Elle ne le fut pas en effet. Elle ouvrit les yeux à demi, et me dit en poussant un léger soupir :

10.

- Me molestas, pequeño, vete de aquí.

— Tu me gênes, mon petit, va-t’en de là.

11.

En ese mismo instante, oí que me llamaban: eran hembras de zorzales que desde lo alto de un serbal me hacían señas para que fuera con ellas. He aquí por fin unas buenas almas -pensé-. Me hicieron sitio riendo como locas y yo me introduje en el grupo emplumado tan rápido como una carta de amor en un manguito. Pero no tardé en percatarme de que aquellas señoras habían comido más uvas de lo aconsejable; apenas se tenían sobre las ramas y sus bromas de mala compañía, sus carcajadas y sus canciones obscenas me obligaron a alejarme.

Au même instant, je m’entendis appeler : c’étaient des grives qui, du haut d’un sorbier, me faisaient signe de venir à elles. — Voilà enfin de bonnes âmes, pensai-je. Elles me firent place en riant comme des folles, et je me fourrai aussi lestement dans leur groupe emplumé qu’un billet doux dans un manchon. Mais je ne tardai pas à juger que ces dames avaient mangé plus de raisin qu’il n’est raisonnable de le faire ; elles se soutenaient à peine sur les branches, et leurs plaisanteries de mauvaise compagnie, leurs éclats de rire et leurs chansons grivoises me forcèrent de m’éloigner.

12.

Estaba empezando a desesperarme e iba a dormirme en un lugar solitario, cuando un ruiseñor se puso a cantar. Todo el mundo guardó silencio de inmediato ¡Ah! ¡Qué pura era su voz! ¡qué dulce parecía hasta su melancolía! Lejos de perturbar el sueño de los demás, sus acordes parecían acunarlo. Nadie pensaba en mandarlo callar, nadie encontraba mal que entonara su canción a semejante hora; su padre no le pegaba, sus amigos no huían.

Je commençais à désespérer, et j’allais m’endormir dans un coin solitaire, lorsqu’un rossignol se mit à chanter. Tout le monde aussitôt fit silence. Hélas ! que sa voix était pure ! que sa mélancolie même paraissait douce ! Loin de troubler le sommeil d’autrui, ses accords semblaient le bercer. Personne ne songeait à le faire taire, personne ne trouvait mauvais qu’il chantât sa chanson à pareille heure ; son père ne le battait pas, ses amis ne prenaient pas la fuite.

13.

-¡Sólo a mí me está prohibido pues ser feliz! -exclamé-. ¡Marchémonos, huyamos de este mundo cruel! Más me vale buscar mi camino en la oscuridad, aún con el riesgo de ser tragado por algún búho, que dejarme desgarrar así por el espectáculo de la felicidad de los demás.

— Il n’y a donc que moi, m’écriai-je, à qui il soit défendu d’être heureux ! Partons, fuyons ce monde cruel ! Mieux vaut chercher ma route dans les ténèbres, au risque d’être avalé par quelque hibou, que de me laisser déchirer ainsi par le spectacle du bonheur des autres !

14.

Con este pensamiento, me puse de nuevo en camino y deambulé bastante tiempo al azar. Con las primeras luces del día, divisé las torres de Notre-Dame. En un abrir y cerrar de ojos llegué hasta ellas, y no tuve que pasear mucho tiempo mi mirada antes de encontrar nuestro jardín. Volé hacia él más rápido que un relámpago… Desgraciadamente, estaba vacío… En vano llamé a mis padres: nadie me contestó. El árbol en el que se posaba mi padre, el matorral materno, la escudilla querida, todo había desaparecido. El hacha lo había destruido todo, y en lugar de la avenida verde en la que yo había nacido, no quedaba ya más que un montón de leños.

Sur cette pensée, je me remis en chemin et j’errai longtemps au hasard. Aux premières clartés du jour, j’aperçus les tours de Notre-Dame. En un clin d’œil j’y atteignis, et je ne promenai pas longtemps mes regards avant de reconnaître notre jardin. J’y volai plus vite que l’éclair… Hélas ! il était vide… J’appelai en vain mes parents : personne ne me répondit. L’arbre où se tenait mon père, le buisson maternel, l’écuelle chérie, tout avait disparu. La cognée avait tout détruit ; au lieu de l’allée verte où j’étais né, il ne restait qu’un cent de fagots.

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