Historia de un mirlo blanco / Histoire d'un merle blanc - Alfred de Musset
1.

El lamentable efecto causado por mi canto no podía sino entristecerme. ¡Ay, música! ¡ay, poesía! -me repetía regresando a París-, ¡qué pocos corazones hay que los comprendan!

Le triste effet produit par mon chant ne laissait pas que de m’attrister. — Hélas ! musique, hélas ! poésie, me répétais-je en regagnant Paris, qu’il y a peu de cœurs qui vous comprennent !

2.

Mientras hacía estas reflexiones, me golpeé la cabeza con la de un pájaro que volaba en sentido opuesto al mío. El choque fue tan rudo e imprevisto, que caímos los dos sobre la copa de un árbol que, por fortuna, se encontraba allí. Después de habernos sacudido un poco, miré al recién llegado esperando una querella. Vi, con sorpresa, que era blanco. A decir verdad, tenía la cabeza algo más gruesa que la mía y, en la frente, una especie de penacho que le daba un aspecto heroico-cómico; además, llevaba la cola al aire, con gran magnanimidad; no me pareció en absoluto dispuesto a combatir. Nos saludamos muy cortésmente, nos presentamos excusas mutuamente, después de lo cual iniciamos una conversación. Yo me tomé la libertad de preguntarle su nombre y de qué país era.

En faisant ces réflexions, je me cognai la tête contre celle d’un oiseau qui volait dans le sens opposé au mien. Le choc fut si rude et si imprévu, que nous tombâmes tous deux sur la cime d’un arbre qui, par bonheur, se trouva là. Après que nous nous fûmes un peu secoués, je regardai le nouveau venu, m’attendant à une querelle. Je vis avec surprise qu’il était blanc. À la vérité, il avait la tête un peu plus grosse que moi, et, sur le front, une espèce de panache qui lui donnait un air héroï-comique ; de plus, il portait sa queue fort en l’air, avec une grande magnanimité : du reste, il ne me parut nullement disposé à la bataille. Nous nous abordâmes fort civilement, et nous nous fîmes de mutuelles excuses, après quoi nous entrâmes en conversation. Je pris la liberté de lui demander son nom et de quel pays il était.

3.

-Me sorprende -me dijo- que no me conozca. ¿No es usted uno de los nuestros?

— Je suis étonné, me dit-il, que vous ne me connaissiez pas. Est-ce que vous n’êtes pas des nôtres ?

4.

-Realmente, señor -contesté- yo no sé de cuáles soy. Todo el mundo me pregunta y me dice lo mismo; debe ser que han hecho una apuesta.

— En vérité, monsieur, répondis-je, je ne sais pas desquels je suis. Tout le monde me demande et me dit la même chose ; il faut que ce soit une gageure qu’on ait faite.

5.

-Usted bromea -replicó-; su plumaje le sienta demasiado bien como para que yo no conozca a un colega. Usted pertenece infaliblemente a la raza ilustre y venerable que llaman en latín cacuata, en lengua culta kakatoès, y en jerga vulgar cacatois.

— Vous voulez rire, répliqua-t-il ; votre plumage vous sied trop bien pour que je méconnaisse un confrère. Vous appartenez infailliblement à cette race illustre et vénérable qu’on nomme en latin cacuata, en langue savante kakatoès, et en jargon vulgaire catacois.

6.

-A fe mía, señor, que es posible y que eso sería un gran honor para mí. Pero hágase a la idea de que no lo soy y dígnese decirme a quién tengo la gloria de hablarle.

— Ma foi, monsieur, cela est possible, et ce serait bien de l’honneur pour moi. Mais ne laissez pas de faire comme si je n’en étais pas, et daignez m’apprendre à qui j’ai la gloire de parler.

7.

-Soy -contestó el desconocido- el gran poeta Kacatogan. He realizado grandes viajes, señor, travesías áridas y crueles peregrinaciones. No es desde ayer desde cuando hago rimas, y mi musa ha padecido desgracias. He tarareado en tiempos de Luis XVI, señor; he gritado por la República, he cantado notablemente al Imperio, he alabado discretamente a la Restauración, e incluso he hecho un esfuerzo en estos últimos tiempos y me he sometido -no sin esfuerzo- a las exigencias de este siglo sin gusto. He lanzado al mundo pareados picantes, himnos sublimes, graciosos ditirambos, piadosas elegías, dramas melenudos, novelas rizadas, vodeviles empolvados y tragedias calvas. En una palabra, puedo presumir de haber añadido al templo de las Musas algunos galantes festones, algunas sombrías almenas y algunos ingeniosos arabescos. ¡Qué quiere! he envejecido. Pero aún rimo vivamente, señor, y, aquí donde me ve, soñaba con un poema en un canto, que no tendrá menos de seiscientas páginas, cuando usted me hizo un chichón en la frente. Por lo demás, si puedo serle útil en algo, estoy a su servicio.

— Je suis, répondit l’inconnu, le grand poète Kacatogan. J’ai fait de puissants voyages, monsieur, des traversées arides et de cruelles pérégrinations. Ce n’est pas d’hier que je rime, et ma muse a eu des malheurs. J’ai fredonné sous Louis XVI, monsieur, j’ai braillé pour la République, j’ai noblement chanté l’Empire, j’ai discrètement loué la Restauration, j’ai même fait un effort dans ces derniers temps, et je me suis soumis, non sans peine, aux exigences de ce siècle sans goût. J’ai lancé dans le monde des distiques piquants, des hymnes sublimes, de gracieux dithyrambes, de pieuses élégies, des drames chevelus, des romans crépus, des vaudevilles poudrés et des tragédies chauves. En un mot, je puis me flatter d’avoir ajouté au temple des Muses quelques festons galants, quelques sombres créneaux et quelques ingénieuses arabesques. Que voulez-vous ! je me suis fait vieux. Mais je rime encore vertement, monsieur, et, tel que vous me voyez, je rêvais à un poëme en un chant, qui n’aura pas moins de six cents pages, quand vous m’avez fait une bosse au front. Du reste, si je puis vous être bon à quelque chose, je suis tout à votre service.

8.

-Realmente, señor, sí puede -repliqué- pues me ve en este momento en una gran confusión poética. No me atrevo a decir que sea poeta, y sobre todo tan gran poeta como usted -añadí saludándolo-, pero he recibido de la Naturaleza una garganta que me pica cuando me encuentro a gusto o cuando tengo penas. A decir verdad, ignoro por completo las reglas.

— Vraiment, monsieur, vous le pouvez, répliquai-je, car vous me voyez en ce moment dans un grand embarras poétique. Je n’ose dire que je sois un poète, ni surtout un aussi grand poète que vous, ajoutai-je en le saluant, mais j’ai reçu de la nature un gosier qui me démange quand je me sens bien aise ou que j’ai du chagrin. À vous dire la vérité, j’ignore absolument les règles.

9.

-No se inquiete por eso -dijo Kacatogan- yo las he olvidado.

— Je les ai oubliées, dit Kacatogan, ne vous inquiétez pas de cela.

10.

-Pero me ocurre una cosa enojosa -dije- y es que mi voz produce en los que me escuchan más o menos el mismo efecto que la de un tal Jean de Nivelle en… ¿sabe lo que quiero decir?

— Mais il m’arrive, repris-je, une chose fâcheuse : c’est que ma voix produit sur ceux qui l’entendent à peu près le même effet que celle d’un certain Jean de Nivelle sur… Vous savez ce que je veux dire ?

11.

-Sí lo sé -dijo Kacatogan- conozco por mí mismo ese extraño efecto. Desconozco la causa, pero el efecto es incuestionable.

— Je le sais, dit Kacatogan ; je connais par moi-même cet effet bizarre. La cause ne m’en est pas connue, mais l’effet est incontestable.

12.

-Y bien, señor, usted me parece el Néstor de la poesía, ¿no conocerá, se lo ruego, algún remedio contra ese penoso inconveniente?

— Eh bien ! monsieur, vous qui me semblez être le Nestor de la poésie, sauriez-vous, je vous prie, un remède à ce pénible inconvénient ?

13.

-No, -dijo Kacatogan-, por mi parte, no he podido encontrar ninguno. Cuando era joven, me atormentaba mucho porque me silbaban siempre; pero a mi edad, ya no pienso en ello. Creo que esa repugnancia procede de que el público lee a otros y no a nosotros; eso le distrae…

— Non, dit Kacatogan, pour ma part, je n’en ai jamais pu trouver. Je m’en suis fort tourmenté étant jeune, à cause qu’on me sifflait toujours ; mais, à l’heure qu’il est, je n’y songe plus. Je crois que cette répugnance vient de ce que le public en lit d’autres que nous : cela le distrait.

14.

-Yo pienso como usted; pero admitirá, señor, que es muy duro para una criatura bienintencionada, hacer que la gente huya tan pronto como él entona un buen movimiento. ¿Querría hacerme el favor de escucharme y de decirme sinceramente su opinión?

— Je le pense comme vous ; mais vous conviendrez, monsieur, qu’il est dur, pour une créature bien intentionnée, de mettre les gens en fuite dès qu’il lui prend un bon mouvement. Voudriez-vous me rendre le service de m’écouter, et me dire sincèrement votre avis ?

15.

-Con mucho gusto -dijo Kacatogan-, soy todo oídos.

— Très volontiers, dit Kacatogan ; je suis tout oreilles.

16.

Me puse a cantar de inmediato y tuve la satisfacción de ver que Kacatogan no huía ni se quedaba dormido. Me miraba fijamente y, de vez en cuando, inclinaba la cabeza con gesto de aprobación, con una especie de susurro adulador. Pero pronto me di cuenta de que no me estaba escuchando, sino que pensaba en su poema. Aprovechando un momento en el que yo tomaba aliento, me interrumpió de repente.

Je me mis à chanter aussitôt, et j’eus la satisfaction de voir que Kacatogan ne s’enfuyait ni ne s’endormait. Il me regardait fixement, et, de temps en temps, il inclinait la tête d’un air d’approbation, avec une espèce de murmure flatteur. Mais je m’aperçus bientôt qu’il ne m’écoutait pas, et qu’il rêvait à son poëme. Profitant d’un moment où je reprenais haleine, il m’interrompit tout à coup.

17.

-¡He encontrado la rima! -dijo sonriendo y moviendo la cabeza-; ¡es la 60.714 que sale de este cerebro! ¡Y se atreven a decir que me estoy haciendo viejo! Voy a leerle esto a mis buenos amigos, voy a leérselo, y ya veremos lo que dicen.

— Je l’ai pourtant trouvée, cette rime ! dit-il en souriant et en branlant la tête ; c’est la soixante mille sept cent quatorzième qui sort de cette cervelle-là ! Et l’on ose dire que je vieillis ! Je vais lire cela aux bons amis, je vais le leur lire, et nous verrons ce qu’on en dira !

18.

Mientras hablaba, emprendió vuelo y desapareció, aparentando no acordarse ya de haberme conocido.

Parlant ainsi, il prit son vol et disparut, ne semblant plus se souvenir de m’avoir rencontré.

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Historia de un mirlo blanco / Histoire d'un merle blanc

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1.

El lamentable efecto causado por mi canto no podía sino entristecerme. ¡Ay, música! ¡ay, poesía! -me repetía regresando a París-, ¡qué pocos corazones hay que los comprendan!

Le triste effet produit par mon chant ne laissait pas que de m’attrister. — Hélas ! musique, hélas ! poésie, me répétais-je en regagnant Paris, qu’il y a peu de cœurs qui vous comprennent !

2.

Mientras hacía estas reflexiones, me golpeé la cabeza con la de un pájaro que volaba en sentido opuesto al mío. El choque fue tan rudo e imprevisto, que caímos los dos sobre la copa de un árbol que, por fortuna, se encontraba allí. Después de habernos sacudido un poco, miré al recién llegado esperando una querella. Vi, con sorpresa, que era blanco. A decir verdad, tenía la cabeza algo más gruesa que la mía y, en la frente, una especie de penacho que le daba un aspecto heroico-cómico; además, llevaba la cola al aire, con gran magnanimidad; no me pareció en absoluto dispuesto a combatir. Nos saludamos muy cortésmente, nos presentamos excusas mutuamente, después de lo cual iniciamos una conversación. Yo me tomé la libertad de preguntarle su nombre y de qué país era.

En faisant ces réflexions, je me cognai la tête contre celle d’un oiseau qui volait dans le sens opposé au mien. Le choc fut si rude et si imprévu, que nous tombâmes tous deux sur la cime d’un arbre qui, par bonheur, se trouva là. Après que nous nous fûmes un peu secoués, je regardai le nouveau venu, m’attendant à une querelle. Je vis avec surprise qu’il était blanc. À la vérité, il avait la tête un peu plus grosse que moi, et, sur le front, une espèce de panache qui lui donnait un air héroï-comique ; de plus, il portait sa queue fort en l’air, avec une grande magnanimité : du reste, il ne me parut nullement disposé à la bataille. Nous nous abordâmes fort civilement, et nous nous fîmes de mutuelles excuses, après quoi nous entrâmes en conversation. Je pris la liberté de lui demander son nom et de quel pays il était.

3.

-Me sorprende -me dijo- que no me conozca. ¿No es usted uno de los nuestros?

— Je suis étonné, me dit-il, que vous ne me connaissiez pas. Est-ce que vous n’êtes pas des nôtres ?

4.

-Realmente, señor -contesté- yo no sé de cuáles soy. Todo el mundo me pregunta y me dice lo mismo; debe ser que han hecho una apuesta.

— En vérité, monsieur, répondis-je, je ne sais pas desquels je suis. Tout le monde me demande et me dit la même chose ; il faut que ce soit une gageure qu’on ait faite.

5.

-Usted bromea -replicó-; su plumaje le sienta demasiado bien como para que yo no conozca a un colega. Usted pertenece infaliblemente a la raza ilustre y venerable que llaman en latín cacuata, en lengua culta kakatoès, y en jerga vulgar cacatois.

— Vous voulez rire, répliqua-t-il ; votre plumage vous sied trop bien pour que je méconnaisse un confrère. Vous appartenez infailliblement à cette race illustre et vénérable qu’on nomme en latin cacuata, en langue savante kakatoès, et en jargon vulgaire catacois.

6.

-A fe mía, señor, que es posible y que eso sería un gran honor para mí. Pero hágase a la idea de que no lo soy y dígnese decirme a quién tengo la gloria de hablarle.

— Ma foi, monsieur, cela est possible, et ce serait bien de l’honneur pour moi. Mais ne laissez pas de faire comme si je n’en étais pas, et daignez m’apprendre à qui j’ai la gloire de parler.

7.

-Soy -contestó el desconocido- el gran poeta Kacatogan. He realizado grandes viajes, señor, travesías áridas y crueles peregrinaciones. No es desde ayer desde cuando hago rimas, y mi musa ha padecido desgracias. He tarareado en tiempos de Luis XVI, señor; he gritado por la República, he cantado notablemente al Imperio, he alabado discretamente a la Restauración, e incluso he hecho un esfuerzo en estos últimos tiempos y me he sometido -no sin esfuerzo- a las exigencias de este siglo sin gusto. He lanzado al mundo pareados picantes, himnos sublimes, graciosos ditirambos, piadosas elegías, dramas melenudos, novelas rizadas, vodeviles empolvados y tragedias calvas. En una palabra, puedo presumir de haber añadido al templo de las Musas algunos galantes festones, algunas sombrías almenas y algunos ingeniosos arabescos. ¡Qué quiere! he envejecido. Pero aún rimo vivamente, señor, y, aquí donde me ve, soñaba con un poema en un canto, que no tendrá menos de seiscientas páginas, cuando usted me hizo un chichón en la frente. Por lo demás, si puedo serle útil en algo, estoy a su servicio.

— Je suis, répondit l’inconnu, le grand poète Kacatogan. J’ai fait de puissants voyages, monsieur, des traversées arides et de cruelles pérégrinations. Ce n’est pas d’hier que je rime, et ma muse a eu des malheurs. J’ai fredonné sous Louis XVI, monsieur, j’ai braillé pour la République, j’ai noblement chanté l’Empire, j’ai discrètement loué la Restauration, j’ai même fait un effort dans ces derniers temps, et je me suis soumis, non sans peine, aux exigences de ce siècle sans goût. J’ai lancé dans le monde des distiques piquants, des hymnes sublimes, de gracieux dithyrambes, de pieuses élégies, des drames chevelus, des romans crépus, des vaudevilles poudrés et des tragédies chauves. En un mot, je puis me flatter d’avoir ajouté au temple des Muses quelques festons galants, quelques sombres créneaux et quelques ingénieuses arabesques. Que voulez-vous ! je me suis fait vieux. Mais je rime encore vertement, monsieur, et, tel que vous me voyez, je rêvais à un poëme en un chant, qui n’aura pas moins de six cents pages, quand vous m’avez fait une bosse au front. Du reste, si je puis vous être bon à quelque chose, je suis tout à votre service.

8.

-Realmente, señor, sí puede -repliqué- pues me ve en este momento en una gran confusión poética. No me atrevo a decir que sea poeta, y sobre todo tan gran poeta como usted -añadí saludándolo-, pero he recibido de la Naturaleza una garganta que me pica cuando me encuentro a gusto o cuando tengo penas. A decir verdad, ignoro por completo las reglas.

— Vraiment, monsieur, vous le pouvez, répliquai-je, car vous me voyez en ce moment dans un grand embarras poétique. Je n’ose dire que je sois un poète, ni surtout un aussi grand poète que vous, ajoutai-je en le saluant, mais j’ai reçu de la nature un gosier qui me démange quand je me sens bien aise ou que j’ai du chagrin. À vous dire la vérité, j’ignore absolument les règles.

9.

-No se inquiete por eso -dijo Kacatogan- yo las he olvidado.

— Je les ai oubliées, dit Kacatogan, ne vous inquiétez pas de cela.

10.

-Pero me ocurre una cosa enojosa -dije- y es que mi voz produce en los que me escuchan más o menos el mismo efecto que la de un tal Jean de Nivelle en… ¿sabe lo que quiero decir?

— Mais il m’arrive, repris-je, une chose fâcheuse : c’est que ma voix produit sur ceux qui l’entendent à peu près le même effet que celle d’un certain Jean de Nivelle sur… Vous savez ce que je veux dire ?

11.

-Sí lo sé -dijo Kacatogan- conozco por mí mismo ese extraño efecto. Desconozco la causa, pero el efecto es incuestionable.

— Je le sais, dit Kacatogan ; je connais par moi-même cet effet bizarre. La cause ne m’en est pas connue, mais l’effet est incontestable.

12.

-Y bien, señor, usted me parece el Néstor de la poesía, ¿no conocerá, se lo ruego, algún remedio contra ese penoso inconveniente?

— Eh bien ! monsieur, vous qui me semblez être le Nestor de la poésie, sauriez-vous, je vous prie, un remède à ce pénible inconvénient ?

13.

-No, -dijo Kacatogan-, por mi parte, no he podido encontrar ninguno. Cuando era joven, me atormentaba mucho porque me silbaban siempre; pero a mi edad, ya no pienso en ello. Creo que esa repugnancia procede de que el público lee a otros y no a nosotros; eso le distrae…

— Non, dit Kacatogan, pour ma part, je n’en ai jamais pu trouver. Je m’en suis fort tourmenté étant jeune, à cause qu’on me sifflait toujours ; mais, à l’heure qu’il est, je n’y songe plus. Je crois que cette répugnance vient de ce que le public en lit d’autres que nous : cela le distrait.

14.

-Yo pienso como usted; pero admitirá, señor, que es muy duro para una criatura bienintencionada, hacer que la gente huya tan pronto como él entona un buen movimiento. ¿Querría hacerme el favor de escucharme y de decirme sinceramente su opinión?

— Je le pense comme vous ; mais vous conviendrez, monsieur, qu’il est dur, pour une créature bien intentionnée, de mettre les gens en fuite dès qu’il lui prend un bon mouvement. Voudriez-vous me rendre le service de m’écouter, et me dire sincèrement votre avis ?

15.

-Con mucho gusto -dijo Kacatogan-, soy todo oídos.

— Très volontiers, dit Kacatogan ; je suis tout oreilles.

16.

Me puse a cantar de inmediato y tuve la satisfacción de ver que Kacatogan no huía ni se quedaba dormido. Me miraba fijamente y, de vez en cuando, inclinaba la cabeza con gesto de aprobación, con una especie de susurro adulador. Pero pronto me di cuenta de que no me estaba escuchando, sino que pensaba en su poema. Aprovechando un momento en el que yo tomaba aliento, me interrumpió de repente.

Je me mis à chanter aussitôt, et j’eus la satisfaction de voir que Kacatogan ne s’enfuyait ni ne s’endormait. Il me regardait fixement, et, de temps en temps, il inclinait la tête d’un air d’approbation, avec une espèce de murmure flatteur. Mais je m’aperçus bientôt qu’il ne m’écoutait pas, et qu’il rêvait à son poëme. Profitant d’un moment où je reprenais haleine, il m’interrompit tout à coup.

17.

-¡He encontrado la rima! -dijo sonriendo y moviendo la cabeza-; ¡es la 60.714 que sale de este cerebro! ¡Y se atreven a decir que me estoy haciendo viejo! Voy a leerle esto a mis buenos amigos, voy a leérselo, y ya veremos lo que dicen.

— Je l’ai pourtant trouvée, cette rime ! dit-il en souriant et en branlant la tête ; c’est la soixante mille sept cent quatorzième qui sort de cette cervelle-là ! Et l’on ose dire que je vieillis ! Je vais lire cela aux bons amis, je vais le leur lire, et nous verrons ce qu’on en dira !

18.

Mientras hablaba, emprendió vuelo y desapareció, aparentando no acordarse ya de haberme conocido.

Parlant ainsi, il prit son vol et disparut, ne semblant plus se souvenir de m’avoir rencontré.

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