El lunar / La mouche - Alfred de Musset
1.

-¡Ésta me ayudará, ésta vendrá en mi auxilio! ¡Ah, cuánta razón tenía el ábate al decirme que una mirada decidiría mi vida! Sí; esos ojos tan dulces, esa burlona y deliciosa boquita, ese piececito ahogado en un perendengue... ¡Ésa será mi buena hada!

— Celle-là me protégera, celle-là viendra à mon secours! Ah! que l’abbé avait raison de me dire qu’un regard déciderait de ma vie! Oui, ces yeux si fins et si doux, cette petite bouche railleuse et délicieuse, ce petit pied noyé dans un pompon… Voilà ma bonne fée!

2.

Así pensaba, casi en voz alta, el caballero, al volver a su albergue. ¿De dónde provenía tan súbita esperanza? ¿Era sólo su juventud la que hablaba, o habían hablado los ojos de la marquesa?

Ainsi pensait, presque tout haut, le chevalier rentrant à son auberge. D’où lui venait cette espérance subite ? Sa jeunesse seule parlait-elle, ou les yeux de la marquise avaient-ils parlé ?

3.

Mas la dificultad seguía siendo la misma. Aunque ya no pensara en ser presentado al rey, ¿quién le presentaría a la marquesa?

Mais la difficulté restait toujours la même. S’il ne songeait plus maintenant à être présenté au roi, qui le présenterait à la marquise ?

4.

Pasó gran parte de la noche escribiendo a la señorita d'Annebault una carta parecida a la que había leído madame Pompadour.

Il passa une grande partie de la nuit à écrire à mademoiselle d’Annebault une lettre à peu près pareille à celle qu’avait lue madame de Pompadour.

5.

Sería harto inútil reproducir aquella carta: exceptuando los tontos, solamente los enamorados creen decir cosas nuevas, aunque no hacen más que repetir las mismas. 

Retracer cette lettre serait fort inutile. Hormis les sots, il n’y a que les amoureux qui se trouvent toujours nouveaux, en répétant toujours la même chose.

6.

Por la mañana, el caballero había salido a vagar, soñando, por las calles. No se le ocurrió recurrir nuevamente al abate protector, sin que sea fácil adivinar qué causa se lo impedía. Era una mezcla de temor y de audacia, de falso rubor y de novelería. Y, en efecto, ¿qué le habría respondido el abate si le hubiese contado su historia de la víspera? «Os hallasteis muy a punto para recoger su abanico; pero ¿habéis sabido aprovecharos de ello? ¿Qué dijistéis a la marquesa? «Nada.» «Debisteis hablarla.» «Me turbé y perdí la cabeza.» «Mal hecho; hay que saber coger las ocasiones al vuelo; pero, en fin, todavía tiene arreglo. ¿Queréis que presente al señor de Tal, que es amigo mío? ¿A la señora Cual, que es mejor todavía? Procuraremos haceros llegar hasta esa marquesa que tanto miedo os causa, y si esta vez», etc., etc.

Dès le matin le chevalier sortit et se mit à marcher, en rêvant dans les rues. Il ne lui vint pas à l’esprit d’avoir encore recours à l’abbé protecteur, et il ne serait pas aisé de dire la raison qui l’en empêchait. C’était comme un mélange de crainte et d’audace, de fausse honte et de romanesque. Et, en effet, que lui aurait répondu l’abbé, s’il lui avait conté son histoire de la veille ? — Vous vous êtes trouvé à propos pour ramasser un éventail; avez-vous su en profiter ? Qu’avez-vous dit à la marquise ? — Rien. — Vous auriez dû lui parler. — J’étais troublé, j’avais perdu la tête. — Cela est un tort; il faut savoir saisir l’occasion; mais cela peut se réparer. Voulez-vous que je vous présente à monsieur un tel ? il est de mes amis; à madame une telle ? elle est mieux encore. Nous tâcherons de vous faire parvenir jusqu’à cette marquise qui vous a fait peur, et cette fois, etc., etc.

7.

Pero el caballero no se ocupaba de cosa semejante. Le parecía que contar su aventura hubiera sido, por decirlo así, desflorarla y echarla a perder. Decíase que a casualidad había hecho con él algo inaudito, algo increíble, y que aquello debía ser un secreto entre la fortuna y él; confiar semejante secreto a un cualquiera era, a su juicio, quitarle todo su valor y mostrarse indigno de él. «Solo fui ayer al palacio de Versalles -pensaba-, y solo iré también al Trianón», que por entonces era la residencia de la favorita.

Or le chevalier ne se souciait de rien de pareil. Il lui semblait qu’en racontant son aventure, il l’aurait, pour ainsi dire, gâtée et déflorée. Il se disait que le hasard avait fait pour lui une chose inouïe, incroyable, et que ce devait être un secret entre lui et la fortune; confier ce secret au premier venu, c’était, à son avis, en ôter tout le prix et s’en montrer indigne. — Je suis allé seul hier au château de Versailles, pensait-il; j’irai bien seul à Trianon (c’était en ce moment le séjour de la favorite).

8.

Semejante modo de pensar puede y hasta debe parecer extravagante a los espíritus calculadores, que nada olvidan y que confían lo menos posible a la casualidad; pero los de más frialdad, si han sido jóvenes -no todo el mundo lo es, ni aun en su juventud-, han podido conocer este sentimiento extraño, débil y atrevido, peligroso y seductor, que nos arrastra a la fatalidad: nos sentimos ciegos y lo deseamos; no sabemos dónde vamos y seguimos adelante. La sugestión está en esa misma despreocupación y en esa misma ignorancia; ése es el placer del artista que sueña, del enamorado que se pasa las noches bajo las ventanas de su amada; éste es el instinto del soldado y es, sobre todo, el del jugador.

Une telle façon de penser peut et doit même paraître extravagante aux esprits calculateurs, qui ne négligent rien et laissent le moins possible au hasard; mais les gens les plus froids, s’ils ont été jeunes (tout le monde ne l’est pas, même au temps de la jeunesse), ont pu connaître ce sentiment bizarre, faible et hardi, dangereux et séduisant, qui nous entraîne vers la destinée : on se sent aveugle, et on veut l’être; on ne sait où l’on va, et l’on marche. Le charme est dans cette insouciance et dans cette ignorance même; c’est le plaisir de l’artiste qui rêve, de l’amoureux qui passe la nuit sous les fenêtres de sa maîtresse; c’est aussi l’instinct du soldat; c’est surtout celui du joueur.

9.

El caballero, casi sin saberlo, había tomado el camino del Trianón. Sin ser muy lechuguino, como entonces se decía, no le faltaban elegancia ni ese modo de conducirse que hace que un lacayo, al cruzarse con vosotros, no os pregunte dónde vais. No le fue, pues, difícil, merced a algunas explicaciones recibidas en la hostería, llegar hasta la verja del palacio, si así puede llamarse a esa bombonera de mármol que antaño viera tantos hastíos y placeres. Desgraciadamente, la verja estaba cerrada, y un corpulento suizo, vestido con una sencilla hopalanda, se paseaba, con las manos a la espalda, por la avenida interior, como quien a nadie espera.

Le chevalier, presque sans le savoir, avait donc pris le chemin de Trianon. Sans être fort paré, comme on disait alors, il ne manquait ni d’élégance, ni de cette façon d’être qui fait qu’un laquais, vous rencontrant en route, ne vous demande pas où vous allez. Il ne lui fut donc pas difficile, grâce à quelques indications prises à son auberge, d’arriver jusqu’à la grille du château, si l’on peut appeler ainsi cette bonbonnière de marbre qui vit jadis tant de plaisirs et d’ennuis. Malheureusement, la grille était fermée, et un gros suisse, vêtu d’une simple houppelande, se promenait, les mains derrière le dos, dans l’avenue intérieure, comme quelqu’un qui n’attend personne.

10.

«¡El rey está aquí -se dijo el caballero-, o no está la marquesa!» Evidentemente, cuando las puertas están cerradas y los criados se pasean, los amos no están visibles, o han salido.

— Le roi est ici! se dit le chevalier, ou la marquise n’y est pas. Évidemment, quand les portes sont closes et que les valets se promènent, les maîtres sont enfermés ou sortis.

11.

¿Qué hacer? De igual modo que un momento antes se sentía confiado y valeroso, experimentaba de pronto una gran contrariedad y turbación. Aquella sola idea «¡El rey está aquí!» le asustaba más que las tres palabras de la víspera: «¡El rey va a pasar!», pues éstas no fueron sino lo imprevisto, mientras que ahora conocía aquella fría mirada y aquella impasible majestad.

Que faire? Autant il se sentait, un instant auparavant, de confiance et de courage, autant il éprouvait tout à coup de trouble et de désappointement. Cette seule pensée : « Le roi est ici! » l’effrayait plus que n’avaient fait la veille ces trois mots : « Le roi va passer! » car ce n’était alors que de l’imprévu, et maintenant il connaissait ce froid regard, cette majesté impassible.

12.

«¡Ah, Dios mío! ¿Qué cara pondría yo si intentase penetrar, aturdido, en este jardín y llegase a encontrarme frente a frente de este monarca soberbio, que a orillas de un riachuelo saborease su café?»

— Ah, bon Dieu! quel visage ferais-je si j’essayais, en étourdi, de pénétrer dans ce jardin, et si j’allais me trouver face à face devant ce monarque superbe, prenant son café au bord d’un ruisseau ?

13.

Rápidamente se apareció a la vista del pobre enamorado la desagradable silueta de la Bastilla; en lugar de la imagen encantadora que había conservado de la marquesa sonriéndole al pasar, vio grandes torreones, obscuros calabozos, negro pan y agua de suplicio: conocía la historia de Latude. Poco a poco volvía a la razón, y su esperanza huía poco a poco.

Aussitôt se dessina devant le pauvre amoureux la silhouette désobligeante de la Bastille; au lieu de l’image charmante qu’il avait gardée de cette marquise passant en souriant, il vit des donjons, des cachots, du pain noir, l’eau de la question; il savait l’histoire de Latude. Peu à peu venait la réflexion, et peu à peu s’envolait l’espérance.

14.

«Y, sin embargo -decíase aún-, yo no hago el menor mal, y menos al rey. Reclamo contra una injusticia; jamás he criticado a nadie. ¡He sido tan bien recibido ayer en Versalles y los lacayos fueron tan amables conmigo...! ¿Qué puedo temer? ¿Cometer una torpeza? Ya procuraré repararla.»

— Et cependant, se dit-il encore, je ne fais point de mal, ni le roi non plus. Je réclame contre une injustice; je n’ai jamais chansonné personne. On m’a si bien reçu hier à Versailles, et les laquais ont été si polis! De quoi ai-je peur ? De faire une sottise. J’en ferai d’autres qui répareront celle-là.

15.

Se aproximó a la verja y la empujó con la mano; estaba entreabierta. La abrió del todo y entró resueltamente. El suizo se volvió de mal talante:

Il s’approcha de la grille et la toucha du doigt; elle n’était pas tout à fait fermée. Il l’ouvrit et entra résolument. Le suisse se retourna d’un air ennuyé.

16.

-¿Qué deseáis? ¿Adónde vais?

— Que demandez-vous ? où allez-vous ?

17.

-A ver a madame de Pompadour.

— Je vais chez madame de Pompadour.

18.

-¿Os ha concedido audiencia?

— Avez-vous une audience ?

19.

-Sí.

— Oui.

20.

-¿Dónde está la carta?

— Où est votre lettre ?

21.

Allí no valía, como la víspera, el marquesado ni el duque d'Aumont. El caballero bajó tristemente los ojos y advirtió que sus medias blancas y sus hebillas de falsa pedrería del Rin estaban cubiertas de polvo. Había cometido la falta de venir a pie en una ciudad donde no andaba nadie. El portero bajó también los ojos y le midió, no de cabeza a pies, sino de pies a cabeza. El traje le pareció bien; pero llevaba el sombrero ladeado y desempolvada la peluca.

Ce n’était plus le marquisat de la veille, et, cette fois, il n’y avait plus de duc d’Aumont. Le chevalier baissa tristement les yeux, et s’aperçut que ses bas blancs et ses boucles de cailloux du Rhin étaient couverts de poussière. Il avait commis la faute de venir à pied dans un pays où l’on ne marchait pas. Le suisse baissa les yeux aussi, et le toisa, non de la tête aux pieds, mais des pieds à la tête. L’habit lui parut propre, mais le chapeau était un peu de travers et la coiffure dépoudrée :

22.

-Si no tenéis carta, ¿qué es lo que queréis?

— Vous n’avez point de lettre. Que voulez-vous ?

23.

-Quisiera hablar a madame de Pompadour.

— Je voudrais parler à madame de Pompadour.

24.

-¿De veras? ¿Y creéis que eso se consigue así?

— Vraiment ! et vous croyez que ça se fait comme ça ?

25.

-No lo sé. ¿Está el rey aquí?

— Je n’en sais rien. Le roi est-il ici ?

26.

-Acaso. ¡Idos y dejadme en paz!

— Peut-être. Sortez, et laissez-moi en repos.

27.

El caballero no quería enfadarse; pero, a pesar suyo, aquella insolencia le hizo palidecer.

Le chevalier ne voulait pas se mettre en colère; mais, malgré lui, cette insolence le fit pâlir.

28.

-Muchas veces he mandado a los lacayos quitarse de mi presencia -respondió-; pero jamás me lo ha dicho un lacayo a mí.

— J’ai dit quelquefois à un laquais de sortir, répondit-il, mais un laquais ne me l’a jamais dit.

29.

-¡Un lacayo! ¡Yo lacayo! -exclamó furioso el suizo.

— Laquais! moi ? un laquais! s’écria le suisse furieux.

30.

-Lacayo, portero, criado o mandadero, lo mismo me da y poco me importa.

— Laquais, portier, valet et valetaille, je ne m’en soucie point, et très peu m’importe.

31.

El suizo dio un paso hacia el caballero con los puños crispados y encendido el rostro. El caballero, recobrándose ante la apariencia de una amenaza, desenvainó ligeramente su espada.

Le suisse fit un pas vers le chevalier, les poings crispés et le visage en feu. Le chevalier, rendu à lui-même par l’apparence d’une menace, souleva légèrement la poignée de son épée.

32.

-Ten cuidado -dijo-. Soy gentilhombre y no me costaría más que treinta y seis libras mandar al otro mundo a un villano como tú.

— Prenez garde, dit-il, je suis gentilhomme, et il en coûte trente-six livres pour envoyer en terre un rustre comme vous.

33.

-Si vos sois gentilhombre, señor, yo pertenezco al rey. No hago más que cumplir con mi deber; y no creáis que...

— Si vous êtes gentilhomme, monsieur, moi, j’appartiens au roi; je ne fais que mon devoir, et ne croyez pas…

34.

En aquel momento, el sonar de una fanfarria, que parecía venir del bosque de Satory, se dejó oír a lo lejos y se perdió en el eco. El caballero dejó caer la espada en su vaina, y, sin volver a pensar en la disputa empezada, dijo:

En ce moment, le bruit d’une fanfare, qui semblait venir du bois de Satory, se fit entendre au loin et se perdit dans l’écho. Le chevalier laissa son épée retomber dans le fourreau, et, ne songeant plus à la querelle commencée :

35.

-¡Ah, caramba! ¡Si es el rey, que sale de caza! ¿Por qué no me lo dijisteis antes?

— Eh, morbleu! dit-il, c’est le roi qui part pour la chasse. Que ne me le disiez-vous tout de suite?

36.

-Ni a mí me incumbe ni a vos os importa.

— Cela ne me regarde pas, ni vous non plus.

37.

-Escuchad, amigo mío. El rey no está aquí, yo no traigo carta ninguna, no se me ha concedido audiencia ninguna. Pero tomad, para que bebáis un trago, y dejadme pasar.

— Écoutez-moi, mon cher ami. Le roi n’est pas là, je n’ai pas de lettre, je n’ai pas d’audience. Voici pour boire, laissez-moi entrer.

38.

Y sacó del bolsillo algunas monedas de oro. El suizo volvió a mirarle con un soberano desprecio.

Il tira de sa poche quelques pièces d’or. Le suisse le toisa de nouveau avec un souverain mépris.

39.

-¿Qué significa esto? -dijo desdeñosamente-. ¿Así es como intentáis introduciros en una morada regia? Cuidad, no sea que en vez de obligaros a salir os encierre en ella.

— Qu’est-ce que c’est que ça ? dit-il dédaigneusement. Cherche-t-on ainsi à s’introduire dans une demeure royale ? Au lieu de vous faire sortir, prenez garde que je ne vous y enferme.

40.

-¡Tú, grandísimo granuja! -dijo el caballero vuelto en cólera y empuñando otra vez su espada.

— Toi, double maraud! dit le chevalier, retrouvant sa colère et reprenant son épée.

41.

-Sí, yo -repitió el hombre, gigantesco.

— Oui, moi, répéta le gros homme.

42.

Pero durante esta conversación, en que el historiador siente haber comprometido a su héroe, densas nubes habían obscurecido el cielo y una tormenta se preparaba. Brilló un relámpago fugaz, seguido de un trueno violento, y la lluvia empezó a caer pesadamente. El caballero, que aun tenía las monedas en la mano, vio sobre uno de los polvorientos zapatos una gota de agua del tamaño de medio escudo.

Mais, pendant cette conversation, où l’historien regrette d’avoir compromis son héros, d’épais nuages avaient obscurci le ciel; un orage se préparait. Un éclair rapide brilla, suivi d’un violent coup de tonnerre, et la pluie commençait à tomber lourdement. Le chevalier, qui tenait encore son or, vit une goutte d’eau sur son soulier poudreux, grande comme un petit écu.

43.

-¡Demonio -exclamó-, pongámonos al abrigo! No es cosa de mojarse.

— Peste! dit-il, mettons-nous à l’abri. Il ne s’agit pas de se laisser mouiller.

44.

Y se dirigió hacia el antro del cerbero, o, si se quiere, a la casa del portero; y una vez allí, sentándose sin la menor ceremonia en el sillón de aquél, dijo:

Et il se dirigea lestement vers l’antre du Cerbère, ou, si l’on veut, la maison du concierge; puis là, se jetant sans façon dans le grand fauteuil du concierge même :

45.

-¡Gran Dios, cuánto me fastidiáis y qué desgraciado soy! Me tomáis por un conspirador y no adivináis que tengo en mi bolsillo un memorial para Su Majestad. Yo seré un provinciano; pero vos sois un estúpido.

— Dieu! que vous m’ennuyez! dit-il, et que je suis malheureux! Vous me prenez pour un conspirateur, et vous ne comprenez pas que j’ai dans ma poche un placet pour Sa Majesté! Je suis de province, mais vous n’êtes qu’un sot.

46.

El suizo, por toda respuesta, fue a coger su alabarda de un rincón, y permaneció en pie arma al brazo.

Le suisse, pour toute réponse, alla dans un coin prendre sa hallebarde, et resta ainsi debout, l’arme au poing.

47.

-¿Cuándo vais a marcharos? -gritó con voz estentórea.

— Quand partirez-vous ? s’écria-t-il d’une voix de Stentor.

48.

La disputa, suspendida y reanudada a cada momento, parecía ahora formalizarse, y las manazas del suizo empezaban ya a estremecerse extrañamente, agarrando la alabarda. No sé qué hubiera sucedido, cuando, volviendo de pronto la cabeza, dijo el caballero: -¡Ah! ¿Quién viene aquí?

La querelle, tour à tour oubliée et reprise, semblait cette fois devenir tout à fait sérieuse, et déjà les deux grosses mains du suisse tremblaient étrangement sur sa pique; qu’allait-il advenir ? je ne sais, lorsque, tournant tout à coup la tête : Ah! dit le chevalier, qui vient là?

49.

Un pajecillo, que montaba un caballo soberbio -no inglés: en aquellos tiempos no estaban de moda las patas delgadas-, avanzaba a rienda suelta y a todo galope. El camino estaba encharcado por la lluvia; la verja a medio abrir. El paje dudó un momento; el suizo se adelantó y abrió la verja. El jinete picó espuelas; el caballo, parado de pronto, quiso reanudar su carrera, resbaló en la tierra mojada y cayó.

Un jeune page, montant un cheval superbe (non pas anglais; dans ce temps-là les jambes maigres n’étaient pas à la mode), accourait à toute bride et au triple galop. Le chemin était trempé par la pluie; la grille n’était qu’entr’ouverte. Il y eut une hésitation; le suisse s’avança et ouvrit la grille. Le page donna de l’éperon; le cheval, arrêté un instant, voulut reprendre son train, manqua du pied, glissa sur la terre humide et tomba.

50.

Es difícil y hasta peligroso hacer levantarse a un caballo que se ha caído. De nada sirve la fusta. El pataleo de la bestia, que se defiende como puede, es sumamente desagradable, sobre todo cuando el jinete tiene también una pierna apresada por la silla.

Il est fort peu commode, presque dangereux, de faire relever un cheval tombé à terre. Il n’y a cravache qui tienne. La gesticulation des jambes de la bête, qui fait ce qu’elle peut, est extrêmement désagréable, surtout lorsque l’on a soi-même une jambe aussi prise sous la selle.

51.

No obstante, el caballero corrió en su ayuda, sin pensar en estos inconvenientes; y lo hizo con tal destreza, que el caballo se levantó en seguida y el jinete en libertad. Pero éste estaba lleno de barro, y apenas si podía andar cojeando. Transportado como se pudo a la casa del portero, y sentado a su vez en el gran sillón, dijo al caballero:

Le chevalier, toutefois, vint à l’aide sans réfléchir à ces inconvénients, et il s’y prit si adroitement que bientôt le cheval fut redressé et le cavalier dégagé. Mais celui-ci était couvert de boue, et ne pouvait qu’à peine marcher en boitant. Transporté, tant bien que mal, dans la maison du suisse, et assis à son tour dans le grand fauteuil:

52.

-Caballero, seguramente sois gentilhombre. Me habéis prestado un gran servicio; pero aun podéis prestarme otro mayor. He aquí un mensaje del rey para la señora marquesa que es urgentísimo, como habéis visto, puesto que por llegar de prisa mi caballo y yo hemos estado a punto de rompernos la crisma. Comprenderéis que en el estado en que me encuentro, con una pierna coja, no puedo hacer llegar a su destino este papel. Para ello sería necesario que me llevasen a mí. ¿Queréis ir en mi lugar?

— Monsieur, dit-il au chevalier, vous êtes gentilhomme, à coup sûr. Vous m’avez rendu un grand service, mais vous m’en pouvez rendre un plus grand encore. Voici un message du roi pour madame la marquise, et ce message est très pressé, comme vous le voyez, puisque mon cheval et moi, pour aller plus vite, nous avons failli nous rompre le cou. Vous comprenez que, fait comme je suis, avec une jambe éclopée, je ne saurais porter ce papier. Il faudrait, pour cela, me faire porter moi-même. Voulez-vous y aller à ma place ?

53.

Al mismo tiempo sacaba de su bolsillo un gran sobre con arabescos de oro y con el sello real.

En même temps, il tirait de sa poche une grande enveloppe dorée d’arabesques, accompagnée du sceau royal.

54.

-Con mucho gusto, señor -respondió el caballero, cogiendo el sobre. Y ligero y ágil como una pluma, echó a correr cual sin tocar el suelo.

— Très volontiers, monsieur, répondit le chevalier, prenant l’enveloppe. Et, leste et léger comme une plume, il partit en courant sur la pointe du pied.

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Alfred de Musset

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El lunar / La mouche

Capítulo 4

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-¡Ésta me ayudará, ésta vendrá en mi auxilio! ¡Ah, cuánta razón tenía el ábate al decirme que una mirada decidiría mi vida! Sí; esos ojos tan dulces, esa burlona y deliciosa boquita, ese piececito ahogado en un perendengue... ¡Ésa será mi buena hada!

— Celle-là me protégera, celle-là viendra à mon secours! Ah! que l’abbé avait raison de me dire qu’un regard déciderait de ma vie! Oui, ces yeux si fins et si doux, cette petite bouche railleuse et délicieuse, ce petit pied noyé dans un pompon… Voilà ma bonne fée!

2.

Así pensaba, casi en voz alta, el caballero, al volver a su albergue. ¿De dónde provenía tan súbita esperanza? ¿Era sólo su juventud la que hablaba, o habían hablado los ojos de la marquesa?

Ainsi pensait, presque tout haut, le chevalier rentrant à son auberge. D’où lui venait cette espérance subite ? Sa jeunesse seule parlait-elle, ou les yeux de la marquise avaient-ils parlé ?

3.

Mas la dificultad seguía siendo la misma. Aunque ya no pensara en ser presentado al rey, ¿quién le presentaría a la marquesa?

Mais la difficulté restait toujours la même. S’il ne songeait plus maintenant à être présenté au roi, qui le présenterait à la marquise ?

4.

Pasó gran parte de la noche escribiendo a la señorita d'Annebault una carta parecida a la que había leído madame Pompadour.

Il passa une grande partie de la nuit à écrire à mademoiselle d’Annebault une lettre à peu près pareille à celle qu’avait lue madame de Pompadour.

5.

Sería harto inútil reproducir aquella carta: exceptuando los tontos, solamente los enamorados creen decir cosas nuevas, aunque no hacen más que repetir las mismas. 

Retracer cette lettre serait fort inutile. Hormis les sots, il n’y a que les amoureux qui se trouvent toujours nouveaux, en répétant toujours la même chose.

6.

Por la mañana, el caballero había salido a vagar, soñando, por las calles. No se le ocurrió recurrir nuevamente al abate protector, sin que sea fácil adivinar qué causa se lo impedía. Era una mezcla de temor y de audacia, de falso rubor y de novelería. Y, en efecto, ¿qué le habría respondido el abate si le hubiese contado su historia de la víspera? «Os hallasteis muy a punto para recoger su abanico; pero ¿habéis sabido aprovecharos de ello? ¿Qué dijistéis a la marquesa? «Nada.» «Debisteis hablarla.» «Me turbé y perdí la cabeza.» «Mal hecho; hay que saber coger las ocasiones al vuelo; pero, en fin, todavía tiene arreglo. ¿Queréis que presente al señor de Tal, que es amigo mío? ¿A la señora Cual, que es mejor todavía? Procuraremos haceros llegar hasta esa marquesa que tanto miedo os causa, y si esta vez», etc., etc.

Dès le matin le chevalier sortit et se mit à marcher, en rêvant dans les rues. Il ne lui vint pas à l’esprit d’avoir encore recours à l’abbé protecteur, et il ne serait pas aisé de dire la raison qui l’en empêchait. C’était comme un mélange de crainte et d’audace, de fausse honte et de romanesque. Et, en effet, que lui aurait répondu l’abbé, s’il lui avait conté son histoire de la veille ? — Vous vous êtes trouvé à propos pour ramasser un éventail; avez-vous su en profiter ? Qu’avez-vous dit à la marquise ? — Rien. — Vous auriez dû lui parler. — J’étais troublé, j’avais perdu la tête. — Cela est un tort; il faut savoir saisir l’occasion; mais cela peut se réparer. Voulez-vous que je vous présente à monsieur un tel ? il est de mes amis; à madame une telle ? elle est mieux encore. Nous tâcherons de vous faire parvenir jusqu’à cette marquise qui vous a fait peur, et cette fois, etc., etc.

7.

Pero el caballero no se ocupaba de cosa semejante. Le parecía que contar su aventura hubiera sido, por decirlo así, desflorarla y echarla a perder. Decíase que a casualidad había hecho con él algo inaudito, algo increíble, y que aquello debía ser un secreto entre la fortuna y él; confiar semejante secreto a un cualquiera era, a su juicio, quitarle todo su valor y mostrarse indigno de él. «Solo fui ayer al palacio de Versalles -pensaba-, y solo iré también al Trianón», que por entonces era la residencia de la favorita.

Or le chevalier ne se souciait de rien de pareil. Il lui semblait qu’en racontant son aventure, il l’aurait, pour ainsi dire, gâtée et déflorée. Il se disait que le hasard avait fait pour lui une chose inouïe, incroyable, et que ce devait être un secret entre lui et la fortune; confier ce secret au premier venu, c’était, à son avis, en ôter tout le prix et s’en montrer indigne. — Je suis allé seul hier au château de Versailles, pensait-il; j’irai bien seul à Trianon (c’était en ce moment le séjour de la favorite).

8.

Semejante modo de pensar puede y hasta debe parecer extravagante a los espíritus calculadores, que nada olvidan y que confían lo menos posible a la casualidad; pero los de más frialdad, si han sido jóvenes -no todo el mundo lo es, ni aun en su juventud-, han podido conocer este sentimiento extraño, débil y atrevido, peligroso y seductor, que nos arrastra a la fatalidad: nos sentimos ciegos y lo deseamos; no sabemos dónde vamos y seguimos adelante. La sugestión está en esa misma despreocupación y en esa misma ignorancia; ése es el placer del artista que sueña, del enamorado que se pasa las noches bajo las ventanas de su amada; éste es el instinto del soldado y es, sobre todo, el del jugador.

Une telle façon de penser peut et doit même paraître extravagante aux esprits calculateurs, qui ne négligent rien et laissent le moins possible au hasard; mais les gens les plus froids, s’ils ont été jeunes (tout le monde ne l’est pas, même au temps de la jeunesse), ont pu connaître ce sentiment bizarre, faible et hardi, dangereux et séduisant, qui nous entraîne vers la destinée : on se sent aveugle, et on veut l’être; on ne sait où l’on va, et l’on marche. Le charme est dans cette insouciance et dans cette ignorance même; c’est le plaisir de l’artiste qui rêve, de l’amoureux qui passe la nuit sous les fenêtres de sa maîtresse; c’est aussi l’instinct du soldat; c’est surtout celui du joueur.

9.

El caballero, casi sin saberlo, había tomado el camino del Trianón. Sin ser muy lechuguino, como entonces se decía, no le faltaban elegancia ni ese modo de conducirse que hace que un lacayo, al cruzarse con vosotros, no os pregunte dónde vais. No le fue, pues, difícil, merced a algunas explicaciones recibidas en la hostería, llegar hasta la verja del palacio, si así puede llamarse a esa bombonera de mármol que antaño viera tantos hastíos y placeres. Desgraciadamente, la verja estaba cerrada, y un corpulento suizo, vestido con una sencilla hopalanda, se paseaba, con las manos a la espalda, por la avenida interior, como quien a nadie espera.

Le chevalier, presque sans le savoir, avait donc pris le chemin de Trianon. Sans être fort paré, comme on disait alors, il ne manquait ni d’élégance, ni de cette façon d’être qui fait qu’un laquais, vous rencontrant en route, ne vous demande pas où vous allez. Il ne lui fut donc pas difficile, grâce à quelques indications prises à son auberge, d’arriver jusqu’à la grille du château, si l’on peut appeler ainsi cette bonbonnière de marbre qui vit jadis tant de plaisirs et d’ennuis. Malheureusement, la grille était fermée, et un gros suisse, vêtu d’une simple houppelande, se promenait, les mains derrière le dos, dans l’avenue intérieure, comme quelqu’un qui n’attend personne.

10.

«¡El rey está aquí -se dijo el caballero-, o no está la marquesa!» Evidentemente, cuando las puertas están cerradas y los criados se pasean, los amos no están visibles, o han salido.

— Le roi est ici! se dit le chevalier, ou la marquise n’y est pas. Évidemment, quand les portes sont closes et que les valets se promènent, les maîtres sont enfermés ou sortis.

11.

¿Qué hacer? De igual modo que un momento antes se sentía confiado y valeroso, experimentaba de pronto una gran contrariedad y turbación. Aquella sola idea «¡El rey está aquí!» le asustaba más que las tres palabras de la víspera: «¡El rey va a pasar!», pues éstas no fueron sino lo imprevisto, mientras que ahora conocía aquella fría mirada y aquella impasible majestad.

Que faire? Autant il se sentait, un instant auparavant, de confiance et de courage, autant il éprouvait tout à coup de trouble et de désappointement. Cette seule pensée : « Le roi est ici! » l’effrayait plus que n’avaient fait la veille ces trois mots : « Le roi va passer! » car ce n’était alors que de l’imprévu, et maintenant il connaissait ce froid regard, cette majesté impassible.

12.

«¡Ah, Dios mío! ¿Qué cara pondría yo si intentase penetrar, aturdido, en este jardín y llegase a encontrarme frente a frente de este monarca soberbio, que a orillas de un riachuelo saborease su café?»

— Ah, bon Dieu! quel visage ferais-je si j’essayais, en étourdi, de pénétrer dans ce jardin, et si j’allais me trouver face à face devant ce monarque superbe, prenant son café au bord d’un ruisseau ?

13.

Rápidamente se apareció a la vista del pobre enamorado la desagradable silueta de la Bastilla; en lugar de la imagen encantadora que había conservado de la marquesa sonriéndole al pasar, vio grandes torreones, obscuros calabozos, negro pan y agua de suplicio: conocía la historia de Latude. Poco a poco volvía a la razón, y su esperanza huía poco a poco.

Aussitôt se dessina devant le pauvre amoureux la silhouette désobligeante de la Bastille; au lieu de l’image charmante qu’il avait gardée de cette marquise passant en souriant, il vit des donjons, des cachots, du pain noir, l’eau de la question; il savait l’histoire de Latude. Peu à peu venait la réflexion, et peu à peu s’envolait l’espérance.

14.

«Y, sin embargo -decíase aún-, yo no hago el menor mal, y menos al rey. Reclamo contra una injusticia; jamás he criticado a nadie. ¡He sido tan bien recibido ayer en Versalles y los lacayos fueron tan amables conmigo...! ¿Qué puedo temer? ¿Cometer una torpeza? Ya procuraré repararla.»

— Et cependant, se dit-il encore, je ne fais point de mal, ni le roi non plus. Je réclame contre une injustice; je n’ai jamais chansonné personne. On m’a si bien reçu hier à Versailles, et les laquais ont été si polis! De quoi ai-je peur ? De faire une sottise. J’en ferai d’autres qui répareront celle-là.

15.

Se aproximó a la verja y la empujó con la mano; estaba entreabierta. La abrió del todo y entró resueltamente. El suizo se volvió de mal talante:

Il s’approcha de la grille et la toucha du doigt; elle n’était pas tout à fait fermée. Il l’ouvrit et entra résolument. Le suisse se retourna d’un air ennuyé.

16.

-¿Qué deseáis? ¿Adónde vais?

— Que demandez-vous ? où allez-vous ?

17.

-A ver a madame de Pompadour.

— Je vais chez madame de Pompadour.

18.

-¿Os ha concedido audiencia?

— Avez-vous une audience ?

19.

-Sí.

— Oui.

20.

-¿Dónde está la carta?

— Où est votre lettre ?

21.

Allí no valía, como la víspera, el marquesado ni el duque d'Aumont. El caballero bajó tristemente los ojos y advirtió que sus medias blancas y sus hebillas de falsa pedrería del Rin estaban cubiertas de polvo. Había cometido la falta de venir a pie en una ciudad donde no andaba nadie. El portero bajó también los ojos y le midió, no de cabeza a pies, sino de pies a cabeza. El traje le pareció bien; pero llevaba el sombrero ladeado y desempolvada la peluca.

Ce n’était plus le marquisat de la veille, et, cette fois, il n’y avait plus de duc d’Aumont. Le chevalier baissa tristement les yeux, et s’aperçut que ses bas blancs et ses boucles de cailloux du Rhin étaient couverts de poussière. Il avait commis la faute de venir à pied dans un pays où l’on ne marchait pas. Le suisse baissa les yeux aussi, et le toisa, non de la tête aux pieds, mais des pieds à la tête. L’habit lui parut propre, mais le chapeau était un peu de travers et la coiffure dépoudrée :

22.

-Si no tenéis carta, ¿qué es lo que queréis?

— Vous n’avez point de lettre. Que voulez-vous ?

23.

-Quisiera hablar a madame de Pompadour.

— Je voudrais parler à madame de Pompadour.

24.

-¿De veras? ¿Y creéis que eso se consigue así?

— Vraiment ! et vous croyez que ça se fait comme ça ?

25.

-No lo sé. ¿Está el rey aquí?

— Je n’en sais rien. Le roi est-il ici ?

26.

-Acaso. ¡Idos y dejadme en paz!

— Peut-être. Sortez, et laissez-moi en repos.

27.

El caballero no quería enfadarse; pero, a pesar suyo, aquella insolencia le hizo palidecer.

Le chevalier ne voulait pas se mettre en colère; mais, malgré lui, cette insolence le fit pâlir.

28.

-Muchas veces he mandado a los lacayos quitarse de mi presencia -respondió-; pero jamás me lo ha dicho un lacayo a mí.

— J’ai dit quelquefois à un laquais de sortir, répondit-il, mais un laquais ne me l’a jamais dit.

29.

-¡Un lacayo! ¡Yo lacayo! -exclamó furioso el suizo.

— Laquais! moi ? un laquais! s’écria le suisse furieux.

30.

-Lacayo, portero, criado o mandadero, lo mismo me da y poco me importa.

— Laquais, portier, valet et valetaille, je ne m’en soucie point, et très peu m’importe.

31.

El suizo dio un paso hacia el caballero con los puños crispados y encendido el rostro. El caballero, recobrándose ante la apariencia de una amenaza, desenvainó ligeramente su espada.

Le suisse fit un pas vers le chevalier, les poings crispés et le visage en feu. Le chevalier, rendu à lui-même par l’apparence d’une menace, souleva légèrement la poignée de son épée.

32.

-Ten cuidado -dijo-. Soy gentilhombre y no me costaría más que treinta y seis libras mandar al otro mundo a un villano como tú.

— Prenez garde, dit-il, je suis gentilhomme, et il en coûte trente-six livres pour envoyer en terre un rustre comme vous.

33.

-Si vos sois gentilhombre, señor, yo pertenezco al rey. No hago más que cumplir con mi deber; y no creáis que...

— Si vous êtes gentilhomme, monsieur, moi, j’appartiens au roi; je ne fais que mon devoir, et ne croyez pas…

34.

En aquel momento, el sonar de una fanfarria, que parecía venir del bosque de Satory, se dejó oír a lo lejos y se perdió en el eco. El caballero dejó caer la espada en su vaina, y, sin volver a pensar en la disputa empezada, dijo:

En ce moment, le bruit d’une fanfare, qui semblait venir du bois de Satory, se fit entendre au loin et se perdit dans l’écho. Le chevalier laissa son épée retomber dans le fourreau, et, ne songeant plus à la querelle commencée :

35.

-¡Ah, caramba! ¡Si es el rey, que sale de caza! ¿Por qué no me lo dijisteis antes?

— Eh, morbleu! dit-il, c’est le roi qui part pour la chasse. Que ne me le disiez-vous tout de suite?

36.

-Ni a mí me incumbe ni a vos os importa.

— Cela ne me regarde pas, ni vous non plus.

37.

-Escuchad, amigo mío. El rey no está aquí, yo no traigo carta ninguna, no se me ha concedido audiencia ninguna. Pero tomad, para que bebáis un trago, y dejadme pasar.

— Écoutez-moi, mon cher ami. Le roi n’est pas là, je n’ai pas de lettre, je n’ai pas d’audience. Voici pour boire, laissez-moi entrer.

38.

Y sacó del bolsillo algunas monedas de oro. El suizo volvió a mirarle con un soberano desprecio.

Il tira de sa poche quelques pièces d’or. Le suisse le toisa de nouveau avec un souverain mépris.

39.

-¿Qué significa esto? -dijo desdeñosamente-. ¿Así es como intentáis introduciros en una morada regia? Cuidad, no sea que en vez de obligaros a salir os encierre en ella.

— Qu’est-ce que c’est que ça ? dit-il dédaigneusement. Cherche-t-on ainsi à s’introduire dans une demeure royale ? Au lieu de vous faire sortir, prenez garde que je ne vous y enferme.

40.

-¡Tú, grandísimo granuja! -dijo el caballero vuelto en cólera y empuñando otra vez su espada.

— Toi, double maraud! dit le chevalier, retrouvant sa colère et reprenant son épée.

41.

-Sí, yo -repitió el hombre, gigantesco.

— Oui, moi, répéta le gros homme.

42.

Pero durante esta conversación, en que el historiador siente haber comprometido a su héroe, densas nubes habían obscurecido el cielo y una tormenta se preparaba. Brilló un relámpago fugaz, seguido de un trueno violento, y la lluvia empezó a caer pesadamente. El caballero, que aun tenía las monedas en la mano, vio sobre uno de los polvorientos zapatos una gota de agua del tamaño de medio escudo.

Mais, pendant cette conversation, où l’historien regrette d’avoir compromis son héros, d’épais nuages avaient obscurci le ciel; un orage se préparait. Un éclair rapide brilla, suivi d’un violent coup de tonnerre, et la pluie commençait à tomber lourdement. Le chevalier, qui tenait encore son or, vit une goutte d’eau sur son soulier poudreux, grande comme un petit écu.

43.

-¡Demonio -exclamó-, pongámonos al abrigo! No es cosa de mojarse.

— Peste! dit-il, mettons-nous à l’abri. Il ne s’agit pas de se laisser mouiller.

44.

Y se dirigió hacia el antro del cerbero, o, si se quiere, a la casa del portero; y una vez allí, sentándose sin la menor ceremonia en el sillón de aquél, dijo:

Et il se dirigea lestement vers l’antre du Cerbère, ou, si l’on veut, la maison du concierge; puis là, se jetant sans façon dans le grand fauteuil du concierge même :

45.

-¡Gran Dios, cuánto me fastidiáis y qué desgraciado soy! Me tomáis por un conspirador y no adivináis que tengo en mi bolsillo un memorial para Su Majestad. Yo seré un provinciano; pero vos sois un estúpido.

— Dieu! que vous m’ennuyez! dit-il, et que je suis malheureux! Vous me prenez pour un conspirateur, et vous ne comprenez pas que j’ai dans ma poche un placet pour Sa Majesté! Je suis de province, mais vous n’êtes qu’un sot.

46.

El suizo, por toda respuesta, fue a coger su alabarda de un rincón, y permaneció en pie arma al brazo.

Le suisse, pour toute réponse, alla dans un coin prendre sa hallebarde, et resta ainsi debout, l’arme au poing.

47.

-¿Cuándo vais a marcharos? -gritó con voz estentórea.

— Quand partirez-vous ? s’écria-t-il d’une voix de Stentor.

48.

La disputa, suspendida y reanudada a cada momento, parecía ahora formalizarse, y las manazas del suizo empezaban ya a estremecerse extrañamente, agarrando la alabarda. No sé qué hubiera sucedido, cuando, volviendo de pronto la cabeza, dijo el caballero: -¡Ah! ¿Quién viene aquí?

La querelle, tour à tour oubliée et reprise, semblait cette fois devenir tout à fait sérieuse, et déjà les deux grosses mains du suisse tremblaient étrangement sur sa pique; qu’allait-il advenir ? je ne sais, lorsque, tournant tout à coup la tête : Ah! dit le chevalier, qui vient là?

49.

Un pajecillo, que montaba un caballo soberbio -no inglés: en aquellos tiempos no estaban de moda las patas delgadas-, avanzaba a rienda suelta y a todo galope. El camino estaba encharcado por la lluvia; la verja a medio abrir. El paje dudó un momento; el suizo se adelantó y abrió la verja. El jinete picó espuelas; el caballo, parado de pronto, quiso reanudar su carrera, resbaló en la tierra mojada y cayó.

Un jeune page, montant un cheval superbe (non pas anglais; dans ce temps-là les jambes maigres n’étaient pas à la mode), accourait à toute bride et au triple galop. Le chemin était trempé par la pluie; la grille n’était qu’entr’ouverte. Il y eut une hésitation; le suisse s’avança et ouvrit la grille. Le page donna de l’éperon; le cheval, arrêté un instant, voulut reprendre son train, manqua du pied, glissa sur la terre humide et tomba.

50.

Es difícil y hasta peligroso hacer levantarse a un caballo que se ha caído. De nada sirve la fusta. El pataleo de la bestia, que se defiende como puede, es sumamente desagradable, sobre todo cuando el jinete tiene también una pierna apresada por la silla.

Il est fort peu commode, presque dangereux, de faire relever un cheval tombé à terre. Il n’y a cravache qui tienne. La gesticulation des jambes de la bête, qui fait ce qu’elle peut, est extrêmement désagréable, surtout lorsque l’on a soi-même une jambe aussi prise sous la selle.

51.

No obstante, el caballero corrió en su ayuda, sin pensar en estos inconvenientes; y lo hizo con tal destreza, que el caballo se levantó en seguida y el jinete en libertad. Pero éste estaba lleno de barro, y apenas si podía andar cojeando. Transportado como se pudo a la casa del portero, y sentado a su vez en el gran sillón, dijo al caballero:

Le chevalier, toutefois, vint à l’aide sans réfléchir à ces inconvénients, et il s’y prit si adroitement que bientôt le cheval fut redressé et le cavalier dégagé. Mais celui-ci était couvert de boue, et ne pouvait qu’à peine marcher en boitant. Transporté, tant bien que mal, dans la maison du suisse, et assis à son tour dans le grand fauteuil:

52.

-Caballero, seguramente sois gentilhombre. Me habéis prestado un gran servicio; pero aun podéis prestarme otro mayor. He aquí un mensaje del rey para la señora marquesa que es urgentísimo, como habéis visto, puesto que por llegar de prisa mi caballo y yo hemos estado a punto de rompernos la crisma. Comprenderéis que en el estado en que me encuentro, con una pierna coja, no puedo hacer llegar a su destino este papel. Para ello sería necesario que me llevasen a mí. ¿Queréis ir en mi lugar?

— Monsieur, dit-il au chevalier, vous êtes gentilhomme, à coup sûr. Vous m’avez rendu un grand service, mais vous m’en pouvez rendre un plus grand encore. Voici un message du roi pour madame la marquise, et ce message est très pressé, comme vous le voyez, puisque mon cheval et moi, pour aller plus vite, nous avons failli nous rompre le cou. Vous comprenez que, fait comme je suis, avec une jambe éclopée, je ne saurais porter ce papier. Il faudrait, pour cela, me faire porter moi-même. Voulez-vous y aller à ma place ?

53.

Al mismo tiempo sacaba de su bolsillo un gran sobre con arabescos de oro y con el sello real.

En même temps, il tirait de sa poche une grande enveloppe dorée d’arabesques, accompagnée du sceau royal.

54.

-Con mucho gusto, señor -respondió el caballero, cogiendo el sobre. Y ligero y ágil como una pluma, echó a correr cual sin tocar el suelo.

— Très volontiers, monsieur, répondit le chevalier, prenant l’enveloppe. Et, leste et léger comme une plume, il partit en courant sur la pointe du pied.

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