El lunar / La mouche - Alfred de Musset
1.

Se ha dicho que los viajes perjudican al amor, porque proporcionan distracciones; se ha dicho también que lo fortalecen, porque dejan tiempo para pensar en él. Pero nuestro caballero era demasiado joven para hacer tan sensatas distinciones. Cansado del coche a mitad del camino, había tomado un caballejo de posta, y hacia las cinco de la tarde llegó a la Hostería del Sol, que ostentaba su muestra, ya pasada de moda en tiempos de Luis XIV.

On a dit que les voyages font tort à l’amour, parce qu’ils donnent des distractions; on a dit aussi qu’ils le fortifient, parce qu’ils laissent le temps d’y rêver. Le chevalier était trop jeune pour faire de si savantes distinctions. Las de la voiture, à moitié chemin, il avait pris un bidet de poste, et arrivait ainsi vers cinq heures du soir à l’auberge du Soleil, enseigne passée de mode, du temps de Louis XIV.

2.

Había en Versalles un cura viejo que había sido párroco cerca de Neauflette; el caballero le conocía y le quería. El cura, sencillo y pobre, tenía un sobrino beneficiado, abate en la corte, que podía serle útil. El caballero fue, pues, a casa del sobrino, el cual, hombre importante, sumido en su alzacuello, recibió muy bien al recién llegado y se dignó escuchar sus cuitas.

Il y avait à Versailles un vieux prêtre qui avait été curé près de Neauflette : le chevalier le connaissait et l’aimait. Ce curé, simple et pauvre, avait un neveu à bénéfices, abbé de cour, qui pouvait être utile. Le chevalier alla donc chez le neveu, lequel, homme d’importance, plongé dans son rabat, reçut fort bien le nouveau venu et ne dédaigna pas d’écouter sa requête.

3.

-¡Hombre! -le dijo-, venís muy a punto. Esta noche hay ópera en palacio, cierta fiesta por no sé qué. Yo no voy porque estoy enojado con la marquesa para ver si consigo algo; pero he aquí, precisamente, una invitación del señor duque de Amnont, que le había yo pedido no sé para quién. Id allá. No estáis presentado, es cierto; pero para estos espectáculos no es necesario. Procurad hallaros al paso del rey por el saloncillo. Una mirada, y habéis hecho vuestra fortuna.

— Mais, parbleu! dit-il, vous venez au mieux. Il y a ce soir opéra à la cour, une espèce de fête, de je ne sais quoi. Je n’y vais pas, parce que je boude la marquise, afin d’obtenir quelque chose; mais voici justement un mot de M. le duc d’Aumont, que je lui avais demandé pour quelqu’un, je ne sais plus qui. Allez là. Vous n’êtes pas encore présenté, il est vrai, mais pour le spectacle cela n’est pas nécessaire. Tâchez de vous trouver sur le passage du roi au petit foyer. Un regard, et votre fortune est faite.

4.

El caballero dio las gracias al abate, y, fatigado por la mala noche y la jornada a caballo, se atavió ante un espejo de la hostería con esa negligencia que sienta tan bien a los enamorados. Una criada poco experta le ayudó lo mejor que pudo, y le cepilló la casaca bordada. Y así se lanzó a la casualidad. Tenía veinte años. 

Le chevalier remercia l’abbé, et, fatigué d’une nuit mal dormie et d’une journée à cheval, il fit, devant un miroir d’auberge, une de ces toilettes nonchalantes qui vont si bien aux amoureux. Une servante peu expérimentée l’accommoda du mieux qu’elle put, et couvrit de poudre son habit pailleté. Il s’achemina ainsi vers le hasard. Il avait vingt ans.

5.

Anochecía cuando llegó a palacio. Tímidamente se acercó a la verja y preguntó el camino al centinela. Mostráronle la gran escalinata, y, una vez allí, supo por el suizo que la función acababa de empezar, y que el rey, es decir, todo el mundo, estaba en la sala.

La nuit tombait lorsqu’il arriva au château. Il s’avança timidement vers la grille et demanda son chemin à la sentinelle. On lui montra le grand escalier. Là, il apprit du suisse que l’opéra venait de commencer, et que le roi, c’est-à-dire tout le monde, était dans la salle[2].

6.

-Si el señor marqués quiere atravesar el patio -añadió el suizo, que por si acaso le daba el tratamiento de marqués- llegará en un instante a la representación. Si prefiere pasar por los salones...

— Si monsieur le marquis veut traverser la cour, ajouta le suisse (à tout hasard, on donnait du marquis), il sera au spectacle dans un instant. S’il aime mieux passer par les appartements…

7.

El caballero no conocía el palacio. La curiosidad le impulsó a responder que iría por los salones; luego, como un lacayo se dispusiese a servirle de guía, un movimiento de vanidad le hizo añadir que no necesitaba quien le acompañase. Siguió, pues, avanzando solo, no sin cierta emoción.

Le chevalier ne connaissait point le palais. La curiosité lui fit répondre d’abord qu’il passerait par les appartements; puis, comme un laquais se disposait à le suivre pour le guider, un mouvement de vanité lui fit ajouter qu’il n’avait que faire d’être accompagné. Il s’avança seul donc, non sans quelque émotion.

8.

Todo Versalles resplandecía. Desde la planta baja hasta el tejado relucían las arañas, las girándulas, los mármoles y los muebles dorados. Excepto los aposentos de la reina, todas las puertas estaban abiertas de par en par. A medida que el caballero avanzaba, le invadían una admiración y una sorpresa difíciles de imaginar, pues lo que hacía realmente maravilloso el espectáculo que se le ofrecía no era solamente la belleza y el esplendor del mismo, sino la absoluta soledad en que se encontraba en aquella especie de desierto encantado.

Versailles resplendissait de lumière. Du rez-de-chaussée jusqu’au faîte, les lustres, les girandoles, les meubles dorés, les marbres étincelaient. Hormis aux appartements de la reine, les deux battants étaient ouverts partout. À mesure que le chevalier marchait, il était frappé d’un étonnement et d’une admiration difficiles à imaginer; car ce qui rendait tout à fait merveilleux le spectacle qui s’offrait à lui, ce n’était pas seulement la beauté, l’éclat de ce spectacle même, c’était la complète solitude où il se trouvait dans cette sorte de désert enchanté.

9.

En efecto, cuando se encuentra uno solo en un vasto recinto, ya sea un templo, un claustro o un palacio, se siente algo extraño o, por así decirlo, misterioso. Parece como que el monumento pesa sobre el hombre, que los muros le miran, que los ecos le escuchan y el ruido de sus pasos turba un tan gran silencio de tal modo, que siente un temor involuntario y no se atreve a andar sino con respeto.

À se voir seul, en effet, dans une vaste enceinte, que ce soit dans un temple, un cloître ou un château, il y a quelque chose de bizarre, et, pour ainsi dire, de mystérieux. Le monument semble peser sur l’homme : les murs le regardent; les échos l’écoutent; le bruit de ses pas trouble un si grand silence, qu’il en ressent une crainte involontaire, et n’ose marcher qu’avec respect.

10.

Así le ocurrió al principio al caballero; pero pronto pudo más la curiosidad, y le arrastró. Los candelabros de la galería de los Espejos, al mirarse en ellos, se devolvían a sí mismos sus luces. Sabido es los millares de amorcillos, ninfas y pastoras que jugueteaban entonces por los artesonados, revoloteaban por los techos y parecían enlazar el palacio entero en una inmensa guirnalda. Había vastos salones con doseles de terciopelo salpicado de oro, y grandes sillones de gala que aun conservaban el majestuoso empaque del gran rey; más allá, otomanas chafadas y sillas de tijera en desorden alrededor de una mesa de juego; una serie infinita de salones, siempre vacíos, cuya magnificencia resaltaba tanto más cuanto más inútil parecía; de vez en cuando, puertas secretas que abrían sobre interminables corredores; mil escaleras y pasillos que se cruzaban como para un laberinto; columnas y estrados hechos como para gigantes; gabinetes desordenados como escondrijos de chicos; un enorme cuadro de Vanloo junto a una chimenea de pórfido; una caja de lunares olvidada al lado de una grotesca figurilla china; aquí una soberbia grandeza, allá una gracia afeminada, y por todas partes, entre tanto lujo y tal prodigalidad y molicie, mil olores embriagadores, extraños y variados, mezcla de perfumes de flores y de mujeres; una enervante tibieza, un aire de voluptuosidad.

Ainsi d’abord fit le chevalier; mais bientôt la curiosité prit le dessus et l’entraîna. Les candélabres de la galerie des Glaces, en se mirant, se renvoyaient leurs feux. On sait combien de milliers d’amours, que de nymphes et de bergères se jouaient alors sur les lambris, voltigeaient aux plafonds, et semblaient enlacer d’une immense guirlande le palais tout entier. Ici de vastes salles, avec des baldaquins en velours semé d’or, et des fauteuils de parade conservant encore la roideur majestueuse du grand roi; là des ottomanes chiffonnées, des pliants en désordre autour d’une table de jeu; une suite infinie de salons toujours vides, où la magnificence éclatait d’autant mieux qu’elle semblait plus inutile; de temps en temps des portes secrètes s’ouvrant sur des corridors à perte de vue; mille escaliers, mille passages se croisant comme dans un labyrinthe; des colonnes, des estrades faites pour des géants; des boudoirs enchevêtrés comme des cachettes d’enfants; une énorme toile de Vanloo près d’une cheminée de porphyre; une boîte à mouches oubliée à côté d’un magot de la Chine; tantôt une grandeur écrasante, tantôt une grâce efféminée; et partout, au milieu du luxe, de la prodigalité et de la mollesse, mille odeurs enivrantes, étranges et diverses, les parfums mêlés des fleurs et des femmes, une tiédeur énervante, l’air de la volupté.

11.

Estar a los veinte años en semejante lugar, en medio de aquellas maravillas, y encontrarse solo, era motivo suficiente para sentirse deslumbrado. El caballero avanzaba al azar, como en sueños.

Être en pareil lieu à vingt ans, au milieu de ces merveilles, et s’y trouver seul, il y avait à coup sûr de quoi être ébloui. Le chevalier avançait au hasard, comme dans un rêve.

12.

«¡Verdadero palacio de hadas!», murmuraba. Y, en efecto, le parecía que se realizaba para él uno de esos cuentos en que los príncipes extraviados descubren mágicos palacios.

— Vrai palais de fées, murmurait-il; et, en effet, il lui semblait voir se réaliser pour lui un de ces contes où les princes égarés découvrent des châteaux magiques.

13.

¿Eran criaturas mortales las que habitaban aquella mansión ideal? ¿Eran mujeres verdaderas las que habían estado sentadas en aquellas butacas, y cuyas graciosas formas habían impreso a los cojines aquellas ligeras huellas, llenas todavía de indolencia? ¿Quién sabe si tras aquellas espesas cortinas, al fondo de alguna inmensa galería, se aparecería una princesa dormida desde hacía cien años, una Armida con lentejuelas, o alguna dríada de corte que saliera de una columna de mármol o entreabriese un dorado artesonado?

Était-ce bien des créatures mortelles qui habitaient ce séjour sans pareil? Était-ce des femmes véritables qui venaient de s’asseoir dans ces fauteuils, et dont les contours gracieux avaient laissé à ces coussins cette empreinte légère, pleine encore d’indolence ? Qui sait ? derrière ces rideaux épais, au fond de quelque immense et brillante galerie, peut-être allait-il apparaître une princesse endormie depuis cent ans, une fée en paniers, une Armide en paillettes, ou quelque hamadryade de cour, sortant d’une colonne de marbre, entr’ouvrant un lambris doré!

14.

Aturdido, a pesar suyo, por todas aquellas quimeras, el caballero se había echado en un sofá para soñar más a gusto, y tal vez hubiera permanecido allí más tiempo de no haber recordado que estaba enamorado. ¿Qué haría en aquellos momentos su bien amada, la señorita d'Annebault, que quedaba allá, en un viejo castillo?

Étourdi, malgré lui, par toutes ces chimères, le chevalier, pour mieux rêver, s’était jeté sur un sofa, et il s’y serait peut-être oublié longtemps, s’il ne s’était souvenu qu’il était amoureux. Que faisait, pendant ce temps-là, mademoiselle d’Annebault, sa bien-aimée, restée, elle, dans un vieux château ?

15.

-¡Atenaida! -exclamó de repente-. ¡De qué modo pierdo aquí mi tiempo! ¿Me he vuelto loco? ¿Dónde estoy, Señor, y qué es lo que me ocurre?

— Athénaïs! s’écria-t-il tout à coup, que fais-je ici à perdre mon temps ? Ma raison est-elle égarée ? Où suis-je donc, grand Dieu! et que se passe-t-il en moi ?

16.

Y, levantándose, continuó su camino a través de aquel país desconocido, donde no hay que decir que se perdió. Vio a dos o tres lacayos que hablaban en voz baja en el fondo de una galería, y, dirigiéndose a ellos, les preguntó el camino para ir a la comedia.

Il se leva et continua son chemin à travers ce pays nouveau, et il s’y perdit, cela va sans dire. Deux ou trois laquais, parlant à voix basse, lui apparurent au fond d’une galerie. Il s’avança vers eux et leur demanda sa route pour aller à la comédie.

17.

-Si el señor marqués -le respondieron, usando siempre la consabida fórmula- quiere tomarse la molestia de bajar por esa escalera y seguir la galería de la derecha, hallará al final tres escalones que subir; debe volver luego a la derecha, y cuando haya atravesado el salón de Diana, el de Apolo, el de las Musas y el de la Primavera, bajará de nuevo seis peldaños, y luego, a la izquierda, la sala de las guardias, para tomar la escalera de los ministros, no puede por menos de encontrarse con otros ujieres que le indicarán el camino.

— Si monsieur le marquis, lui répondit-on (toujours d’après la même formule), veut bien prendre la peine de descendre par cet escalier et de suivre la galerie à droite, il trouvera au bout trois marches à monter; il tournera alors à gauche, et quand il aura traversé le salon de Diane, celui d’Apollon, celui des Muses et celui du Printemps, il redescendra encore six marches; puis, en laissant à droite la salle des gardes, comme pour gagner l’escalier des ministres, il ne peut manquer de rencontrer là d’autres huissiers qui lui indiqueront le chemin.

18.

-Muchas gracias -dijo el caballero-. ¡Con señas tan detalladas, mía será la culpa si no me oriento!

— Bien obligé, dit le chevalier, et, avec de si bons renseignements, ce sera bien ma faute si je ne m’y retrouve pas.

19.

De nuevo emprendió valerosamente la marcha, aunque deteniéndose con frecuencia, a pesar suyo, para mirar a uno y otro lado, hasta que el recuerdo de su amor le hacía continuar el camino; y, por fin, al cuarto de hora encontró, como le habían dicho, nuevos lacayos, que le dijeron:

Il se remit en marche avec courage, s’arrêtant toujours malgré lui pour regarder de côté et d’autre, puis se rappelant de nouveau ses amours; enfin, au bout d’un grand quart d’heure, ainsi qu’on le lui avait annoncé, il trouva de nouveaux laquais.

20.

-El señor marqués se ha equivocado, porque ha debido ir por la otra ala del palacio; pero nada más fácil que dar con ella: sólo tiene el señor que bajar esta escalera, pasar por el salón de las Ninfas, luego por el salón del Estío, luego por el de...

— Monsieur le marquis s’est trompé, lui dirent ceux-ci, c’est par l’autre aile du château qu’il aurait fallu prendre; mais rien n’est plus facile que de la regagner. Monsieur n’a qu’à descendre cet escalier, puis il traversera le salon des Nymphes, celui de l’Été, celui de…

21.

-Muchas gracias -dijo el caballero.

— Je vous remercie, dit le chevalier.

22.

«El majadero soy yo -pensó luego-, que se pone a hacer preguntas como un papanatas. Estoy haciendo el ridículo inútilmente, y aunque, lo que no es probable, no se burlasen de mí, ¿para qué me sirve esa nomenclatura y los pomposos títulos que dan a esos salones, para mí desconocidos?»

Et je suis bien sot, pensa-t-il encore, d’interroger ainsi les gens comme un badaud. Je me déshonore en pure perte, et quand, par impossible, ils ne se moqueraient pas de moi, à quoi me sert leur nomenclature, et tous les sobriquets pompeux de ces salons dont je ne connais pas un?

23.

Decidió caminar en línea recta en cuanto le fuese posible. «Porque -se decía-, después de todo, es muy grande y magnífico el palacio, pero terminará en alguna parte, y aunque sea tres veces más largo que nuestro conejar, habré de ver dónde acaba.»

Il prit le parti d’aller droit devant lui, autant que faire se pourrait. — Car, après tout, se disait-il, ce palais est fort beau, il est très grand, mais il n’est pas sans bornes, et, fût-il long comme trois fois notre garenne, il faudra bien que j’en voie la fin.

24.

Pero en Versalles no es fácil andar mucho rato en línea recta, y la rústica comparación de la morada real con un criadero de conejos debió desagradar a las ninfas del palacio, porque se dieron con más ahínco a extraviar al pobre enamorado, y para castigarle, sin duda, complaciéronse en hacerle dar vueltas y revueltas sobre sus propios pasos, volviéndole siempre al mismo lugar, como a un campesino extraviado en un bosque.

Mais il n’est pas facile, à Versailles, d’aller longtemps droit devant soi, et cette comparaison rustique de la royale demeure avec une garenne déplut peut-être aux nymphes de l’endroit, car elles recommencèrent de plus belle à égarer le pauvre amoureux, et, sans doute pour le punir, elles prirent plaisir à le faire tourner et retourner sur ses propres pas, le ramenant sans cesse à la même place, justement comme un campagnard fourvoyé dans une charmille; c’est ainsi qu’elles l’enveloppaient dans leur dédale de marbre et d’or.

25.

En las Antigüedades de Roma, de Piranesi, hay una serie de grabados que el artista llama «sus sueños», y que son un recuerdo de las propias visiones del artista durante el delirio de una fiebre. Representan estos grabados unas vastas salas góticas, en cuyo suelo hay toda clase de utensilios y de máquinas, ruedas, cables, poleas, catapultas, etc., etc.

Dans les Antiquités de Rome, de Piranési, il y a une série de gravures que l’artiste appelle « ses rêves », et qui sont un souvenir de ses propres visions durant le délire d’une fièvre. Ces gravures représentent de vastes salles gothiques : sur le pavé sont toutes sortes d’engins et de machines, roues, câbles, poulies, leviers, catapultes, etc., etc., expression d’énorme puissance mise en action et de résistance formidable. 

26.

A lo largo de los muros se ve una escalera, y trepando por ella, no sin trabajo, al mismo Piranesi. Mirando a los escalones, un poco más arriba, se ve que, de repente, se cortan ante un abismo, y ocurra lo que quiera con el pobre Piranesi, imaginamos que, al menos, ha dado fin a sus trabajos, puesto que no puede dar un paso más sin caer al abismo; pero si levantamos más los ojos, vemos elevarse en el aire una segunda escalera, y de nuevo vemos en esta escalera a Piranesi al borde de otro precipicio. Mirando aún más alto, se ve una nueva escalera, más aérea todavía que las anteriores, y al pobre Piranesi que continúa su ascensión; y así indefinidamente, hasta que la eterna escalera y Piranesi desaparecen juntos por las nubes, es decir, por el borde del grabado.

Le long des murs vous apercevez un escalier et, sur cet escalier, grimpant, non sans peine, Piranési lui-même. Suivez les marches un peu plus haut, elles s’arrêtent tout à coup devant un abîme. Quoi qu’il soit advenu du pauvre Piranési, vous le croyez du moins au bout de son travail, car il ne peut faire un pas de plus sans tomber; mais levez les yeux, et vous voyez un second escalier qui s’élève en l’air, et, sur cet escalier encore, Piranési sur le bord d’un autre précipice. Regardez encore plus haut, et un escalier encore plus aérien se dresse devant vous, et encore le pauvre Piranési continuant son ascension, et ainsi de suite, jusqu’à ce que l’éternel escalier et Piranési disparaissent ensemble dans les nues, c’est-à-dire dans le bord de la gravure.

27.

Esta febril alegoría representa, con bastante exactitud, el fastidio de un trabajo inútil y la especie de vértigo que produce la impaciencia. Asimismo, el caballero, que no cesaba de vagar de salón en salón, fue acometido de cierta cólera.

Cette fiévreuse allégorie représente assez exactement l’ennui d’une peine inutile, et l’espèce de vertige que donne l’impatience. Le chevalier, voyageant toujours de salon en salon et de galerie en galerie, fut pris d’une sorte de colère.

28.

-¡Pardiez! ¡Esto es muy aburrido! ¡Después de estar tan satisfecho, tan encantado de encontrarme solo en este maldito palacio -ya no le llamaba de las hadas-, no voy a poder salir de él! ¡Mal haya la fatuidad que me inspiró la idea de penetrar aquí como el príncipe Fanfarinet, con sus botas de oro macizo, en lugar de decir al primer lacayo con que tropecé que me acompañase, sencillamente, a la sala del espectáculo!

— Parbleu! dit-il, voilà qui est cruel. Après avoir été si charmé, si ravi, si enthousiasmé de me trouver seul dans ce maudit palais (ce n’était plus le palais des fées), je n’en pourrai donc pas sortir! Peste soit de la fatuité qui m’a inspiré cette idée d’entrer ici comme le prince Fanfarinet avec ses bottes d’or massif, au lieu de dire au premier laquais venu de me conduire tout bonnement à la salle de spectacle!

29.

Cuando sentía estos tardíos remordimientos, el caballero se encontraba como Piranesi, en la meseta de una escalera, entre tres puertas. Le pareció oír detrás de la puerta del centro un murmullo tan dulce, tan ligero, tan voluptuoso, por así decirlo, que no pudo por menos de escuchar; y en el momento en que se disponía a seguir adelante, temeroso de ser indiscreto, abriose la puerta de par en par. Una bocanada de aire embalsamado con mil perfumes y un torrente de luz capaz de hacer palidecer a la galería de los Espejos le sorprendieron tan repentinamente que retrocedió algunos pasos.

Lorsqu’il ressentait ces regrets tardifs, le chevalier était, comme Piranési, à la moitié d’un escalier, sur un palier, entre trois portes. Derrière celle du milieu, il lui sembla entendre un murmure si doux, si léger, si voluptueux, pour ainsi dire, qu’il ne put s’empêcher d’écouter. Au moment où il s’avançait, tremblant de prêter une oreille indiscrète, cette porte s’ouvrit à deux battants. Une bouffée d’air embaumée de mille parfums, un torrent de lumière à faire pâlir la galerie des Glaces, vinrent le frapper si soudainement qu’il recula de quelques pas.

30.

-¿Quiere pasar el señor marqués? -preguntó el ujier que había abierto la puerta.

— Monsieur le marquis veut-il entrer ? demanda l’huissier qui avait ouvert la porte.

31.

-Desearía ir a la comedia -respondió el caballero.

— Je voudrais aller à la comédie, répondit le chevalier.

32.

-Acaba de terminar en este instante.

— Elle vient de finir à l’instant même.

33.

Al mismo tiempo, bellísimas damas, delicadamente pintadas con blancos y carminosos afeites, y dando, no ya el brazo, ni siquiera la mano, sino la punta de los dedos a viejos y jóvenes, comenzaban a salir de la sala de espectáculos, poniendo gran cuidado en andar de costado para no estropear sus miriñaques. Toda aquella, brillante sociedad hablaba en voz baja, con una semialegría mezcla de temor y de respeto.

En même temps, de fort belles dames, délicatement plâtrées de blanc et de carmin, donnant, non pas le bras, ni même la main, mais le bout des doigts à de vieux et jeunes seigneurs, commençaient à sortir de la salle de spectacle, ayant grand soin de marcher de profil pour ne pas gâter leurs paniers. Tout ce monde brillant parlait à voix basse, avec une demi-gaieté, mêlée de crainte et de respect.

34.

-¿Qué es esto? -dijo el caballero, sin adivinar que el azar le había conducido precisamente al saloncillo de descanso.

— Qu’est-ce donc ? dit le chevalier, ne devinant pas que le hasard l’avait conduit précisément au petit foyer.

35.

-¡El rey va a pasar! -anunció el ujier.

— Le roi va passer, répondit l’huissier.

36.

Hay una especie de intrepidez que no duda de nada y que es sumamente fácil: el valor de las gentes mal educadas. Aunque nuestro joven provinciano era bastante valiente, no poseía esa facultad, y a las solas palabras de «el rey va a pasar» quedó inmóvil y casi aterrado.

Il y a une sorte d’intrépidité qui ne doute de rien, elle n’est que trop facile : c’est le courage des gens mal élevés. Notre jeune provincial, bien qu’il fût raisonnablement brave, ne possédait pas cette faculté. À ces seuls mots : « Le roi va passer, » il resta immobile et presque effrayé.

37.

El rey Luis XV, que cuando salía de caza hacía a caballo una docena de leguas sin notarlo, era, como se sabe, soberanamente indolente. Se vanagloriaba, no sin razón, de ser el primer caballero de Francia; y sus queridas le decían, no sin justicia, que también era el más guapo y apuesto. Era una cosa extraña verle abandonar su sillón y dignarse andar a pie. Cuando atravesó el salón, con un brazo apoyado, o más bien extendido, por el hombro del señor de Argenson, mientras sus tacones rojos resbalaban por el suelo - había puesto de moda ese aire perezoso-, cesaron todos los cuchicheos; los cortesanos bajaban la cabeza, y las damas, replegándose suavemente sobre sus jarreteras de color de fuego, arriesgaban ese coquetón saludo que nuestras abuelas llamaban una reverencia, y que nuestro siglo ha reemplazado por el brutal «shakehand» de los ingleses.

Le roi Louis XV, qui faisait à cheval, à la chasse, une douzaine de lieues sans y prendre garde, était, comme l’on sait, souverainement nonchalant. Il se vantait, non sans raison, d’être le premier gentilhomme de France; et ses maîtresses lui disaient, non sans cause, qu’il en était le mieux fait et le plus beau. C’était une chose considérable que de le voir quitter son fauteuil, et daigner marcher en personne. Lorsqu’il traversa le foyer, avec un bras posé ou plutôt étendu sur l’épaule de M. d’Argenson, pendant que son talon rouge glissait sur le parquet (il avait mis cette paresse à la mode), toutes les chuchoteries cessèrent; les courtisans baissaient la tête, n’osant pas saluer tout à fait, et les belles dames, se repliant doucement sur leurs jarretières couleur de feu, au fond de leurs immenses falbalas, hasardaient ce bonsoir coquet que nos grand’mères appelaient une révérence, et que notre siècle a remplacé par le brutal «shakehand» des Anglais.

38.

Pero el rey no se fijaba en nada, y sólo veía lo que le complacía. Tal vez estuviera allí Alfieri, que cuenta del siguiente modo, en sus Memorias, su presencia en Versalles:

Mais le roi ne se souciait de rien, et ne voyait que ce qui lui plaisait. Alfiéri était peut-être là, qui raconte ainsi sa présentation à Versailles, dans ses Mémoires :

39.

«Sabía que el rey no hablaba nunca a extranjeros, no siendo personas notables; pero no pude, sin embargo, acostumbrarme al aire impasible y altanero de Luis XV. Medía de pies a cabeza al que le presentaban, y su semblante no acusaba la más mínima impresión. Creo, sin embargo, que si se le dijese a un gigante: «Permitid que os presente a esta hormiga», al mirarla, sonreiría, o tal vez dijese: «¡Animalito!»

« Je savais que le roi ne parlait jamais aux étrangers qui n’étaient pas marquants; je ne pus cependant me faire à l’impassible et sourcilleux maintien de Louis XV. Il toisait l’homme qu’on lui présentait de la tête aux pieds, et il avait l’air de n’en recevoir aucune impression. Il me semble cependant que, si l’on disait à un géant : Voici une fourmi que je vous présente, en la regardant il sourirait, ou dirait peut-être : Ah! le petit animal! »

40.

El taciturno monarca pasó, pues, entre aquellas damas y aquella Corte conservando su soledad en medio de la multitud. No necesitó el caballero reflexionar mucho para comprender que nada podía esperar del rey y que el relato de sus amores no tendría allí el menor éxito.

Le taciturne monarque passa donc à travers ces fleurs, ces belles dames, et toute cette cour, gardant sa solitude au milieu de la foule. Il ne fallut pas au chevalier de longues réflexions pour comprendre qu’il n’avait rien à espérer du roi, et que le récit de ses amours n’obtiendrait là aucun succès.

41.

-¡Qué desgraciado soy! -pensó-. Sobrada razón tenía mi padre al decirme que a dos pasos del rey vería un abismo entre él y yo. Y aunque pidiese una audiencia, ¿quién me presentaría? He aquí a este amo absoluto que puede, con una palabra, cambiar mi suerte, asegurar mi fortuna y satisfacer mis aspiraciones. Delante de mí le tengo; si extendiese la mano podría tocar su manto..., y, sin embargo, creo estoy más lejos de él que en el fondo de mi provincia. ¿Cómo hablarle? ¿Cómo llegar a él? ¿Quién me ayudaría?

— Malheureux que je suis! pensa-t-il, mon père n’avait que trop raison lorsqu’il me disait qu’à deux pas du roi je verrais un abîme entre lui et moi. Quand bien même je me hasarderais à demander une audience, qui me protégera ? qui me présentera? Le voilà, ce maître absolu qui peut d’un mot changer ma destinée, assurer ma fortune, combler tous mes souhaits. Il est là, devant moi; en étendant la main, je pourrais toucher sa parure,… et je me sens plus loin de lui que si j’étais encore au fond de ma province! Comment lui parler? comment l’aborder? Qui viendra donc à mon secours?

42.

Mientras que el caballero se desconsolaba de esta manera, vio llegar una bella dama de gracioso y elegante porte. Vestida de blanco, muy sencilla, sin joyas ni encajes, con una rosa única sobre el pelo. Daba el brazo a un señor muy emperejilado, tout a l'ambre, como dice Voltaire, y le hablaba en voz baja, tapándose con el abanico. Y quiso el azar que, hablando y riendo, se le escapase el abanico y cayese bajo un sillón, delante precisamente de nuestro caballero, el cual precipitose inmediatamente a recogerlo; y como pusiese para ello la rodilla en tierra, le pareció la joven dama tan encantadora, que le devolvió el abanico sin levantar del suelo la rodilla. Detúvose la dama, sonriose, y siguió su camino, después de darle las gracias con un ligero movimiento de cabeza; pero si la mirada que lanzó al caballero hizo latir su corazón, sin motivo alguno al parecer, el motivo existía, porque aquella damita era la chiquilla d'Étioles, como la llamaban los descontentos, mientras que los demás, al mencionarla, la llamaban «la Marquesa», como si dijesen «la Reina».

Pendant que le chevalier se désolait ainsi, il vit entrer une jeune dame assez jolie, d’un air plein de grâce et de finesse; elle était vêtue fort simplement, d’une robe blanche, sans diamants ni broderies, avec une rose sur l’oreille. Elle donnait la main à un seigneur tout à l’ambre, comme dit Voltaire, et lui parlait tout bas derrière son éventail. Or le hasard voulut qu’en causant, en riant et en gesticulant, cet éventail vint à lui échapper et à tomber sous un fauteuil, précisément devant le chevalier. Il se précipita aussitôt pour le ramasser, et comme, pour cela, il avait mis un genou en terre, la jeune dame lui parut si charmante, qu’il lui présenta l’éventail sans se relever. Elle s’arrêta, sourit et passa, remerciant d’un léger signe de tête; mais, au regard qu’elle avait jeté sur le chevalier, il sentit battre son cœur sans savoir pourquoi. — Il avait raison. — Cette jeune dame était la petite d’Étioles, comme l’appelaient encore les mécontents, tandis que les autres, en parlant d’elle, disaient « la Marquise » comme on dit « la Reine ».

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Alfred de Musset

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El lunar / La mouche

Capítulo 3

6 Capítulos

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1.

Se ha dicho que los viajes perjudican al amor, porque proporcionan distracciones; se ha dicho también que lo fortalecen, porque dejan tiempo para pensar en él. Pero nuestro caballero era demasiado joven para hacer tan sensatas distinciones. Cansado del coche a mitad del camino, había tomado un caballejo de posta, y hacia las cinco de la tarde llegó a la Hostería del Sol, que ostentaba su muestra, ya pasada de moda en tiempos de Luis XIV.

On a dit que les voyages font tort à l’amour, parce qu’ils donnent des distractions; on a dit aussi qu’ils le fortifient, parce qu’ils laissent le temps d’y rêver. Le chevalier était trop jeune pour faire de si savantes distinctions. Las de la voiture, à moitié chemin, il avait pris un bidet de poste, et arrivait ainsi vers cinq heures du soir à l’auberge du Soleil, enseigne passée de mode, du temps de Louis XIV.

2.

Había en Versalles un cura viejo que había sido párroco cerca de Neauflette; el caballero le conocía y le quería. El cura, sencillo y pobre, tenía un sobrino beneficiado, abate en la corte, que podía serle útil. El caballero fue, pues, a casa del sobrino, el cual, hombre importante, sumido en su alzacuello, recibió muy bien al recién llegado y se dignó escuchar sus cuitas.

Il y avait à Versailles un vieux prêtre qui avait été curé près de Neauflette : le chevalier le connaissait et l’aimait. Ce curé, simple et pauvre, avait un neveu à bénéfices, abbé de cour, qui pouvait être utile. Le chevalier alla donc chez le neveu, lequel, homme d’importance, plongé dans son rabat, reçut fort bien le nouveau venu et ne dédaigna pas d’écouter sa requête.

3.

-¡Hombre! -le dijo-, venís muy a punto. Esta noche hay ópera en palacio, cierta fiesta por no sé qué. Yo no voy porque estoy enojado con la marquesa para ver si consigo algo; pero he aquí, precisamente, una invitación del señor duque de Amnont, que le había yo pedido no sé para quién. Id allá. No estáis presentado, es cierto; pero para estos espectáculos no es necesario. Procurad hallaros al paso del rey por el saloncillo. Una mirada, y habéis hecho vuestra fortuna.

— Mais, parbleu! dit-il, vous venez au mieux. Il y a ce soir opéra à la cour, une espèce de fête, de je ne sais quoi. Je n’y vais pas, parce que je boude la marquise, afin d’obtenir quelque chose; mais voici justement un mot de M. le duc d’Aumont, que je lui avais demandé pour quelqu’un, je ne sais plus qui. Allez là. Vous n’êtes pas encore présenté, il est vrai, mais pour le spectacle cela n’est pas nécessaire. Tâchez de vous trouver sur le passage du roi au petit foyer. Un regard, et votre fortune est faite.

4.

El caballero dio las gracias al abate, y, fatigado por la mala noche y la jornada a caballo, se atavió ante un espejo de la hostería con esa negligencia que sienta tan bien a los enamorados. Una criada poco experta le ayudó lo mejor que pudo, y le cepilló la casaca bordada. Y así se lanzó a la casualidad. Tenía veinte años. 

Le chevalier remercia l’abbé, et, fatigué d’une nuit mal dormie et d’une journée à cheval, il fit, devant un miroir d’auberge, une de ces toilettes nonchalantes qui vont si bien aux amoureux. Une servante peu expérimentée l’accommoda du mieux qu’elle put, et couvrit de poudre son habit pailleté. Il s’achemina ainsi vers le hasard. Il avait vingt ans.

5.

Anochecía cuando llegó a palacio. Tímidamente se acercó a la verja y preguntó el camino al centinela. Mostráronle la gran escalinata, y, una vez allí, supo por el suizo que la función acababa de empezar, y que el rey, es decir, todo el mundo, estaba en la sala.

La nuit tombait lorsqu’il arriva au château. Il s’avança timidement vers la grille et demanda son chemin à la sentinelle. On lui montra le grand escalier. Là, il apprit du suisse que l’opéra venait de commencer, et que le roi, c’est-à-dire tout le monde, était dans la salle[2].

6.

-Si el señor marqués quiere atravesar el patio -añadió el suizo, que por si acaso le daba el tratamiento de marqués- llegará en un instante a la representación. Si prefiere pasar por los salones...

— Si monsieur le marquis veut traverser la cour, ajouta le suisse (à tout hasard, on donnait du marquis), il sera au spectacle dans un instant. S’il aime mieux passer par les appartements…

7.

El caballero no conocía el palacio. La curiosidad le impulsó a responder que iría por los salones; luego, como un lacayo se dispusiese a servirle de guía, un movimiento de vanidad le hizo añadir que no necesitaba quien le acompañase. Siguió, pues, avanzando solo, no sin cierta emoción.

Le chevalier ne connaissait point le palais. La curiosité lui fit répondre d’abord qu’il passerait par les appartements; puis, comme un laquais se disposait à le suivre pour le guider, un mouvement de vanité lui fit ajouter qu’il n’avait que faire d’être accompagné. Il s’avança seul donc, non sans quelque émotion.

8.

Todo Versalles resplandecía. Desde la planta baja hasta el tejado relucían las arañas, las girándulas, los mármoles y los muebles dorados. Excepto los aposentos de la reina, todas las puertas estaban abiertas de par en par. A medida que el caballero avanzaba, le invadían una admiración y una sorpresa difíciles de imaginar, pues lo que hacía realmente maravilloso el espectáculo que se le ofrecía no era solamente la belleza y el esplendor del mismo, sino la absoluta soledad en que se encontraba en aquella especie de desierto encantado.

Versailles resplendissait de lumière. Du rez-de-chaussée jusqu’au faîte, les lustres, les girandoles, les meubles dorés, les marbres étincelaient. Hormis aux appartements de la reine, les deux battants étaient ouverts partout. À mesure que le chevalier marchait, il était frappé d’un étonnement et d’une admiration difficiles à imaginer; car ce qui rendait tout à fait merveilleux le spectacle qui s’offrait à lui, ce n’était pas seulement la beauté, l’éclat de ce spectacle même, c’était la complète solitude où il se trouvait dans cette sorte de désert enchanté.

9.

En efecto, cuando se encuentra uno solo en un vasto recinto, ya sea un templo, un claustro o un palacio, se siente algo extraño o, por así decirlo, misterioso. Parece como que el monumento pesa sobre el hombre, que los muros le miran, que los ecos le escuchan y el ruido de sus pasos turba un tan gran silencio de tal modo, que siente un temor involuntario y no se atreve a andar sino con respeto.

À se voir seul, en effet, dans une vaste enceinte, que ce soit dans un temple, un cloître ou un château, il y a quelque chose de bizarre, et, pour ainsi dire, de mystérieux. Le monument semble peser sur l’homme : les murs le regardent; les échos l’écoutent; le bruit de ses pas trouble un si grand silence, qu’il en ressent une crainte involontaire, et n’ose marcher qu’avec respect.

10.

Así le ocurrió al principio al caballero; pero pronto pudo más la curiosidad, y le arrastró. Los candelabros de la galería de los Espejos, al mirarse en ellos, se devolvían a sí mismos sus luces. Sabido es los millares de amorcillos, ninfas y pastoras que jugueteaban entonces por los artesonados, revoloteaban por los techos y parecían enlazar el palacio entero en una inmensa guirnalda. Había vastos salones con doseles de terciopelo salpicado de oro, y grandes sillones de gala que aun conservaban el majestuoso empaque del gran rey; más allá, otomanas chafadas y sillas de tijera en desorden alrededor de una mesa de juego; una serie infinita de salones, siempre vacíos, cuya magnificencia resaltaba tanto más cuanto más inútil parecía; de vez en cuando, puertas secretas que abrían sobre interminables corredores; mil escaleras y pasillos que se cruzaban como para un laberinto; columnas y estrados hechos como para gigantes; gabinetes desordenados como escondrijos de chicos; un enorme cuadro de Vanloo junto a una chimenea de pórfido; una caja de lunares olvidada al lado de una grotesca figurilla china; aquí una soberbia grandeza, allá una gracia afeminada, y por todas partes, entre tanto lujo y tal prodigalidad y molicie, mil olores embriagadores, extraños y variados, mezcla de perfumes de flores y de mujeres; una enervante tibieza, un aire de voluptuosidad.

Ainsi d’abord fit le chevalier; mais bientôt la curiosité prit le dessus et l’entraîna. Les candélabres de la galerie des Glaces, en se mirant, se renvoyaient leurs feux. On sait combien de milliers d’amours, que de nymphes et de bergères se jouaient alors sur les lambris, voltigeaient aux plafonds, et semblaient enlacer d’une immense guirlande le palais tout entier. Ici de vastes salles, avec des baldaquins en velours semé d’or, et des fauteuils de parade conservant encore la roideur majestueuse du grand roi; là des ottomanes chiffonnées, des pliants en désordre autour d’une table de jeu; une suite infinie de salons toujours vides, où la magnificence éclatait d’autant mieux qu’elle semblait plus inutile; de temps en temps des portes secrètes s’ouvrant sur des corridors à perte de vue; mille escaliers, mille passages se croisant comme dans un labyrinthe; des colonnes, des estrades faites pour des géants; des boudoirs enchevêtrés comme des cachettes d’enfants; une énorme toile de Vanloo près d’une cheminée de porphyre; une boîte à mouches oubliée à côté d’un magot de la Chine; tantôt une grandeur écrasante, tantôt une grâce efféminée; et partout, au milieu du luxe, de la prodigalité et de la mollesse, mille odeurs enivrantes, étranges et diverses, les parfums mêlés des fleurs et des femmes, une tiédeur énervante, l’air de la volupté.

11.

Estar a los veinte años en semejante lugar, en medio de aquellas maravillas, y encontrarse solo, era motivo suficiente para sentirse deslumbrado. El caballero avanzaba al azar, como en sueños.

Être en pareil lieu à vingt ans, au milieu de ces merveilles, et s’y trouver seul, il y avait à coup sûr de quoi être ébloui. Le chevalier avançait au hasard, comme dans un rêve.

12.

«¡Verdadero palacio de hadas!», murmuraba. Y, en efecto, le parecía que se realizaba para él uno de esos cuentos en que los príncipes extraviados descubren mágicos palacios.

— Vrai palais de fées, murmurait-il; et, en effet, il lui semblait voir se réaliser pour lui un de ces contes où les princes égarés découvrent des châteaux magiques.

13.

¿Eran criaturas mortales las que habitaban aquella mansión ideal? ¿Eran mujeres verdaderas las que habían estado sentadas en aquellas butacas, y cuyas graciosas formas habían impreso a los cojines aquellas ligeras huellas, llenas todavía de indolencia? ¿Quién sabe si tras aquellas espesas cortinas, al fondo de alguna inmensa galería, se aparecería una princesa dormida desde hacía cien años, una Armida con lentejuelas, o alguna dríada de corte que saliera de una columna de mármol o entreabriese un dorado artesonado?

Était-ce bien des créatures mortelles qui habitaient ce séjour sans pareil? Était-ce des femmes véritables qui venaient de s’asseoir dans ces fauteuils, et dont les contours gracieux avaient laissé à ces coussins cette empreinte légère, pleine encore d’indolence ? Qui sait ? derrière ces rideaux épais, au fond de quelque immense et brillante galerie, peut-être allait-il apparaître une princesse endormie depuis cent ans, une fée en paniers, une Armide en paillettes, ou quelque hamadryade de cour, sortant d’une colonne de marbre, entr’ouvrant un lambris doré!

14.

Aturdido, a pesar suyo, por todas aquellas quimeras, el caballero se había echado en un sofá para soñar más a gusto, y tal vez hubiera permanecido allí más tiempo de no haber recordado que estaba enamorado. ¿Qué haría en aquellos momentos su bien amada, la señorita d'Annebault, que quedaba allá, en un viejo castillo?

Étourdi, malgré lui, par toutes ces chimères, le chevalier, pour mieux rêver, s’était jeté sur un sofa, et il s’y serait peut-être oublié longtemps, s’il ne s’était souvenu qu’il était amoureux. Que faisait, pendant ce temps-là, mademoiselle d’Annebault, sa bien-aimée, restée, elle, dans un vieux château ?

15.

-¡Atenaida! -exclamó de repente-. ¡De qué modo pierdo aquí mi tiempo! ¿Me he vuelto loco? ¿Dónde estoy, Señor, y qué es lo que me ocurre?

— Athénaïs! s’écria-t-il tout à coup, que fais-je ici à perdre mon temps ? Ma raison est-elle égarée ? Où suis-je donc, grand Dieu! et que se passe-t-il en moi ?

16.

Y, levantándose, continuó su camino a través de aquel país desconocido, donde no hay que decir que se perdió. Vio a dos o tres lacayos que hablaban en voz baja en el fondo de una galería, y, dirigiéndose a ellos, les preguntó el camino para ir a la comedia.

Il se leva et continua son chemin à travers ce pays nouveau, et il s’y perdit, cela va sans dire. Deux ou trois laquais, parlant à voix basse, lui apparurent au fond d’une galerie. Il s’avança vers eux et leur demanda sa route pour aller à la comédie.

17.

-Si el señor marqués -le respondieron, usando siempre la consabida fórmula- quiere tomarse la molestia de bajar por esa escalera y seguir la galería de la derecha, hallará al final tres escalones que subir; debe volver luego a la derecha, y cuando haya atravesado el salón de Diana, el de Apolo, el de las Musas y el de la Primavera, bajará de nuevo seis peldaños, y luego, a la izquierda, la sala de las guardias, para tomar la escalera de los ministros, no puede por menos de encontrarse con otros ujieres que le indicarán el camino.

— Si monsieur le marquis, lui répondit-on (toujours d’après la même formule), veut bien prendre la peine de descendre par cet escalier et de suivre la galerie à droite, il trouvera au bout trois marches à monter; il tournera alors à gauche, et quand il aura traversé le salon de Diane, celui d’Apollon, celui des Muses et celui du Printemps, il redescendra encore six marches; puis, en laissant à droite la salle des gardes, comme pour gagner l’escalier des ministres, il ne peut manquer de rencontrer là d’autres huissiers qui lui indiqueront le chemin.

18.

-Muchas gracias -dijo el caballero-. ¡Con señas tan detalladas, mía será la culpa si no me oriento!

— Bien obligé, dit le chevalier, et, avec de si bons renseignements, ce sera bien ma faute si je ne m’y retrouve pas.

19.

De nuevo emprendió valerosamente la marcha, aunque deteniéndose con frecuencia, a pesar suyo, para mirar a uno y otro lado, hasta que el recuerdo de su amor le hacía continuar el camino; y, por fin, al cuarto de hora encontró, como le habían dicho, nuevos lacayos, que le dijeron:

Il se remit en marche avec courage, s’arrêtant toujours malgré lui pour regarder de côté et d’autre, puis se rappelant de nouveau ses amours; enfin, au bout d’un grand quart d’heure, ainsi qu’on le lui avait annoncé, il trouva de nouveaux laquais.

20.

-El señor marqués se ha equivocado, porque ha debido ir por la otra ala del palacio; pero nada más fácil que dar con ella: sólo tiene el señor que bajar esta escalera, pasar por el salón de las Ninfas, luego por el salón del Estío, luego por el de...

— Monsieur le marquis s’est trompé, lui dirent ceux-ci, c’est par l’autre aile du château qu’il aurait fallu prendre; mais rien n’est plus facile que de la regagner. Monsieur n’a qu’à descendre cet escalier, puis il traversera le salon des Nymphes, celui de l’Été, celui de…

21.

-Muchas gracias -dijo el caballero.

— Je vous remercie, dit le chevalier.

22.

«El majadero soy yo -pensó luego-, que se pone a hacer preguntas como un papanatas. Estoy haciendo el ridículo inútilmente, y aunque, lo que no es probable, no se burlasen de mí, ¿para qué me sirve esa nomenclatura y los pomposos títulos que dan a esos salones, para mí desconocidos?»

Et je suis bien sot, pensa-t-il encore, d’interroger ainsi les gens comme un badaud. Je me déshonore en pure perte, et quand, par impossible, ils ne se moqueraient pas de moi, à quoi me sert leur nomenclature, et tous les sobriquets pompeux de ces salons dont je ne connais pas un?

23.

Decidió caminar en línea recta en cuanto le fuese posible. «Porque -se decía-, después de todo, es muy grande y magnífico el palacio, pero terminará en alguna parte, y aunque sea tres veces más largo que nuestro conejar, habré de ver dónde acaba.»

Il prit le parti d’aller droit devant lui, autant que faire se pourrait. — Car, après tout, se disait-il, ce palais est fort beau, il est très grand, mais il n’est pas sans bornes, et, fût-il long comme trois fois notre garenne, il faudra bien que j’en voie la fin.

24.

Pero en Versalles no es fácil andar mucho rato en línea recta, y la rústica comparación de la morada real con un criadero de conejos debió desagradar a las ninfas del palacio, porque se dieron con más ahínco a extraviar al pobre enamorado, y para castigarle, sin duda, complaciéronse en hacerle dar vueltas y revueltas sobre sus propios pasos, volviéndole siempre al mismo lugar, como a un campesino extraviado en un bosque.

Mais il n’est pas facile, à Versailles, d’aller longtemps droit devant soi, et cette comparaison rustique de la royale demeure avec une garenne déplut peut-être aux nymphes de l’endroit, car elles recommencèrent de plus belle à égarer le pauvre amoureux, et, sans doute pour le punir, elles prirent plaisir à le faire tourner et retourner sur ses propres pas, le ramenant sans cesse à la même place, justement comme un campagnard fourvoyé dans une charmille; c’est ainsi qu’elles l’enveloppaient dans leur dédale de marbre et d’or.

25.

En las Antigüedades de Roma, de Piranesi, hay una serie de grabados que el artista llama «sus sueños», y que son un recuerdo de las propias visiones del artista durante el delirio de una fiebre. Representan estos grabados unas vastas salas góticas, en cuyo suelo hay toda clase de utensilios y de máquinas, ruedas, cables, poleas, catapultas, etc., etc.

Dans les Antiquités de Rome, de Piranési, il y a une série de gravures que l’artiste appelle « ses rêves », et qui sont un souvenir de ses propres visions durant le délire d’une fièvre. Ces gravures représentent de vastes salles gothiques : sur le pavé sont toutes sortes d’engins et de machines, roues, câbles, poulies, leviers, catapultes, etc., etc., expression d’énorme puissance mise en action et de résistance formidable. 

26.

A lo largo de los muros se ve una escalera, y trepando por ella, no sin trabajo, al mismo Piranesi. Mirando a los escalones, un poco más arriba, se ve que, de repente, se cortan ante un abismo, y ocurra lo que quiera con el pobre Piranesi, imaginamos que, al menos, ha dado fin a sus trabajos, puesto que no puede dar un paso más sin caer al abismo; pero si levantamos más los ojos, vemos elevarse en el aire una segunda escalera, y de nuevo vemos en esta escalera a Piranesi al borde de otro precipicio. Mirando aún más alto, se ve una nueva escalera, más aérea todavía que las anteriores, y al pobre Piranesi que continúa su ascensión; y así indefinidamente, hasta que la eterna escalera y Piranesi desaparecen juntos por las nubes, es decir, por el borde del grabado.

Le long des murs vous apercevez un escalier et, sur cet escalier, grimpant, non sans peine, Piranési lui-même. Suivez les marches un peu plus haut, elles s’arrêtent tout à coup devant un abîme. Quoi qu’il soit advenu du pauvre Piranési, vous le croyez du moins au bout de son travail, car il ne peut faire un pas de plus sans tomber; mais levez les yeux, et vous voyez un second escalier qui s’élève en l’air, et, sur cet escalier encore, Piranési sur le bord d’un autre précipice. Regardez encore plus haut, et un escalier encore plus aérien se dresse devant vous, et encore le pauvre Piranési continuant son ascension, et ainsi de suite, jusqu’à ce que l’éternel escalier et Piranési disparaissent ensemble dans les nues, c’est-à-dire dans le bord de la gravure.

27.

Esta febril alegoría representa, con bastante exactitud, el fastidio de un trabajo inútil y la especie de vértigo que produce la impaciencia. Asimismo, el caballero, que no cesaba de vagar de salón en salón, fue acometido de cierta cólera.

Cette fiévreuse allégorie représente assez exactement l’ennui d’une peine inutile, et l’espèce de vertige que donne l’impatience. Le chevalier, voyageant toujours de salon en salon et de galerie en galerie, fut pris d’une sorte de colère.

28.

-¡Pardiez! ¡Esto es muy aburrido! ¡Después de estar tan satisfecho, tan encantado de encontrarme solo en este maldito palacio -ya no le llamaba de las hadas-, no voy a poder salir de él! ¡Mal haya la fatuidad que me inspiró la idea de penetrar aquí como el príncipe Fanfarinet, con sus botas de oro macizo, en lugar de decir al primer lacayo con que tropecé que me acompañase, sencillamente, a la sala del espectáculo!

— Parbleu! dit-il, voilà qui est cruel. Après avoir été si charmé, si ravi, si enthousiasmé de me trouver seul dans ce maudit palais (ce n’était plus le palais des fées), je n’en pourrai donc pas sortir! Peste soit de la fatuité qui m’a inspiré cette idée d’entrer ici comme le prince Fanfarinet avec ses bottes d’or massif, au lieu de dire au premier laquais venu de me conduire tout bonnement à la salle de spectacle!

29.

Cuando sentía estos tardíos remordimientos, el caballero se encontraba como Piranesi, en la meseta de una escalera, entre tres puertas. Le pareció oír detrás de la puerta del centro un murmullo tan dulce, tan ligero, tan voluptuoso, por así decirlo, que no pudo por menos de escuchar; y en el momento en que se disponía a seguir adelante, temeroso de ser indiscreto, abriose la puerta de par en par. Una bocanada de aire embalsamado con mil perfumes y un torrente de luz capaz de hacer palidecer a la galería de los Espejos le sorprendieron tan repentinamente que retrocedió algunos pasos.

Lorsqu’il ressentait ces regrets tardifs, le chevalier était, comme Piranési, à la moitié d’un escalier, sur un palier, entre trois portes. Derrière celle du milieu, il lui sembla entendre un murmure si doux, si léger, si voluptueux, pour ainsi dire, qu’il ne put s’empêcher d’écouter. Au moment où il s’avançait, tremblant de prêter une oreille indiscrète, cette porte s’ouvrit à deux battants. Une bouffée d’air embaumée de mille parfums, un torrent de lumière à faire pâlir la galerie des Glaces, vinrent le frapper si soudainement qu’il recula de quelques pas.

30.

-¿Quiere pasar el señor marqués? -preguntó el ujier que había abierto la puerta.

— Monsieur le marquis veut-il entrer ? demanda l’huissier qui avait ouvert la porte.

31.

-Desearía ir a la comedia -respondió el caballero.

— Je voudrais aller à la comédie, répondit le chevalier.

32.

-Acaba de terminar en este instante.

— Elle vient de finir à l’instant même.

33.

Al mismo tiempo, bellísimas damas, delicadamente pintadas con blancos y carminosos afeites, y dando, no ya el brazo, ni siquiera la mano, sino la punta de los dedos a viejos y jóvenes, comenzaban a salir de la sala de espectáculos, poniendo gran cuidado en andar de costado para no estropear sus miriñaques. Toda aquella, brillante sociedad hablaba en voz baja, con una semialegría mezcla de temor y de respeto.

En même temps, de fort belles dames, délicatement plâtrées de blanc et de carmin, donnant, non pas le bras, ni même la main, mais le bout des doigts à de vieux et jeunes seigneurs, commençaient à sortir de la salle de spectacle, ayant grand soin de marcher de profil pour ne pas gâter leurs paniers. Tout ce monde brillant parlait à voix basse, avec une demi-gaieté, mêlée de crainte et de respect.

34.

-¿Qué es esto? -dijo el caballero, sin adivinar que el azar le había conducido precisamente al saloncillo de descanso.

— Qu’est-ce donc ? dit le chevalier, ne devinant pas que le hasard l’avait conduit précisément au petit foyer.

35.

-¡El rey va a pasar! -anunció el ujier.

— Le roi va passer, répondit l’huissier.

36.

Hay una especie de intrepidez que no duda de nada y que es sumamente fácil: el valor de las gentes mal educadas. Aunque nuestro joven provinciano era bastante valiente, no poseía esa facultad, y a las solas palabras de «el rey va a pasar» quedó inmóvil y casi aterrado.

Il y a une sorte d’intrépidité qui ne doute de rien, elle n’est que trop facile : c’est le courage des gens mal élevés. Notre jeune provincial, bien qu’il fût raisonnablement brave, ne possédait pas cette faculté. À ces seuls mots : « Le roi va passer, » il resta immobile et presque effrayé.

37.

El rey Luis XV, que cuando salía de caza hacía a caballo una docena de leguas sin notarlo, era, como se sabe, soberanamente indolente. Se vanagloriaba, no sin razón, de ser el primer caballero de Francia; y sus queridas le decían, no sin justicia, que también era el más guapo y apuesto. Era una cosa extraña verle abandonar su sillón y dignarse andar a pie. Cuando atravesó el salón, con un brazo apoyado, o más bien extendido, por el hombro del señor de Argenson, mientras sus tacones rojos resbalaban por el suelo - había puesto de moda ese aire perezoso-, cesaron todos los cuchicheos; los cortesanos bajaban la cabeza, y las damas, replegándose suavemente sobre sus jarreteras de color de fuego, arriesgaban ese coquetón saludo que nuestras abuelas llamaban una reverencia, y que nuestro siglo ha reemplazado por el brutal «shakehand» de los ingleses.

Le roi Louis XV, qui faisait à cheval, à la chasse, une douzaine de lieues sans y prendre garde, était, comme l’on sait, souverainement nonchalant. Il se vantait, non sans raison, d’être le premier gentilhomme de France; et ses maîtresses lui disaient, non sans cause, qu’il en était le mieux fait et le plus beau. C’était une chose considérable que de le voir quitter son fauteuil, et daigner marcher en personne. Lorsqu’il traversa le foyer, avec un bras posé ou plutôt étendu sur l’épaule de M. d’Argenson, pendant que son talon rouge glissait sur le parquet (il avait mis cette paresse à la mode), toutes les chuchoteries cessèrent; les courtisans baissaient la tête, n’osant pas saluer tout à fait, et les belles dames, se repliant doucement sur leurs jarretières couleur de feu, au fond de leurs immenses falbalas, hasardaient ce bonsoir coquet que nos grand’mères appelaient une révérence, et que notre siècle a remplacé par le brutal «shakehand» des Anglais.

38.

Pero el rey no se fijaba en nada, y sólo veía lo que le complacía. Tal vez estuviera allí Alfieri, que cuenta del siguiente modo, en sus Memorias, su presencia en Versalles:

Mais le roi ne se souciait de rien, et ne voyait que ce qui lui plaisait. Alfiéri était peut-être là, qui raconte ainsi sa présentation à Versailles, dans ses Mémoires :

39.

«Sabía que el rey no hablaba nunca a extranjeros, no siendo personas notables; pero no pude, sin embargo, acostumbrarme al aire impasible y altanero de Luis XV. Medía de pies a cabeza al que le presentaban, y su semblante no acusaba la más mínima impresión. Creo, sin embargo, que si se le dijese a un gigante: «Permitid que os presente a esta hormiga», al mirarla, sonreiría, o tal vez dijese: «¡Animalito!»

« Je savais que le roi ne parlait jamais aux étrangers qui n’étaient pas marquants; je ne pus cependant me faire à l’impassible et sourcilleux maintien de Louis XV. Il toisait l’homme qu’on lui présentait de la tête aux pieds, et il avait l’air de n’en recevoir aucune impression. Il me semble cependant que, si l’on disait à un géant : Voici une fourmi que je vous présente, en la regardant il sourirait, ou dirait peut-être : Ah! le petit animal! »

40.

El taciturno monarca pasó, pues, entre aquellas damas y aquella Corte conservando su soledad en medio de la multitud. No necesitó el caballero reflexionar mucho para comprender que nada podía esperar del rey y que el relato de sus amores no tendría allí el menor éxito.

Le taciturne monarque passa donc à travers ces fleurs, ces belles dames, et toute cette cour, gardant sa solitude au milieu de la foule. Il ne fallut pas au chevalier de longues réflexions pour comprendre qu’il n’avait rien à espérer du roi, et que le récit de ses amours n’obtiendrait là aucun succès.

41.

-¡Qué desgraciado soy! -pensó-. Sobrada razón tenía mi padre al decirme que a dos pasos del rey vería un abismo entre él y yo. Y aunque pidiese una audiencia, ¿quién me presentaría? He aquí a este amo absoluto que puede, con una palabra, cambiar mi suerte, asegurar mi fortuna y satisfacer mis aspiraciones. Delante de mí le tengo; si extendiese la mano podría tocar su manto..., y, sin embargo, creo estoy más lejos de él que en el fondo de mi provincia. ¿Cómo hablarle? ¿Cómo llegar a él? ¿Quién me ayudaría?

— Malheureux que je suis! pensa-t-il, mon père n’avait que trop raison lorsqu’il me disait qu’à deux pas du roi je verrais un abîme entre lui et moi. Quand bien même je me hasarderais à demander une audience, qui me protégera ? qui me présentera? Le voilà, ce maître absolu qui peut d’un mot changer ma destinée, assurer ma fortune, combler tous mes souhaits. Il est là, devant moi; en étendant la main, je pourrais toucher sa parure,… et je me sens plus loin de lui que si j’étais encore au fond de ma province! Comment lui parler? comment l’aborder? Qui viendra donc à mon secours?

42.

Mientras que el caballero se desconsolaba de esta manera, vio llegar una bella dama de gracioso y elegante porte. Vestida de blanco, muy sencilla, sin joyas ni encajes, con una rosa única sobre el pelo. Daba el brazo a un señor muy emperejilado, tout a l'ambre, como dice Voltaire, y le hablaba en voz baja, tapándose con el abanico. Y quiso el azar que, hablando y riendo, se le escapase el abanico y cayese bajo un sillón, delante precisamente de nuestro caballero, el cual precipitose inmediatamente a recogerlo; y como pusiese para ello la rodilla en tierra, le pareció la joven dama tan encantadora, que le devolvió el abanico sin levantar del suelo la rodilla. Detúvose la dama, sonriose, y siguió su camino, después de darle las gracias con un ligero movimiento de cabeza; pero si la mirada que lanzó al caballero hizo latir su corazón, sin motivo alguno al parecer, el motivo existía, porque aquella damita era la chiquilla d'Étioles, como la llamaban los descontentos, mientras que los demás, al mencionarla, la llamaban «la Marquesa», como si dijesen «la Reina».

Pendant que le chevalier se désolait ainsi, il vit entrer une jeune dame assez jolie, d’un air plein de grâce et de finesse; elle était vêtue fort simplement, d’une robe blanche, sans diamants ni broderies, avec une rose sur l’oreille. Elle donnait la main à un seigneur tout à l’ambre, comme dit Voltaire, et lui parlait tout bas derrière son éventail. Or le hasard voulut qu’en causant, en riant et en gesticulant, cet éventail vint à lui échapper et à tomber sous un fauteuil, précisément devant le chevalier. Il se précipita aussitôt pour le ramasser, et comme, pour cela, il avait mis un genou en terre, la jeune dame lui parut si charmante, qu’il lui présenta l’éventail sans se relever. Elle s’arrêta, sourit et passa, remerciant d’un léger signe de tête; mais, au regard qu’elle avait jeté sur le chevalier, il sentit battre son cœur sans savoir pourquoi. — Il avait raison. — Cette jeune dame était la petite d’Étioles, comme l’appelaient encore les mécontents, tandis que les autres, en parlant d’elle, disaient « la Marquise » comme on dit « la Reine ».

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