-No querrá ni oír hablar de vos. Soñáis con Versalles, y pensáis veros en él no más que en cuanto el postillón se detenga... Supongamos que llegáis hasta la antecámara, hasta la galería, hasta el Ojo de Buey; veréis que entre Su Majestad y vos no hay más que el batiente de una puerta: pues mediará un abismo. Retrocederéis, buscaréis recomendaciones, protectores: nada encontraréis. ¿Cómo creéis que el rey se venga, de nuestro parentesco con monsieur de Chauvelin? De Damieus se venga con el tormento; del Parlamento, con el destierro; pero de nosotros, con una palabra o, peor todavía, con el silencio. ¿Sabéis lo que es el silencio del rey cuando, con muda mirada, en vez de responderos os examina fijamente, al pasar, y os anonada? Después del cadalso en la plaza de la Grève y en la prisión de la Bastilla, existe una especie de suplicio que, menos cruel en apariencia, deja tanta huella como la mano del verdugo. Cierto que el condenado queda en libertad; pero ya no ha de pensar nunca en acercarse a una mujer, a un cortesano, a un salón, a una abadía o a un cuartel. Todo se cerrará o dará media vuelta ante sus ojos, y así habrá de vagar, al azar, en una invisible prisión.
— Il ne voudra pas seulement vous entendre. Vous rêvez Versailles, et vous croirez y être quand votre postillon s’arrêtera… Supposons que vous parveniez jusqu’à l’antichambre, à la galerie, à l’Œil-de-Bœuf : vous ne verrez entre Sa Majesté et vous que le battant d’une porte : il y aura un abîme. Vous vous retournerez, vous chercherez des biais, des protections, vous ne trouverez rien. Nous sommes parents de M. de Chauvelin; et comment croyez-vous que le roi se venge ? Par la torture pour Damiens; par l’exil pour le parlement, mais pour nous autres, par un mot, ou, pis encore, par le silence. Savez-vous ce que c’est que le silence du roi, lorsque, avec son regard muet, au lieu de vous répondre, il vous dévisage en passant et vous anéantit ? Après la Grève et la Bastille, c’est un certain degré de supplice qui, moins cruel en apparence, marque aussi bien que la main du bourreau. Le condamné, il est vrai, reste libre, mais il ne lui faut plus songer à s’approcher ni d’une femme, ni d’un courtisan, ni d’un salon, ni d’une abbaye, ni d’une caserne. Devant lui tout se ferme ou se détourne, et il se promène ainsi au hasard dans une prison invisible.