El lunar / La mouche - Alfred de Musset
1.

En 1756, cuando Luis XV, cansado de las disputas entre la magistratura y el Consejo Superior sobre el impuesto de los dos sueldos, tomó el partido de mantenerse en un plano de justicia, los miembros del Parlamento le devolvieron sus actas. Dieciséis de estas dimisiones fueron aceptadas, recayendo sobre ellas otros tantos destierros.

En 1756, lorsque Louis XV, fatigué des querelles entre la magistrature et le grand conseil à propos de l’impôt des deux sous, prit le parti de tenir un lit de justice, les membres du parlement remirent leurs offices. Seize de ces démissions furent acceptées, sur quoi il y eut autant d’exils.

2.

-Pero ¿podríais ver -decía madame de Pompadour a uno de los presidentes-, podríais ver con sangre fría que un puñado de hombres se resistiese a la autoridad del rey de Francia? ¿No os habría parecido mal? Despojaos de vuestra investidura, señor presidente, y juzgaréis el caso como yo.

— Mais pourriez-vous, disait madame de Pompadour à l’un des présidents, pourriez-vous voir de sang-froid une poignée d’hommes résister à l’autorité d’un roi de France ? N’en auriez-vous pas mauvaise opinion ? Quittez votre petit manteau, monsieur le président, et vous verrez tout cela comme je le vois.

3.

No solamente los desterrados sufrieron la pena de su malquerencia, sino también sus parientes y amigos. La censura epistolar divertía al rey. Para descansar de sus placeres, se hacía leer por su favorita cuanto de curioso contenía la correspondencia. Bien entendido que, bajo el pretexto de estar por sí mismo en el secreto de todo, se divertía así con las mil intrigas que desfilaban ante sus ojos; pero aquella que tocaba de cerca o de lejos a los jefes de partido estaba casi siempre perdida. Se sabe que Luis XV, con todas sus debilidades, poseía una sola fuerza, la de ser inexorable.

Ce ne furent pas seulement les exilés qui portèrent la peine de leur mauvais vouloir, mais aussi leurs parents et leurs amis. Le décachetage amusait le roi. Pour se désennuyer de ses plaisirs, il se faisait lire par sa favorite tout ce qu’on trouvait de curieux à la poste. Bien entendu que, sous le prétexte de faire lui-même sa police secrète, il se divertissait de mille intrigues qui lui passaient ainsi sous les yeux; mais quiconque, de près ou de loin, tenait aux chefs des factions, était presque toujours perdu. On sait que Louis XV, avec toutes sortes de faiblesses, n’avait qu’une seule force, celle d’être inexorable.

4.

Una noche que se hallaba junto al fuego, sentado a la chimenea y, como de ordinario, melancólico, la marquesa, hojeando un legajo de cartas, se echó a reír encogiéndose de hombros. El rey le preguntó qué sucedía.

Un soir qu’il était devant le feu, les pieds sur le manteau de la cheminée, mélancolique à son ordinaire, la marquise, parcourant un paquet de lettres, haussait les épaules en riant. Le roi demanda ce qu’il y avait.

5.

-Que acabo de ver -respondió la marquesa- una carta sin sentido común, pero muy conmovedora, y que da lástima. 

— C’est que je trouve là, répondit-elle, une lettre qui n’a pas le sens commun, mais c’est une chose touchante et qui fait pitié.

6.

-¿Quién la firma? -dijo el rey.

— Qu’y a-t-il au bas ? dit le roi.

7.

-Nadie; es una carta de amor.

— Point de nom: c’est une lettre d’amour.

8.

-¿Y a quien va dirigida?

— Et qu’y a-t-il dessus?

9.

-Eso es lo gracioso. A mademoiselle d'Annebault, sobrina de mi buena amiga madame de Estrades. Seguramente la han metido entre estos papeles para que yo la viera.

— Voilà le plaisant. C’est qu’elle est adressée à mademoiselle d’Annebault, la nièce de ma bonne amie, madame d’Estrades. C’est apparemment pour que je la voie qu’on l’a fourrée avec ces papiers.

10.

-¿Y qué es lo que dice? -añadió el rey.

— Et qu’y a-t-il dedans? dit encore le roi.

11.

-Ya os lo he dicho; habla de amor. Es cosa de Vauvert y de Neauflette. ¿Hay por allí algún gentilhombre? ¿Recuerda Vuestra Majestad?

— Mais, je vous dis, c’est de l’amour. Il y est question aussi de Vauvert et de Neauflette. Est-on un gentilhomme dans ces pays-là ? Votre Majesté les connaît-elle?

12.

El rey se picaba de conocer a fondo toda Francia, es decir, la nobleza de Francia. La etiqueta de su corte, que había estudiado muy bien, no le era más familiar que los blasones de su reino; ciencia bien reducida, puesto que no sabía nada más; pero se envanecía de ello; ante sus ojos toda noble jerarquía era como la escalinata de su trono, y quería pasar por su maestro. Después de permanecer unos momentos pensativo, frunció las cejas como ante un recuerdo desagradable, y haciendo a la marquesa seña de que leyera, volvió a hundirse en su sillón, y dijo sonriendo:

Le roi se piquait de savoir la France par cœur, c’est-à-dire la noblesse de France. L’étiquette de sa cour, qu’il avait étudiée, ne lui était pas plus familière que les blasons de son royaume : science assez courte, le reste ne comptant pas; mais il y mettait de la vanité, et la hiérarchie était, devant ses yeux, comme l’escalier de marbre de son palais; il y voulait marcher en maître. Après avoir rêvé quelques instants, il fronça le sourcil comme frappé d’un mauvais souvenir, puis, faisant signe à la marquise de lire, il se rejeta dans sa bergère, en disant avec un sourire :

13.

-Sigamos: la muchacha es bonita.

— Va toujours, la fille est jolie.

14.

Madame Pompadour, en el tono más suavemente burlón, empezó a leer una larga epístola, pródiga en grandes tiradas amorosas.

Madame de Pompadour, prenant alors son ton le plus doucement railleur, commença à lire une longue lettre toute remplie de tirades amoureuses :

15.

«¡Ved -decía su autor- cómo me persigue el destino! Todo parecía dispuesto a satisfacer mis deseos, y hasta vos misma, mi tierna amiga, ¿no me habíais hecho esperar la felicidad? Sin embargo, por una falta que no he cometido, he de renunciar a ella. ¿No es excesiva crueldad haberme dejado entrever el cielo, para precipitarme en el abismo? ¿Gozaríais del bárbaro placer de mostrar a los ojos de un pobre condenado a muerte cuanto puede hacer la vida atrayente y amante? No obstante, tal es mi suerte; no me queda otro refugio ni otra esperanza que la tumba, pues mi desgracia me impide aspirar a vuestra mano. Cuando la fortuna me sonreía ponía toda mi esperanza en que llegaseis a ser mía; pobre ahora, me daría horror atreverme a seguir pensando en vos, y, puesto que no puedo haceros dichosa, aunque muriendo de amor, os prohíbo que me améis...»

« Voyez un peu, disait l’écrivain, comme les destins me persécutent! Tout semblait disposé à remplir mes vœux, et vous-même, ma tendre amie, ne m’aviez-vous pas fait espérer le bonheur ? Il faut pourtant que j’y renonce, et cela pour une faute que je n’ai pas commise. N’est-ce pas un excès de cruauté de m’avoir permis d’entrevoir les cieux, pour me précipiter dans l’abîme ? Lorsqu’un infortuné est dévoué à la mort, se fait-on un barbare plaisir de laisser devant ses regards tout ce qui doit faire aimer et regretter la vie ? Tel est pourtant mon sort; je n’ai plus d’autre asile, d’autre espérance que le tombeau, car, dès l’instant que je suis malheureux, je ne dois plus songer à votre main. Quand la fortune me souriait, tout mon espoir était que vous fussiez à moi; pauvre aujourd’hui, je me ferais horreur si j’osais encore y songer, et, du moment que je ne puis vous rendre heureuse, tout en mourant d’amour, je vous défends de m’aimer… »

16.

La marquesa sonrió a estas palabras.

La marquise souriait à ces derniers mots.

17.

-He aquí un hombre honrado, señora -dijo el rey-. ¿Pero qué es lo que le impide casarse con su amada?

— Madame, dit le roi, voilà un honnête homme. Mais, qu’est-ce qui l’empêche d’épouser sa maîtresse ?

18.

-Permitid, Sire, que continúe:

— Permettez, Sire, que je continue :

19.

«Me sorprende que injusticia que tanto me abruma proceda del mejor de los reyes. Sabéis que mi padre solicitaba para mí una plaza de corneta o de abanderado, y que esta plaza decidía mi vida, puesto que me proporcionaba el derecho de aspirar a vos. El duque de Birón me había propuesto; pero el rey me recusó de un modo que me es muy triste recordar, pues si mi padre tiene su manera de ver las cosas -quiero admitir que ello sea una falta-, ¿debo ser yo castigado por eso? Mi fidelidad al rey es tan firme y sincera como mi amor a vos. Claramente demostraría lo uno y lo otro, si para ello me valiera tirar de espada. Es desesperante que se rechace mi demanda; pero lo que se opone a la bien reconocida bondad de Su Majestad es que se me rechace sin razón valedera, envolviéndome en desgracia semejante...»

« Cette injustice qui m’accable, me surprend de la part du meilleur des rois. Vous savez que mon père demandait pour moi une place de cornette ou d’enseigne aux gardes, et que cette place décidait de ma vie, puisqu’elle me donnait le droit de m’offrir à vous. Le duc de Biron m’avait proposé; mais le roi m’a rejeté d’une façon dont le souvenir m’est bien amer, car si mon père a sa manière de voir (je veux que ce soit une faute), dois-je toutefois en être puni ? Mon dévouement au roi est aussi véritable, aussi sincère que mon amour pour vous. On verrait clairement l’un et l’autre, si je pouvais tirer l’épée. Il est désespérant qu’on refuse ma demande; mais que ce soit sans raison valable qu’on m’enveloppe dans une pareille disgrâce, c’est ce qui est opposé à la bonté bien connue de Sa Majesté… »

20.

-¡Ah! ¿Sí? -dijo el rey-. Eso me interesa.

— Oui-da, dit le roi, ceci m’intéresse.

21.

«¡Si supierais cuán tristes estamos! ¡Ay, amiga mía! ¡Durante todo el día me paseo a solas por estas tierras de Neauflette, por este pabellón de Vauvert, por estos bosquecillos! Ayer, el jardinero odioso se presentó con su rastra; pero le he prohibido que rastrille. Iba a profanar la arena... La huella de vuestros pasos, más frágil que la brisa, aun no se había borrado. La punta de vuestros menudos pies y vuestros altos tacones blancos aun se marcaban en el paseo; parecían caminar ante mí, mientras iba siguiendo vuestra divina imagen, y vuestra sombra, como posándose sobre el fugitivo rastro, se animaba por momentos. Fue aquí, departiendo a lo largo del parterre, donde tuve ocasión de conoceros y apreciaros. Una educación admirable en un angelical espíritu; la dignidad de una reina junto a la gracia de una ninfa; un lenguaje sencillo para unos pensamientos dignos de Leibnitz; la abeja de Platón en los labios de Diana: todo esto me envolvía en cendal de adoración. Y entretanto, entonces, las bien amadas flores esparcían su aroma en torno nuestro. Las aspiré escuchándoos y en su perfume vive vuestro recuerdo. Ahora doblan sus corolas, como, mostrándome la muerte...»

« Si vous saviez combien nous sommes tristes! Ah! mon amie, cette terre de Neauflette, ce pavillon de Vauvert, ces bosquets! je m’y promène seul tout le jour. J’ai défendu de ratisser; l’odieux jardinier est venu hier avec son manche à balai ferré. Il allait toucher le sable… La trace de vos pas, plus légère que le vent, n’était pourtant pas effacée. Le bout de vos petits pieds et vos grands talons blancs étaient encore marqués dans l’allée : ils semblaient marcher devant moi, tandis que je suivais votre belle image, et ce charmant fantôme s’animait par instants, comme s’il se fût posé sur l’empreinte fugitive. C’est là, c’est en causant le long du parterre qu’il m’a été donné de vous connaître, de vous apprécier. Une éducation admirable dans l’esprit d’un ange, la dignité d’une reine avec la grâce des nymphes, des pensées dignes de Leibnitz avec un langage si simple, l’abeille de Platon sur les lèvres de Diane, tout cela m’ensevelissait sous le voile de l’adoration. Et pendant ce temps-là ces fleurs bien-aimées s’épanouissaient autour de nous. Je les ai respirées en vous écoutant : dans leur parfum vivait votre souvenir. Elles courbent à présent la tête; elles me montrent la mort… »

22.

-Ése es un mal discípulo de Juan Jacobo -dijo el rey-. ¿Para qué me leéis eso?

— C’est du mauvais Jean-Jacques, dit le roi. Pourquoi me lisez-vous cela ?

23.

-Porque Vuestra Majestad me lo ha ordenado por los lindos ojos de mademoiselle de Annebault.

— Parce que Votre Majesté me l’a ordonné pour les beaux yeux de mademoiselle d’Annebault.

24.

-Ciertamente, sus ojos son lindos.

— Cela est vrai, elle a de beaux yeux.

25.

«Al regresar de mis paseos encuentro a mi padre siempre solo, en el gran salón, de codos junto a un candelero, bajo estos dorados descoloridos que cubren nuestros carcomidos artesonados. Me ve llegar con tristeza... Mi pena aviva la suya. ¡Oh Atenaida! En el fondo de este salón, junto a la ventana, está el clavecino que recorrían vuestros deliciosos dedos, que sólo una vez tocaron mis labios, mientras los vuestros se entreabrían dulcemente a los acordes de la más suave música..., de tal modo que vuestro canto no era sino una sonrisa. ¡Ah, qué deliciosos Rameau, Lulli, Duni y qué sé yo cuántos otros! ¡Oh, sí! ¡Vos los amáis, y siempre están en vuestra memoria! ¡Su hálito ha cruzado por vuestros labios! También yo me siento ante el clavecino y trato de tocar una de esas sonatas que tanto os placen, y que ahora me parecen frías y monótonas; me paro de pronto, y las oigo extinguirse, mientras el eco se apaga bajo esta bóveda lúgubre. Mi padre se vuelve hacia mí y me contempla desolado. ¿Qué puede hacer él? Un chisme callejero, de antecámara palaciega, ha apretado nuestros grillos. Me ve joven, ardiente, lleno de vida, sin más deseo que estar en el gran mundo, y aunque es mi padre, nada puede hacer...»

« Et quand je rentre de ces promenades, je trouve mon père seul, dans le grand salon, accoudé auprès d’une chandelle, au milieu de ces dorures fanées qui couvrent nos lambris vermoulus. Il me voit venir avec peine,… mon chagrin dérange le sien… Athénaïs! au fond de ce salon, près de la fenêtre, est le clavecin où voltigeaient vos doigts délicieux, qu’une seule fois ma bouche a touchés, pendant que la vôtre s’ouvrait doucement aux accords de la plus suave musique,… si bien que vos chants n’étaient qu’un sourire. Qu’ils sont heureux, ce Rameau, ce Lulli, ce Duni, que sais-je ? et bien d’autres! Oui, oui, vous les aimez, ils sont dans votre mémoire; leur souffle a passé sur vos lèvres. Je m’assieds aussi à ce clavecin, j’essaye d’y jouer un de ces airs qui vous plaisent; qu’ils me semblent froids, monotones! je les laisse et les écoute mourir, tandis que l’écho s’en perd sous cette voûte lugubre. Mon père se retourne et me voit désolé; qu’y peut-il faire ? Un propos de ruelle, d’antichambre, a fermé nos grilles. Il me voit jeune, ardent, plein de vie, ne demandant qu’à être au monde; il est mon père et n’y peut rien… »

26.

-¿No se diría -dijo el rey- que al mozo, yendo de caza, le hubiera matado el halcón en su propia mano? ¿Acaso alude a alguien?

— Ne dirait-on pas, dit le roi, que ce garçon s’en allait en chasse, et qu’on lui tue son faucon sur le poing ? À qui en a-t-il, par hasard ?

27.

«Es muy cierto -replicó la marquesa, prosiguiendo su lectura en tono más bajo-, es muy cierto que somos vecinos cercanos y lejanos parientes del abate Chauvelin...»

« Il est bien vrai, reprit la marquise, continuant la lecture d’un ton plus bas, il est bien vrai que nous sommes proches voisins et parents éloignés de l’abbé Chauvelin… »

28.

-¡Ya salió aquello! -dijo Luis XV bostezando-. Un sobrino más de los pleiteantes y memorialistas. Mi Parlamento abusa de mi bondad; verdaderamente, tiene demasiada familia.

— Voilà donc ce que c’est! dit Louis XV en bâillant. Encore quelque neveu des enquêtes et requêtes. Mon parlement abuse de ma bonté; il a vraiment trop de famille.

29.

-Pero si no es más que un pariente lejano...

— Mais si ce n’est qu’un parent éloigné!…

30.

-¡Bah! Toda esa gente no vale la pena. El abate Chauvelin es un jansenista, un pobre diablo; pero de los dimitidos. Echad esa carta al fuego, y que no se me hable más de ella.

— Bon, ce monde-là ne vaut rien du tout. Cet abbé Chauvelin est un janséniste; c’est un bon diable, mais c’est un démis. Jetez cette lettre au feu, et qu’on ne m’en parle plus.

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El lunar / La mouche

Capítulo 1

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1.

En 1756, cuando Luis XV, cansado de las disputas entre la magistratura y el Consejo Superior sobre el impuesto de los dos sueldos, tomó el partido de mantenerse en un plano de justicia, los miembros del Parlamento le devolvieron sus actas. Dieciséis de estas dimisiones fueron aceptadas, recayendo sobre ellas otros tantos destierros.

En 1756, lorsque Louis XV, fatigué des querelles entre la magistrature et le grand conseil à propos de l’impôt des deux sous, prit le parti de tenir un lit de justice, les membres du parlement remirent leurs offices. Seize de ces démissions furent acceptées, sur quoi il y eut autant d’exils.

2.

-Pero ¿podríais ver -decía madame de Pompadour a uno de los presidentes-, podríais ver con sangre fría que un puñado de hombres se resistiese a la autoridad del rey de Francia? ¿No os habría parecido mal? Despojaos de vuestra investidura, señor presidente, y juzgaréis el caso como yo.

— Mais pourriez-vous, disait madame de Pompadour à l’un des présidents, pourriez-vous voir de sang-froid une poignée d’hommes résister à l’autorité d’un roi de France ? N’en auriez-vous pas mauvaise opinion ? Quittez votre petit manteau, monsieur le président, et vous verrez tout cela comme je le vois.

3.

No solamente los desterrados sufrieron la pena de su malquerencia, sino también sus parientes y amigos. La censura epistolar divertía al rey. Para descansar de sus placeres, se hacía leer por su favorita cuanto de curioso contenía la correspondencia. Bien entendido que, bajo el pretexto de estar por sí mismo en el secreto de todo, se divertía así con las mil intrigas que desfilaban ante sus ojos; pero aquella que tocaba de cerca o de lejos a los jefes de partido estaba casi siempre perdida. Se sabe que Luis XV, con todas sus debilidades, poseía una sola fuerza, la de ser inexorable.

Ce ne furent pas seulement les exilés qui portèrent la peine de leur mauvais vouloir, mais aussi leurs parents et leurs amis. Le décachetage amusait le roi. Pour se désennuyer de ses plaisirs, il se faisait lire par sa favorite tout ce qu’on trouvait de curieux à la poste. Bien entendu que, sous le prétexte de faire lui-même sa police secrète, il se divertissait de mille intrigues qui lui passaient ainsi sous les yeux; mais quiconque, de près ou de loin, tenait aux chefs des factions, était presque toujours perdu. On sait que Louis XV, avec toutes sortes de faiblesses, n’avait qu’une seule force, celle d’être inexorable.

4.

Una noche que se hallaba junto al fuego, sentado a la chimenea y, como de ordinario, melancólico, la marquesa, hojeando un legajo de cartas, se echó a reír encogiéndose de hombros. El rey le preguntó qué sucedía.

Un soir qu’il était devant le feu, les pieds sur le manteau de la cheminée, mélancolique à son ordinaire, la marquise, parcourant un paquet de lettres, haussait les épaules en riant. Le roi demanda ce qu’il y avait.

5.

-Que acabo de ver -respondió la marquesa- una carta sin sentido común, pero muy conmovedora, y que da lástima. 

— C’est que je trouve là, répondit-elle, une lettre qui n’a pas le sens commun, mais c’est une chose touchante et qui fait pitié.

6.

-¿Quién la firma? -dijo el rey.

— Qu’y a-t-il au bas ? dit le roi.

7.

-Nadie; es una carta de amor.

— Point de nom: c’est une lettre d’amour.

8.

-¿Y a quien va dirigida?

— Et qu’y a-t-il dessus?

9.

-Eso es lo gracioso. A mademoiselle d'Annebault, sobrina de mi buena amiga madame de Estrades. Seguramente la han metido entre estos papeles para que yo la viera.

— Voilà le plaisant. C’est qu’elle est adressée à mademoiselle d’Annebault, la nièce de ma bonne amie, madame d’Estrades. C’est apparemment pour que je la voie qu’on l’a fourrée avec ces papiers.

10.

-¿Y qué es lo que dice? -añadió el rey.

— Et qu’y a-t-il dedans? dit encore le roi.

11.

-Ya os lo he dicho; habla de amor. Es cosa de Vauvert y de Neauflette. ¿Hay por allí algún gentilhombre? ¿Recuerda Vuestra Majestad?

— Mais, je vous dis, c’est de l’amour. Il y est question aussi de Vauvert et de Neauflette. Est-on un gentilhomme dans ces pays-là ? Votre Majesté les connaît-elle?

12.

El rey se picaba de conocer a fondo toda Francia, es decir, la nobleza de Francia. La etiqueta de su corte, que había estudiado muy bien, no le era más familiar que los blasones de su reino; ciencia bien reducida, puesto que no sabía nada más; pero se envanecía de ello; ante sus ojos toda noble jerarquía era como la escalinata de su trono, y quería pasar por su maestro. Después de permanecer unos momentos pensativo, frunció las cejas como ante un recuerdo desagradable, y haciendo a la marquesa seña de que leyera, volvió a hundirse en su sillón, y dijo sonriendo:

Le roi se piquait de savoir la France par cœur, c’est-à-dire la noblesse de France. L’étiquette de sa cour, qu’il avait étudiée, ne lui était pas plus familière que les blasons de son royaume : science assez courte, le reste ne comptant pas; mais il y mettait de la vanité, et la hiérarchie était, devant ses yeux, comme l’escalier de marbre de son palais; il y voulait marcher en maître. Après avoir rêvé quelques instants, il fronça le sourcil comme frappé d’un mauvais souvenir, puis, faisant signe à la marquise de lire, il se rejeta dans sa bergère, en disant avec un sourire :

13.

-Sigamos: la muchacha es bonita.

— Va toujours, la fille est jolie.

14.

Madame Pompadour, en el tono más suavemente burlón, empezó a leer una larga epístola, pródiga en grandes tiradas amorosas.

Madame de Pompadour, prenant alors son ton le plus doucement railleur, commença à lire une longue lettre toute remplie de tirades amoureuses :

15.

«¡Ved -decía su autor- cómo me persigue el destino! Todo parecía dispuesto a satisfacer mis deseos, y hasta vos misma, mi tierna amiga, ¿no me habíais hecho esperar la felicidad? Sin embargo, por una falta que no he cometido, he de renunciar a ella. ¿No es excesiva crueldad haberme dejado entrever el cielo, para precipitarme en el abismo? ¿Gozaríais del bárbaro placer de mostrar a los ojos de un pobre condenado a muerte cuanto puede hacer la vida atrayente y amante? No obstante, tal es mi suerte; no me queda otro refugio ni otra esperanza que la tumba, pues mi desgracia me impide aspirar a vuestra mano. Cuando la fortuna me sonreía ponía toda mi esperanza en que llegaseis a ser mía; pobre ahora, me daría horror atreverme a seguir pensando en vos, y, puesto que no puedo haceros dichosa, aunque muriendo de amor, os prohíbo que me améis...»

« Voyez un peu, disait l’écrivain, comme les destins me persécutent! Tout semblait disposé à remplir mes vœux, et vous-même, ma tendre amie, ne m’aviez-vous pas fait espérer le bonheur ? Il faut pourtant que j’y renonce, et cela pour une faute que je n’ai pas commise. N’est-ce pas un excès de cruauté de m’avoir permis d’entrevoir les cieux, pour me précipiter dans l’abîme ? Lorsqu’un infortuné est dévoué à la mort, se fait-on un barbare plaisir de laisser devant ses regards tout ce qui doit faire aimer et regretter la vie ? Tel est pourtant mon sort; je n’ai plus d’autre asile, d’autre espérance que le tombeau, car, dès l’instant que je suis malheureux, je ne dois plus songer à votre main. Quand la fortune me souriait, tout mon espoir était que vous fussiez à moi; pauvre aujourd’hui, je me ferais horreur si j’osais encore y songer, et, du moment que je ne puis vous rendre heureuse, tout en mourant d’amour, je vous défends de m’aimer… »

16.

La marquesa sonrió a estas palabras.

La marquise souriait à ces derniers mots.

17.

-He aquí un hombre honrado, señora -dijo el rey-. ¿Pero qué es lo que le impide casarse con su amada?

— Madame, dit le roi, voilà un honnête homme. Mais, qu’est-ce qui l’empêche d’épouser sa maîtresse ?

18.

-Permitid, Sire, que continúe:

— Permettez, Sire, que je continue :

19.

«Me sorprende que injusticia que tanto me abruma proceda del mejor de los reyes. Sabéis que mi padre solicitaba para mí una plaza de corneta o de abanderado, y que esta plaza decidía mi vida, puesto que me proporcionaba el derecho de aspirar a vos. El duque de Birón me había propuesto; pero el rey me recusó de un modo que me es muy triste recordar, pues si mi padre tiene su manera de ver las cosas -quiero admitir que ello sea una falta-, ¿debo ser yo castigado por eso? Mi fidelidad al rey es tan firme y sincera como mi amor a vos. Claramente demostraría lo uno y lo otro, si para ello me valiera tirar de espada. Es desesperante que se rechace mi demanda; pero lo que se opone a la bien reconocida bondad de Su Majestad es que se me rechace sin razón valedera, envolviéndome en desgracia semejante...»

« Cette injustice qui m’accable, me surprend de la part du meilleur des rois. Vous savez que mon père demandait pour moi une place de cornette ou d’enseigne aux gardes, et que cette place décidait de ma vie, puisqu’elle me donnait le droit de m’offrir à vous. Le duc de Biron m’avait proposé; mais le roi m’a rejeté d’une façon dont le souvenir m’est bien amer, car si mon père a sa manière de voir (je veux que ce soit une faute), dois-je toutefois en être puni ? Mon dévouement au roi est aussi véritable, aussi sincère que mon amour pour vous. On verrait clairement l’un et l’autre, si je pouvais tirer l’épée. Il est désespérant qu’on refuse ma demande; mais que ce soit sans raison valable qu’on m’enveloppe dans une pareille disgrâce, c’est ce qui est opposé à la bonté bien connue de Sa Majesté… »

20.

-¡Ah! ¿Sí? -dijo el rey-. Eso me interesa.

— Oui-da, dit le roi, ceci m’intéresse.

21.

«¡Si supierais cuán tristes estamos! ¡Ay, amiga mía! ¡Durante todo el día me paseo a solas por estas tierras de Neauflette, por este pabellón de Vauvert, por estos bosquecillos! Ayer, el jardinero odioso se presentó con su rastra; pero le he prohibido que rastrille. Iba a profanar la arena... La huella de vuestros pasos, más frágil que la brisa, aun no se había borrado. La punta de vuestros menudos pies y vuestros altos tacones blancos aun se marcaban en el paseo; parecían caminar ante mí, mientras iba siguiendo vuestra divina imagen, y vuestra sombra, como posándose sobre el fugitivo rastro, se animaba por momentos. Fue aquí, departiendo a lo largo del parterre, donde tuve ocasión de conoceros y apreciaros. Una educación admirable en un angelical espíritu; la dignidad de una reina junto a la gracia de una ninfa; un lenguaje sencillo para unos pensamientos dignos de Leibnitz; la abeja de Platón en los labios de Diana: todo esto me envolvía en cendal de adoración. Y entretanto, entonces, las bien amadas flores esparcían su aroma en torno nuestro. Las aspiré escuchándoos y en su perfume vive vuestro recuerdo. Ahora doblan sus corolas, como, mostrándome la muerte...»

« Si vous saviez combien nous sommes tristes! Ah! mon amie, cette terre de Neauflette, ce pavillon de Vauvert, ces bosquets! je m’y promène seul tout le jour. J’ai défendu de ratisser; l’odieux jardinier est venu hier avec son manche à balai ferré. Il allait toucher le sable… La trace de vos pas, plus légère que le vent, n’était pourtant pas effacée. Le bout de vos petits pieds et vos grands talons blancs étaient encore marqués dans l’allée : ils semblaient marcher devant moi, tandis que je suivais votre belle image, et ce charmant fantôme s’animait par instants, comme s’il se fût posé sur l’empreinte fugitive. C’est là, c’est en causant le long du parterre qu’il m’a été donné de vous connaître, de vous apprécier. Une éducation admirable dans l’esprit d’un ange, la dignité d’une reine avec la grâce des nymphes, des pensées dignes de Leibnitz avec un langage si simple, l’abeille de Platon sur les lèvres de Diane, tout cela m’ensevelissait sous le voile de l’adoration. Et pendant ce temps-là ces fleurs bien-aimées s’épanouissaient autour de nous. Je les ai respirées en vous écoutant : dans leur parfum vivait votre souvenir. Elles courbent à présent la tête; elles me montrent la mort… »

22.

-Ése es un mal discípulo de Juan Jacobo -dijo el rey-. ¿Para qué me leéis eso?

— C’est du mauvais Jean-Jacques, dit le roi. Pourquoi me lisez-vous cela ?

23.

-Porque Vuestra Majestad me lo ha ordenado por los lindos ojos de mademoiselle de Annebault.

— Parce que Votre Majesté me l’a ordonné pour les beaux yeux de mademoiselle d’Annebault.

24.

-Ciertamente, sus ojos son lindos.

— Cela est vrai, elle a de beaux yeux.

25.

«Al regresar de mis paseos encuentro a mi padre siempre solo, en el gran salón, de codos junto a un candelero, bajo estos dorados descoloridos que cubren nuestros carcomidos artesonados. Me ve llegar con tristeza... Mi pena aviva la suya. ¡Oh Atenaida! En el fondo de este salón, junto a la ventana, está el clavecino que recorrían vuestros deliciosos dedos, que sólo una vez tocaron mis labios, mientras los vuestros se entreabrían dulcemente a los acordes de la más suave música..., de tal modo que vuestro canto no era sino una sonrisa. ¡Ah, qué deliciosos Rameau, Lulli, Duni y qué sé yo cuántos otros! ¡Oh, sí! ¡Vos los amáis, y siempre están en vuestra memoria! ¡Su hálito ha cruzado por vuestros labios! También yo me siento ante el clavecino y trato de tocar una de esas sonatas que tanto os placen, y que ahora me parecen frías y monótonas; me paro de pronto, y las oigo extinguirse, mientras el eco se apaga bajo esta bóveda lúgubre. Mi padre se vuelve hacia mí y me contempla desolado. ¿Qué puede hacer él? Un chisme callejero, de antecámara palaciega, ha apretado nuestros grillos. Me ve joven, ardiente, lleno de vida, sin más deseo que estar en el gran mundo, y aunque es mi padre, nada puede hacer...»

« Et quand je rentre de ces promenades, je trouve mon père seul, dans le grand salon, accoudé auprès d’une chandelle, au milieu de ces dorures fanées qui couvrent nos lambris vermoulus. Il me voit venir avec peine,… mon chagrin dérange le sien… Athénaïs! au fond de ce salon, près de la fenêtre, est le clavecin où voltigeaient vos doigts délicieux, qu’une seule fois ma bouche a touchés, pendant que la vôtre s’ouvrait doucement aux accords de la plus suave musique,… si bien que vos chants n’étaient qu’un sourire. Qu’ils sont heureux, ce Rameau, ce Lulli, ce Duni, que sais-je ? et bien d’autres! Oui, oui, vous les aimez, ils sont dans votre mémoire; leur souffle a passé sur vos lèvres. Je m’assieds aussi à ce clavecin, j’essaye d’y jouer un de ces airs qui vous plaisent; qu’ils me semblent froids, monotones! je les laisse et les écoute mourir, tandis que l’écho s’en perd sous cette voûte lugubre. Mon père se retourne et me voit désolé; qu’y peut-il faire ? Un propos de ruelle, d’antichambre, a fermé nos grilles. Il me voit jeune, ardent, plein de vie, ne demandant qu’à être au monde; il est mon père et n’y peut rien… »

26.

-¿No se diría -dijo el rey- que al mozo, yendo de caza, le hubiera matado el halcón en su propia mano? ¿Acaso alude a alguien?

— Ne dirait-on pas, dit le roi, que ce garçon s’en allait en chasse, et qu’on lui tue son faucon sur le poing ? À qui en a-t-il, par hasard ?

27.

«Es muy cierto -replicó la marquesa, prosiguiendo su lectura en tono más bajo-, es muy cierto que somos vecinos cercanos y lejanos parientes del abate Chauvelin...»

« Il est bien vrai, reprit la marquise, continuant la lecture d’un ton plus bas, il est bien vrai que nous sommes proches voisins et parents éloignés de l’abbé Chauvelin… »

28.

-¡Ya salió aquello! -dijo Luis XV bostezando-. Un sobrino más de los pleiteantes y memorialistas. Mi Parlamento abusa de mi bondad; verdaderamente, tiene demasiada familia.

— Voilà donc ce que c’est! dit Louis XV en bâillant. Encore quelque neveu des enquêtes et requêtes. Mon parlement abuse de ma bonté; il a vraiment trop de famille.

29.

-Pero si no es más que un pariente lejano...

— Mais si ce n’est qu’un parent éloigné!…

30.

-¡Bah! Toda esa gente no vale la pena. El abate Chauvelin es un jansenista, un pobre diablo; pero de los dimitidos. Echad esa carta al fuego, y que no se me hable más de ella.

— Bon, ce monde-là ne vaut rien du tout. Cet abbé Chauvelin est un janséniste; c’est un bon diable, mais c’est un démis. Jetez cette lettre au feu, et qu’on ne m’en parle plus.

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