AlbaLearning - Audiolibros y Libros - Learn Spanish

| HOME | AUDIOLIBROS | AMOR | ERÓTICA | HUMOR | INFANTIL | MISTERIO | POESÍA | NO FICCIÓN | BILINGUAL | VIDEOLIBROS | NOVEDADES |

Voltaire en AlbaLearning

Voltaire

(Françis Marie Arouet)

"Histoire d'un bon bramin"

Biografía de Voltaire en Wikipedia

 
 
Histoire d'un bon bramin
OBRAS DEL AUTOR
Español
Los dos consolados
Historia de un buen Brama
Una aventura India
 
Francés
Histoire d'un bon Bramin
Une aventure indienne
 

ESCRITORES FRANCESES

Alphonse Daudet
Alejandro Dumas
Alejandro Dumas (hijo)
Alfred de Musset
Antoine de Saint Exupéry
Anatole France
Arthur Rimbaud
Auguste Villiers de L'Isle-Adam
Camille Mauclair (Séverin Faust)
Catulle Mendes
Charles Baudelaire
Charles Nodier
Charles Perrault
Colette, Sidonie Gabrielle
Émile Zola
E. M. Laumann
François de la Rochefoucauld
Frédéric Mistral
Gaston de Pawlowski
George Sand
Gustave Flaubert
Honoré de Balzac
Hugues Rebell
Jean-Baptiste Alphonse Karr
Jean Bertheroy
Jean de la Fontaine
Jean Richepin
Jules Renard
Guillaume Apollinaire
Guy de Maupassant
Léon Hennique
Marqués de Sade
Marcel Prévost
Paul Bonnetain
Pierre Loti
Remy de Gourmont
René Descartes
René Maizeroy
Reverdy, Pierre
Sully Prudhomme
Théophile Gautier
Verne, Julio
Victor Hugo
Voltaire

 

LE PUEDE INTERESAR
Cuentos de Amor
Cuentos de Navidad
No ficción
Textos Bilingües
 

Je rencontrai dans mes voyages un vieux bramin, homme fort sage, plein d’esprit, et très-savant ; de plus, il était riche, et, partant, il en était plus sage encore : car, ne manquant de rien, il n’avait besoin de tromper personne. Sa famille était très-bien gouvernée par trois belles femmes qui s’étudiaient à lui plaire ; et, quand il ne s’amusait pas avec ses femmes, il s’occupait à philosopher.

Près de sa maison, qui était belle, ornée et accompagnée de jardins charmants, demeurait une vieille Indienne, bigote, imbécile, et assez pauvre.

Le bramin me dit un jour : « Je voudrais n’être jamais né. » Je lui demandai pourquoi. Il me répondit : « J’étudie depuis quarante ans, ce sont quarante années de perdues ; j’enseigne les autres, et j’ignore tout ; cet état porte dans mon âme tant d’humiliation et de dégoût que la vie m’est insupportable ; je suis né, je vis dans le temps, et je ne sais pas ce que c’est que le temps ; je me trouve dans un point entre deux éternités[1], comme disent nos sages, et je n’ai nulle idée de l’éternité ; je suis composé de matière ; je pense, je n’ai jamais pu m’instruire de ce qui produit la pensée ; j’ignore si mon entendement est en moi une simple faculté, comme celle de marcher, de digérer, et si je pense avec ma tête comme je prends avec mes mains. Non-seulement le principe de ma pensée m’est inconnu, mais le principe de mes mouvements m’est également caché : je ne sais pourquoi j’existe ; cependant on me fait chaque jour des questions sur tous ces points : il faut répondre ; je n’ai rien de bon à dire ; je parle beaucoup, et je demeure confus et honteux de moi-même après avoir parlé.

« C’est bien pis quand on me demande si Brama a été produit par Vitsnou, ou s’ils sont tous deux éternels. Dieu m’est témoin que je n’en sais pas un mot, et il y paraît bien à mes réponses. Ah ! mon révérend père, me dit-on, apprenez-nous comment le mal inonde toute la terre. Je suis aussi en peine que ceux qui me font cette question : je leur dis quelquefois que tout est le mieux du monde ; mais ceux qui ont été ruinés et mutilés à la guerre n’en croient rien, ni moi non plus ; je me retire chez moi accablé de ma curiosité et de mon ignorance. Je lis nos anciens livres, et ils redoublent mes ténèbres. Je parle à mes compagnons : les uns me répondent qu’il faut jouir de la vie, et se moquer des hommes ; les autres croient savoir quelque chose, et se perdent dans des idées extravagantes ; tout augmente le sentiment douloureux que j’éprouve. Je suis prêt quelquefois de tomber dans le désespoir, quand je songe qu’après toutes mes recherches je ne sais ni d’où je viens, ni ce que je suis, ni où j’irai, ni ce que je deviendrai. »

L’état de ce bon homme me fit une vraie peine : personne n’était ni plus raisonnable ni de meilleure foi que lui. Je conçus que plus il avait de lumières dans son entendement et de sensibilité dans son cœur, plus il était malheureux.

Je vis le même jour la vieille femme qui demeurait dans son voisinage : je lui demandai si elle avait jamais été affligée de ne savoir pas comment son âme était faite. Elle ne comprit seulement pas ma question : elle n’avait jamais réfléchi un seul moment de sa vie sur un seul des points qui tourmentaient le bramin ; elle croyait aux métamorphoses de Vitsnou de tout son cœur, et pourvu qu’elle pût avoir quelquefois de l’eau du Gange[2] pour se laver, elle se croyait la plus heureuse des femmes.

Frappé du bonheur de cette pauvre créature, je revins à mon philosophe, et je lui dis :« N’êtes-vous pas honteux d’être malheureux, dans le temps qu’à votre porte il y a un vieil automate qui ne pense à rien, et qui vit content ? — Vous avez raison, me répondit-il ; je me suis dit cent fois que je serais heureux si j’étais aussi sot que ma voisine, et cependant je ne voudrais pas d’un tel bonheur. »

Cette réponse de mon bramin me fit une plus grande impression que tout le reste ; je m’examinai moi-même, et je vis qu’en effet je n’aurais pas voulu être heureux à condition d’être imbécile.

Je proposai la chose à des philosophes, et ils furent de mon avis. « Il y a pourtant, disais-je, une furieuse contradiction dans cette façon de penser ; car enfin de quoi s’agit-il ? d’être heureux. Qu’importe d’avoir de l’esprit ou d’être sot ? Il y a bien plus : ceux qui sont contents de leur être sont bien sûrs d’être contents ; ceux qui raisonnent ne sont pas si sûrs de bien raisonner. Il est donc clair, disais-je, qu’il faudrait choisir de n’avoir pas le sens commun, pour peu que ce sens commun contribue à notre mal-être. » Tout le monde fut de mon avis, et cependant je ne trouvai personne qui voulût accepter le marché de devenir imbécile pour devenir content. De là je conclus que, si nous faisons cas du bonheur, nous faisons encore plus de cas de la raison.

Mais, après y avoir réfléchi, il paraît que de préférer la raison à la félicité, c’est être très-insensé. Comment donc cette contradiction peut-elle s’expliquer ? comme toutes les autres. Il y a là de quoi parler beaucoup.

 

 

Inicio
  Obra en Español  
 

Índice del Autor

 
 
 

¡Nuevos cada día!

NOvedades en AlbaLearning - Nuevos audiolibros cada día


De actualidad
Cuentos de Navidad *
Misterio y terror *
Literatura erótica para adultos. Guentos galantes. *
Cuentos de amor y desamor para San Valentín *
Colección de Poemas *

Fábulas *
Biografías Breves *
Pensamientos, Máximas y Aforismos *
Especiales
Santa Teresa de Jesús
Cervantes
Shakespeare
Rubén Darío
Emilia Pardo Bazán
Federico García Lorca
Julia de Asensi
Carmen de Burgos
 
Especial
"Los huesos del abuelo" de Carmen de Burgos
"D. Jeckill y Mr Hyde" de R. Louis Stevenson
"El diablo desinteresado" de Amado Nervo
"La casa de Bernarda Alba" de F. García Lorca
AUTORES RECOMENDADOS
Don Quijote - Novelas Ejemplares - Auidiolibro y Libro Gratis en AlbaLearning William Shakespeare - IV Centenario - Audiolibro y Libro Gratis en AlbaLearning Especial de Rubén Darío en AlbaLearning - Centenario Especial Amado Nervo Especial de Emilia Pardo Bazán en AlbaLearning - Centenario Federico García Lorca Carmen de Burgos (Colombine) - Audiolibros y Libros Gratis en AlbaLearning
 
ESPECIALES
Esta web utiliza cookies para poder darles una mejor atención y servicio. Si continúa navegando consideramos que acepta su uso.

¿Cómo descargar los audiolibros?

Síganos en:

Síganos en Facebook - Síganos en Twitter - Síganos en Youtube

Deje un mensaje:

Guestbook (Deje su mensaje - Leave your message) Guest-book

©2021 AlbaLearning (All rights reserved)