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Alphonse Daudet

ALPHONSE DAUDET

"El nuevo maestro - Le nouveau maître"

Biografía de Alphonse Daudet en Wikipedia 
ALPHONSE DAUDET
EL NUEVO MAESTRO Libro y Audiolibro en EspañolAUDIO 
LE NOUVEAU MAÎTRE Livre en Français (Texte) 
EL NUEVO MAESTRO
LE NOUVEAU MAÎTRE
Nuestra pequeña escuela ha cambiado mucho desde la marcha del señor Hamel. Cuando él estaba aquí teníamos unos minutos de margen por la mañana, cuando llegábamos. Nos colocábamos en círculo en torno a la estufa para desentumecer un poco los dedos, sacudir la nieve o el aguanieve pegada a la ropa. Charlábamos apaciblemente enseñándonos unos a otros lo que llevábamos en la cesta. Eso les daba a los que vivían al extremo de la comarca tiempo para llegar a la oración y a pasar lista... Hoy ya no es lo mismo. Hay que llegar a la hora exacta.
Elle est bien changée notre petite école, depuis le départ de M. Hamel. De son temps, nous avions toujours quelques minutes de grâce le matin, en arrivant. On se mettait en rond autour du poêle pour se dégourdir un peu les doigts, secouer la neige, ou le grésil attaché aux habits. On causait doucement en se montrant les uns aux autres, ce qu'on avait dans son panier. Cela donnait, à ceux qui habitent au bout du pays, le temps d'arriver pour la prière et l'appel... Aujourd'hui ce n'est plus la même chose. Il s'agit d'arriver juste à l'heure.
El prusiano Klotz, nuestro nuevo maestro, no bromea. Desde las ocho menos cinco está de pie en su tarima, con una gruesa garrota junto a él, y ¡pobres de los retrasados! Por lo que se oyen los zuecos apresurarse en el pequeño patio, y las voces sofocadas gritar desde la puerta. «¡Presente!»
 
Le prussien Klotz, notre nouveau maître, ne plaisante pas. Dès huit heures moins cinq, il est debout dans sa chaire, sa grosse canne à côté de lui, et malheur aux retardataires. Aussi il faut entendre les sabots se dépêcher dans la petite cour, et les voix essoufflées crier dès la porte: «Présent!»
Y es que con este terrible prusiano no hay excusas que valgan. No se puede decir. «Le he ayudado a mi madre a llevar la ropa al lavadero... Mi padre me ha llevado con él al mercado». El señor Klotz no quiere escuchar nada. Se diría que para ese miserable extranjero no tenemos casa, ni familia; que vinimos al mundo siendo ya escolares, con los libros bajo el brazo, listos para aprender alemán y recibir garrotazos. ¡Ah! yo recibí una buena dosis al comienzo. ¡Nuestra serrería está tan lejos de la escuela, y tarda tanto en amanecer en invierno! Finalmente, como volvía siempre por la tarde con manchas rojas en los dedos, en la espalda, en todas partes, mi padre se decidió a dejarme interno, pero me costó mucho acostumbrarme.
 
C'est qu'il n'y a pas d'excuses avec ce terrible Prussien. Il n'y a pas à dire: «J'ai aidé ma mère à porter le linge au lavoir... Le père m'a emmené au marché avec lui.» M. Klotz ne veut rien entendre. On dirait que pour ce misérable étranger nous n'avons ni maison, ni famille, que nous sommes venus au monde écoliers, nos livres sous le bras, tout exprès pour apprendre l'allemand et recevoir des coups de trique. Ah! j'en ai reçu ma bonne part dans le commencement. Notre scierie est si loin de l'école, et il fait jour si tard en hiver! A la fin, comme je revenais toujours le soir avec des marques rouges sur les doigts, sur le dos, partout, le père s'est décidé à me mettre pensionnaire, mais j'ai eu bien du mal à m'y habituer.
Y es que los internos, además de al señor Klotz, tienen a la señora Klotz, que es más mala aún que él, y a un montón de pequeños Klotz, que corren detrás de ellos por las escaleras gritando que los franceses son todos tontos, todos tontos. Afortunadamente, cuando mi madre viene a verme los domingos, me trae siempre provisiones, y como todos ellos son muy glotones, estoy bastante bien visto en la casa.
 
C'est qu'avec M. Klotz les pensionnaires ont aussi Mme Klotz, qui est encore plus méchante que lui, et puis une foule de petits Klotz, qui vous courent après dans les escaliers, en vous criant que les Français sont tous des bêtes, tous des bêtes. Heureusement que le dimanche, quand ma mère vient me voir, elle m'apporte toujours des provisions, et comme tout ce monde-là est très gourmand, je suis assez bien vu dans la maison.
Uno al que compadezco de todo corazón, por ejemplo, es Gaspard Hénin. Éste también duerme en la pequeña habitación de la buhardilla. Hace dos años que es huérfano y que su tío el molinero, para deshacerse de él, lo metió en la escuela directamente. Cuando llegó, era un chico robusto de diez años que parecían quince, acostumbrado a correr y jugar al aire libre todo el día, sin sospechar siquiera que se aprendía a leer. Por lo que, en los primeros días, no hacía sino llorar y sollozar como un perro amarrado; era muy bueno pese a eso, y con unos ojos dulces como los de una chica. A fuerza de paciencia, el señor Hamel, nuestro antiguo maestro, había conseguido domesticarlo y cuando tenía algún recado que hacer por los alrededores, enviaba a Gaspard que se sentía feliz de verse al aire libre, de mojarse en los arroyos y de atrapar una insolación sobre su rostro curtido. Con el señor Klotz todo ha cambiado.
 
Un que je plains de tout mon coeur, par exemple, c'est Gaspard Hénin. Celui-là couche aussi dans la petite chambre sous les toits. Voilà deux ans qu'il est orphelin, et que son oncle le meunier, pour se débarrasser de lui, l'a mis à l'école tout à fait. Quand il est arrivé, c'était un gros garçon de dix ans qui en paraissait bien quinze, habitué à courir et à jouer en plein air tout le jour, sans se douter seulement qu'on apprenait à lire. Aussi, les premiers temps, ne faisait-il que pleurer et sangloter avec des plaintes de chien à l'attache; très bon malgré cela, et des yeux doux comme ceux d'une fille. A force de patience, M. Hamel, notre ancien maître, était parvenu à l'apprivoiser, et, quand il avait une petite course à faire aux environs, il envoyait Gaspard, tout heureux de se sentir a l'air libre, de s'éclabousser aux ruisseaux et d'attraper de grands coups de soleil sur sa figure hâlée. Avec M. Klotz, tout a changé.
El pobre Gaspard, al que tanto le había costado iniciarse en el francés, no ha podido aprender ni una sola palabra de alemán. Pasa horas enteras con la misma declinación y, por sus cejas fruncidas, se nota más obstinación y cólera que atención. A cada lección, la escena se repite: «¡Gaspard Hénin, levántese!» Hénin se levanta enfurruñado, se balancea por encima del pupitre y vuelve a sentarse sin decir palabra. Entonces el maestro le pega y la señora Klotz lo deja sin comer. Pero eso no le hace aprender más deprisa. Con frecuencia, por la noche, cuando subimos a la pequeña habitación, yo le digo: «No llores, Gaspard, haz como yo. Aprende a leer en alemán, puesto que estas gentes son los más fuertes.» Pero él me responde: «No, no quiero... quiero irme, quiero volver a mi casa.» Es su idea fija.
 
Le pauvre Gaspard, qui avait déjà eu tant de mal à se mettre au français, n'a jamais pu apprendre un mot d'allemand. Il se butte des heures entières sur la même déclinaison, et l'on sent bien, dans ses sourcils froncés, encore plus d'entêtement et de colère que d'attention. A chaque leçon, la même scène recommence: «Gaspard Hénin, levez-vous!...» Hénin se lève en boudant, se balance sur son pupitre, puis se rassied sans dire une vite. Bien souvent, le sparole. Alors le maître le bat, Mme Klotz le prive de manger. Mais ça ne le fait pas apprendre plusoir, en montant dans la petite chambre, je lui ai dit: «Ne pleure donc pas, Gaspard, fais comme moi. Apprends à lire l'allemand, puisque ces gens-là sont les plus forts.» Mais lui me répondait toujours: «Non, je ne veux pas... je veux m'en aller, je veux m'en retourner chez nous.» C'était son idée fixe
La languidez de los comienzos le había vuelto más fuerte aún y, por la mañana, al amanecer, cuando lo veía sentado sobre su cama, con los ojos fijos, comprendía que estaba pensando en el molino que se despertaba a esa hora, y en la hermosa agua corriente en la que había jugado durante toda su vida de niño. Aquellas cosas lo llamaban desde lejos, y la brutalidad del maestro no hacía sino empujarlo aún más rápido hacia su casa y convertirlo por completo en un salvaje. A veces, después de los garrotazos, al ver sus ojos azules oscurecerse de ira, yo me decía que si estuviera en el lugar del señor Klotz sentiría miedo de aquella mirada. Pero ese diablo de Klotz no tiene miedo de nada. Tras los golpes, el hambre; también ha inventado la cárcel, y Gaspard ya no sale casi nunca. Sin embargo, el domingo último, como no había tomado el aire desde hacía dos meses, lo llevaron con nosotros al prado comunal, en las afueras del pueblo.
 
Sa languitude des commencements lui était revenue encore plus forte, et le matin, au petit jour, quand je te voyais assis sur son lit, les yeux fixes, je comprenais qu'il pensait au moulin en train de s'éveiller a cette heure, et à la belle eau courante dans laquelle il a barboté toute sa vie d'enfant. Ces choses l'attiraient de loin, et les brutalités du maître ne faisaient que le pousser vers sa maison encore plus vite et le rendre tout à fait sauvage. Quelquefois, après les coups de trique, en voyant ses yeux bleus se foncer de colère, je me disais qu'à la place de M. Klotz j'aurais peur de ce regard-là. Mais ce diable de Klotz n'a peur de rien. Après les coups, la faim; il a encore inventé la prison, et Gaspard ne sort presque plus. Pourtant, dimanche dernier, comme il n'avait pas pris l'air depuis deux mois, on l'emmena avec nous dans la prairie communale, hors du village.
Hacía un tiempo excelente y nosotros corríamos con todas las ganas en grandes partidas de escondite, felices de sentir el viento frío, que nos hacía pensar en la nieve y en los juegos sobre el hielo. Como siempre, Gaspard permanecía apartado en la linde del bosque, removiendo las hojas, cortando ramas, y jugando solo. En el momento de ponerse en fila para volver, Gaspard no estaba. Lo buscan, lo llaman. Se había escapado. Había que ver la cólera del señor Klotz. Su grueso rostro estaba púrpura, su lengua se enredaba en blasfemias alemanas. Los contentos éramos nosotros. Entonces, después de haber enviado a la mayoría de vuelta al pueblo, tomó con él a dos de los mayores, a otro y a mí, y ahí nos tienen camino del molino de Hénin. Anochecía. Había por todas partes casas cerradas, caldeadas por un buen fuego y una buena comida de domingo, un hilillo de luz se deslizaba hacia la carretera, y yo pensaba que a aquella hora debían estar muy bien a la mesa y al abrigo.
 
Il faisait un temps superbe, et nous, nous courions de toutes nos forces dans de grandes parties de barres, heureux de sentir la bise froide, qui nous faisait penser à la neige et aux glissades. Comme toujours, Gaspard se tenait à l'écart de la lisière du bois, remuant les feuilles, coupant des branches, et se faisant des jeux à lui tout seul! Au moment de se mettre en rang pour partir, plus de Gaspard. On le cherche, on l'appelle. Il s'était échappé. Il fallait voir la colère de M. Klotz. Sa grosse figure était pourpre, sa langue s'embarrassait dans les jurons allemands. C'est nous qui étions contents. Alors après avoir renvoyé les autres au village, il prit deux grands avec lui, moi et un autre, et nous voilà partis pour le moulin Hénin. La nuit tombait. Partout des maisons fermées, chaudes du bon feu et du bon repas du dimanche, un petit filet de lumière glissait sur la route et je pensais qu'à cette heure-là on devait être bien à table et à l'abri.
En casa de los Hénin el molino estaba parado, la empalizada cerrada, todo el mundo de vuelta, las personas y los animales. Cuando el mozo vino a abrirnos, los caballos, las ovejas se removieron sobre la paja; y sobre los palos del gallinero hubo grandes revoloteos de alas y gritos de miedo como si todos aquellos animales hubieran reconocido al señor Klotz. Las personas del molino estaban comiendo en la cocina, una gran cocina bien caldeada, bien iluminada y reluciente, desde las pesas del reloj hasta los calderos. Entre el molinero y su mujer, Gaspard, sentado en el extremo de la mesa, tenía el semblante despejado de un niño feliz, mimado, acariciado.
 
Chez les Hénin le moulin était arrêté, la palissade fermée, tout le monde rentré, bêtes et gens. Quand le garçon vint nous ouvrir, les chevaux, les moutons remuèrent dans leur paille; et sur les perchoirs du poulailler, il y eut de grands coups d'ailes et des cris de peur comme si tout ce petit peuple avait reconnu M. Klotz. Les gens du moulin étaient attablés en bas dans la cuisine, une grande cuisine bien chauffée, bienéclairée et toute reluisante, depuis les poids de l'horloge jusqu'aux chaudrons. Entre le meunier Hénin et sa femme, Gaspard, assis au haut bout de la table, avait la mine épanouie d'un enfant heureux, choyé, caressé.
Para justificar su presencia, había inventado no sé qué fiesta del archiduque, unas vacaciones prusianas, y estaban festejando su llegada. Cuando vio al señor Klotz, el desgraciado miró a su alrededor, buscando una puerta abierta para escaparse; pero la gruesa mano del maestro se apoyó en su hombro y, en un minuto, el tío fue informado de la escapada. Gaspard tenía la cabeza erguida, sin la expresión avergonzada del escolar cogido en falta. Entonces, él, que normalmente hablaba muy poco, recuperó de repente la lengua: «¡Muy bien, sí, me he escapado! No quiero volver a la escuela. No quiero aprender alemán, una lengua de saqueadores y de asesinos. Quiero hablar francés como mi padre y mi madre.» Temblaba, estaba terrible.
 
Pour expliquer sa présence, il avait inventé je ne sais quelle fête d'archiduc, une vacance prussienne, et l'onétait en train de célébrer son arrivée. Quand il aperçut M. Klotz, le malheureux regarda tout autour de lui, cherchant une porte ouverte pour s'échapper; mais la grosse main du maître s'appuya sur son épaule, et, en une minute, l'oncle fut informé de l'escapade. Gaspard avait la tête levée et non plus son air honteux d'écolier pris en faute. Alors lui, qui d'habitude parlait si rarement, retrouva sa langue tout à coup: «Eh bien, oui, je me suis échappé! Je ne veux plus aller à l'école. Je n'apprendrai jamais l'allemand, une langue de pillards et d'assassins. Je veux parler français comme mon père et ma mère.» Il tremblait, il était terrible.
«¡Cállate, Gaspard!...» le decía el tío; pero nada podía detenerlo. «Está bien... Déjelo... Vendremos a buscarlo con los gendarmes...» Y el señor Klotz reía tontamente. Había un gran cuchillo sobre la mesa; Gaspard lo agarró con un gesto terrible que hizo retroceder al maestro: «¡Muy bien! ¡traiga a sus gendarmes!»
 
«Tais-toi, Gaspard...» lui disait l'oncle; mais rien ne pouvait l'arrêter. «C'est bon... c'est bon... Laissez-le... Nous viendrons le chercher avec les gendarmes...» Et M. Klotz ricanait. Il y avait un grand couteau sur la table; Gaspard le prit avec un geste terrible qui fit reculer le maître: «Eh bien! amenez-les vos gendarmes.»
Entonces el tío Hénin, que empezaba a sentir miedo, se abalanzó sobre su sobrino, le arrancó el cuchillo de las manos, y luego vi algo horroroso. Como Gaspard seguía gritando: «¡No iré! ¡no iré!» lo ataron fuertemente. El infortunado mordía, echaba espuma por la boca, llamaba a su tía que había subido al piso temblorosa y llorando. Luego, mientras preparaban la carreta de bancos, el tío nos invitó a comer. Yo no tenía hambre, ¡ya imaginan!; pero el señor Klotz se puso a devorar y mientras tanto, el molinero le pedía excusas por las injurias que Gaspard había dicho de él y de Su Majestad el emperador de Alemania. ¡Lo que es tener miedo de los gendarmes!
 
Alors l'oncle Hénin, qui commençait à prendre peur, se jeta sur son neveu, lui arracha le couteau des mains, et je vis une chose affreuse. Comme Gaspard criait toujours: «Je n'irai pas... je n'irai pas!» on l'attacha solidement. Le malheureux mordait, écumait, appelait sa tante qui était remontée toute tremblante et pleurant. Puis, pendant qu'on attelait le char à bancs, l'oncle voulut nous faire manger. Moi, je n'avais pas faim, vous pensez; mais M. Klotz se mit à dévorer, et tout le temps le meunier lui faisait des excuses pour les injures que Gaspard lui avait dites à lui et à Sa Majesté l'empereur d'Allemagne. Ce que c'est que d'avoir peur des gendarmes!
¡Qué regreso más triste! Tendido al fondo de la carreta sobre una capa de paja, como un cordero enfermo, Gaspard ya no decía ni palabra. Creí que se había quedado dormido, fatigado por tanta rabia y tantas lágrimas; pensé que debía tener mucho frío, con la cabeza descubierta y sin abrigo como estaba; pero no me atreví a decir nada por miedo al maestro. La lluvia era fina.
 
Quel triste retour! Gaspard, étendu au fond de la charrette sur de la paille, comme un mouton malade, ne disait plus un mot. Je le croyais endormi, affaissé par tant de colères et de larmes, et je pensais qu'il devait avoir bien froid, nu-tête et sans manteau comme il était; mais je n'osais rien dire de peur du maître. La pluieétait froide.
El señor Klotz, con un gorro forrado de piel hasta las orejas, azotaba al caballo canturreando. El viento hacía danzar la luz de las estrellas y avanzábamos, avanzábamos por la carretera blanca y helada. Estábamos ya lejos del molino. Ya no se oía casi el ruido de la esclusa, cuando una voz débil, llorosa, suplicante, se elevó de repente del fondo de la carreta, una voz que decía en nuestro dialecto de Alsacia: «Losso mi fort gen, herr Klotz... Déjeme marcharme, señor Klotz.» Era algo tan triste de oír que las lágrimas me acudieron a los ojos. El señor Klotz, por su parte, sonreía aviesamente y seguía cantando mientras azotaba al animal.
 
M. Klotz, son bonnet fourré bien descendu jusqu'aux oreilles, tapait le cheval en chantonnant. Le vent faisait danser la lumière des étoiles et nous allions, nous allions sur la route blanche et gelée. Nous étions déjà loin du moulin. On n'entendait presque plus le bruit de l'écluse, quand une voix faible, pleurante, suppliante, monta tout à coup du fond de la charrette et cette voix disait, dans notre patois d'Alsace:«_Losso mi fort gen, herr Klotz... Laissez-moi m'en aller, monsieur Klotz.» C'était si triste à entendre que les larmes m'en vinrent aux yeux. M. Klotz, lui, souriait méchamment, et continuait de chanter en fouettant sa bête.
Al cabo de unos minutos, la voz volvió a repetir: «Losso mi fort gen, herr Klotz» siempre con el mismo tono, suavizado y como automático. ¡Pobre Gaspard! Habríase dicho que estaba recitando una oración.
 
Au bout d'un moment, la voix recommença: «_Losso mi fort gen, herr Klotz..._» et toujours le même ton bas, adouci, presque machinal. Pauvre Gaspard! on aurait dit qu'il récitait une prière.
Por fin, la carreta se detuvo. Habíamos llegado. La señora Klotz esperaba ante la escuela con un farol, y estaba tan enfadada con Gaspard Hénin, que tenía ganas de pegarle. Pero el prusiano se lo impidió, diciendo con su sonrisa perversa: «Mañana le ajustaremos las cuentas... Basta por hoy.» ¡Oh! sí, el desgraciado chico tenía suficiente por hoy. Sus dientes castañeteaban, temblaba de fiebre. Hubo que subirlo a su cama. Creo que aquella noche yo también tuve fiebre; todo el tiempo sentía el traqueteo de la carreta y oía a mi pobre amigo decir con voz suave: «¡Déjeme irme, señor Klotz!»
 
Enfin la voiture s'arrêta. Nous étions arrivés. Mme Klotz attendait devant l'école avec une lanterne, et elle était si en colère contre Gaspard Hénin, qu'elle avait envie de le battre. Mais le Prussien l'en empêcha, disant avec un mauvais rire: «Nous réglerons son compte demain... Pour ce soir, il en a assez.» Oh! oui, il en avait assez le malheureux enfant! Ses dents claquaient, il tremblait de fièvre. On fut obligé de le monter dans son lit. Et moi aussi, cette nuit-là, je crois bien que j'avais la fièvre; tout le temps je sentais le cahot de la voiture et j'entendais mon pauvre ami dire de sa voix douce: «Laissez-moi m'en aller, monsieur Klotz!»
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